L’ART DE L’ECRITURE DRAMATIQUE (LAJOS EGRI)

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Lajos Egri (1888-1967) est l’auteur de The Art of Dramatic Writing (1946). Cet Art de l’Ecriture Dramatique s’oppose Ă  La PoĂ©tique de Aristote et Ă  l’angle sous lequel Aristote aborde les personnages comme Ă©tant secondaire Ă  l’intrigue.
Selon Egri, des personnages bien construits sont eux-mĂȘmes les moteurs de l’intrigue et les fondements mĂȘmes d’une histoire.
Cet article tente de résumer la pensée de Lajos Egri.

La prémisse

La prĂ©misse devrait montrer l’objectif et les personnages devraient ĂȘtre dĂ©terminĂ©s ou motivĂ©s envers cet objectif. Cette dĂ©termination peut ĂȘtre assimilĂ©e Ă  la destinĂ©e Ă  laquelle on ne peut Ă©chapper, semble t-il selon cette perspective.

Quelques exemples de prémisse selon Lajos Egri :

  • RomĂ©o et Juliette :
    L’amour vĂ©ritable dĂ©fie mĂȘme la mort.
  • Le Roi Lear :
    La confiance aveugle mĂšne Ă  la destruction.
  • MacBeth :
    Une ambition sans borne mĂšne Ă  sa propre destruction.
  • Othello :
    La jalousie dĂ©truit le jaloux et l’objet de son amour.
  • Tartuffe :
    Celui qui creuse un trou pour les autres tombe lui-mĂȘme dedans.

Une prémisse souvent utilisée mais pas nécessairement en tant que telle :
Les péchés du pÚre retombent sur les enfants.

La prémisse contient une direction et un mouvement (celui de la dynamique interne de tout conflit).
Ce mouvement se crée entre une émotion et le monde (univers, contexte, situation, circonstances, arÚne).

dramatique

Lajos Egri donne ensuite quelques définitions personnelles de la prémisse :

La prĂ©misse n’est pas une vĂ©ritĂ© universelle.

Elle peut donc vous ĂȘtre tout Ă  fait personnelle, reflĂ©ter une opinion du moment sans chercher Ă  l’Ă©riger en une Ă©thique. Elle est d’une maniĂšre trĂšs simple un point de vue particulier sur le monde.

L’auteur doit croire en sa prĂ©misse.

On dit souvent que l’on Ă©crit bien que sur ce que l’on connaĂźt. Nous rĂ©torquons qu’une recherche documentaire bien menĂ©e peut vous permettre de connaĂźtre les tenants et aboutissants d’un sujet.
Cependant, l’immĂ©diatetĂ© d’une croyance, par exemple, est rare. Education, contexte socio-culturel, expĂ©riences personnelles forment une croyance qui mĂ»rit lentement.

Une fois installĂ© dans ses croyances, l’auteur peut alors tenter d’affirmer quelque chose dans sa prĂ©misse.
Ne confondez pas non plus thĂšme et prĂ©misse : le thĂšme est ce que vous allez explorer dans votre histoire alors que la prĂ©misse doit ĂȘtre dĂ©montrĂ©e.

N’ayez pas deux prĂ©misses diffĂ©rentes dans la mĂȘme histoire.

Alors que votre histoire peut effectivement explorer plusieurs thĂšmes, il ne peut y avoir qu’une seule prĂ©misse. Chaque thĂšme questionnĂ© se resserrera alors sur votre prĂ©misse.

A lire pour compléter ce paragraphe :
LA PREMISSE DE VOTRE HISTOIRE SELON LAJOS EGRI

Le personnage

L’ossature d’un personnage est en trois dimensions et se dĂ©compose ainsi :

Physiologie
  • Le sexe
  • L’Ăąge
  • La taille et le poids
  • La couleur des cheveux, des yeux, de la peau
  • Sa façon d’ĂȘtre (son maintien, sa tenue vestimentaire, ses habitudes de vie) et son apparence (vous pourriez ici travailler aussi sur le masque social, cette image de nous que nous offrons aux autres et qui nous correspond si peu).
  • Les malformations Ă©ventuelles (handicap, retard intellectuel…)
  • L’hĂ©rĂ©ditĂ©
Contexte socio-culturel
  • La classe sociale
  • Le plan professionnel
    incluant le type de profession (et le revenu correspondant), si le personnage est carriĂ©riste dĂ©laissant sa vie familiale, les conditions de travail (et s’il participe ou non Ă  la vie syndicale de son activitĂ©), son attitude gĂ©nĂ©rale vis-Ă -vis de ses supĂ©rieurs (ce qui peut laisser deviner des difficultĂ©s avec non seulement la hiĂ©rarchie mais toutes formes d’autoritĂ©) et de maniĂšre gĂ©nĂ©rale, si le personnage est en raccord avec son activitĂ© professionnelle.
  • L’Ă©ducation (niveau de formation, ses aptitudes intellectuelles particuliĂšres, ses sujets de prĂ©dilection). Normalement, l’Ă©ducation aide Ă  dĂ©terminer l’intelligence du personnage (et sa libertĂ©) mais non pour lui permettre d’asseoir une quelconque supĂ©rioritĂ© sur autrui.
  • Le plan privĂ©
    Si ses parents sont encore en vie, la relation qu’il a avec eux ou s’ils sont morts, l’influence qu’ils ont eu et peuvent encore avoir sur la vie de votre personnage.
    Votre personnage est-il issu de la mĂȘme classe sociale que ses parents ou est-il une sorte de parvenu ou s’est-il hissĂ© Ă  force de travail et de volontĂ© Ă  sa position sociale ?
    Le statut marital du personnage.
  • Religion, Race, NationalitĂ©, Opinions politiques
  • La place dans la communautĂ©
    Votre personnage est-il un suiveur ou un leader ? A t-il des activités sociales hors de son activité professionnelle ?
  • Le plan personnel
    Que fait-il lorsqu’il est seul ? Cela peut aider Ă  dĂ©finir le personnage dans l’esprit du lecteur si le personnage en question est diffĂ©rent lorsqu’il est entourĂ© et lorsqu’il se retrouve avec lui-mĂȘme.
    Ses hobbys peuvent aider aussi à le définir.
Psychologie
  •  Ses standards moraux en termes de sexe
  • Son ambition
  • Ses frustrations, ses principaux dĂ©sappointements
  • Son tempĂ©rament (est-il colĂ©rique, facile Ă  vivre, pessimiste, optimiste ?)
  • Son attitude vis-Ă -vis de la vie, du monde
    Est-il résigné, combatif, trÚs actif ou défaitiste ?
  • Ses complexes : obsessions, inhibitions, superstitions, phobies ou ses plus grandes peurs (la peur de l’Ă©chec, par exemple)
  • Est-il extraverti, introverti ?
    Sur ce sujet :
    16 TYPES POUR UNE PERSONNALITE
  • Psychologiquement, votre personnage pourrait bien bĂ©nĂ©ficier de certaines aptitudes qui le distinguent du commun des mortels
  • Il a aussi des qualitĂ©s qui sont plus partagĂ©es :
    Imagination, Jugement, le bon goĂ»t, de l’Ă©lĂ©gance, de la force morale…

TROIS RÈGLES FONDAMENTALES 

  1. Vous devez connaĂźtre intimement la constitution de votre personnage mais il n’est nul besoin que chaque point qui le dĂ©finit soit mentionnĂ© dans l’histoire.
    Vous vous assurez ainsi une cohĂ©sion, une logique dans ses actes mĂȘme si parfois au cours de l’histoire, ceux-ci peuvent s’avĂ©rer critiquables.
    Sur ce sujet :
    L’ETHIQUE DES PERSONNAGES
  2. Tout doit provenir du personnage que vous avez choisi pour dĂ©montrer votre prĂ©misse (en gĂ©nĂ©ral, il s’agit du personnage principal).
  3. Toutes les Ă©motions doivent avoir des effets physiques (pour qu’elles soient visibles, pour que le lecteur puisse les observer).
    Dans un scĂ©nario, il faut montrer. Comme vous ne pouvez pas emmener votre lecteur dans la tĂȘte de votre personnage, il faut que vous traduisiez ses Ă©motions par des comportements, des attitudes, des postures, des actions et des rĂ©actions voire des rĂ©pliques.

Le personnage est lié aux autres par un systÚme de relations.
On peut considĂ©rer que les aspects physiques et sociĂ©taux se mĂȘlent pour donner naissance Ă  la psychologie.

A lire notre sĂ©rie d’articles sur la crĂ©ation de personnages :
LA CREATION DE VOS PERSONNAGES

L’arc dramatique

Parce que la vie est mouvement, un personnage de fiction l’est aussi. A un moment particulier, l’influence de l’environnement sur le personnage le force Ă  changer.

ConcrĂštement, cette dynamique produit la rĂ©sultante d’une Ă©volution complexe qui consiste en la prise de conscience d’un Ă©tat de manque appelĂ© Ă  ĂȘtre comblĂ© par les leçons que le personnage apprend au cours de ses pĂ©rĂ©grinations.

Les heurs et malheurs (ou autrement nommĂ©s obstacles et Ă©preuves) permettent au personnage de s’ouvrir progressivement Ă  une complĂ©tude de son ĂȘtre (ou de son Ăąme. On mĂȘme parler de plĂ©rĂŽme).

Ainsi, le personnage n’arrĂȘte pas de maniĂšre figurĂ©e d’avancer (keep moving). On peut penser au principe de l’individuation tel que l’a dĂ©fini et expliquĂ© Carl Gustav Jung.
Egri fait aussi référence à la premiÚre loi de la dialectique :
Rien ne reste lĂ  oĂč il est, rien ne demeure ce qu’il est

Sur l’arc dramatique des personnages : 

  1. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 1
  2. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 2
  3. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 3
  4. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 4
  5. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 5
  6. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 6
  7. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 7
  8. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 8
  9. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 9
  10. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 10
  11. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 11
  12. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 12
Une approche dialectique

Un personnage devrait ĂȘtre Ă©tudiĂ© selon une approche dialectique.

  1. Le personnage est considĂ©rĂ© en nous plaçant au point de vue de l’Ă©volution de sa psychĂ© au cours de l’histoire.
  2. Cette Ă©volution d’un point A Ă  un point B (pour nous aider Ă  figurer les choses) ne se fait pas toute seule. Il faut bien qu’il y ait une force, une Ă©nergie qui la pousse vers l’avant.
  3. L’Ă©volution est donc un mouvement. C’est l’observation de ce mouvement, du changement chez le personnage qui constitue l’approche dialectique de son Ă©laboration.

Cette approche dialectique ne concerne pas la création de la personnalité du personnage. Elle explique seulement que cette personnalité change ou est apte à changer.
Nous nous rendons compte qu’il faudrait que nous dĂ©veloppions cette approche dialectique mais nous le ferons dans le cadre d’autres articles plus spĂ©cifiques. Retenons pour le moment que la personnalitĂ© d’un personnage doit changer peu ou prou dans le cours de l’histoire (mĂȘme s’il affermit des convictions quelque peu branlantes au dĂ©but de l’histoire).

Le mieux serait que tous les personnages puissent changer mais il faudrait aussi concilier cette façon de faire avec l’usage des archĂ©types aux fonctions diverses.
Savoir par exemple jusqu’oĂč l’on peut concilier l’Ă©volution de la personnalitĂ© d’un archĂ©type et sa fonction dans l’histoire sans que cette fonction ne soit dĂ©naturĂ©e et ne dĂ©sĂ©quilibre toute l’histoire.

Pour Lajos Egri, l’Ă©volution du personnage en charge de dĂ©montrer la prĂ©misse s’articule de cette façon :

  1. Un personnage se révÚle à travers le conflit.
  2. Le conflit est initié par une décision.
  3. La prémisse oriente la décision.
  4. Cela met en mouvement une autre dĂ©cision par l’adversaire.

Cet adversaire n’est pas nĂ©cessairement un autre personnage. Ce peut ĂȘtre une rĂ©ponse due Ă  la situation, aux circonstances…

Dans Une maison de poupée de Henrik Ibsen, Nora vit selon la mentalité du dix-neuviÚme siÚcle, mais à la fin découvre sa condition de femme.
Au dĂ©but de l’histoire, Nora est  :

  • soumise
  • insouciante
  • naĂŻve
  • crĂ©dule

A la fin de l’histoire, lorsqu’elle est devenue une femme mature :

  • cynique
  • indĂ©pendante
  • adulte
  • amĂšre
  • dĂ©sabusĂ©e

De plus, chaque personnage doit avoir en lui les graines de son futur développement.
Ces graines sont autant d’indices. Nora, par exemple, a un rapport lointain avec l’argent (ce qui nous est dĂ©montrĂ© lorsqu’elle donne un bon pourboire au livreur qui porte l’arbre de noĂ«l) et lorsque, surprise avec son cornet de macarons auxquels elle n’a pas droit, son mari lui dit qu’elle doit ĂȘtre raisonnable et elle cache ses macarons. Elle se soumet certes mais elle cache les macarons ce qui revient Ă  briser sa promesse.

Pour Egri, l’Ă©volution est la rĂ©action d’un personnage Ă  un conflit dans lequel il est impliquĂ©. Il peut bien ou mal rĂ©agir mais dans un cas comme dans l’autre, il Ă©volue.

La détermination

Le personnage doit avoir la force, l’endurance, de mener son combat Ă  sa conclusion logique (car le combat n’est jamais perdu ou gagnĂ© d’avance).

Lorsque les circonstances s’y prĂȘtent ou lorsque le bon moment psychologique est arrivĂ©, le personnage trouvera la force pour mener Ă  bien son objectif, son combat.

Il peut Ă©chouer dans ses actions mais ne peut se dĂ©tourner de sa destinĂ©e fictive. MĂȘme s’il ne prend pas en charge immĂ©diatement son problĂšme Ă  la suite de l’incident dĂ©clencheur, il ne peut surseoir davantage Ă  son engagement.
Cette rĂ©ticence Ă  suivre sa destinĂ©e n’est pas considĂ©rĂ©e comme une faiblesse de sa part, mais seulement comme une rĂ©action bien humaine devant une peur de l’inconnu ou surtout pour ne pas bouleverser un Ă©quilibre de vie (si imparfait soit-il).

En plus de la dĂ©termination qui motive votre personnage principal Ă  agir, il est nĂ©cessaire qu’il porte en lui un potentiel dramatique. C’est le personnage qui crĂ©e l’intrigue et non l’intrigue qui impose un personnage.

Ce sont les traits de sa personnalitĂ© confrontĂ©s Ă  un besoin (liĂ© Ă  son intĂ©rioritĂ©) que le personnage doit combler qui gĂ©nĂ©reront les situations dramatiques au travers de relations conflictuelles (avec les autres mais aussi avec lui-mĂȘme).
Si vous ne pensez pas votre personnage en termes de conflits possibles, vous  n’aurez pas d’histoires.

Le personnage central

Pour Lajos Egri, le personnage central est celui qui fait avancer les choses, qui fait avancer l’intrigue. Il est donc le protagoniste.

Il faut noter que Dramatica (une thĂ©orie narrative) distingue entre le personnage principal et le protagoniste. Pour Dramatica, le personnage principal est celui sur qui se porte l’empathie du lecteur mais il ne fait pas nĂ©cessairement avancer l’intrigue. Il peut y avoir un autre personnage dont la fonction est prĂ©cisĂ©ment de pousser l’intrigue vers l’avant.
Cependant, dans la majorité des cas, personnage principal et protagoniste sont confondus (dans ce cas, Dramatica le dénomme héros). Lajos Egri ne fait pas la distinction.

Le personnage principal est Ă  la source du conflit. Il est celui par qui le scandale arrive. Donc, s’il n’a rien en lui de potentiellement dramatique, le personnage semblera bien fade aux yeux du lecteur qui ne sera pas trĂšs enclin Ă  suivre un personnage somme toute assez passif.

Comprenez bien qu’un personnage ne peut pas ĂȘtre ou tout blanc ou tout noir. En fait, ces deux valeurs contradictoires sont des composantes de sa personnalitĂ©. Il est ainsi capable de faire le bien comme le mal, d’avoir une conduite morale et accomplir des actes immoraux.
Cette binaritĂ© (seulement en apparence car ce sont les deux facettes d’une mĂȘme personnalitĂ©) crĂ©e une dynamique de conflits dans les relations du personnage aux autres tout en le rendant complexe donc intĂ©ressant.

Le personnage principal est celui pour lequel les enjeux sont les plus importants. C’est bien qu’il soit motivĂ© et que cette motivation insuffle une volontĂ© incoercible Ă  atteindre au but, mais si le personnage ne risque rien, c’est un peu comme s’il brassait de l’air.
Le personnage doit avoir quelque chose Ă  gagner ou Ă  perdre : un prix Ă  payer s’il Ă©choue, une rĂ©compense (une vraie, pas une simple compensation) s’il rĂ©ussit.

Les situations dans lesquels le personnage principal se trouve sont construites de maniĂšre Ă  mettre en avant sa personnalitĂ©. Par exemple, si votre personnage a un fort sentiment de solitude, vous pourriez mettre en place une scĂšne oĂč il est entourĂ© de beaucoup de monde en insistant sur les relations superficielles qu’ils nouent au cours de cette scĂšne. Vous mettez ainsi en avant un trait de personnalitĂ© en jouant sur un contraste.

L’antagoniste

Une rĂšgle Ă  respecter :
Il doit ĂȘtre l’Ă©gal de  votre personnage principal. Il ne doit ni lui ĂȘtre infĂ©rieur ni lui ĂȘtre supĂ©rieur en quelque domaine. Cette affirmation de Lajos Egri devrait ĂȘtre nuancĂ©e. L’antagoniste est un obstacle majeur du protagoniste. Et le protagoniste devrait ĂȘtre Ă©tonnĂ© par la facultĂ© de l’antagoniste Ă  le frapper sur ses points faibles.

Sur cet antagoniste :

  1. L’ANTAGONISTE – PART 1
  2. L’ANTAGONISTE – PART 2
  3. L’ANTAGONISTE – PART 3
Des valeurs progressives

Dans une histoire, des forces sont Ă  l’Ɠuvre. Elles s’opposent directement, se soutiennent mutuellement ou non, se contrastent sans pour autant ĂȘtre en opposition directe. Avant le processus d’Ă©criture, il vous faudra avoir une idĂ©e claire de l’ordonnancement de ces forces.

Le protagoniste et l’antagoniste, par exemple, sont deux forces contraires. Leur dynamique gĂ©nĂšre de la tension, donc du conflit.
L’alliĂ© du hĂ©ros, cependant, soutiendra les efforts de ce dernier dans la poursuite de son objectif. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas de dynamique. La relation qui existe entre eux est d’ailleurs souvent source de conflits.

Les valeurs prĂ©sentes dans l’histoire (ou mĂȘme au niveau de la scĂšne) ne doivent pas non plus sauter d’un extrĂȘme Ă  l’autre.
Si vous avez mis en place une binaritĂ© Amour/Haine dans une scĂšne, une sĂ©quence ou dans l’histoire, le changement de polaritĂ© ne fonctionne pas comme avec un interrupteur.

Capture_valeursProgessives

Ce n’est certainement pas une notion facile Ă  comprendre :
votre histoire a un mouvement interne et vos personnages doivent adapter leur propre mouvement au rythme interne de votre histoire.
On dit souvent qu’on ne peut aller plus vite que la musique. C’est Ă  peu prĂšs cela que signifie cet accord rythmique.

Le conflit

Chaque conflit initie un autre conflit.
Chaque conflit est plus intense que le précédent.

Un conflit peut se rĂ©duire en une attaque et une contre-attaque. Il est toujours relatif Ă  quelqu’un ou quelque chose.
Lorsque vous mettez en place deux valeurs contradictoires mais qui ont du sens en tant que paire, vous vous assurez l’espace pour dĂ©crire un conflit qui montera progressivement en pression.

Vous pourriez par exemple utiliser la binaritĂ© Amour/Haine et illustrer par des Ă©vĂ©nements d’abord mineurs puis progressivement plus intenses le passage de l’amour Ă  la haine ou de la haine Ă  l’amour.

Lajos Egri donne quelques exemples de binarité :

  • FrugalitĂ©/ProdigalitĂ©
  • MoralitĂ©/ImmoralitĂ©
  • Ordre/DĂ©sordre
  • Optimisme/Pessimisme
  • Compassion/IndiffĂ©rence
  • Education/Inculture
  • PlaciditĂ©/Violence

Comme vous le constatez, le conflit se nourrit de contraste.

Le fonctionnement d’un conflit

Le conflit est d’abord latent.
En effet, dans un premier temps, le personnage principal ne s’est pas encore engagĂ© dans son aventure. Sa volontĂ© d’atteindre un objectif n’est pas encore forgĂ©e. Il est mĂȘme fort probable qu’il ne sait pas encore ce qu’il veut.
Cette phase est naturelle. Ne cherchez pas Ă  l’embellir par des dialogues. Les dialogues doivent servir Ă  renforcer le conflit.

Le conflit s’articule en sauts.
Prenons l’exemple de la binaritĂ© Vertu/Ignominie.
Un personnage vertueux ne devient pas ignoble sur un coup de tĂȘte (ne confondez pas un acte immoral qui peut se justifier et un acte infĂąme, gratuit qui n’a pas d’autre intention que de faire le mal).

L’auteur devrait laisser au personnage la possibilitĂ© de se rĂ©vĂ©ler lui-mĂȘme et laisser une chance au lecteur d’observer les changements significatifs qui s’opĂšrent en lui.

L'art de l'Ă©criture dramatique

 Le conflit monte en puissance.
La progression de l’intensitĂ© du conflit est la rĂ©sultante de la prĂ©misse et de l’Ă©volution graduelle d’une valeur en une valeur opposĂ©e d’une binaritĂ© chez un personnage bien Ă©tabli en trois dimensions.
Gardez Ă  l’esprit qu’une fiction n’est pas un reflet de la vie mais une tentative pour atteindre Ă  son essence. Vous devez donc condenser pour ne garder que l’essentiel.

Le conflit doit ĂȘtre prĂ©parĂ©.
On ne lance pas une scĂšne sur un conflit. Il faut prĂ©parer le moment du conflit mĂȘme s’il n’intervient pas dans la scĂšne afin de mĂ©nager de l’espace pour la tension. Lorsque celle-ci est Ă  son maximum, le conflit est ouvertement dĂ©clarĂ©.
Par exemple :

Le point d’attaque de l’histoire

Une fiction rĂ©pond Ă  une nĂ©cessitĂ©. Il y a nĂ©cessitĂ© pour un personnage d’accomplir un but (Ă  la fois extĂ©rieur et intĂ©rieur).

Le point d’attaque peut se situer en plein milieu d’un conflit comme dans RomĂ©o et Juliette oĂč la guerre entre les Capulet et les Montaigu est dĂ©jĂ  bien installĂ©e lorsque l’histoire commence. Ce conflit mĂšnera inexorablement Ă  une crise.
Sur ce sujet :
UN EXEMPLE DE STRUCTURE

L’histoire peut commencer Ă  un moment oĂč le personnage principal est Ă  un tournant majeur de sa vie. Le point d’attaque d’une histoire sert Ă  dĂ©montrer que tout comme le personnage principal doit porter en lui les graines d’un potentiel dramatique, le dĂ©but d’une histoire doit possĂ©der un potentiel identique.
Comprenez bien que le dĂ©but d’une histoire a une rĂ©alitĂ© autre que purement structurelle. Elle est plus que de la matiĂšre. C’est une invite Ă  prendre en main un voyage dans une fiction, dans un imaginaire.

Le point d’attaque pourrait ĂȘtre une dĂ©cision qui prĂ©cipiterait un conflit. Elle n’est pas l’incident dĂ©clencheur. La dĂ©cision a Ă©tĂ© prise avant le dĂ©but de l’histoire et l’histoire est la consĂ©cution des Ă©vĂ©nements liĂ©s Ă  cette dĂ©cision.

Un bon point d’attaque pour Lajos Egri est lorsque quelque chose de vital est en jeu au tout dĂ©but de l’histoire.

Lajos Egri insiste aussi sur le fait que l’histoire proprement dite (c’est-Ă -dire l’intrigue) dĂ©marre au second acte.

Le conflit est un mouvement

Aucun des personnages n’est jamais immobile, statique. Les Ă©motions diverses qu’ils traversent sont faites de transitions dont le lecteur n’est pas toujours conscient pourtant elles sont bien lĂ .

Les valeurs en jeu glissent progressivement selon une hiérarchie habituellement admise comme par exemple :

  1. Amitié -> déception
  2. Déception -> agacement
  3. Agacement -> irritation
  4. Irritation -> colĂšre
  5. ColĂšre -> agression
  6. Agression -> menace (danger)
  7. Menace -> préméditation
  8. Préméditation -> meurtre
La structure du conflit

L'art de l'Ă©criture dramatique

 

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