A PROPOS DES SCÈNES

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Pour correspondre à une durée de 120 pages, un plan dénombre en 60 et 70 scènes. Le souci qui encombre l’esprit de l’autrice ou de l’auteur est que ces scènes contiennent beaucoup trop d’informations pour être véritablement dramatiques.
Chaque action n’est pas une scène. Une action se situe souvent en des lieux différents. Les actions ont elles-mêmes des durées différentes. Il en résulte qu’une action s’exprime bien mieux lorsqu’elle est comprise comme une séquence de scènes.

Afin que le lecteur/spectateur comprenne ce qu’il se passe devant lui, le récit exige souvent que l’action soit divisée en éléments : par exemple, l’effet recherché d’une action est que le personnage a perdu espoir. Cette peine est le résultat de trois ou quatre faits apparemment sans lien comme par exemple s’il est un pêcheur, il n’a rien trouvé dans ses filets ; un peu dépité, il décide de rentrer chez lui un peu plus tôt que d’habitude (l’action s’oriente souvent par les choix du personnage) ; il découvre que sa femme est dans les bras de son meilleur ami.

Ces moments constituent une action dont la finalité est la désespérance et s’organisent en une séquence. La séquence aide la lectrice et le lecteur à prendre part effectivement à ce qu’il se passe dans l’esprit du personnage et à comprendre ou à interpréter les conditions de son état d’esprit à ce moment du récit.

Distribuer les idées

On peut estimer qu’entre 18 et 25 idées importantes se décomposent entre 60 et 70 scènes. Ces idées constituent le fondement du récit. Elles se développent chacune en scènes qui permettent de les expliquer.
Les scènes construisent l’information. Si au cours d’une soirée par exemple, un personnage dénigre les autres convives, ce n’est pas cet acte de mépris que nous cherchons à communiquer mais bien plutôt que le personnage se compare aux autres et s’aperçoit lui-même de ce qu’il est devenu. Pour que cette prise de conscience se produise, des scènes préalables sont nécessaires pour expliquer cette conclusion et le tout constitue une séquence qui possède ainsi sa propre intention.

Construire une séquence permet de donner du temps et de l’amplitude à une idée. Et cette idée s’éclaire dans l’esprit du lecteur/spectateur.

On dit souvent que l’acte Deux, l’espace de l’intrigue, est difficile à écrire. Si l’intrigue se décompose en segments, l’information s’affirme. L’autrice et l’auteur s’aperçoivent que des idées les éloignent de ce qu’ils ont à dire ou bien qu’une idée est trop superficielle et qu’il faut la travailler encore.
Ce qu’il se passe surtout avec les séquences, c’est qu’elles permettent une meilleure compréhension du récit par le lecteur/spectateur qui identifie les moments tandis que l’intrigue progresse à travers ses conflits et les réponses des personnages à ceux-ci.

Organiser son récit en séquences permet aussi de mieux appréhender les relations de cause à effet. Il peut y avoir de multiples causes pour un effet, ce qui compte néanmoins est que les effets se lient, s’entrelacent, se tissent en quelques manières afin d’apporter du sens au récit.
Chaque segment ainsi défini ajoute sa pierre à l’édifice. Une séquence peut se préoccuper d’une intrigue secondaire ou se consacrer entièrement à l’histoire personnelle d’un personnage afin de détailler sa personnalité, ce qui pourrait apparaître comme une digression finit par s’assembler et donner du sens.

Chaque segment possède son climax

Chaque séquence a un point de départ et expose un problème particulier fait de situations conflictuelles qui connaissent alors une acmé comme lieu de passage d’un segment à l’autre. Lorsqu’une telle construction ne fonctionne pas, c’est que le segment n’a pas été suffisamment dramatisé, c’est-à-dire que l’humain a été négligé au profit de la seule action.

Chaque segment a son propre sujet : par exemple, une séquence pourrait être consacrée à la fuite d’un personnage et à la chasse organisée pour le retrouver. Une autre séquence serait alors la relation que continue d’entretenir le poursuivi avec un être proche malgré sa fuite. L’acmé de la chasse serait la capture du fugitif. Celui de la relation avec l’être aimé pourrait se conclure sur un nouvel amour alors que les vicissitudes du destin se sont acharnées à détruire cette relation.

Posons encore quelques chiffres : entre 18 et 25 idées se développent entre 60 et 70 scènes. Ces scènes se répartissent entre 7 et 12 séquences.
Deux séquences au moins occupent l’acte Un : de la séquence d’ouverture jusqu’à l’incident déclencheur puis de l’incident déclencheur jusqu’au moment du passage dans l’acte Deux précédé du climax de cette séquence qui correspond souvent à l’engagement du personnage principal face à son problème.

Si l’on pose un point médian dans l’acte Deux, on se retrouve avec 2 à 4 segments dans chacune des parties. N’y voyez aucune obligation, c’est juste pour donner quelques indications. L’acte Trois présente entre 1 et 3 segments jusqu’à l’ultime confrontation et le dénouement. Cela relève de l’organisation de son travail.

Une séquence, un objectif

Écrire une séquence, c’est donner une intention à celle-ci. Cette intention crée un mouvement. Cet élan peut renforcer la relation causale entre les scènes. C’est une conséquence comme peut l’être le châtiment comme rétribution pour une faute commise. S’il n’y avait pas eu la faute en premier lieu, le châtiment ne ferait pas sens.

L’humain sera au cœur de chaque séquence, c’est-à-dire les émotions, les motivations et les réactions foncièrement subjectives aux événements. Les passions seraient-elles la nourriture des destinées ? Peut-être pourrait-on comprendre ainsi les conséquences et ce qui les provoque.
Tant que l’impression de la progression de l’intrigue persiste, les passions subies par les personnages expliqueront le mouvement.

Chaque scène sera pensée selon la séquence à laquelle elle appartient. Deux êtres, par exemple, qui se découvrent un amour mutuel ne sera pas exposé par l’artifice du coup de foudre. Cette relation se développera progressivement par une succession de scènes qui démontreront cet amour grandissant.
Les scènes spécifiques à cette relation ne feraient pas sens dans d’autres séquences mais la relation elle-même participe de l’intrigue et ajoute de la signification. C’est cette idée de la relation qui importe et qu’il faut mettre en scènes.

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