L’AUTRE & LE CONFLIT

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Écrire la vie, c’est l’imiter, la représenter avec des mots. Ainsi, le protagoniste (ou bien le protagoniste & le personnage principal lorsqu’ils sont différents) est rarement seul dans l’histoire. Lorsqu’un personnage hors protagoniste et antagoniste s’impose dans le récit, c’est pour s’immiscer dans le ou les conflits vécus par le protagoniste ou l’antagoniste.
Ce personnage (qui peut être multiple) est aussi une source de conflits ou de peine pour le protagoniste et l’antagoniste. Pour l’héroïne ou le héros, il est le moyen par lequel la préoccupation personnelle du personnage principal est excitée malgré lui. Il le force à reconnaître le manque qui caractérise sa personnalité et à le dépasser.

Montrer la voie

Ce personnage multiple (car il adresse différentes facettes de la personnalité du personnage principal) relève de l’éthique à la fois sur le plan moral en définissant ce qui est bien ou mal selon sa propre perspective qui contraste avec celle du héros ou de l’héroïne les incitant à agir différemment ou tentant de les détourner d’un désir qu’ils poursuivent pour de mauvaises raisons ; et sur le plan ontologique les forçant à mettre en question leur propre existence, à les guider et les soutenir aussi dans leur véritable quête à être ce qu’ils sont réellement, en somme à justifier leur existence blessée par le fardeau d’un passé qui n’est certes plus mais dont les stigmates sont encore très présents : une espèce de mémoire écrite à l’encre indélébile sur un inconscient qui peine à se dévoiler.

Parmi ceux-ci, on trouve le mentor qui essaie d’apprendre à l’héroïne ou au héros ce dont ils sont capables et leur apporte souvent les règles qui régissent ce monde inconnu dont ils ont franchi le seuil en acceptant leur aventure.
Ce dont ils sont capables n’est pas tant une initiation (le parcours initiatique est un récit à part entière) que la reconnaissance de ce que l’on possède déjà en soi mais enfoui par des expériences passées, un vécu qui a recouvert d’un voile illusoire notre présence au monde. Le mentor est un modèle de ce qu’il faut être ou ne pas être, cela fonctionne dans les deux sens.

Tous ces personnages, y compris l’antagoniste, servent au changement qui devrait s’opérer (si c’est le choix fait par l’autrice ou l’auteur) au sein du personnage principal, à transformer ou sa vision du monde ou sa place dans le monde. Dit autrement, à voir ou à se voir différemment.

C’est ainsi que le changement devient une des conditions de la réussite extérieure : s’il ne s’est pas trouvé lui-même avant, le personnage principal rencontrera la défaite lors du climax, la rencontre ultime avec la force antagoniste. Ce qui est intérieur précède toujours ce qui est extérieur, ce qui est caché se manifeste enfin.

Quel que soit le message porté par l’autrice ou l’auteur, le changement est le moyen par lequel il se communique. Il ne se dit pas par le langage mais par la démonstration que nous ne sommes pas figés dans le temps.

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