DAVID TROTTIER : LES 10 CLEFS D’UN PERSONNAGE

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L’intrigue est généralement imposée par les personnages. Un scénario peut certainement être structuré, mais cette structure est conçue autour des personnages.

Plus exactement, structure et personnage sont intimement liés et si un auteur favorise trop étroitement la structure de son histoire, ses personnages paraîtront bien fades.
Les événements et les situations sont importants mais l’originalité des personnages est ce qui donne un sens aux événements. Pour David Trottier, il y a 10 clefs essentiels dans la construction d’un personnage (quel que soit ce dernier : principal ou plus en retrait).

Gardez aussi à l’esprit que comme dans la vie réelle, il est important de créer et d’entretenir des relations. Les personnages s’expliquent dans leurs relations aux autres.

Un objectif et une opposition

Votre personnage veut quelque chose. Cet objectif est spécifique et s’établit au vu et au su de tous (y compris du lecteur). Les efforts que fournit un personnage pour atteindre son objectif, sa mission dans l’histoire, sont mesurables. On sait où il en est.

Obtenir le balai de la Méchante Sorcière afin de pouvoir retourner dans le Kansas est un objectif pour Dorothée et sa petite troupe.

Tout n’est pas un objectif

Par contre, la recherche du bonheur n’est pas un objectif dans le sens où cette recherche n’est pas une activité extérieure au personnage mais plutôt un parcours émotionnel (ou psychologique) s’inscrivant dans son intériorité et qui est très subjectif.

Il existe autant de définition du bonheur qu’il y a d’êtres humains (bien sûr, il y a ceux qui ont une opinion du bonheur et qui n’ont pas la volonté de questionner cette opinion).
La recherche du bonheur est un besoin qui appartient en propre à l’individu. Il ne doit pas être un état de félicité façonné par quelque chose d’autre que l’individu lui-même.

Un objectif concret

Un objectif est donc quelque chose de concret : récupérer un trésor est un objectif concret, par exemple.
Notez aussi que le choix de l’objectif par l’auteur doit être mûrement réfléchi car il révèle des informations importantes sur la personnalité du personnage.

Prenons le cas d’un immortel. Son objectif dans votre histoire est de mettre un terme à ce qu’il considère comme une malédiction. Il veut mettre un terme à son immortalité.

Qu’est-ce que cette volonté nous apprend sur le personnage ?
Qu’il est foncièrement humain et cela le rend accessible au lecteur qui va pouvoir établir un lien empathique avec lui pour différentes raisons telles que de ne pas voir mourir ceux qu’il aime. Des choses que le lecteur reconnaît.

Un parcours semé d’obstacles

Quelque soit le but, il doit être difficile à obtenir. Il doit y avoir une opposition. C’est l’essence même du conflit et le conflit est dramatique. Sans conflit, pas d’histoire.

C’est à travers le conflit ou bien les épreuves de la vie que l’on se découvre et que l’on apprend. C’est peut-être pour cela que les récits de découverte ont une telle importance. Que ces récits soient historiques ou religieux ou quoi que ce soit d’autres, c’est à  la rencontre de nous-mêmes que nous convie le conflit.

Cet apprentissage de notre vérité, c’est à travers les situations conflictuelles qu’il se manifeste. Le conflit est non seulement un aiguillon mais aussi le mieux capable de faire de nous des êtres meilleurs.

Pour installer ce conflit de manière durable dans votre histoire, il faut résoudre deux difficultés :

  • Que veut votre personnage ?
  • Que craint-il le plus ?

Les réponses données vous permettront de définir une opposition adéquate qui forcera votre personnage principal (généralement) à faire face à ses propres peurs.

Considérons Cole dans Sixième Sens. Que veut Cole ? pouvoir délivrer à sa mère le message que lui a remis sa grand-mère morte. Mais il a peur que sa mère ne le voit que comme un monstre.
Le motif est respecté : une volonté => une opposition.

L’opposition n’est pas systématique

Il ne peut pas ne pas y avoir d’opposition à toutes les volontés que vous décrirez dans votre histoire.

Si cette opposition est le fait d’une entité (la nature, une institution politique ou religieuse, la société elle-même…), il est nécessaire qu’elle s’incarne en un individu qui la représentera.
C’est une nécessité vis-à-vis du lecteur seulement. Vous n’êtes nullement obligé de vous plier à une quelconque règle.

Notez que cette opposition est protéiforme. Prenons l’exemple d’une mère surprotectrice. Elle va influencer grandement la destinée de son enfant. Vous pourriez émettre quelques objections dans les commentaires.

Présupposons alors que si cet enfant n’avait pas souffert d’un amour si possessif, sa destinée (enfance, jeunesse et adolescence) n’aurait pas été altérée. Devenu adulte, il vit une vie qui ne lui correspond pas : il n’est pas heureux.

Maintenant que sa mère soit toujours vivante ou bien que ce soit le souvenir de celle-ci qui tue votre personnage, qui le retire de la vie sociale par exemple, cette opposition pèsera sur sa volonté de devenir un être meilleur, de trouver le bonheur. C’est habituellement au point médian de sa vie (la maturité) qu’il connaît cette crise.

De toutes façons, personnaliser l’opposition ajoute de la tension dramatique et favorise l’empathie du lecteur envers le personnage principal c’est-à-dire celui qui a un objectif à accomplir dans l’histoire.

L’intériorité prévaut

Gardez à l’esprit que l’objectif extérieur au personnage est superficiel. Ce qui compte vraiment est ce qui le motive intérieurement à réussir son objectif extérieur.
Le personnage possède une aspiration à quelque chose. C’est une tendance, un élan vers quelque chose qui devrait s’accomplir mais qui ne l’est pas encore.

C’est ce besoin intime (et non un désir) qui le fait vraiment bouger. Seulement son problème, c’est que cette aspiration est barrée par un quelconque défaut dans sa personnalité, une faiblesse qui l’empêche d’avancer.

Et ce n’est pas l’incarnation de l’opposition à son objectif extérieur. Nous pourrions résumer ceci à : Nous sommes notre propre ennemi.

Considérez aussi que l’objectif extérieur peut être amené à changer en cours de route. Cela se produit assez souvent au point médian de l’histoire. Le point médian est ce nœud dramatique qui oriente, à partir de la seconde partie de l’acte Deux, l’histoire dans une autre direction.

Dans Up, par exemple, l’objectif initial est d’atteindre Paradise Falls puis le véritable objectif apparaît : sauver Kevin, l’oiseau au bec bariolé qui symbolise l’amour, un des thèmes de l’histoire.

Question de binarités

David Trottier mentionne aussi l’importance des valeurs contradictoires, des Story Values telles que l’entend Robert McKee ou comme nous aimons les appeler, les binarités.

Il s’agit de prendre deux valeurs comme l’amour et la haine et de leur appliquer une approche holistique. L’amour et la haine ne se comprennent pas l’un sans l’autre. Un être humain, par exemple, ne peut être seulement Amour ou Haine, il est Amour ET Haine. Voir à ce propos notre article : JOSEPH CAMPBELL & LA VIE.

C’est l’unité qu’il faut rechercher. Nous aurons ainsi à traiter un couple de valeurs Amour & Haine dans la définition de cet être humain.
De même, nous pouvons considérer les fonctions du protagoniste et de l’antagoniste comme une unité structurelle : le protagoniste ne peut se concevoir sans son antagoniste et réciproquement.

Ainsi, pour que le conflit puisse perdurer au moins jusqu’au climax, il est nécessaire de respecter cette unité qui consiste en un objectif ou un besoin du personnage principal ET une opposition directe avec l’objectif ou le besoin d’un autre personnage (l’antagoniste).

Aucun compromis

Aucun compromis entre le héros et l’antagoniste n’est possible parce que tous deux sont également motivés, déterminés à atteindre leurs objectifs.
Dans Liaison Fatale, Dan veut rompre avec Alex, une aventure d’un soir. Mais Alex est totalement obsédée par Dan et ne veut pas rompre. L’un et l’autre sont parfaitement déterminés et refusent tout compromis.

La motivation

La motivation est la réponse à la question : Pourquoi mon personnage veut-il ce qu’il veut ?

Plus cette réponse est personnelle, intime et plus le lecteur pourra établir un lien empathique avec le personnage. La motivation est la clef de voûte émotionnelle qui va venir résonner chez le lecteur.
Pourquoi Rocky veut-il tenir 15 rounds contre Apollo ? Pourquoi est-il prêt à tout risquer alors qu’il sait qu’il ne peut gagner ?

Parce qu’il veut se prouver à lui-même qu’il est encore quelqu’un, qu’il a encore de la valeur. C’est cette motivation qui donne toute sa puissance à l’histoire et qui le rend si attachant aux yeux du lecteur.

Dans Million Dollar Baby, Frankie éprouve un fort sentiment de culpabilité (c’est d’ailleurs un sentiment qui revient assez souvent dans les histoires).
Et il a peur de devenir trop intime dans une relation ce qui en fait un être solitaire.

Maggie de son côté a une très faible estime d’elle-même. Elle veut échapper à son passé et elle a besoin de quelqu’un qui puisse croire en elle et la boxe a donné du sens à sa vie.

Les motivations qui animent ces deux êtres les rendent accessibles et il est alors simple pour l’auteur d’engager émotionnellement ses lecteurs avec ses personnages.

Des raisons personnelles

Il est important de donner des raisons personnelles à atteindre l’objectif. Dans Sixième Sens, Malcolm veut aider Cole parce qu’il a été incapable de sauver Vincent. Il a une raison personnelle qui justifie et avalise son action.

L’intrigue principale dans Les Dents de la mer est la survie. D’ailleurs, nous vous proposons de lire notre série d’articles sur les intrigues :
QUESTIONS D’INTRIGUE afin de vous aider à comprendre la différence subtile entre intrigue et motivation.

On pourrait penser a priori que la motivation du Chef Brody est d’assurer la survie des estivants puisque par ailleurs tous les éléments dramatiques nécessaires à l’histoire sont en place.

Le requin comme antagoniste en tête (bien que le maire pourrait aussi tenir cette fonction dans sa volonté de maintenir la plage ouverte contre l’avis et la volonté de Brody de la fermer).

Mais les auteurs ont rajouté quelque chose de plus personnel. Lorsque Brody n’a pu convaincre le maire de fermer la plage, la conséquence fut la mort d’un enfant.
Aux funérailles, la mère de l’enfant accuse devant toute la ville Brody d’avoir tué son fils. Brody ne la dément pas (il n’est pas responsable, il n’a fait qu’obéir aux ordres des autorités. C’est son job, après tout).

Mais à partir de ce moment, la motivation de Brody de lutter contre le requin devient plus personnelle car il veut non seulement protéger la station balnéaire des méfaits de son antagoniste mais aussi il cherche dorénavant une rédemption, un pardon.

La motivation devient plus forte au fur et à mesure que l’histoire progresse, que le conflit s’étend. Souvent, toujours à ce point médian de l’histoire, cette motivation est précisée, approfondie et dans tous les cas devient évidente pour le lecteur.

Le passé du personnage

Une histoire est une tranche de vie. Avant cette tranche, cet être de fiction a connu aussi une vie. Il a un passé. Vous pourriez passer du temps à écrire le passé de vos personnages. Cela aide à les cerner, à devenir intime avec eux.

Cependant, pour votre histoire, vous ne pourrez pas vous servir de toute la matière que vous aurez accumulée sur le passé d’un personnage.
Il va vous falloir faire un choix et ne retenir qu’un événement significatif et représentatif de la personnalité de votre personnage. Généralement, c’est une blessure qui a marqué durablement un protagoniste et qui a influencé son devenir et façonné sa personnalité actuelle.

Dans Des gens comme les autres, Conrad souffre de troubles psychologiques suite à la mort accidentelle de son frère dont il se sent responsable (un sentiment de culpabilité) et qui s’est produit dans le passé (hors du présent narratif).

Dans Thelma et Louise, Louise souffre d’une blessure psychologique depuis qu’elle fût violée il y a longtemps dans l’état du Texas (d’autant plus qu’elle n’a jamais obtenu justice pour ce crime, bien au contraire).

Des blessures qui expliquent beaucoup de choses

Ces blessures expliquent leur comportement actuel. Bien sûr, tous les personnages n’auront pas un tel événement qui les hantera tant qu’ils ne l’auront pas intégré.
Mais chaque personnage possède un passé qui influence ses actions et son discours. Ce qui permet de colorer les dialogues afin de les faire correspondre à un personnage, voir à ce sujet William C. Martell.

C’est souvent (très souvent, même) dans le passé que se trouvera l’origine de la faiblesse du personnage. C’est un défaut dans la personnalité, une faille, qui bloque le besoin et empêche le personnage de pleinement s’accomplir.

Le besoin de Conrad dans Des gens comme les autres est de se pardonner à lui-même la mort accidentelle de son frère.
Mais ce qui l’en empêche est à la fois qu’il ne peut exprimer ses sentiments et qu’il culpabilise.

Un parcours intime

Le parcours émotionnel du personnage (autrement nommé arc dramatique) au cours de l’histoire est de parvenir à surmonter ce qui le détruit de l’intérieur.

David Trottier prend pour exemple Le Silence des agneaux.
Le père de Clarice a été tué en service alors qu’elle n’était encore qu’une enfant. Placé dans une ferme, elle entendit une nuit les cris déchirants d’agneaux qu’on égorgeait. Elle tenta de s’enfuir avec un agneau mais fût rattrapée et l’agneau égorgé (on peut noter au passage, c’est un avis personnel, que la métaphore ici employée de l’agneau pourrait correspondre à l’image de la victime sacrificielle de l’Apocalypse de Jean qui voit en l’agneau un animal qui n’ouvre pas la bouche traîné à l’abattoir).

Devenue adulte, le besoin pour Clarice est maintenant d’être délivrée des cris des agneaux qui symbolisent son angoisse.
Sa relation ambiguë avec Lecter va lui permettre grâce au talent de ce dernier qui va pénétrer les tréfonds de son âme de libérer Clarice de son angoisse. Ce n’est qu’après cette réalisation personnelle que Clarice pourra vaincre Buffalo Bill qui est son objectif extérieur.

Parfois, le passé est montré dès que l’histoire s’ouvre comme dans Contact où l’on nous illustre les passions pour la radio-télécommunication et l’astronomie de Ellie. Des passions qui sont marquées par la mort de son père (et ce ne sera pas innocent comme le prouve la suite de l’histoire) alors qu’elle n’avait que 9 ans.

D’autres fois, le flashback (s’il est nécessaire au récit) révèle des moments du passé.

Le personnage est déterminé par ses actions

L’action révèle un personnage. Et les moments de crise profonde par lesquels il passe révèlent sa véritable nature.

Un personnage agit comme il le fait parce que cela correspond à sa véritable nature, à qui il est vraiment.
Et parfois, il n’a conscience de qui il est qu’au moment de ces crises douloureuses au cours de sa vie, plus exactement au cours de la tranche de vie qui nous est décrite dans cette histoire.

Les situations stressantes, les oppositions rencontrées ne sont pas les seuls vecteurs qui permettent de révéler un personnage. Ce sont des moyens narratifs ou des contextes qui permettent d’exposer certains aspects de la personnalité.
Ses actions fournissent au personnage l’opportunité de sortir grandi des circonstances dans lesquelles l’auteur l’a placé.

Un apprentissage

Les actions du personnage sont un enseignement. Il apprendra autant de ses erreurs que de ses victoires. Il prendra la mesure des conséquences de ses actes.
Et sur le plan intérieur découvrira peut-être de nouveaux sentiments, de nouvelles émotions qui eux ne sont pas mesurables mais joueront dans ses actions et décisions futures.

Il est important pour un auteur de bien comprendre les actions de ses personnages parce qu’elles vont l’aider à les construire.
Il est possible que les dialogues (ce que dit le personnage sur lui-même ou ce que d’autres personnages racontent sur lui) donnent des informations sur le passé ou la personnalité. Mais il est préférable (un scénario est destiné à un média visuel) de montrer et non de dire.

David Trottier note que parfois le dialogue est action comme lorsque Darth Vader dit à Luke qu’il est son père et qu’il devrait le rejoindre.

Un personnage devrait toujours avoir la possibilité de prendre une décision qui révélera sa vraie nature. Il devrait être soumis à au moins un dilemme majeur pour lui.
Sur le sujet des dilemmes, nous vous conseillons la lecture de :
DILEMME MORAL
DILEMMES

Des personnages en conflit, réagissant aux événements et aux complications d’événements, voilà ce qui fait une fiction. Et bien sûr, tout comme dans la vie réelle, chaque personnage a un point de vue différent sur les faits.

La subjectivité de vos personnages est un élément dramatique majeur. Les faits seuls ne sont pas suffisants pour écrire une bonne histoire.

Points de vue et Attitudes.

Vaste sujet que la subjectivité. On peut considérer que notre subjectivité qui se situe dans un contexte d’intériorité influe grandement sur notre perception des choses, de la réalité.

Deux individus ne percevront pas la réalité de la même manière. Dans une histoire, deux personnages ne relateront pas les mêmes faits de la même manière.

Pour David Trottier, chacun a un système de croyances, c’est-à-dire que chacun fonctionne selon la somme de tout ce que nous avons appris de la vie et de toutes les expériences que nous avons vécues.
C’est un point de vue sur le monde, une certaine perception de la réalité (que nous aurions tendance à imposer aux autres, d’ailleurs).

Un masque social (ou personæ)

Dans une fiction comme dans la vie, ce point de vue s’exprime en attitudes c’est-à-dire en une manière d’être et de penser dans le monde.

Une attitude se montrera essentiellement dans son rapport à autrui mais il est possible aussi de montrer que dans sa vie privée (habituellement lorsqu’il est seul), un personnage a une attitude, un comportement, une vérité totalement différents de ce qu’il est en société.
Il pourrait porter un masque pour le groupe et vivre une détresse absolue lorsqu’il est face à lui-même.

Présupposons donc que nous ne voyons pas la réalité telle qu’elle est mais que nous l’appréhendons à travers le filtre de nos expériences passées.
C’est éminemment subjectif et très personnel.

Revenons à notre personnage. Il a aussi un passé qui a influencé sa personnalité. Il a un point de vue qui s’exprime à travers ses attitudes (la peur, la dérision, le rejet, la tolérance, la générosité…).

Vous pourriez cerner cette interprétation de la réalité par un personnage en vous posant quelques questions :

  • Quel est son point de vue sur la vie ?
  • Qu’est-ce que l’amour pour lui ? Est-il cynique ? libidineux ? Il ne faut pas avoir peur d’aller à la rencontre de son personnage. C’est un peu comme si nous allions à la rencontre de nous-mêmes.
  • Que pense-t-il du temps qui passe ? A t-il peur de vieillir ?

Ce ne sont que quelques éléments de réponse.
Il est important de bien faire ressortir le point de vue de chacun des personnages dans l’histoire et qu’ils n’aient pas le même.

Une pluralité de points de vue

Différentes façons de voir les choses permettent de montrer différentes attitudes, différentes approches ou facettes du problème soulevé par l’histoire.

Démineurs de Mark Boal nous montre le sergent William James. Ce n’est pas un héros mais un spécialiste qui éprouve une passion et une joie de vivre en risquant sa vie en neutralisant des bombes.

Le film débute par War is a drug selon l’expression de Chris Hedges, correspondant de guerre pour le New York Times. C’est dire à quel point James est accro à ce qu’il fait de mieux et il le sait.

Ce n’est pourtant pas de survie dont il est question ici mais de pénétrer l’esprit d’un homme qui ressent le besoin de désamorcer des bombes.
Puis il y a le sergent J.T. Sanborn. Il est le chef du commando chargé d’assister James dans sa tâche. Sanborn est celui qui est en charge des opérations et quelqu’un qui croit au protocole comme moyen de survie.

Sanborn est en contraste constant avec James. Il voit le danger de manière réaliste et tente de prendre une approche rationnelle face à celui-ci.

Deux points de vue, deux façons de voir les choses, deux personnalités qui s’opposent et créent une dynamique, une force narrative.

Notez aussi que le point de vue est un élément de l’arc dramatique car lorsque le point de vue d’un personnage change, la personnalité de celui-ci évolue aussi.

L’évolution personnelle du personnage

La façon dont se voit un personnage est importante aussi. Se considère-t-il comme un perdant ? Pense-t-il qu’il est un bel homme ou une jolie fille ?
Cette vue qu’il a de lui-même influe énormément sur sa façon de se conduire. Quasimodo ne se comporte pas en société de la même manière que Esmeralda !

Un manque (pas nécessairement flagrant)

Donc le personnage commence l’histoire dans un certain état d’esprit. Cet état d’esprit traduit un manque dans sa personnalité. Même s’il ne sait pas ce qui ne va pas, le personnage n’est pas à l’aise avec lui-même. Il lui manque de toute évidence quelque chose.

Au cours de ses épreuves et des obstacles qu’il aura à surmonter, mais aussi des choix qu’il fera, un personnage va connaître généralement un peu avant le climax (ou parfois au cours du climax) une réalisation.
C’est-à-dire qu’il va prendre conscience de certaines choses sur lui-même et deviendra meilleur. Sur ce concept de devenir meilleur, vous pourriez en discuter dans les commentaires. Qu’il soit agréable ou non, votre commentaire est important.

Une compréhension nouvelle

Ce moment particulier de la réalisation d’un personnage (réalisation au sens de prise de conscience mais aussi d’épanouissement personnel) est habituellement un moment émotionnel partagé avec le lecteur.

Par exemple, Michael Dorsey dans Tootsie se réalise lorsqu’il dit à Julie :
I was a better man as a woman with you than I was as a man.
J’étais un meilleur homme avec toi comme femme que je ne l’étais comme homme.
Il a évolué, il a grandi, il a changé.

Nous l’avons souligné : c’est au-travers de l’adversité, des oppositions que l’on rencontre sur son chemin et par sa volonté d’aller jusqu’au bout d’un objectif que l’on s’est fixé, que l’on peut évoluer.
Le conflit, la prise de décisions et agir sont les clefs qui ouvrent la possibilité (ou l’opportunité) d’une évolution pour un personnage.

Le lien empathique avec le lecteur est renforcé lorsqu’on peut identifier les efforts qu’un personnage fournit devant l’adversité et de le voir grandir et apprendre.

Lorsque vous en viendrez à définir l’arc dramatique de votre personnage principal, interrogez-vous sur les modalités de cette évolution.

Qu’est-ce qui doit changer en lui ? La réponse se trouve généralement dans votre thème ou votre message.

Pour en apprendre plus sur l’arc dramatique de votre personnage, nous vous conseillons la lecture de :

  1. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 1
  2. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 2
  3. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 3
  4. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 4
  5. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 5
  6. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 6
  7. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 7
  8. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 8
  9. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 9
  10. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 10
  11. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 11
  12. L’ARC DRAMATIQUE DE VOTRE PERSONNAGE – PART 12

Continuez cette étude avec le second article :
DAVID TROTTIER : LES 10 CLEFS D’UN PERSONNAGE (2)

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