Le conflit consiste en deux forces opposées. L’un de ces conflits se déroule de manière objective pour le lecteur/spectateur. Il observe ce qu’il se passe lorsqu’un personnage essaie de remplir la mission qu’il s’est donnée à lui-même et qu’un opposant quelconque, qui possède d’autres intérêts ou parce que ces intérêts sont gênés par l’intention du premier personnage, tente en réaction de l’en empêcher.
Ce conflit fournit au récit un élan mais est-il suffisant pour retenir le lecteur/spectateur dans le récit ? Il est plus simple à écrire car il donne un élan à l’histoire et lectrice & lecteur y sont habitués. Manifestement, d’autres outils dramatiques devront être convoqués pour retenir le lecteur/spectateur dans le récit.
La relation à l’autre
L’histoire des relations qui apparaissent dans le récit, leur commencement et leur évolution (même si la rencontre originaire de la relation n’est pas dans le récit mais dans le passé des personnages dont on n’aperçoit que les marques dans le présent du récit), constitue pour le récit une accroche fondamentale.
Quel que soit le message que vous tentez de faire passer, vous y parviendrez mieux en décrivant des relations qui, s’assemblant dans le tout du récit, donneront le moyen de communiquer ce message.
Le conflit est ce qui permet à l’autrice et à l’auteur de comprendre de quoi parle leur histoire (des faits qui se sont produits dans un ordre chronologique) et comment cette histoire est racontée (c’est le récit constitué d’outils dramatiques comme le réagencement des faits et les conflits) afin de lui donner du sens.
Une signification qui est ensuite communiquée à un récepteur : le lecteur/spectateur.
Le conflit dont j’ai pris l’habitude (peut-être mauvaise) de dire qu’il est l’essence du drame devient en fait le moyen (l’outil) de communiquer le drame. Qu’un protagoniste ait une volonté d’atteindre un objectif qui déplaît à un antagoniste ou bien que l’intention d’un antagoniste doit être contrée par le protagoniste pour une raison donnée ou bien encore que deux personnages entrent en compétition pour l’obtention de quelque chose ou de quelqu’un et deviennent ainsi malgré eux protagoniste & antagoniste (car il est difficile d’échapper à la dualité) ou bien le contexte dans lequel vivent deux personnages les oppose naturellement : un contexte culturel ou politique ou racial différent qui crée souvent chez le protagoniste une espèce de révolte contre ce qu’on tente de lui imposer (système, croyance..) ; ces conflits sont souvent utilisés pour asseoir le discours de l’auteur ou de l’autrice en créant une dynamique, c’est-à-dire un mouvement mû par le conflit.
Des besoins différents
On comprend mieux le conflit lorsqu’il s’exprime en besoins, c’est-à-dire non plus comme un but clairement déterminé (par exemple profiter de sa position sociale sans autre but dans la vie que d’en jouir) mais comme un besoin que le personnage ignore souvent (par exemple, combler le manque d’amour véritable qu’une vie guidée par le seul intérêt ne fait que creuser).
A la fois, le conflit extérieur qui se crée depuis un désir et un conflit intime, personnel donnent le mouvement du récit : celui de l’intrigue (qui décrit le désir) et celui de l’arc dramatique (l’évolution des personnages mais aussi celle de leurs relations particulières). C’est un maillage difficile que d’écrire un récit.
Le conflit le plus fascinant est celui d’un ego qui se cherche et s’oppose à lui-même dans cette quête intime et douloureuse.
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