MIEUX ÉCRIRE – 1

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Découvrir les subtilités d’une écriture claire et passionnante, en particulier lorsqu’il s’agit d’écrire des scénarios et de les réviser, représente une aventure assez intéressante dans l’univers narratif.

Et permettez-moi de vous dire que suivre le conseil d’éviter les phrases qui confondent et déroutent est un phare qui guide les autrices et les auteurs.

motsOn écrit pour autrui, même si cet autrui est nous-mêmes. Il faut donc veiller à ce que nos récits touchent les foules. Mais ne vous méprenez pas, il ne s’agit pas simplement de suivre un tas de règles comme un chiot obéissant. Non, il s’agit d’embrasser la clarté et la simplicité plus étroitement qu’un avare ne s’accroche à son or.
La sauce secrète qui rend captif le lecteur/spectateur est simplement l’art de prendre des idées assez compliquées et de les servir avec une bonne dose de simplicité. Alors, qui serait ce maître en simplicité, vous demandez-vous ? Nul autre que ce maître des mots, Ernest Hemingway. Il savait comment faire en sorte qu’un récit ait du punch sans fioritures. Et croyez-moi, c’est une leçon qui vaut la peine d’être apprise.

motsPassons maintenant à ces images animées sur grand écran. Lorsqu’il s’agit d’écrire des scénarios, l’idée de garder les choses simples est d’une élégance certaine. Il vous suffit de jeter un coup d’œil à The Social Network, écrit par ce lanceur de mots Aaron Sorkin.
Il transforme une histoire alambiquée de technologies exceptionnelles et de complications juridiques en un récit prenant et compréhensible par une foultitude, aussi exaltant qu’une partie de poker aux enjeux élevés. Tout cela grâce à des dialogues et des didascalies plus clairs qu’une boule de cristal et aussi court qu’un de ces anciens télégrammes.

Briser la longueur

Considérons une exposition qui nous introduit à notre héros perdu dans des détours sinueux d’événements, d’émotions et de relations.
Et considérons ceci :
Marc, qui n’avait jamais pardonné à son père de les avoir laissés démunis après avoir dilapidé leur fortune dans une série d’inventions ratées, pour ensuite revenir des années plus tard en prétendant avoir changé d’avis, trouvait difficile de concilier ces émotions avec l’homme qui se tenait maintenant devant lui.

Nul doute, cela rend confus le lecteur et la lectrice. Décomposer la phrase améliore la clarté :
Marc n’a jamais pardonné à son père de les avoir laissés démunis. Celui-ci avait gaspillé leur fortune dans des inventions ratées et avait disparu. Maintenant, il est de retour, prétendant avoir changé d’avis. John trouvait difficile de concilier ces sentiments avec l’homme qui se tenait devant lui.

motsLa façon dont un récit se construit peut faire ou défaire son atmosphère. Dans un scénario, il s’agit de s’assurer que chaque ligne de dialogue et chaque description de scène ait une raison d’exister et qu’elles soient claires comme de l’eau de roche. Et qui de mieux pour nous enseigner cela que la seule et unique Diablo Cody avec son scénario décoiffant pour Juno ? Elle nous sert des phrases courtes et percutantes, remplies de personnalité. Cela engendre ainsi un flux narratif sans aspérités. Les dialogues ? Aussi vifs que ceux de Sorkin, avec chaque ligne qui fait sa part pour étoffer les personnages ou bien sûr pour faire avancer l’intrigue.

Le dialogue est primordial dans la façon dont les personnages interagissent dans les récits. C’est là que le principe d’éviter les phrases laborieuses à lire peut considérablement améliorer l’authenticité et la touche émotionnelle des mots. Considérons la différence entre : Elizabeth, ressentant une tempête d’émotions découlant d’années de conflits non résolus et de vérités non dites, s’approcha avec hésitation de sa sœur dont elle était depuis longtemps séparée pour aborder avec prudence la possibilité de réparer leur relation brisée.
Et Elizabeth était dans un état de désordre émotionnel insondable. Elle prit une grande inspiration et s’avança vers sa sœur qu’elle n’avait pas revue depuis des années.
 »Peut-on parler ? Je pense qu’il est temps de régler les choses. »

Non seulement la seconde va droit au but mais le dialogue lui-même est celui d’un langage auquel on est habitué.

Donc tenez compte des points suivants :

  • Segmentez les phrases longues & compliquées en des phrases plus courtes afin que le lecteur et la lectrice puissent les digérer facilement.
  • Simplifiez votre discours pour le clarifier mais sans pour autant sacrifier à la facilité puisque vous perdriez en significations.
  • Rendez les dialogues naturels tout en conservant pour chacun des personnages ses propres idiosyncrasies.
  • Ajustez la structure des phrases afin de maintenir rythme et tension.
    Voici un exemple de rythme narratif :
    Nous sommes dans une pièce faiblement éclairée, l’air chargé d’une étrange anticipation. Le détective se pencha sur le bureau encombré, examinant le message cryptique griffonné sur du papier jauni. Son cœur battait dans le silence. Chaque mot, chaque virgule, avait du poids. Il savait que révéler trop de choses trop tôt dénouerait le mystère prématurément. La structure de la phrase produit de la tension par les courtes phrases saccadées qui ponctue l’urgence. Alors qu’il décrypte l’énigme, il allonge délibérément la phrase (Le détective se pencha..), afin de renforcer le suspense. La lectrice et le lecteur, eux aussi, ressentent le rythme changer, pris dans le flot de la révélation.
    Dans cette symphonie de mots, le rythme narratif est devenu un partenaire silencieux. Il guide la lectrice et le lecteur à travers l’obscur et les révélations.

Choisir ses mots

Dans le grand cirque de l’écriture, chaque phrase est ce funambule sur le fil tendu au-dessus du vide. Chaque mot, chaque virgule est un pas à l’exécution soignée. De même, chaque phrase dans un texte est un équilibre subtil entre clarté et créativité. Comme l’acrobate sur son fil, l’auteur et l’autrice doivent maintenir un équilibre. Trop de détails, et le fil se rompt, laissant le lecteur et la lectrice perdus. Trop peu, et le texte manque de profondeur. Chaque mot doit être pesé, chaque virgule ajustée, pour créer un rythme harmonieux.

Dans ce cirque littéraire, le maître de cérémonie en est le ton. Il attire l’attention, orchestre les émotions et assure que la lectrice et le lecteur sont suspendus à chaque mot. Ainsi, chaque phrase devient un numéro de haute voltige.

Maintenant, si vous vous grattez la tête en vous demandant comment devenir l’équivalent linguistique d’un maître de cérémonie, ne craignez rien ! Car il est assez facile de donner un ton avec un choix de mots approprié. Tout d’abord, reconnaissons que les mots sont des créatures particulières ; ils peuvent être aussi glissants qu’une anguille dans une nappe de pétrole si vous ne les manipulez pas avec soin.

Pour établir le ton, vous devez sélectionner vos mots avec autant de soin que de passer le fil dans le chas d’une aiguille. Vous ne jetez pas simplement des mots sur une page ; vous créez méticuleusement un paysage émotionnel. Un choix de mots qui manquent de tonalité, c’est de tenter de séduire votre lecteur et votre lectrice avec le charme d’un contrôle fiscal !

Passons maintenant au cœur du sujet. Pour évoquer le sentiment que vous souhaitez, considérez vos mots comme les couleurs sur votre palette. Peignez-vous un paysage serein avec des murmures de verts et de bleus, ou lancez-vous une cacophonie de rouges et de jaunes pour émouvoir l’âme ? Votre choix de mots peut apaiser comme une berceuse ou surprendre comme un choc électrique. Vous voulez évoquer la nostalgie ? Enveloppez votre prose de tons sépia avec des mots comme d’antan, héritage et se souvenir. Vous visez le suspense ? Enveloppez votre récit d’ombres avec chuchoté, rôdant et mystère.
Mais attention, ce chemin est semé d’embûches pour les imprudents. Comme un dîner auquel assistent à la fois votre boss et votre oncle aux réparties des plus surprenantes, l’équilibre est la clé. Si vous allez trop loin dans un langage châtié, vous risquez d’être pompeux ; trop décontracté, et vous pourriez caresser d’un peu trop près la frivolité.

Le secret est dans la syntaxe. Amalgamez un langage raffiné avec une pointe d’expressions courantes, et vous obtiendrez un mélange qui est à la fois séduisant et agréable. En conclusion, pour établir le ton dans un travail écrit, choisissez soigneusement vos mots. C’est un art qui exige le toucher d’un bijoutier expert. Chaque mot doit être choisi en fonction de sa capacité à susciter certaines émotions chez votre lectrice et votre lecteur et à leur faire voir les choses comme si elles se produisaient réellement.
Et rappelez-vous, la vie est comme un cirque où nous ne sommes tous que des clowns qui s’efforcent toujours d’avoir une prose plus scintillante que nos costumes à paillettes. Alors, prenez votre pinceau et utilisez des couleurs vives car, en fin de compte, il ne s’agira pas seulement de ce que vous dites, mais de la façon dont vous le ferez ressentir à votre lectrice et à votre lecteur.

Une voix active

Avez-vous déjà eu l’impression que votre écriture manque de punch ? Peut-être que vos phrases vous semblent lourdes ou indirectes. Le coupable pourrait être la voix passive. Dans la voix active, le sujet effectue l’action. Dans la voix passive, le sujet subit l’action. Cette différence apparemment mineure peut avoir un impact significatif sur la force et la clarté de votre écriture.

  • Que la force soit avec vous
    En effet, la voix active utilise des verbes forts, c’est-à-dire que ces verbes mettent en évidence l’agent qui effectue l’action : manger, par exemple. Donc au lieu de dire Ce rapport a été écrit par moi ; la voix active dit J’ai écrit ce rapport. Cela rend votre discours plus puissant.
  • De la clarté
    La voix passive peut être ambiguë. L’expérience a été menée laisse planer le doute sur l’identité de la personne qui l’a menée. La voix active clarifie les choses : Les scientifiques ont mené l’expérience.
  • De la concision
    La voix passive ajoute souvent des fioritures inutiles. La maison a été peinte en rouge par l’entrepreneur devient L’entrepreneur a peint la maison en rouge. Cela permet de réduire le nombre de mots et d’améliorer la lisibilité.
  • Un engagement du lecteur et de la lectrice
    La voix active attire le lecteur. Par exemple, Un délicieux repas a été servi aux invités est fade. La voix active donne une image plus vivante : L’hôte a servi un délicieux repas aux invités. Nous pouvons pratiquement sentir l’odeur de la nourriture !

En comprenant ce qu’est la voix passive et surtout en la repérant (cela devient assez rapidement comme une habitude) ; réécrivez à la voix active. vous élèverez votre écriture à un tout autre niveau. Des verbes forts et une structure de phrase claire interpelleront votre lecteur et votre lectrice et feront ressortir votre message. Alors, abandonnez la voix passive et adoptez la voix active : votre écriture vous en remerciera !

C’est du remplissage

Dans la narration, le rapport entre le personnage et le lecteur et la lectrice est d’une importance parfois sous-estimée. Car il arrive que l’auteur et l’autrice provoquent, sans le savoir, une distance qui éloigne le lecteur/spectateur de ce qui fait la force du récit. Cette distance se creuse par l’utilisation de mots parasites ; certes des mots ou des phrases apparemment anodins, mais qui affaiblissent l’intensité et la proximité de l’expérience.

Pourquoi y a t-il une telle distance entre le lecteur, la lectrice et le point de vue d’un personnage ? Évidemment que ce n’est pas l’intention. Pour écrire un récit authentique et émotionnellement convainquant, l’autrice et l’auteur se doivent d’identifier et d’éliminer ce remplissage pour pleinement impliquer la lectrice et le lecteur dans la vie des personnages.

Mais ce n’est pas tout. Un autre problème est l’emploi des pronoms personnels. Ce qui gêne la lecture sont des phrases qui précèdent les détails sensoriels ou les pensées des personnages. Pourquoi ? Parce que cela pose la présence du personnage comme médiateur de l’expérience. Elle voit, il sent, ils entendent, je pense ne nous permettent pas de ressentir l’effet sur le personnage de ce qu’elle voit, de ce qu’il sent, de ce qu’ils entendent ou de ce qu’il pense.
Bien que parfois ces expressions puissent paraître nécessaires pour clarifier la situation, elles servent souvent seulement à évoquer chez le lecteur et la lectrice la nature fabriquée du récit. Ils se désengagent alors de celui-ci.

La différence entre Elle entendit un grand bruit et Un grand bruit emplit la chambre peut sembler insignifiante, pourtant la seconde rive le lecteur/spectateur directement dans l’action, sans l’intermédiaire du traitement sensoriel du personnage, c’est-à-dire par quel sens il perçoit la situation. Pour que nous puissions éprouver ce que ressent le personnage, par procuration, nous devons imaginer ce grand bruit.

L’élimination de ces parasites n’est pas seulement un choix stylistique ; c’est un accès vers un engagement plus sincère avec le récit. Lorsque l’autrice et l’auteur éliminent ces intermédiaires, il est alors facile pour le lecteur/spectateur de se mettre à la place du personnage. C’est lui qui voit avec le regard de son imagination. Il ressent avec son cœur, c’est-à-dire ses passions, ses souvenirs même s’il n’a jamais vécu la situation décrite.

Il faut que l’expérience du monde fictif atteigne directement le lecteur/spectateur. Lorsque vous lisez Il sentit le vent froid sur son visage, il y a une distance légère mais perceptible. Maintenant, reformulez ceci en Le vent froid mordait son visage. L’expérience devient immédiate.
Le lecteur/spectateur n’observe plus le personnage, mais est plutôt directement exposé au froid mordant. Ce changement de perspective transforme l’expérience de lecture. Il la rend plus viscérale, plus immédiate et, en fin de compte, plus passionnante.

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