CAMPBELL : ESSAI D’EXEGESE – 20

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PART 1: THE ADVENTURE OF THE HERO

CHAPTER 1: DEPARTURE
5. The Belly of the Whale

This popular motif gives emphasis to the lesson that the passage of the threshold is a form of self-annihilation. Its resemblance to the adventure of the Symplegades is obvious. But here, instead of passing outward, beyond the confines of the visible world, the hero goes inward, to be born again.

The disappearance corresponds to the passing of a worshiper into a temple—where he is to be quickened by the recollection of who and what he is, namely dust and ashes unless immortal. The temple interior, the belly of the whale, and the heavenly land beyond, above, and below the confines of the world, are one and the same.

That is why the approaches and entrances to temples are flanked and defended by colossal gargoyles: dragons, lions, devil-slayers with drawn swords, resentful dwarfs, winged bulls. These are the threshold guardians to ward away all incapable of encountering the higher silences within. They are preliminary embodiments of the dangerous aspect of the presence, corresponding to the mythological ogres that bound the conventional world, or to the two rows of teeth of the whale. They illustrate the fact that the devotee at the moment of entry into a temple undergoes a metamorphosis. His secular character remains without; he sheds it, as a snake its slough. Once inside he may be said to have died to time and returned to the World Womb, the World Navel, the Earthly Paradise. The mere fact that anyone can physically walk past the temple guardians does not invalidate their significance; for if the intruder is incapable of encompassing the sanctuary, then he has effectually remained without. Anyone unable to understand a god sees it as a devil and is thus defended from the approach. Allegorically, then, the passage into a temple and the hero-dive through the jaws of the whale are identical adventures, both denoting, in picture language, the life-centering, life-renewing act.

Ah, un motif commun, un fil d’or qui serpente à travers les récits, nous murmure une leçon essentielle : franchir le seuil n’est pas qu’un simple pas, c’est une forme d’auto-annihilation, une mort et une renaissance. Pensez aux Roches qui s’entrechoquent, les Symplégades, où les héros osaient passer entre les mâchoires monstrueuses pour en ressortir transformés. Mais ici, l’aventurier ne plonge pas vers l’extérieur, au-delà de l’horizon du monde, mais vers l’intérieur, vers une nouvelle naissance.

Imaginez un fidèle entrant dans un temple, non pas simplement un bâtiment de pierre, mais un creuset de l’âme. Là, les souvenirs scintillent comme des flammes, lui rappelant sa véritable nature : poussière et cendres, à moins qu’il ne saisisse l’immortalité.

Le temple lui-même, le ventre de la baleine, la terre céleste au-dessus et en dessous car ils ne font qu’un, une tapisserie sacrée tissée dans le tissu de l’existence.

Mais avant d’atteindre ce sanctuaire intérieur, des gardiens colossaux montent la garde : dragons crachant le feu, lions rugissant des avertissements, chasseurs de démons aux épées tirées, nains hérissés de ressentiment, et même des taureaux ailés aux yeux qui transpercent l’âme.

Ce ne sont pas de simples statues, mes amis, mais des tests, des épreuves par le feu destinées à éloigner les faibles de cœur, ceux qui sont incapables de faire face au silence profond qui règne à l’intérieur de notre être. Ils incarnent la puissance brute du divin, comme les ogres gardant les limites du monde connu, ou les rangées de dents de la baleine promettant l’oubli.

Pourquoi ces gardiens, demandez-vous ? Parce que franchir le seuil du temple est une métamorphose. Le fidèle laisse son moi terrestre à l’extérieur, le mue comme un serpent qui change de peau. À l’intérieur, il meurt aux chaînes du temps, retournant vers l’Axis Mundi, l’arbre-monde, au paradis intérieur. La simple présence physique ne signifie rien. Si son cœur ne peut pas contenir le sanctuaire, le fidèle reste dehors, aveugle aux vérités qui s’y trouvent.

Tout comme ceux qui craignent un dieu interprètent mal son pouvoir, voyant des démons là où se tiennent des anges, le fidèle doit gagner sa propre compréhension.

Ainsi, s’aventurer dans le temple et le saut du héros dans la gueule de la baleine sont des images miroir, des allégories du même voyage : une âme à la recherche de son centre, une vie renouvelée. Souvenez-vous, ces histoires ne sont pas de simples fables, mais des regards sur l’expérience humaine, chacun reflétant la même vérité universelle : en nous tous se trouve le potentiel de transformation, de renaissance, d’une vie vivifiée par les murmures du divin.

Alors, cher lecteur, la prochaine fois que vous vous trouverez devant un seuil, physique ou métaphorique, souvenez-vous des gardiens, des épreuves, de la métamorphose qui vous attend. Osez muer, embrasser l’inconnu et entreprendre votre propre voyage intérieur du héros.

This popular motif gives emphasis to the lesson that the passage of the threshold is a form of self-annihilation.

Joseph Campbell, mythologue, auteur et conférencier américain, est réputé pour ses travaux sur la mythologie et la religion comparées. Son ouvrage le plus célèbre, The Hero with a Thousand Faces de 1949, a introduit le concept du parcours héroïque (Hero’s Journey), également connu sous le nom de monomythe. Ce concept met en évidence un schéma commun à de nombreux récits du monde entier, décrivant les aventures et les transformations de héros dans différentes cultures et à différentes époques.

Ce parcours héroïque est divisé en plusieurs étapes, commençant par un appel à l’aventure (le Call to Adventure), se poursuivant par des épreuves et des tribulations, jusqu’à l’ultime retour (le Return) avec de nouvelles connaissances ou de nouveaux pouvoirs qui profitent à la communauté du héros ou de l’héroïne.

Parmi ces étapes, le passage du seuil (Passage of the Threshold) est fondamental car il marque la transition du monde ordinaire du héros vers l’inconnu, un lieu rempli de défis et d’éléments magiques. Lorsque Campbell parle d’un auto anéantissement à ce seuil, il fait référence à une mort et à une renaissance symboliques que l’héroïne et le héros doivent subir pour progresser dans leurs vies.

Il ne s’agit pas d’une mort physique, mais plutôt de la dissolution de l’identité et des croyances du héros. En franchissant le seuil, le héros laisse derrière lui ses limites, ses peurs et sa compréhension du monde.

Cet acte de traverser et d’affronter l’inconnu est un passage à la fois littéral et métaphorique qui initie la transformation. Dans la philosophie de Joseph Campbell, les seuils symbolisent un point de non-retour. Ils sont la frontière entre le connu et l’inconnu, entre le confortable et le provocant.

Le franchissement du seuil

Le franchissement du seuil est important car il représente l’engagement du héros ou de l’héroïne à changer, la volonté d’affronter l’inconnu et le courage de se transformer. C’est à ce moment de l’engagement que le périple du héros commence véritablement, ouvrant la voie vers sa maturité, son apprentissage et son triomphe final.
Le voyage d’Ulysse est un exemple classique de parcours héroïque. Son départ de Troie et ce moment où il franchit le seuil de son long et périlleux voyage de retour vers Ithaque impliquent de nombreux cas d’anéantissement de soi, car il doit se débarrasser de son orgueil et apprendre l’humilité et la patience au cours de ses rencontres avec les dieux et les monstres. Dans Le Lion, la Sorcière blanche et l’Armoire magique de C.S. Lewis, le passage des enfants Pevensie à Narnia par l’armoire est un passage du seuil, au sens propre comme au sens figuré. L’entrée dans Narnia marque le début de leur transformation d’enfants ordinaires en leaders et en héros et héroïne, remettant en question leurs perceptions antérieures d’eux-mêmes et du monde.

Dans Harry Potter et la pierre philosophale de J.K. Rowling, le voyage de Harry Potter commence lorsqu’il franchit le seuil du monde ordinaire pour entrer dans le monde magique. Son premier voyage au Chemin de Traverse avec Hagrid est une forme d’anéantissement de soi, quittant son ancienne identité de garçon ordinaire pour devenir étudiant à Poudlard, s’engageant sur un chemin rempli de défis et d’une évolution personnelle.

The disappearance corresponds to the passing of a worshiper into a temple—where he is to be quickened by the recollection of who and what he is, namely dust and ashes unless immortal.

Dans le silence obsédant de sa propre disparition, l’adepte franchit le seuil du temple – un sanctuaire où il sera foudroyé par le souvenir cinglant de son être réel : poussière et cendres, à moins qu’il ne porte en lui l’étincelle de l’immortalité.

Cette plongée dans l’obscurité n’est point une chute mortelle, mais une catharsis nécessaire. Tel un voyageur téméraire s’enfonçant dans les entrailles de la terre pour en exhumer des joyaux enfouis, l’individu doit descendre au plus profond de lui-même pour se confronter à sa vérité la plus nue : sa finitude.
Car c’est face à l’abîme de la mortalité que l’âme se réveille véritablement. L’illusion de la permanence se dissipe, laissant place à la conscience aiguë de la brièveté de l’existence. Mais n’y a-t-il qu’un sombre tableau de poussière et de cendres ? Non, car même dans cette noirceur, scintille la promesse de l’immortalité. Cette immortalité peut revêtir de multiples formes : le lien invisible à un esprit universel qui transcende les limites du corps, l’impact durable des actions et des contributions qui rayonnent au-delà de la vie individuelle, ou encore la quête constante de transformation et d’évolution, une forme d’immortalité intérieure perpétuelle.

Ainsi, la disparition devient le commencement d’un périple héroïque intérieur. Tel un chevalier arpentant des terres inconnues pour affronter des dragons et en ressortir triomphant, l’individu s’aventure dans les méandres de son être, combat ses ombres intérieures et remet en question ses certitudes. Dans ce voyage périlleux, les mythes et les rituels sont des guides inestimables. Ils offrent des structures symboliques permettant de comprendre les épreuves et les victoires de l’existence humaine.
Les mythes, à travers leurs récits ancestraux, nous offrent des miroirs dans lesquels contempler les reflets de nos combats et de nos aspirations. Les rituels, quant à eux, agissent comme des catalyseurs de l’effacement intérieur. Ils suspendent temporairement les préoccupations quotidiennes, créant un espace de réflexion et d’introspection profonde. De la descente aux enfers d’Inanna dans la mythologie sumérienne à la mort et la résurrection du héros dans de nombreux récits, en passant par les rites d’initiation qui symbolisent la mort et la renaissance, ces traditions ancestrales nous rappellent la puissance transformatrice de la confrontation avec nos limites.

Cette disparition fait référence à une mort symbolique ou à un dépouillement de l’ego. Il peut s’agir d’une expérience littérale comme les rituels d’initiation, les expériences de mort imminente ou les voyages métaphoriques de découverte de soi. Le temple représente le sanctuaire intérieur de la conscience, un espace au-delà des distractions quotidiennes où des vérités profondes peuvent être rencontrées.

Faire face à sa mortalité, symbolisée par la poussière et les cendres, est essentiel à la découverte de soi. Cette prise de conscience fait disparaître les illusions de la pérennité et oblige à se confronter à la finitude. Cependant, à moins d’être immortel offre une lueur d’espoir. Cette éternité peut être interprétée de différentes manières. Certaines traditions suggèrent un lien avec une réalité plus vaste et impérissable au-delà de l’individu, une transcendance spirituelle. Tel un héritage, la reconnaissance des effets durables de ses actions et de ses contributions peut donner un sens durable à sa vie et le processus de découverte de soi lui-même peut être considéré comme une forme d’immortalité personnelle, une évolution continue au-delà des limites physiques.

The temple interior, the belly of the whale, and the heavenly land beyond, above, and below the confines of the world, are one and the same. That is why the approaches and entrances to temples are flanked and defended by colossal gargoyles: dragons, lions, devil-slayers with drawn swords, resentful dwarfs, winged bulls. These are the threshold guardians to ward away all incapable of encountering the higher silences within.

Au cœur du temple, dans le ventre de la baleine, s’étend la terre céleste, une et même contrée au-dessus, au-dessous et par-delà les confins du monde connu. C’est pourquoi ses abords et ses portes sont flanqués et défendus par d’effroyables gargouilles : dragons crachant le feu, lions rugissants, saints grimaçants épées au clair, nains difformes aux faces tordues, taureaux ailés aux yeux de braise. Gardiens du seuil, ils éloignent les âmes trop faibles pour affronter les silences divins qui règnent en ces lieux sacrés.

Entrer dans un temple, c’est pénétrer dans une gueule béante, s’offrir en sacrifice à l’inconnu. Les gargouilles ne sont pas là pour plaire au regard du curieux, mais pour tester le courage des pèlerins. Oseront-ils affronter leurs propres démons pour se fondre dans le grand Tout ? Les lions gardent les secrets oubliés, les saints jugent les péchés cachés, les nains ricanent des vanités des hommes, et les dragons crachent feu sur les hypocrites.
Seuls ceux qui ont affronté leurs monstres intérieurs et purgé leurs âmes peuvent espérer franchir le seuil.

Le ventre de la baleine, c’est l’obscurité nécessaire avant la lumière. C’est la mort apparente avant la renaissance. Les gargouilles ne sont pas des ennemis, mais des miroirs difformes où se reflètent nos vices et nos peurs. Ceux qui les fuient n’accéderont jamais au banquet céleste qui se tient à l’intérieur. Il faut les regarder droit dans les yeux, reconnaître en eux les gardiens de notre propre damnation, et les franchir en brandissant la torche de la foi et de la connaissance.
Alors seulement, les murs s’ouvriront, révélant non pas le ciel au-dessus, mais le ciel en nous, le temple invisible dans notre propre cœur.

Car le vrai voyage n’est pas celui qui mène d’un point à un autre, mais celui qui nous plonge dans les profondeurs de l’âme pour en faire ressortir la divinité cachée. Et les gargouilles sont là pour nous rappeler que ce voyage n’est pas pour les âmes timorées. La signification symbolique des signes décrits par Joseph Campbell, tels que l’intérieur du temple, le ventre de la baleine, la terre céleste et le rôle des gardiens du seuil comme les dragons, les lions, les pourfendeurs du diable, les nains rancuniers et les taureaux ailés, peut être explorée à travers diverses mythologies et iconographies religieuses qui incarnent le voyage vers l’illumination ou la compréhension de vérités plus profondes.
Ces symboles et gardiens servent à protéger les espaces sacrés de ceux qui ne sont pas préparés aux silences supérieurs intérieurs (the higher silences within), et qui représentent nos limites pour atteindre une compréhension plus profonde ou l’illumination. Dans les temples indiens anciens, les nains symbolisent des créatures démoniaques et des gardiens, représentant à la fois la peur et la révérence. Ils jouent un rôle mineur mais important dans l’iconographie religieuse, servant de protecteurs de l’espace sacré et exauçant les souhaits liés au bonheur, à la récolte et aux enfants. Le dragon symbolise les anciennes divinités et leurs diverses expressions, représentant la sagesse et la victoire des nouvelles religions sur les anciennes croyances païennes. Dans la philosophie chrétienne, les dragons servent à confirmer la victoire du Christ sur les anciennes divinités, illustrant le rôle protecteur de ces symboles dans les contextes sacrés. À Babylone, le lion, le taureau et le dragon mušḫuššu possèdent des qualités apotropaïques (qui conjurent la mauvaise fortune) et servent traditionnellement de gardiens à l’entrée des temples et des palais.

Leur imagerie souligne l’importance des entrées sacrées, mettant en évidence le rôle des gardiens dans la protection du cœur symbolique de la ville. Les éléments symboliques et les gardiens décrits dans diverses mythologies et traditions religieuses servent de métaphores pour le voyage vers l’illumination, représentant à la fois les défis et les protections rencontrés sur ce chemin.
Ces symboles, des nains protecteurs des temples indiens aux dragons porteurs de sagesse des manuscrits arméniens, soulignent la quête universelle de sens de l’homme et les obstacles à surmonter pour parvenir à une compréhension plus profonde des vérités que recèlent les espaces sacrés.

Les gardiens ne protègent pas seulement le sacré contre les personnes non préparées, mais signifient également les épreuves et les transformations nécessaires pour atteindre une sagesse et une illumination plus élevées.

Des silences supérieurs intérieurs

L’expression silences supérieurs intérieurs fait référence à un concept profondément spirituel ou mystique suggérant un état intérieur de paix profonde, de compréhension ou d’illumination qui transcende la conscience ordinaire ou l’expression verbale. Ce concept apparaît souvent dans les discussions sur la méditation, les pratiques contemplatives ou les aspects mystiques de diverses traditions religieuses. Il implique qu’au-delà du bruit et des distractions de la vie quotidienne et du niveau superficiel de l’esprit, il existe un royaume de silence au sein de la conscience humaine, riche de perspicacité, de sagesse et d’un sentiment de connexion à quelque chose de plus grand que soi.

Dans le contexte des travaux de Joseph Campbell sur la mythologie et le Hero’s Journey, ainsi que de la signification symbolique des gardiens de seuils et des espaces sacrés, les silences supérieurs intérieurs pourraient être interprétés comme la sagesse ou la vérité ultime que l’on découvre au cours d’un processus de transformation.

Ce voyage implique le franchissement de seuils gardés par des figures redoutables (dragons, lions..), qui représentent métaphoriquement les défis et les peurs qu’il faut affronter et surmonter pour accéder à des niveaux plus profonds de compréhension ou d’illumination. Ces silences suggèrent que la véritable illumination ou compréhension ne se trouve pas dans des réalisations extérieures ou dans l’accumulation de connaissances, mais plutôt dans les profondeurs tranquilles de son propre être.

Cela renvoie à l’idée qu’en apaisant l’esprit et en transcendant l’ego, on peut découvrir des vérités profondes sur la nature de la réalité, sur soi-même et sur l’univers. Ce silence intérieur est élevé dans le sens où il représente un état de conscience plus évolué et plus connecté aux vérités universelles que de nombreuses traditions spirituelles cherchent à comprendre et à articuler.

They are preliminary embodiments of the dangerous aspect of the presence, corresponding to the mythological ogres that bound the conventional world, or to the two rows of teeth of the whale. They illustrate the fact that the devotee at the moment of entry into a temple undergoes a metamorphosis. His secular character remains without; he sheds it, as a snake its slough.

En effet, ces figures sculptées, ces gargouilles qui ornent les temples, ne sont point de simples ornements frivoles. Elles incarnent les premiers aspects du danger inhérent à la présence divine, à l’instar des ogres mythologiques qui gardaient les frontières du monde connu, ou encore des doubles rangées de dents du Léviathan biblique (l’idée du Léviathan m’est venue en pensant au ventre de la baleine).
Leur présence même illustre la profonde métamorphose que subit l’adepte au moment de franchir le seuil du temple. Là, il laisse son caractère mondain, comme un serpent délaisse sa vieille peau.

En effet, ces gardiens de pierre représentent la crainte, la terreur, le doute, ces sentiments qui assaillent l’âme en quête de transcendance. Ils sont les obstacles que l’homme doit surmonter avant d’accéder au sanctuaire de la vérité. Ce sont les Gorgones de la mythologie grecque, dont le regard pétrifie, ou encore les sphinx qui posent des énigmes mortelles.

Mais n’ayez crainte, ces figures ne sont pas là pour consumer le dévot ou l’adepte. Elles le mettent à l’épreuve, le forcent à sonder les profondeurs de son être et à faire face à ses propres ténèbres. Car la transformation requiert du courage, de la détermination et un abandon complet de son moi terrestre. C’est en triomphant de ces gargouilles sculptées, en les défiant avec la force de sa foi et la pureté de ses intentions, que l’adepte accède véritablement au temple.

Il ne s’agit point là d’un simple accès physique, mais d’une renaissance spirituelle. Le seuil du temple marque le passage du profane au sacré, de la vie terrestre à la quête de l’éternel. Et ce sont ces figures menaçantes, ces gargouilles sculptées, qui nous rappellent le prix de la transformation : la confrontation avec nos propres démons et l’abandon de notre moi terrestre.

Ainsi, le temple devient moins un lieu de pierre et de mortier, qu’un symbole de notre propre voyage intérieur, où les gargouilles nous rappellent constamment la grandeur de l’enjeu et la nécessité du courage.

Le chercheur dévoué : Exploration de la conception d’un dévot selon Campbell

Dans la vaste exploration de Joseph Campbell de la mythologie et du parcours héroïque, la figure du dévot ou de l’adepte transcende la simple fréquentation d’un temple. Il incarne une attitude spécifique, un chercheur spirituel profondément engagé dans une quête transformatrice de sens et de découverte de soi. Pour Campbell, les mythes sont des récits universels qui reflètent l’expérience humaine. L’adepte s’engage activement dans ces récits, à la recherche de sagesse et de conseils pour son propre voyage.

Il n’est pas un consommateur passif, mais un interprète actif, qui trouve une résonance personnelle dans les épreuves et les triomphes des héros mythiques. C’est bien cela la puissance transformatrice des mythes. Le dévot incarne l’esprit du héros ou de l’héroïne, traversant les étapes archétypales du monomythe. Elle ou lui répondent à l’appel de l’aventure, s’aventurent dans l’inconnu, rencontrent des défis et des transformations, et reviennent finalement avec des connaissances durement gagnées.

Ce voyage n’est pas extérieur, mais interne et psychologique, se déroulant dans la psyché même du dévot. Selon Joseph Campbell, le sacré ne se limite pas aux grandes religions organisées, mais couvre des mystères inspirants qui dépassent le rationnel. Le fidèle est attiré par cette dimension transcendante, cherchant à se relier à quelque chose de plus grand que lui. Cela peut se manifester sous diverses formes, du culte de la nature à l’expression artistique.
Le fidèle est curieux et ouvert d’esprit et il ne cesse jamais de l’être. Il est ouvert à l’exploration de mythes, de philosophies et de traditions spirituelles diverses. Il cherche un sens au-delà des limites de sa culture et embrasse l’inconnu car le parcours héroïque est semé d’embûches. Le fidèle affronte ses peurs et ses doutes, puisant dans les mythes et les rituels la force de persévérer à travers les épreuves. Il se lance dans une exploration profonde de lui-même, utilisant les mythes comme des miroirs pour réfléchir à ses propres motivations, désirs et ombres.

Cette introspection l’amène à mieux comprendre sa place dans le monde, à se découvrir lui-même. Reconnaissant ses limites et son interrelation, le dévot est ouvert à l’apprentissage d’autrui et à la contribution au bien collectif par l’activisme social ou l’expression artistique. Dans son analyse de la légende du Graal, Campbell souligne la persévérance et l’esprit de remise en question de Parsifal dans sa quête de la signification du Graal.
Il apprend l’humilité et la compassion, incarnant les qualités d’un véritable dévot. Campbell a souvent qualifié le cheminement du Bouddha de quintessence du mythe du héros. Le dévouement de Bouddha à la découverte de soi et à l’illumination illustre la quête du fidèle pour la compréhension ultime et dans ses derniers ouvrages, Campbell a mis l’accent sur le voyage artistique en tant que chemin de dévotion. Les artistes, plongeant dans les profondeurs de la créativité, se connectent au sacré et partagent leurs connaissances avec le monde.

Once inside he may be said to have died to time and returned to the World Womb, the World Navel, the Earthly Paradise

Ici, Campbell résume l’essence de la transformation qui se trouve au cœur du Hero’s Journey.

Le sein du monde ou la matrice du monde : World Womb

Ce symbole représente l’origine de toute chose, un point de création et de gestation. Il signifie le début du parcours héroïque, symbolisant un retour à la source de toutes les potentialités, là où naissent de nouvelles idées et de nouveaux moi.
La matrice du monde s’apparente à l’inconscient, un lieu de pur potentiel auquel le héros et l’héroïne doivent accéder pour se transformer.

L’Axis Mundi : World Navel

Souvent considéré comme l’Axis Mundi ou le centre du monde, World Navel est un point de connexion entre les cieux, la terre et le monde chthonien. C’est un portail symbolique par lequel le héros passe pour traverser différents mondes ou états d’être. Ce concept souligne les liens entre toutes les choses et fait du parcours du héros un chemin qui mène au centre de soi et de l’univers.

Le Paradis Terrestre : Earthly Paradise

Le Paradis Terrestre symbolise l’état de félicité et d’illumination atteint après les épreuves et les tribulations du héros. Il représente l’aboutissement du voyage, le retour à l’harmonie avec soi-même et l’univers. Le Paradis Terrestre n’est pas seulement une destination mais un état d’être, reflétant la transformation intérieure de l’héroïne et du héros et leur accession à la sagesse.

Dying to time : Mourir au temps

Mourir au temps fait référence à une transcendance de l’expérience linéaire et quotidienne du temps, en entrant dans un état où le passé, le présent et le futur se confondent. Dans le contexte d’une expérience transformatrice ou initiatique, cela signifie que le héros quitte le monde ordinaire et se défait de son identité antérieure.

C’est une mort symbolique de l’ego ou du moi (il y a quelques subtilités entre ego et moi selon le langage dans lequel on s’exprime mais ici ego ou moi s’emploient indifféremment) tel qu’on les connaît, qui permet de renaître dans un nouvel état de conscience où les contraintes du temps n’ont plus cours. Cette phase est essentielle pour que le héros se transforme en profondeur.
Ou dit autrement, le concept de mort au temps dans le contexte des expériences de transformation est une idée philosophique et spirituelle profonde qui suggère la transcendance d’un individu au-delà de la progression linéaire du temps : passé, présent et futur. Cette idée incarne un départ (le grand Departure du Hero’s Journey) du monde ordinaire et matériel et représente le dépouillement de son ancienne identité, un peu comme une mort symbolique de l’ego ou du moi tel qu’on les connaît conventionnellement.

Cette phase est essentielle pour vivre un changement profond, car elle permet de renaître à un nouvel état de conscience où les contraintes du temps ne s’appliquent plus. Dans de nombreuses traditions spirituelles et philosophiques, mourir au temps est considéré comme une étape essentielle du voyage vers l’illumination ou la réalisation de soi. Il s’agit d’abandonner les préoccupations temporelles qui dominent la vie ordinaire, telles que son histoire personnelle, ses ambitions (qui nous projettent forcément dans l’avenir mais sont avant tout des ancres dans notre propre temporalité et nous retiennent au temps) et le flot continu de pensées et d’émotions liées à des expériences limitées dans le temps.

Ce lâcher-prise n’est pas une mort physique mais psychologique et spirituelle, où l’emprise de l’ego sur le soi est abandonnée, laissant place à un sens de l’être plus profond et plus universel.

L’ego ou le Moi

L’ego est une construction psychologique qui joue un rôle important dans notre sentiment d’identité et d’estime de soi. Il opère au niveau conscient et est responsable de l’organisation de nos pensées, de nos sentiments et de nos sensations.
Il joue le rôle de médiateur entre le conscient et l’inconscient et nous aide à donner un sens à nos expériences. Il s’efforce de maintenir un équilibre entre des qualités opposées et cherche à satisfaire à la fois les exigences du ça (nos désirs primaires) et du surmoi (nos normes morales intériorisées).

L’ego ou le moi est la fonction exécutive qui guide notre processus de prise de décision et maintient notre identité personnelle.

Le soi

Le soi englobe un sens plus large de l’identité personnelle. Il comprend les aspects conscients et inconscients de notre psyché.
Contrairement à l’ego, qui se concentre sur la conscience et l’image de soi, le soi représente notre individualité globale. Il va au-delà de la simple perception sensible (notre perception du monde par les sens seulement) et inclut nos pensées, nos sentiments, nos valeurs et nos croyances (qui manifestent des choses en nous dont on n’est pas toujours conscient).

Le soi a un impact sur divers aspects de notre vie, tels que nos conceptions des relations, de la société, de la culture et de notre place dans le monde. Il s’agit d’un concept dynamique qui évolue avec le temps, les situations dans lesquelles nous nous trouvons (ce qu’on nomme habituellement par expériences vécues), un concept, donc, façonné par nos expériences et notre réflexion personnelle.

L’emprise de l’ego sur le soi est abandonnée

Cette affirmation suggère que lorsque nous relâchons l’emprise de l’ego sur notre identité (totale, c’est-à-dire ce que nous offrons aux regards d’autrui et le propre regard que nous portons sur nous-mêmes), nous permettons une compréhension plus profonde de notre vraie nature.

Cela implique de se défaire de nos attachements (nos possessions, notre statut social), de notre propre signification et de la reconnaissance que nous implorons parfois d’autrui. Ce faisant, nous nous ouvrons à une connexion plus authentique et plus profonde avec notre moi intérieur.

Cette transition de Mort au temps est marquée par une profonde transformation de la conscience, qui s’étend au-delà des limites étroites de l’individu et de ses préoccupations temporelles. C’est un état où l’on fait l’expérience de l’éternel présent, d’un maintenant intemporel libéré des angoisses de ce qui a été et des incertitudes de ce qui est encore à venir.

Dans cet espace, les individus déclarent souvent éprouver un profond sentiment d’unité avec toute l’existence, une paix profonde et une vision claire de la nature de la réalité.

Le profond sentiment d’unité avec l’ensemble de l’existence

L’expérience humaine englobe un large éventail de sentiments, dont l’un est puissant : le sentiment d’unité avec l’ensemble de l’existence. Ce sentiment, souvent décrit comme une profonde interrelation avec tout ce qui existe dans l’univers, transcende les frontières individuelles et favorise un profond sentiment d’appartenance et d’émerveillement.

Comprendre la signification psychologique et spirituelle de cette expérience révèle des aspects fascinants de la conscience humaine, de son potentiel et de son impact sur nos vies. Bien qu’il ne soit pas universel, le sentiment profond d’unité avec l’existence représente une expérience humaine significative aux multiples facettes, tant sur le plan psychologique que spirituel.

Comprendre les facteurs qui y contribuent, ses implications pour le bien-être individuel et en société, ainsi que ses défis, nous permet d’apprécier le potentiel des relations entre les êtres et entre le monde et nous, et le rôle que ces relations jouent dans l’organisation de notre vie et de notre place dans l’univers.

L’exploration continue de ce phénomène, par le biais de l’exploration personnelle, de la recherche et d’un dialogue ouvert, peut nous permettre d’approfondir notre compréhension de nous-mêmes et de notre relation avec le monde qui nous entoure.

Les récits mythologiques regorgent d’exemples de héros ou d’héroïnes qui vivent de telles expériences de transformation, souvent dans le cadre d’un passage aux enfers ou dans d’autres domaines où les règles ordinaires du temps et de l’espace ne s’appliquent plus. Par exemple, dans le mythe grec de l’enlèvement de Perséphone aux Enfers (mais c’est par amour que Hadès commit cet acte), son retour ne marque pas seulement le changement de saison, mais symbolise aussi le cycle de la mort et de la renaissance, et la transcendance du temps par le renouveau.

Mourir au temps est donc une métaphore du processus de transformation qui consiste à dépasser les limites de l’ego et du monde temporel, permettant aux individus d’accéder à un état d’être libéré des contraintes du temps. Il s’agit d’une mort et d’une renaissance psychologiques et spirituelles profondes, où le soi (le conscient et l’inconscient) émerge renouvelé, avec une compréhension plus profonde de la nature de l’existence et une nouvelle façon d’être dans le monde.

Dans la littérature et l’art, cette transition est souvent représentée par des personnages ou des récits qui vont au-delà de l’explicite, s’aventurant dans les domaines du symbolique, de l’émotionnel et du mystique. Ces récits capturent l’essence de la mort au temps en transmettant des expériences qui transcendent le langage ordinaire et les explications rationnelles, invitant la lectrice et le lecteur à s’engager dans des émotions plus profondes, non formulées, et des vérités universelles qui se cachent sous la surface du quotidien.

The mere fact that anyone can physically walk past the temple guardians does not invalidate their significance; for if the intruder is incapable of encompassing the sanctuary, then he has effectually remained without.

Tentons d’éclairer les idées profondes de Joseph Campbell concernant les gardiens symboliques qui se tiennent au seuil de nos temples, ces édifices qui ne sont pas simplement faits de pierre et de mortier, mais aussi d’esprit et de pensée. Campbell, avec son regard attentif aux motifs qui reviennent dans la mythologie, attire notre attention sur les figures de gardiens qui se profilent aux portes des espaces sacrés.

Ces figures, souvent redoutables et formidables, ne sont pas de simples obstacles aux prouesses physiques, mais des symboles d’une limite plus profonde, qui réside dans les recoins du soi, c’est-à-dire la limite de la véritable compréhension et de l’illumination. Les gardiens du temple, comme l’explique Campbell, jouent un rôle qui va bien au-delà de celui de simples sentinelles contre les intrus indignes. Ils incarnent les défis psychologiques et spirituels qu’il faut surmonter pour accéder au savoir sacré.

Passer à côté de ces gardiens sans les confronter revient à manquer l’essence même du temple. Le temple, dans son sens le plus profond, n’est pas un lieu mais un état d’être ; une réalisation de la perspicacité et de la sagesse qui transcende les frontières physiques du monde.
Ainsi, les gardiens nous défient non pas dans un duel d’épées, mais dans une épreuve de compréhension, exigeant une transformation du soi qui est la véritable clé de l’enceinte sacrée. Avec un regard pragmatique, on apprécierait peut-être la signification métaphorique de ces gardiens dans le cheminement de l’épanouissement personnel et de l’illumination car Campbell suggère probablement que la distinction entre la présence physique et la compréhension authentique est primordiale dans la quête de la vérité.

La valeur d’une idée réside dans ses effets pratiques sur nos vies, de même que la pertinence d’entrer dans le temple ne réside pas dans l’acte physique, mais dans la transformation que cela implique ; une transformation de notre mode même de compréhension et d’engagement dans le monde. Cette transformation, ce passage à travers les gardiens, reflète les thèmes plus larges de l’illumination et de la croissance personnelle. Elle symbolise le passage de l’ignorance à la connaissance, du banal au sublime, et nous incite à affronter et à transcender les limites de notre compréhension actuelle.

Les gardiens, dans leur rôle symbolique, nous rappellent que le chemin de l’illumination est semé d’embûches qui sont intrinsèquement personnelles et internes. Ils sont les marqueurs du moment où l’on doit se tourner vers l’intérieur, remettre en question et surmonter ses propres doutes, ses peurs et ses idées fausses ou préjugés.

Anyone unable to understand a god sees it as a devil and is thus defended from the approach. Allegorically, then, the passage into a temple and the hero-dive through the jaws of the whale are identical adventures, both denoting, in picture language, the life-centering, life-renewing act.

Préparez-vous à une incursion dans les couloirs labyrinthiques des mythes et dans les sables toujours mouvants de la perception humaine. Joseph Campbell, dont le nom résonne avec l’écho de la sagesse antique, propose une notion fascinante : les dieux et déesses qui peuplent nos mythes ne sont que des miroirs reflétant les paysages intérieurs de notre propre compréhension.

Imaginons, si on veut, un temple baigné dans la lueur dorée du crépuscule, dont l’encens s’enroule comme des volutes de songes. L’acte de pénétrer dans un tel espace sacré, suggère Campbell, s’apparente à un parcours héroïque (Hero’s Journey), à la fois littéral et intérieur. Ces deux voyages, affirme-t-il, sont des expériences transformatrices, destinées à renouveler et à centrer l’âme sur une vérité que nous possédons déjà en nous.

Mais la clé pour percer les secrets profonds cachés dans ces itinéraires personnels réside dans un acte de compréhension. Tout comme l’architecture et les ornements du temple parlent différents langages à différents individus, les figures des dieux parlent également différents langages à différents individus. Pour le guerrier, Zeus peut incarner la puissance du tonnerre, tandis que pour l’artiste, Aphrodite peut murmurer une beauté séduisante.
La même divinité, perçue à travers des vécus différents, peut passer du statut de protecteur bienveillant à celui d’illusionniste capricieux. Pensez un instant au héros mythique qui se lance dans une quête périlleuse. Chaque rencontre, chaque épreuve, n’est pas simplement un obstacle physique, mais un test de la force intérieure et de la perspective du héros et de l’héroïne. À mesure qu’ils parcourent le paysage semé d’embûches, leur compréhension d’eux-mêmes et du monde qui les entoure évolue, de même que leur perception de la divinité. Les dieux, autrefois distants et énigmatiques, deviennent les reflets de leur propre évolution, leurs bienfaits et leurs défis reflétant les luttes intérieures menées par l’héroïne et le héros.

Telle est l’essence de la proposition de Campbell. Ce ne sont pas les dieux eux-mêmes qui sont intrinsèquement bienveillants ou malveillants, mais la façon dont nous, en tant qu’individus et cultures, choisissons de les voir. Le pouvoir de transformation du parcours héroïque, et par extension l’acte symbolique d’entrer dans un temple, réside dans cet acte même de compréhension. C’est par l’introspection, par les épreuves et les triomphes de nos propres quêtes intérieures, que nous affinons notre perception du divin et, ce faisant, ouvrons la voie au renouvellement et au recentrage de nos propres vies.

Ainsi, la prochaine fois que vous rencontrerez un mythe, ou peut-être même que vous entrerez dans un lieu tranquille de contemplation, rappelez-vous que les dieux et les déesses ne sont pas des entités fixes, mais plutôt des reflets en constante évolution de la conception que nous leur prêtons. Et c’est dans l’acte de compréhension, dans le voyage transformateur de la découverte de soi, que la véritable magie se déploie.

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