CAMPBELL : ESSAI D’EXEGESE – 14

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PART 1 : THE ADVENTURE OF THE HERO
CHAPTER 1 : DEPARTURE
3. SUPERNATURAL AID

What such a figure represents is the benign, protecting power of destiny. The fantasy is a reassurance—a promise that the peace of Paradise, which was known first within the mother womb is not to be lost; that it supports the present and stands in the future as well as in the past (is omega as well as alpha); that though omnipotence may seem to be endangered by the threshold passages and life awakenings, protective power is always and ever present within the sanctuary of the heart and even immanent within, or just behind, the unfamiliar features of the world. One has only to know and trust, and the ageless guardians will appear. Having responded to his own call, and continuing to follow courageously as the consequences unfold, the hero finds all the forces of the unconscious at his side. Mother Nature herself supports the mighty task. “I feel myself,” said Napoleon at the opening of his Russian campaign, “driven towards an end that I do not know. As soon as I shall have reached it, as soon as I shall become unnecessary, an atom will suffice to shatter me.Till then, not all the forces of mankind can do anything against me.

Ce qu’une telle figure représente, c’est la puissance bienveillante et protectrice du destin. Cet être imaginaire est une assurance, une promesse que la paix du Paradis, qui était connue d’abord dans le ventre maternel, ne doit pas être perdue ; que le destin soutient le présent et qu’il se situe dans le futur comme dans le passé (il est oméga et alpha) ; bien que la toute-puissance puisse sembler menacée par les passages de seuil et les illuminations de la vie, le pouvoir protecteur est toujours et à jamais présent dans le sanctuaire du cœur et même immanent dans, ou juste derrière, les caractéristiques inconnues du monde.
On a juste besoin de savoir et d’avoir confiance et les gardiens sans âge apparaîtront. Ayant répondu à son propre appel et continuant à en suivre courageusement les conséquences, le héros trouve toutes les forces de l’inconscient à ses côtés. Mère Nature elle-même soutient cette tâche puissante. Et dans la mesure où l’acte du héros coïncide avec celui pour lequel sa société elle-même est prête, il semble se mouvoir sur le grand rythme du processus historique. « Je me sens moi-même », a dit Napoléon au début de la campagne de Russie. « ai-je donc accompli les volontés du Destin ? Je me sens poussé vers un but que je ne connais pas. Quand je l’aurai atteint, un atome suffira pour m’abattre. Jusque-là, toutes les forces de l’humanité ne peuvent rien contre moi. »

The benign, protecting power of destiny

Lorsque tout ce qu’ils chérissent dans la vie est menacé, comment l’héroïne et le héros réagissent-ils ? Comment trouvent-ils le courage de poursuivre sur ce chemin qui s’ouvre devant eux et qu’ils présument dangereux ? C’est alors qu’un mentor apparaît. Cette figure archétypale rassure l’héroïne et le héros et parfois leur offre même une espèce de talisman magique afin de les aider dans leur quête future.

En écrivant sur le mentor, également appelé aide surnaturelle (Supernatural Aid), Joseph Campbell déclare que le mentor représente le pouvoir bienveillant et protecteur du destin (The benign, protecting power of destiny). Il suffit de prendre conscience de cette destinée et d’y croire, alors seulement le mentor apparaît comme sans âge car, assagi par l’âge, il ne mêle plus à sa pensée les passions et fait preuve alors de la patience extraordinaire du maître envers son apprenti.

Croire en sa destinée après avoir refusé de s’y engager (Refusal of the Call), le mentor apparaît ainsi pour l’héroïne ou le héros comme une espèce de récompense, une aide précieuse pour les accompagner quelques temps dans le nouveau monde dont le mentor connaît les rudiments.

Bien que personnifié pour être lisible, le mentor représente les forces de l’inconscient et Campbell envisage l’inconscient collectif ; ainsi le mentor est une figure archétypale parce qu’universelle. Et cette figure participe du développement spirituel du héros et de l’héroïne. Il est l’archétype du maître qui enseigne son savoir. Il est le moyen de l’illumination qui assure les pas du héros et de l’héroïne dans le cheminement vers leurs destinées dans ce nouveau monde.

CampbellCampbellGlinda, la bonne fée du Magicien d’Oz, informe Dorothée sur le chemin qu’elle doit suivre pour se rendre jusqu’à Oz et lui offre de fabuleux souliers de rubis pour l’aider dans cette quête (comme talisman aux vertus magiques et surtout préservatrices). La déesse Athéna est toujours aux côtés d’Ulysse au cours de la guerre de Troie ou de son retour vers Ithaque.
Morpheus le mentor offre le choix à Neo entre l’esclavage (la relation maître & esclave mise en place par la matrice) ou le libre-arbitre. L’un et l’autre sont représentés par un étrange objet sous la forme d’une pilule. Neo sera t-il capable d’accepter le talisman offert ?

Le message de Joseph Campbell n’est pas que des autrices et des auteurs écrivent de nouveaux mythes mais que chacun d’entre nous s’engage sur une voie spirituelle qui le mène à vivre ses aspirations profondes et si parfois, nous avons le sentiment d’une voie sans issue, alors il est peut-être temps de chercher son mentor, son guide spirituel, son aide surnaturelle (Supernatural Aid).

The fantasy is a reassurance

Mon interprétation est que grâce à l’imagination, par l’invention qu’elle permet, nous trouvons un réconfort à l’angoisse même de l’existence.

a promise that the peace of Paradise, which was known first within the mother womb is not to be lost

Considérons une autre pensée de Campbell (The Masks of God) :
It is by now a commonplace of biological thought to observe that man, in his character as animal, is born at least a year too soon, completing in the sphere of society a development that other species accomplish within the womb.

C’est désormais un lieu commun de la pensée biologique que de constater que l’homme, dans son caractère animal, naît au moins un an trop tôt, achevant dans la sphère sociale un développement que d’autres espèces accomplissent dans le ventre de leur mère.

Cette assertion suggère que le développement de l’homme commence trop tôt dans le règne animal. Cela signifie que les humains ont besoin d’une longue période de soins postnatals et de socialisation pour atteindre un niveau de maturité comparable à celui des autres animaux à la naissance.
En effet, les nourrissons humains naissent dans un état de relative impuissance par rapport à de nombreux autres animaux. Cela est dû à plusieurs facteurs, notamment les compromis évolutifs associés à nos cerveaux surdimensionnés et aux contraintes de notre locomotion bipède. Les bébés humains ont des capacités motrices relativement peu développées et une indépendance limitée, ce qui nécessite une période prolongée de soins et d’attention de la part des parents.

Alors que certaines espèces animales sont capables de se déplacer de manière autonome et d’adopter des comportements innés de survie peu après la naissance, les nourrissons humains dépendent des adultes pendant une longue période. Cette période permet le développement de diverses aptitudes physiques, cognitives et sociales qui sont essentielles à la survie et à l’adaptation dans la société humaine.
L’idée que l’homme achève son développement dans la sphère de la société suggère que notre environnement culturel et social joue un rôle crucial dans la formation de notre croissance et de notre maturité. Contrairement à la plupart des animaux, les êtres humains dépendent fortement des interactions sociales, de l’apprentissage et de la transmission pour acquérir des connaissances, des compétences et des normes sociales. Nos structures sociales complexes et nos systèmes culturels fournissent le cadre nécessaire au développement du langage, des compétences sociales, des valeurs morales et de nombreux autres aspects du comportement humain.

Tout ce qui est exquis mûrit lentement affirme Arthur Schopenhauer. Cela suggère que les réalisations ou les accomplissements importants nécessitent du temps et de la patience pour être pleinement développés et réalisés. Cela signifie que la grandeur ne peut être obtenue à la hâte ou du jour au lendemain, mais qu’elle nécessite au contraire un processus graduel et régulier de croissance et de perfectionnement.
Cette idée trouve un écho dans divers aspects de la vie humaine et du monde naturel. De nombreuses réalisations notables, que ce soit dans le domaine des sciences, des arts, des activités sportives ou des efforts personnels, nécessitent souvent des années d’efforts, d’apprentissage et de pratique. Elle souligne l’importance de la persistance, de la persévérance et de l’amélioration continue au fil du temps.

Dans la nature, nous voyons des exemples de maturation et de croissance lentes dans les arbres majestueux qui mettent des décennies à atteindre leur taille et leur force maximales, ou dans la formation progressive de merveilles naturelles telles que les montagnes et les vallées sur des millions d’années. Ces exemples nous rappellent que la grandeur émerge souvent au terme d’un parcours patient et persévérant.
Le concept met également l’accent sur la valeur de la patience et la reconnaissance du fait que les objectifs louables et utiles prennent du temps. Il encourage les individus à s’engager dans le processus, à tirer les leçons des échecs et à rester déterminés même lorsque les progrès semblent lents. Il rappelle que les résultats immédiats ne reflètent pas toujours le plein potentiel ou la profondeur d’une chose vraiment grande.

L’idée de grandeur est un produit du temps.

Gaïa & Ouranos

Dans la mythologie, Gaïa, la Terre Mère, engendre seule Ouranos, le Ciel Étoilé. Ensuite, de leur étreinte et du ventre de la mère, naît d’autres êtres.

L’expérience très terrestre de la sexualité et du fonctionnement du corps féminin ; ses cycles menstruels, la cessation de ceux-ci durant la période de gestation et la presque agonie de la naissance d’un nouvel être, a laissé une empreinte profonde sur l’esprit et toutes les traditions de magie associées à la fécondité humaine montrent clairement que nous sommes ici dans le domaine de l’un des principaux centres d’intérêt de l’imagination humaine.
De ceci découle aussi le concept de profondeurs : des entrailles de la terre surgit la vie.

Le ventre maternel (womb)

Pour comprendre ce ventre maternel (womb), citons un passage de Masks of God :

So that the birth trauma, as an archetype of transformation, floods with considerable emotional effect the brief moment of loss of security and threat of death that accompanies any crisis of radical change. In the imagery of mythology and religion this birth (or more often rebirth) theme is extremely prominent; in fact, every threshold passage—not only this from the darkness of the womb to the light of the sun, but also those from childhood to adult life and from the light of the world to whatever mystery of darkness may lie beyond the portal of death—is comparable to a birth and has been ritually represented, practically everywhere, through an imagery of re-entry into the womb. This is one of those mythological universals that surely merit interpretation, rather from a psychological than from an ethnological point of view.

Ainsi, le traumatisme de la naissance, en tant qu’archétype de la transformation, inonde d’un effet émotionnel considérable le bref moment de perte de sécurité et de menace de mort qui accompagne toute crise de changement radical. Dans l’imagerie de la mythologie et de la religion, ce thème de la naissance (ou plus souvent de la renaissance) est extrêmement proéminent ; en fait, chaque passage de seuil – non seulement celui de l’obscurité du ventre de la mère à la lumière du soleil, mais aussi ceux de l’enfance à la vie adulte et de la lumière du monde au mystère de l’obscurité qui peut se trouver au-delà du portail de la mort – est comparable à une naissance et a été représenté rituellement, pratiquement partout, par une imagerie de retour dans le ventre maternel. Il s’agit là d’un de ces universels mythologiques qui méritent certainement d’être interprétés d’un point de vue plus psychologique qu’ethnologique.

Bien que Campbell n’ait pas spécifiquement abordé les crises d’un changement radical, ses idées peuvent nous éclairer sur la nature transformatrice des changements personnels et sociétaux (puisque rien ne dure, c’est ce qui est appelé impermanence par ailleurs).
Le concept de Hero’s Journey de Campbell décrit un schéma narratif que l’on retrouve dans les mythes et les récits de différentes cultures. Ce parcours héroïque implique généralement un protagoniste qui s’embarque dans une aventure, affronte divers défis, subit une transformation et revient avec une sagesse nouvelle ou des dons dont il fait profiter sa communauté. Ce cadre peut être considéré comme une métaphore de la croissance personnelle et du changement.

Dans le contexte d’un changement radical, ce parcours peut être considéré comme une représentation du processus de transformation qu’un individu ou une société subit lorsqu’ils sont confrontés à une crise ou à un changement important. Le changement radical implique souvent de rompre avec les normes établies, de faire face à l’incertitude et aux défis et, en fin de compte, de subir une transformation personnelle ou collective.
L’œuvre de Campbell souligne l’importance d’accepter le changement et l’inconnu, car ils peuvent conduire à l’épanouissement personnel et à une compréhension plus profonde de soi et du monde. Il a souvent parlé de la nécessité pour les individus de suivre leur propre bonheur (car une définition du bien est celle d’être conforme à sa nature), c’est-à-dire de rechercher ce qui leur apporte un véritable épanouissement et correspond à un appel intérieur & personnel (Campbell use du mot Bliss qui signifie félicité). Ce concept peut s’appliquer aux moments de changement radical, lorsque les individus ou les sociétés sont contraints de réévaluer leurs valeurs, leurs priorités et leurs objectifs.

En période de crise ou de changement radical, Campbell a souligné l’importance des mythes et des récits en tant qu’outils permettant de se repérer dans le monde et de lui donner un sens. Selon lui, les mythes sont l’expression d’expériences humaines universelles et contiennent une sagesse intemporelle qui peut aider les individus et les sociétés à trouver un sens dans les incessantes périodes de turbulence.

Une recherche de sécurité

L’image d’un retour dans le ventre de la mère peut être considérée comme une représentation métaphorique du retour à un état de sécurité, de confort et de protection. Elle symbolise le désir de se retirer des complexités et des défis du monde extérieur et de chercher du réconfort dans un espace familier et protégé. En termes mythologiques et psychologiques, l’idée du retour dans le ventre maternel est souvent liée au concept de régression ou au désir d’un retour à un état primordial. Cela peut signifier un désir d’échapper aux pressions et aux responsabilités de l’âge adulte et de revenir à un état d’innocence ou de dépendance.
Cette imagerie peut également être associée au thème de la renaissance ou du renouveau. Tout comme un fœtus grandit et se développe dans l’utérus avant d’émerger dans le monde, la rentrée symbolique dans le ventre de la mère représente un processus de transformation et de préparation à une nouvelle phase de la vie. Elle peut suggérer un besoin d’introspection, de réflexion personnelle et une période de gestation avant d’entamer un nouveau chapitre dans sa vie.

CampbellS’il traduit un désir de sécurité et de renouveau, ce désir de retour ne représente pas un retour physique littéral dans le ventre de la mère. Il reflète plutôt des besoins psychologiques et émotionnels plus profonds de confort, de protection et de renouveau.
Cependant, Joseph Campbell nous rappelle le récit de Actéon, ce personnage issu de la mythologie grecque et y glisse un aspect psychanalytique (à la lumière des travaux de Jung) et y adjoint la notion de retour au sein de la mère. Nous pouvons en tirer une interprétation. Actéon est un chasseur. Lors d’une chasse, il surprend Artémis (ou Diane chez les romains) nue et prenant son bain. Sartre dit que Actéon viole du regard Artémis. Pour le punir de son intrusion, Artémis transforme Actéon en cerf, qui est ensuite déchiré par ses propres chiens de chasse.

Si nous abordons cette suggestion de Campbell de manière métaphorique, en suggérant que Actéon doit être psychanalysé et renvoyé dans le ventre de sa mère, cela pourrait impliquer un processus d’introspection profonde et de régression à un stade antérieur de développement ou à un état d’innocence. La psychanalyse implique souvent l’exploration de l’inconscient, des souvenirs refoulés et des expériences de la petite enfance, ce qui peut être considéré comme un retour aux origines de la psyché.
Le retour métaphorique au ventre de la mère peut symboliser le désir de revenir à un état de sécurité et de pureté, reflétant potentiellement la nostalgie d’une époque précédant les complexités et les défis de la vie adulte. Cette interprétation suggère un voyage d’exploration de soi et de guérison, cherchant à découvrir des problèmes psychologiques sous-jacents et à redécouvrir un sentiment de plénitude personnelle.

Une nécessité

Cependant, on aurait tort de considérer ce ventre matenel comme une régression. Ce serait davantage une nécessité qui ne devrait jamais cesser de s’écrire. Il y a dans cette notion de retour au sein maternel une idée d’épanouissement et de renouveau. En effet, il s’agit bien d’une étape préalable formant condition à une renaissance vers un nouvel être. Il faut se dissocier, à l’image de Actéon, de ses habitudes et de ses attitudes, une espèce de table rase de soi (c’est-à-dire de l’image que nous avons constituée pour la projeter sur autrui), si jamais cela est possible mais le mythe rend possible et contingent ce qui paraissait impossible.
Et renaître enfin pour devenir cet être auquel nous aspirons vraiment.

Le ventre maternel (Mother womb) est un symbole représentant les aspects nourrissants et protecteurs du féminin, souvent associés à la figure maternelle. C’est une métaphore de la source de la vie, où le héros naît et expérimente les premières étapes de l’existence. Le ventre de la mère est un lieu de sécurité, de chaleur et de subsistance.

Le retour au ventre maternel (womb) devient une espèce d’état de béatitude où le temps, l’alternance du jour et de la nuit, c’est-à-dire toutes notions de temporalité, sont absentes. D’autres ont avancé que la peur du noir (ou la peur de l’aveuglement chez Freud) est une mise en œuvre de notre crainte incapacitante vers ce retour aux origines, c’est-à-dire métaphoriquement parlant.

peace of Paradise

Peace of paradise (ou paix paradisiaque) désigne un état d’harmonie, de sécurité et de félicité de l’esprit. C’est une condition de satisfaction et de bien-être parfaits. Ce concept est souvent associé à l’idée d’une existence utopique ou idyllique, semblable à la notion mythique d’un paradis où tout est idéal et serein.

L’idée que cet être imaginaire (il s’agit de Supernatural Aid, une aide surnaturelle) sert de réconfort et de promesse que la paix du Paradis, qui était connue d’abord dans le ventre maternel, ne doit pas être perdue suggère que le parcours héroïque est un processus cyclique. Le héros, ayant reçu une aide surnaturelle, est rassuré que le but ultime est un retour à un état d’harmonie et de paix, semblable à la sécurité et au contentement associés au ventre maternel ou à une existence paradisiaque.
En substance, Campbell souligne la nature cyclique du parcours du héros, où le héros traverse des épreuves et des défis et cherche finalement à revenir à un état d’équilibre, de sécurité et de paix, représenté symboliquement par les éléments paradisiaques et maternels.

bien que la toute-puissance puisse sembler menacée par les passages de seuil et les illuminations de la vie, le pouvoir protecteur est toujours et à jamais présent dans le sanctuaire du cœur et même immanent dans, ou juste derrière, les caractéristiques inconnues du monde.

Cette citation évoque l’idée que, malgré les défis et les épreuves auxquels un héros est confronté pendant le voyage, il y a toujours une source de force et de protection intérieure. Cela fait référence à des moments du parcours héroïque où le héros subit des défis importants, des transitions ou des réalisations. Ces passages de seuil sont des points de non-retour, où le héros et l’héroïne se déplacent du monde connu vers l’inconnu et font face alors à diverses épreuves.

Le terme toute-puissance n’est pas utilisé ici dans le sens théologique traditionnel, où il se réfère typiquement à la qualité d’un être tout-puissant au pouvoir illimité, souvent associé au divin. Au lieu de cela, dans le passage cité, omnipotence est utilisé plus métaphoriquement pour décrire la puissance perçue ou la force du héros. Cela suggère l’état initial de confiance en soi ou le sentiment d’invincibilité du héros. Le héros, au début de son voyage, peut se sentir puissant ou croire en sa capacité à relever n’importe quel défi.
Cependant, à mesure que le héros ou l’héroïne progressent à travers les différentes étapes de leur voyage dans l’inconnu, ils rencontrent des épreuves, des obstacles et des moments de transformation. Ces expériences pourraient défier la toute-puissance perçue du héros, mettant à l’épreuve sa confiance et ses capacités. Les passages de seuil et les illuminations mentionnés dans la citation représentent ces moments charnières de défi et de découverte de soi.

Malgré les défis extérieurs et les incertitudes, le héros possède une force ou un pouvoir intérieur (Omnipotence). Le sanctuaire du cœur symbolise le moi le plus intime de l’héroïne et du héros, où résident la résilience, le courage et la sagesse. L’idée ici est que ce pouvoir protecteur n’est pas toujours immédiatement apparent ou reconnaissable. Il peut être caché ou obscurci par les aspects inconnus et parfois intimidants du monde que le héros rencontre.
Cependant, il est toujours présent, soit à l’intérieur de l’héroïne ou du héros ou juste derrière la surface de ce qui est perçu. En substance, Campbell insiste sur le thème de la force intérieure et de la résilience du héros. Le voyage peut sembler périlleux, et le héros peut faire face à des moments de doute et de vulnérabilité, mais la capacité de surmonter les défis réside à l’intérieur de lui-même ou d’elle-même.

Ce pouvoir intérieur est un aspect universel du voyage héroïque, reflétant l’idée que les individus possèdent la force d’affronter et de transcender l’adversité.

Des gardiens sans âge

Elizabeth Kübler-Ross nous dit que des maîtres spirituels sont toujours à notre écoute et nous guident depuis la naissance jusqu’au seuil de la mort. Ainsi tout au long de notre vie, nous rencontrons de telles personnes qui nous enseignent. En chacun de nous, il y a un autre que nous ne connaissons pas, nous rappelle Carl Gustav Jung. Il nous parle en rêve et nous dit à quel point il nous voit différemment de la façon dont nous nous voyons nous-mêmes. En dernière analyse, la plupart de nos difficultés proviennent de la perte de contact avec nos instincts, avec la sagesse séculaire et inoubliable accumulée en nous.
Ce gardien sans âge est notre propre sagesse intérieure, représentant la capacité bienveillante et protectrice de notre destin potentiel. Chaque individu a un moi supérieur. Mais tout comme l’appel à l’aventure (le Call to Adventure) peut être difficile à entendre, la sagesse de ce moi supérieur peut tout autant l’être. Jusqu’à ce que nous en soyons capables, on peut soutenir que nous ne sommes que partiellement conscients de notre propre potentiel, car nous sommes principalement préoccupés par des émotions subordonnées et des impulsions moindres, subalternes en somme.

Lorsque le héros répond à son appel et fait face aux défis avec courage, les forces de l’inconscient (symbolisées ici par Mère Nature) soutiennent la quête du héros. Mère Nature elle-même soutient cette tâche puissante implique qu’il y a un alignement naturel, cosmique ou divin en faveur du voyage héroïque. Le terme de Mère Nature peut être vu comme un symbole des aspects nourriciers et de soutien de l’inconscient ou des forces cosmiques plus larges. Il transmet l’idée que le héros n’est pas seul et que le tissu même de l’existence le soutient et l’aide dans sa quête héroïque.

le grand rythme du processus historique

Campbell souligne l’importance de l’acte héroïque coïncidant avec l’esprit du temps de leur société. Campbell applique le même raisonnement sur les valeurs qui animent les hommes que ce soit en religion ou ailleurs : les vices et les vertus d’autrefois ne sont pas semblables à ceux et celles de maintenant et parfois même, les vices d’autrefois sont les vertus d’aujourd’hui. Cela suggère que lorsque les actions d’un héros ou d’une héroïne s’alignent sur les besoins et les aspirations collectifs d’un peuple, elles deviennent des instruments de changement et des catalyseurs de l’évolution sociétale.

Le périple du héros implique souvent de relever des défis et des obstacles qui reflètent les angoisses les plus profondes, les insécurités et les conflits non résolus au sein de leur société. En surmontant ces épreuves, l’héroïne et le héros incarnent le potentiel émergent au sein de la conscience collective ou sociale. Leurs actions démontrent la possibilité de transcender les limites et d’embrasser un état d’être plus évolué.

Lorsque les actions d’un héros s’alignent sur le processus historique, elles puisent dans une énergie collective plus profonde qui renforce ses efforts. La société elle-même devient un médiateur, fournissant soutien et assistance le long du chemin suivi par l’héroïne et le héros.
Cette synergie entre l’individu et le collectif favorise le changement transformateur et propulse la société vers un avenir plus harmonieux et épanouissant.

Essentiellement, l’affirmation de Campbell souligne la relation symbiotique entre le parcours héroïque et le contexte historique dans lequel il se déroule. Les actions de l’héroïne et du héros non seulement les transforment eux-mêmes, mais servent également de catalyseurs pour une transformation sociale. En incarnant les aspirations et le potentiel de leur société, l’héroïne et le héros chevauchent la vague du changement historique, laissant une marque indélébile sur le récit collectif.

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