TOUR D’HORIZON STRUCTURES – 1

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Un scĂ©nario peut s’Ă©crire avec diffĂ©rentes structures. Certaines sont cependant plus exactes selon les exigences du rĂ©cit.

Il est admis que la structure participe Ă  la crĂ©ativitĂ©. Il est facile de penser qu’elle impose des limites Ă  l’auteur ou Ă  l’autrice. Elle les libĂšre plutĂŽt de la forme et leur permet de se concentrer sur le contenu.

Il est facile aussi de penser que plus une certaine structure est utilisĂ©e, plus elle devient une formule : Est-ce qu’on peut vĂ©ritablement crĂ©er sous l’emprise d’une formule ?

Cependant, en tant que scĂ©nariste, apprenez Ă  connaĂźtre ces outils, que ce soit comme point de rĂ©fĂ©rence, comme aide au diagnostic, ou mĂȘme comme modĂšles Ă  Ă©viter pour crĂ©er vos propres rĂ©cits qui satisfont sur le plan Ă©motionnel, intellectuel et spirituel. Les structures sont souvent trĂšs utiles lors de la rĂ©vision de rĂ©cits qui ne fonctionnent pas complĂštement.

Joseph Campbell : le Hero’s Journey

Joseph Campbell Ă©tait un mythologue. Il a analysĂ© des centaines de mythes de toutes les cultures du monde et de toutes les Ă©poques. Il en a dĂ©duit un modĂšle qu’il a nommĂ© le monomythe plus connu nĂ©anmoins sous cette expression de Hero’s Journey qui dĂ©crit le parcours (journey) d’un hĂ©ros.

Ce parcours s’Ă©tablit en 17 Ă©tapes :
  1. Departure 
    1. The Call to Adventure
      C’est littĂ©ralement l’appel Ă  l’aventure.
    2. The Refusal of the Call
      Une aventure qui est d’abord refusĂ©e. MĂȘme si son quotidien est dĂ©plorable, il est au moins rassurant.
    3. Supernatural Aid
      Une aide est apportĂ©e au hĂ©ros, suffisante pour le rendre plus sage et plus fort et, espĂ©rons-le, mieux Ă  mĂȘme de relever les dĂ©fis de l’aventure.
      L’aide donnĂ©e peut inclure des cartes, des informations, des armes ou un talisman spĂ©cial. Elle peut ĂȘtre dĂ©couverte par le hĂ©ros, mais elle est souvent fournie par une sorte de mentor. Le hĂ©ros peut Ă©galement ĂȘtre rejoint par un compagnon, voire un groupe entier, qui l’aidera en cours de route mais ne pourra pas faire ce que le hĂ©ros doit faire.
    4. The Crossing of the First Threshold
      C’est ce moment oĂč le hĂ©ros entre rĂ©ellement dans l’aventure, quittant les limites connues de son monde pour s’aventurer dans un royaume inconnu et dangereux oĂč les rĂšgles et les limites sont inconnues. C’est comme le passage d’un seuil.
    5. The Belly of the Whale
      On peut l’assimiler ici au passage dans l’acte Deux, l’espace de l’intrigue proprement dite.
  2. Initiation
    1. The Road of Trials
      Des épreuves attendent le héros.
    2. The Meeting with the Goddess
      Sur sa route, le hĂ©ros peut rencontrer une figure fĂ©minine puissante avec laquelle il trouve une sorte d’unitĂ© et de lien.
      La figure fĂ©minine reprĂ©sente l’anima du hĂ©ros, sa part fĂ©minine. Cette Goddess (dĂ©esse) ou God (dieu) pourrait ĂȘtre un ĂȘtre mystique ou surnaturel ou bien une femme ou un homme ordinaire avec qui le hĂ©ros gagne soutien et synergie.
    3. Woman as Temptress
      En cours de route, le héros peut rencontrer la tentation, souvent sous forme féminine.
      Cette tentation offre au hĂ©ros un soulagement ou une gratification Ă  court terme, mais cĂ©der Ă  cette pulsion entraĂźnerait l’Ă©chec de la mission et prouverait que le hĂ©ros est indigne. Ulysse s’est enchaĂźnĂ© pour ne pas cĂ©der au charme fatal des SirĂšnes. Joseph Campbell n’est pas misogyne. C’est un constat. Si vous avez une hĂ©roĂŻne aux atours de hĂ©ros, vous pourriez interprĂ©ter ce Woman as Temptress comme une tentation simplement de n’importe quelle forme.
    4. Atonement with the Father
      Le hĂ©ros peut se heurter Ă  une « figure paternelle » qu’il faut vaincre, persuader ou dont il faut obtenir l’approbation d’une maniĂšre ou d’une autre (Atonement signifie expiation. C’est un thĂšme que vous pourriez dĂ©velopper Ă  cette Ă©tape).
      En fin de compte, par quelque moyen que ce soit, la relation difficile entre les deux doit ĂȘtre rĂ©conciliĂ©e. Il peut s’agir d’une personne ayant une autoritĂ© ou un pouvoir important. Il peut Ă©galement s’agir d’un dieu ou d’un immortel quelconque. La figure paternelle peut mĂȘme ĂȘtre quelque chose de symbolique, comme un idĂ©al ou un concept qui sert de directive au hĂ©ros.
    5. Apotheosis
      Dans ce Hero’s Journey, Apotheosis est plus ou moins l’Ă©quivalent du « climax » d’une histoire conventionnelle. À ce stade, notre protagoniste affronte son plus grand ennemi et obtient un nouveau pouvoir ou une nouvelle comprĂ©hension du monde en rĂ©compense de sa victoire.
      Pour Campbell, ce moment est dĂ©crit comme Death and Rebirth, c’est-Ă -dire comme une nouvelle naissance (ce qui laisse supposer la mort de sa vie prĂ©cĂ©dente). Tout cela est trĂšs symbolique.
    6. The Ultimate Boon
      Nous sommes maintenant Ă  la deuxiĂšme phase de cette ultime Ă©preuve. Contrairement Ă  Apotheosis (le climax est une apogĂ©e), qui a gĂ©nĂ©ralement lieu avant ou pendant l’ultime combat contre le « mĂ©chant », cette Ă©tape du Hero’s Journey intervient gĂ©nĂ©ralement aprĂšs le combat, voire au dĂ©nouement. On peut l’assimiler Ă  une anagnorisis (une dĂ©couverte importante surtout sur soi-mĂȘme car aller Ă  la rencontre de soi est souvent trĂšs difficile surtout si on s’est perdu de vue depuis un moment).
      Boon (qu’on peut traduire par bienfait, bĂ©nĂ©diction ou encore atout) est essentiellement un cadeau offert au protagoniste en rĂ©compense de la rĂ©alisation de son objectif. Il peut s’agir de diffĂ©rentes choses pour diffĂ©rents hĂ©ros, mais ce que tous les boons ont en commun est le fait qu’ils reprĂ©sentent quelque chose de grande valeur pour le hĂ©ros.
  3. Return
    1. Refusal of the Return
      Tout comme il y a eu réticence au départ, on retrouve cette attitude lorsque le retour se fait nécessité.
    2. The Magic Flight
      Si le hĂ©ros a obtenu cet Ultimate Boon par la ruse ou la manipulation des dieux, son retour chez lui peut ĂȘtre marquĂ© par une traque, les dieux cherchant Ă  rĂ©cupĂ©rer l’Ă©lixir qui leur a Ă©tĂ© volĂ©. C’est ce qu’on appelle le Magic Flight. Le retour chez soi n’est pas tranquille.
    3. Rescue from Without
      Si cette Ă©tape du Hero’s Journey ne se dĂ©roule pas toujours Ă  cet endroit prĂ©cis, dans la plupart des histoires, le hĂ©ros doit ĂȘtre sauvĂ© par quelqu’un d’autre que lui-mĂȘme pour remplir sa mission ultime. Ainsi, dans Matrix, Trinity ramĂšne Neo Ă  la vie.
    4. The Crossing of the Return Threshold
      C’est une parfaite symĂ©trie du Departure (The Crossing of the First Threshold).
    5. Master of Two Worlds
      Cette maĂźtrise de deux mondes (Master of Two Worlds) est l’Ă©tape du Hero’s Journey au cours de laquelle le hĂ©ros peut se dĂ©placer de maniĂšre fluide entre les deux mondes, sans dĂ©truire ou compromettre l’un ou l’autre.
    6. Freedom to Live
      Dans cette Ă©tape, la comprĂ©hension des deux mondes conduit Ă  la libĂ©ration de l’ĂȘtre qui n’a plus peur de la mort, ce qui signifie la libertĂ© de vivre. C’est ce qu’on appelle parfois vivre le moment prĂ©sent, sans anticiper l’avenir ni regretter le passĂ©.

The Hero’s Journey vu par Christopher Vogler

Christopher Vogler rĂ©sume en 12 Ă©tapes le Hero’s Journey :

  1. The Ordinary World
    C’est le quotidien du hĂ©ros. Un monde fait d’habitudes. Un monde insatisfaisant que le hĂ©ros aspire Ă  abandonner.
  2. The Call to Adventure
  3. The Refusal of the Call
    Ces deux Ă©tapes peuvent ĂȘtre assimilĂ©es Ă  l’incident dĂ©clencheur. Une rencontre par exemple peut promettre un nouvel horizon. Mais l’innovation promise peut ĂȘtre angoissante d’oĂč ce recul face Ă  ce dĂ©sir qui nous attire et nous rĂ©vulse Ă  la fois.
  4. The Meeting with the Mentor
    Un exemple suffira : la rencontre entre Obi Wan Kenobi et Luke.
  5. Crossing the First Threshold
  6. Tests, Allies, Enemies
    En franchissant le seuil, nous nous sommes engagĂ©s – par l’action – Ă  trouver une nouvelle voie, et Ă  faire la diffĂ©rence en choisissant de faire quelque chose de diffĂ©rent de ce que ceux qui nous entourent ont fait auparavant. Le hĂ©ros sera soumis Ă  un certain nombre d’Ă©preuves pour s’assurer de sa dĂ©termination, se fera des alliĂ©s et bien sĂ»r des ennemis.
  7. Approach to the Inmost Cave
    Approach of the Inmost Cave
    est un endroit dans le rĂ©cit oĂč personne n’est jamais allĂ©, personne ne sait ce qu’il y a dedans et quelqu’un doit pourtant y aller. Dans Le Hobbit, Bilbon Sacquet, au cours de son voyage, est tombĂ© sur une grotte en gravissant la montagne. Il n’avait aucune idĂ©e de l’endroit oĂč elle menait. Alors qu’il Ă©tait Ă  l’intĂ©rieur de la grotte, il a trouvĂ© un anneau. C’Ă©tait l’anneau de Gollum.
    Le hĂ©ros doit faire les prĂ©paratifs nĂ©cessaires pour s’approcher de cette grotte si personnelle qui mĂšne au cƓur du voyage, ou Ă©preuve centrale, c’est-Ă -dire cet affrontement Ă  soi-mĂȘme. Il ne comblera peut-ĂȘtre pas son besoin (intĂ©rieur alors que le dĂ©sir s’oriente vers l’extĂ©rieur) mais du moins, il en prendra conscience. Et c’est dĂ©jĂ  une grande avancĂ©e.
  8. The Supreme Ordeal
    C’est le climax, l’Ă©preuve ultime.
  9. The Reward
    Une fois que notre hĂ©ros s’est jouĂ© de la mort au cours de la Supreme Ordeal prĂ©cĂ©dente et s’est emparĂ© de l’Ă©pĂ©e, le prix tant recherchĂ© est Ă  lui.
    La rĂ©compense (The Reward) du Hero’s Journey peut ĂȘtre un objet rĂ©el, comme le Saint Graal, ou bien la connaissance et l’expĂ©rience qui mĂšnent Ă  une meilleure comprĂ©hension et Ă  la rĂ©conciliation (une anagnorisis Ă©tendue en quelque sorte). Parfois, la rĂ©compense est l’amour comme dans le cas de Valerian et de Laureline.
  10. The Road Back
    Le hĂ©ros voit la lumiĂšre au bout du tunnel, mais il est sur le point d’affronter encore plus d’Ă©preuves et de dĂ©fis.
  11. The Resurrection
    Cette Ă©tape est souvent considĂ©rĂ©e comme le climax du rĂ©cit. Vogler dĂ©crit la rĂ©surrection par le biais de l’architecture sacrĂ©e qui, selon lui, vise Ă  crĂ©er le sentiment de rĂ©surrection en confinant les fidĂšles dans un hall Ă©troit et sombre, comme sur le point de naĂźtre ou de renaĂźtre Ă  la lumiĂšre, avec un sentiment de libĂ©ration, de dĂ©livrance.
    Lors de la rĂ©surrection, la mort et les tĂ©nĂšbres sont rencontrĂ©es une fois de plus avant d’ĂȘtre dĂ©finitivement vaincues. La menace est gĂ©nĂ©rale (c’est en effet le moment le plus proche du chaos en cas d’Ă©chec). Le hĂ©ros n’est pas le seul concernĂ©. Les enjeux sont Ă  leur paroxysme.
  12. The Return with the Elixir
    The Return with the Elixir
    est la derniĂšre Ă©tape du Hero’s Journey tel que le conçoit Christopher Vogler Ă  partir des recherches de Joseph Campbell. Le hĂ©ros retourne dans sa communautĂ©. Il a suffisamment mĂ»ri pour ĂȘtre une force de changement au sein de cette communautĂ©. Il apporte la guĂ©rison et la plĂ©nitude Ă  la sociĂ©tĂ© dans son ensemble. Cette guĂ©rison (l’Ă©lixir) peut ĂȘtre physique, spirituelle, ou les deux.

La structure du récit selon John Truby

John Truby, analyste en scĂ©narisation, a dĂ©veloppĂ© un modĂšle de structure d’histoire classique (Classic Story Structure) qui va quelque peu Ă  l’encontre du paradigme structurel en 3 actes de Syd Field.

  • Problem & Need
    Le « besoin » du hĂ©ros (need) est la nĂ©cessitĂ© de surmonter un dĂ©faut fondamental dans la personnalitĂ© du personnage (une faiblesse) afin d’accomplir son dĂ©sir. Il est important de noter que le dĂ©sir ne peut ĂȘtre rĂ©alisĂ© que si cette faille du hĂ©ros ou de l’hĂ©roĂŻne est surmontĂ©e.
    Le besoin (need) du hĂ©ros est le moteur interne du rĂ©cit. Cet arc dramatique, cette Ă©volution du personnage est fondamentale. Elle constitue une ligne dramatique Ă  elle seule. Elle dĂ©crit pourquoi et comment le personnage change afin d’atteindre son dĂ©sir (Desire, ci-dessous). Tout au long de l’histoire, le hĂ©ros entreprend un processus Ă©volutif interne pour satisfaire ce besoin et surmonter son dĂ©faut.

    Pour ceux qui connaissent la thĂ©orie narrative Dramatica, Problem tel que le conçoit John Truby pourrait ĂȘtre rapprochĂ© de ce que Dramatica nomme Issue, c’est-Ă -dire un thĂšme qui, chez Truby, devient un problĂšme moral.

  • Desire
    Une histoire existe sur deux plans : externe et interne. DĂ©sir et besoin.
    Le « dĂ©sir » du hĂ©ros (Desire) est l’objectif externe, tangible, qu’il poursuit pendant toute la durĂ©e de l’histoire. Le dĂ©sir peut s’attĂ©nuer ou s’amplifier, mais il ne change pas. Ce n’est pas dans sa nature. Un dĂ©sir fondamentalement modifiĂ© donne lieu Ă  un nouveau rĂ©cit. Une histoire est l’exploration du processus psychologique d’une volontĂ©, donc un nouveau dĂ©sir commencerait un nouveau processus et donc une nouvelle histoire.

    Pour qu’un dĂ©sir soit viable, le lecteur/spectateur doit ĂȘtre capable d’identifier le moment oĂč ce dĂ©sir est atteint ou Ă  jamais perdu. « Devenir cĂ©lĂšbre » est un exemple de dĂ©sir ambigu (frustrant pour le lecteur) alors que « gagner les demi-finales » est un exemple de dĂ©sir viable et tangible.
    Les actions du hĂ©ros sont fondamentalement motivĂ©es par ce dĂ©sir et, par consĂ©quent, le mouvement qui mĂšne Ă  la rĂ©alisation ou Ă  l’Ă©chec d’un dĂ©sir (c’est-Ă -dire d’une volontĂ©) est le moteur externe de l’histoire.

  • Opponent
    C’est l’archĂ©type de la force antagoniste. Pour Truby, c’est le personnage qui concourt pour le mĂȘme objectif que le hĂ©ros.

  • Plan
    Pour mener Ă  bien son dĂ©sir, le personnage principal mettra au point une stratĂ©gie. Dit autrement, il planifie son action afin de vaincre l’adversitĂ© (souvent incarnĂ©e, l’Opponent donc) et triompher (ce qui n’est jamais acquis).

  • Battle
    C’est le climax, c’est l’ultime confrontation. C’est Ă  ce moment qu’auteur et autrice donnent leur vĂ©ritĂ©. Cette Battle est le conflit final. Elle dĂ©termine qui, le cas Ă©chĂ©ant, remporte l’objectif. Un grand conflit violent, bien que courant, est la forme la moins intĂ©ressante pour le climax. La violence comporte beaucoup de feux d’artifice mais pas beaucoup de sens. Battle doit donner au lecteur/spectateur l’expression la plus claire de ce pour quoi les deux camps se battent. L’accent ne doit pas ĂȘtre mis sur une force supĂ©rieure, mais sur les idĂ©es ou les valeurs qui l’emportent.

    Battle est le point de convergence de l’histoire. Tout converge ici. Elle rassemble tous les personnages et les diffĂ©rentes lignes d’action. Elle se dĂ©roule dans le plus petit espace possible, ce qui renforce le sentiment de conflit et de pression insoutenable. Battle est le moment oĂč le hĂ©ros satisfait gĂ©nĂ©ralement (mais pas toujours) son besoin (Need) et accomplit son dĂ©sir (Desire). C’est aussi Ă  ce moment qu’il ressemble le plus Ă  son principal adversaire. Mais dans cette similitude, les diffĂ©rences cruciales entre eux deviennent encore plus claires.
    Enfin, Battle est le moment oĂč le thĂšme s’expose clairement pour la premiĂšre fois dans l’esprit du lecteur. Dans le conflit de valeurs, lecteurs et lectrices voient clairement pour la premiĂšre fois quelle est la meilleure façon d’agir et de vivre (selon l’intention de l’auteur et de l’autrice).

  • Self-Revelation
    La comprĂ©hension fondamentale que le hĂ©ros ou l’hĂ©roĂŻne acquiĂšrent sur eux-mĂȘmes et qui rĂ©pond Ă  leur besoin. C’est l’application de cette anagnorisis que nous tenons de la tragĂ©die grecque.

  • New Equilibrium
    Enfin, un nouvel Ă©quilibre est atteint.

A partir de ces 7 points majeurs d’un rĂ©cit, John Truby Ă©tend jusqu’Ă  22 moments englobant les scĂšnes et les sĂ©quences (une sĂ©quence se compose de plusieurs scĂšnes qui peuvent ĂȘtre distribuĂ©es tout au long du rĂ©cit selon les exigences de l’histoire [un rĂ©cit se compose d’Ă©vĂ©nements qui se produisent chronologiquement alors que l’histoire rĂ©organise les Ă©vĂ©nements afin de les exposer au mieux de son expression]).

Maureen Murdock : The Heroine’s Journey

Joseph Campbell et Christopher Vogler sont orientĂ©s vers le hĂ©ros (bien qu’une hĂ©roĂŻne puisse y trouver sa place). NĂ©anmoins, c’est en 1990 que Maureen Murdock proposa The Heroine’s Journey en rĂ©ponse au Hero’s Journey de Campbell.

En 1949, Joseph Campbell a prĂ©sentĂ© un modĂšle du parcours mythologique du hĂ©ros dans Le hĂ©ros aux mille visages (The Hero with a Thousand Faces), qui a depuis Ă©tĂ© utilisĂ© comme paradigme pour le dĂ©veloppement psycho-spirituel de l’individu.

Ce modĂšle, riche en mythes sur les Ă©preuves (la douleur du monde sur les Ă©paules de chaque individu) et les rĂ©ussites de hĂ©ros masculins comme Gilgamesh, Ulysse et Perceval, commence par un appel Ă  l’aventure (Call to Adventure). Le hĂ©ros franchit le seuil vers des royaumes inconnus (The Crossing of the First Threshold), rencontre des guides surnaturels (The Meeting with the Goddess) qui l’aident dans son pĂ©riple, et affronte des adversaires ou des gardiens du seuil (The threshold guardians car franchir le seuil est une Ă©preuve en soi).

Ces adversaires tentent de bloquer sa progression. Le hĂ©ros commence son initiation au dĂ©but de l’intrigue proprement dite (The Belly of the Whale), traverse une sĂ©rie d’Ă©preuves qui mettent ses compĂ©tences Ă  rude Ă©preuve (Christopher Vogler a regroupĂ© sous Tests, Allies, Enemies toutes ces expĂ©riences nĂ©cessaires pour que le hĂ©ros grandisse de ses tribulations et pĂ©rĂ©grinations) et doit donc rĂ©soudre les conflits avant de trouver la bĂ©nĂ©diction (The Ultimate Boon) qu’il recherche – symbolisĂ©e de diverses maniĂšres par le Graal, la Rune de la sagesse ou la Toison d’or.

Il rencontre une partenaire mystĂ©rieuse sous la forme d’une ou plusieurs dĂ©esses, conclut un mariage sacrĂ© et franchit Ă  nouveau le seuil final (The Crossing of the Return Threshold) pour rapporter le trĂ©sor qu’il a trouvĂ© Ă  la communautĂ©.

Le Hero’s Journey est une quĂȘte de l’Ăąme et est relatĂ© dans les mythologies et les contes de fĂ©es du monde entier. Ce motif de quĂȘte n’aborde toutefois pas le voyage archĂ©typal de l’hĂ©roĂŻne.

Pour les femmes contemporaines, il s’agit de guĂ©rir la blessure du fĂ©minin qui existe au plus profond d’elles-mĂȘmes et des cultures (de nouveau la douleur de vivre telle que l’a si bien dĂ©crite le philosophe pessimiste Schopenhauer).

structuresEn 1990, Maureen Murdock a Ă©crit The Heroine’s Journey : Woman’s Quest for Wholeness, en rĂ©ponse au paradigme de Joseph Campbell. Murdock, qui avait Ă©tudiĂ© le travail de Campbell, estimait que le modĂšle de ce dernier ne tenait pas compte du parcours psycho-spirituel spĂ©cifique des femmes contemporaines.

Elle a dĂ©veloppĂ© un modĂšle dĂ©crivant la nature cyclique de l’expĂ©rience fĂ©minine. La rĂ©ponse de Campbell Ă  son modĂšle fut la suivante : « Les femmes n’ont pas besoin de faire ce voyage. Dans toute la tradition mythologique, la femme est lĂ . Tout ce qu’elle a Ă  faire, c’est de rĂ©aliser qu’elle est le lieu que l’on cherche Ă  atteindre » (Campbell, 1981).

Cela peut ĂȘtre vrai d’un point de vue mythologique, car le hĂ©ros ou l’hĂ©roĂŻne cherche l’illumination, mais d’un point de vue psychologique, le parcours de l’hĂ©roĂŻne contemporaine comporte diffĂ©rentes Ă©tapes.

The Heroine’s Journey commence par une sĂ©paration initiale des valeurs fĂ©minines (Separation from the feminine), la recherche de la reconnaissance et de la rĂ©ussite dans une culture patriarcale, l’expĂ©rience de la mort spirituelle et le retour sur soi pour rĂ©cupĂ©rer le pouvoir et l’esprit du fĂ©minin sacrĂ© (Awakening to Feelings of Spiritual Aridity : DeathInitiation & Descent to the Goddess).

Les Ă©tapes finales impliquent une reconnaissance de l’union et du pouvoir de sa double nature pour le bĂ©nĂ©fice de toute l’humanitĂ© (Integration of Masculine & Feminine).

En s’appuyant sur les mythes culturels, Murdock illustre un modĂšle de cheminement alternatif Ă  celui de l’hĂ©gĂ©monie patriarcale. Il est devenu un modĂšle pour les romanciers et les scĂ©naristes, Ă©clairant la littĂ©rature fĂ©ministe du vingtiĂšme siĂšcle.

The Heroine’s Journey est basĂ© sur l’expĂ©rience de filles qui ont idĂ©alisĂ©, se sont identifiĂ©es et se sont Ă©troitement alliĂ©es Ă  leurs pĂšres ou Ă  la culture masculine dominante (Identification with the Masculine & Gathering of Allies). Cela se fait au prix de la dĂ©valorisation de leur propre mĂšre et d’un dĂ©nigrement des valeurs fĂ©minines.

Cela se produit tant chez les hommes que chez les femmes, si ce n’est pas Ă  un niveau personnel, certainement Ă  un niveau collectif. Si le fĂ©minin est perçu comme nĂ©gatif, sans pouvoir ou manipulateur, la petite fille peut rejeter les qualitĂ©s qu’elle associe au fĂ©minin, y compris des qualitĂ©s positives telles que l’aptitude Ă  Ă©lever un enfant, l’intuition, l’expressivitĂ© Ă©motionnelle, la crĂ©ativitĂ© et la spiritualitĂ©.

Au niveau culturel, la sĂ©paration du fĂ©minin (Separation from the feminine) rĂ©sulte d’une rĂ©action Ă  des images du fĂ©minin prĂ©sentĂ©es par les mĂ©dias auxquelles il est impossible de s’identifier ou d’un manque d’images fĂ©minines dans la religion (le dĂ©bat autour de Marie-Madeleine est trĂšs rĂ©vĂ©lateur Ă  ce propos).

Les dieux et les dĂ©esses sont souvent considĂ©rĂ©s comme des façons diffĂ©rentes d’ĂȘtre dans le monde et la dĂ©esse antique AthĂ©na symbolise la deuxiĂšme Ă©tape du Heroine’s Journey (Identification with the Masculine & Gathering of Allies).
Cette dĂ©esse grecque protectrice de la citĂ© d’AthĂšnes (donc de la civilisation) est sortie totalement Ă©panouie de la tĂȘte de son pĂšre, Zeus. Sa mĂšre MĂ©tis avait Ă©tĂ© avalĂ©e par Zeus, privant ainsi AthĂ©na d’une relation avec sa mĂšre.

Cette Ă©tape implique une identification au masculin en gĂ©nĂ©ral. Il ne s’agit pas de l’animus (la part masculine en la femme thĂ©orisĂ©e par Jung). Il s’agit plutĂŽt du masculin patriarcal extĂ©rieur dont la force motrice est le pouvoir.

Dans une sociĂ©tĂ© patriarcale, un individu est poussĂ© Ă  chercher Ă  se contrĂŽler et Ă  contrĂŽler les autres dans un dĂ©sir inhumain de perfection. La jeune fille peut considĂ©rer les hommes et le monde masculin en gĂ©nĂ©ral comme le monde des adultes et s’identifier Ă  sa voix masculine intĂ©rieure (cette fois, c’est l’animus qui prend le dessus), qu’il s’agisse de la voix de son pĂšre, de Dieu le pĂšre, de sa hiĂ©rarchie professionnelle ou de l’Ă©glise.

Malheureusement, la conscience masculine tente souvent d’exprimer le fĂ©minin ; elle intervient, interrompt et prend le dessus, sans attendre que le corps de la jeune fille connaisse sa vĂ©ritĂ©.

L’Ă©tape suivante, comme le Hero’s Journey, est la route des Ă©preuves (Road of Trials, Meeting Ogres & Dragons) oĂč l’accent est mis sur les tĂąches nĂ©cessaires au dĂ©veloppement de l’ego.

Dans le monde extĂ©rieur, l’hĂ©roĂŻne passe par les mĂȘmes Ă©preuves que le hĂ©ros pour atteindre le succĂšs. Tout est axĂ© sur l’ascension de l’Ă©chelle sociale, le prestige, la position et l’Ă©quitĂ© financiĂšre, et le sentiment de puissance dans le monde.

Cependant, dans son monde intĂ©rieur, la tĂąche de l’hĂ©roĂŻne consiste Ă  surmonter les mythes de la dĂ©pendance, de l’infĂ©rioritĂ© fĂ©minine ou de la pensĂ©e dĂ©ficitaire (Deficit Thinking), et de l’amour romantique.
De nombreuses femmes ont Ă©tĂ© encouragĂ©es Ă  ĂȘtre dĂ©pendantes, Ă  ignorer leurs besoins en faveur de l’amour d’autrui, Ă  protĂ©ger autrui, et cela au dĂ©triment de leur rĂ©ussite et de leur autonomie.

Nous vivons dans une sociĂ©tĂ© dominĂ©e par une perspective masculine oĂč le fĂ©minin est perçu comme infĂ©rieur au masculin. La voix fĂ©minine, celle de l’expĂ©rience et de la connaissance sensible, intuitive, n’est pas considĂ©rĂ©e comme aussi valable que la voix masculine, celle de l’analyse.

Dans certaines familles, cultures et religions, naĂźtre dans un corps fĂ©minin est un acte de second ordre ; l’enfant de sexe fĂ©minin a donc Ă©chouĂ© dĂšs le dĂ©part et est marquĂ© psychologiquement comme infĂ©rieur uniquement en raison de son sexe.

En ce siĂšcle, la question morale la plus importante, des pays du tiers monde aux grandes puissances mondiales, est l’abus et l’oppression des femmes et des filles dans le monde entier.

La premiĂšre partie du Heroine’s Journey est propulsĂ©e par l’esprit et la seconde partie consiste en des rĂ©ponses orchestrĂ©es par le cƓur. L’hĂ©roĂŻne a travaillĂ© sur les tĂąches de dĂ©veloppement nĂ©cessaires pour devenir un adulte, pour s’individualiser et pour Ă©tablir son identitĂ© dans le monde extĂ©rieur.

Cependant, bien qu’elle ait atteint ses objectifs durement gagnĂ©s, elle peut Ă©prouver un sentiment d’ariditĂ© spirituelle. Son fleuve de crĂ©ativitĂ© s’est tari et elle commence Ă  se demander « Qu’ai-je perdu dans cette quĂȘte hĂ©roĂŻque ? » (Awakening to Feelings of Spiritual Aridity : Death). Elle a rĂ©alisĂ© tout ce qu’elle avait prĂ©vu, mais au prix d’un grand sacrifice pour son Ăąme. Sa relation avec son monde intĂ©rieur lui est devenue Ă©trangĂšre. Elle se sent opprimĂ©e mais ne comprend pas la source de sa victimisation.

À ce stade, elle a peur de regarder au fond d’elle-mĂȘme et s’accroche plutĂŽt Ă  des modĂšles de comportement passĂ©s, Ă  d’anciennes relations et Ă  un style de vie familier. Il y a une peur de dire « non » et la tension de ne pas savoir ce qu’il va suivre.

Selon l’analyse jungienne Marion Woodman, il faut un ego fort pour survivre aux tĂ©nĂšbres, ĂȘtre dans l’attente, soutenir une tension permanente, attendre on ne sait quoi. Mais si nous pouvons tenir assez longtemps, une faible lumiĂšre est conçue dans l’obscuritĂ© de l’inconscient, et si nous pouvons attendre et tenir, en son temps elle naĂźtra dans son plein rayonnement.

L’ego doit alors ĂȘtre assez aimant pour recevoir le don et le nourrir convenablement pour que la nouvelle vie puisse finalement transformer toute la personnalitĂ©.
À ce stade, l’hĂ©roĂŻne est confrontĂ©e Ă  une chute ou Dark Night of the Soul, une pĂ©riode de dĂ©structuration et de dĂ©membrement majeurs. C’est un terme utilisĂ© pour dĂ©crire ce que l’on pourrait appeler un effondrement de la perception du sens de la vie… une irruption dans votre vie d’un profond sentiment d’insignifiance.

Dans certains cas, l’Ă©tat intĂ©rieur est trĂšs proche de ce que l’on appelle conventionnellement la dĂ©pression. Rien n’a plus de sens, rien n’a de sens. Parfois, il est dĂ©clenchĂ© par un Ă©vĂ©nement extĂ©rieur, un dĂ©sastre peut-ĂȘtre. La mort d’un proche peut le dĂ©clencher, en particulier une mort prĂ©maturĂ©e, par exemple la mort d’un enfant.

Ou bien vous aviez construit votre vie, et lui aviez donnĂ© un sens – et le sens que vous aviez donnĂ© Ă  votre vie, Ă  vos activitĂ©s, Ă  vos rĂ©alisations, Ă  votre destinĂ©e, Ă  ce que vous considĂ©riez comme important, ce sens que vous aviez donnĂ© Ă  votre vie pour une raison quelconque s’effondre.

Cette chute (Initiation & Descent to the Goddess) apporte de la tristesse, de la souffrance, un sentiment d’ĂȘtre perdu et dĂ©sorientĂ©. Ce qui prĂ©cipite gĂ©nĂ©ralement une personne dans une telle chute est l’abandon du foyer, la sĂ©paration d’avec les parents, la mort d’un enfant, d’un amant ou d’un conjoint, la perte d’identitĂ© ou de sa place dans le monde, une maladie physique ou mentale grave, une dĂ©pendance, la transition vers la quarantaine, un divorce, le vieillissement ou ĂȘtre frappĂ© d’ostracisme.

La chute peut prendre des semaines, des mois, des annĂ©es, et ne peut ĂȘtre prĂ©cipitĂ©e car l’hĂ©roĂŻne rĂ©cupĂšre non seulement des parties d’elle-mĂȘme, mais aussi l’Ăąme perdue d’une culture. Il s’agit ici de rĂ©cupĂ©rer les parties du soi qui ont Ă©tĂ© Ă©cartĂ©es lors de la sĂ©paration originale du fĂ©minin (Separation from the feminine) – parties qui ont Ă©tĂ© ignorĂ©es, dĂ©valorisĂ©es et rĂ©primĂ©es, mots et sentiments ravalĂ©s dans une quĂȘte incessante de la rĂ©ussite.

Le dĂ©membrement (Joseph Campbell avait dĂ©jĂ  introduit le terme de dĂ©membrement dans le Monomythe au sens vĂ©ritable d’une sĂ©paration, d’un arrachement Ă  un milieu, une communautĂ©, la famille…) et le renouvellement sont un Ă©lĂ©ment clĂ© de l’ancien mythe sumĂ©rien d’Inanna et d’Ereshkigal (La Descente d’Inanna aux Enfers).
D’oĂč le terme Descent dans l’articulation 6 : Initiation & Descent to the Goddess).

Inanna, la reine du monde d’en haut, se rend aux Enfers pour rejoindre sa sƓur Ereshkigal, la reine du monde d’en bas qui porte le deuil de son mari Gugalanna. Un deuil dont Inanna se rĂ©clame pour justifier sa descente aux Enfers.
Inanna franchit sept seuils et sept portes pour accompagner sa sƓur dans sa douleur. À chaque porte, elle se dĂ©pouille des symboles de son pouvoir. Lorsqu’elle atteint les Enfers, Ereshkigal pose sur elle l’Ɠil de la mort et suspend son corps sans vie Ă  un piquet pour qu’elle y pourrisse.

Inanna se sacrifie pour rĂ©pondre au besoin de vie et de renouveau de la terre. Sa mort et son retour Ă  la vie (par l’intervention du dieu Enki) prĂ©cĂšdent de trois mille ans la crucifixion et la rĂ©surrection de JĂ©sus-Christ.

Au stade suivant du Heroine’s Journey (Urgent Yearning to Reconnect with the Feminine), la femme cherche Ă  retrouver un lien avec le fĂ©minin sacrĂ© afin de mieux comprendre sa propre psychĂ©.

Elle peut s’impliquer dans des recherches sur d’anciennes figures de dĂ©esses comme Inanna, Ereshkigal, DĂ©mĂ©ter, PersĂ©phone, Kali ou les mystĂšres mariaux. Il y a un dĂ©sir urgent de se reconnecter au fĂ©minin (Urgent Yearning to Reconnect with the Feminine) et de surmonter la sĂ©paration mĂšre/fille (c’est le terme Healing qu’on traduit habituellement par guĂ©rison dans l’articulation 7 : Healing the Mother/Daughter Split), une sĂ©paration qui s’est produite lors du rejet initial du fĂ©minin (Separation from the Feminine).

Cela peut ou non impliquer un rĂ©tablissement des liens avec sa propre mĂšre ou sa propre fille, mais cela implique gĂ©nĂ©ralement d’intĂ©grer cette sĂ©paration d’avec le fĂ©minin et de retrouver une relation, une acceptation avec le corps fĂ©minin, l’intuition et la crĂ©ativitĂ©.

L’Ă©tape suivante (Healing the Wounded Masculine) consiste Ă  guĂ©rir les aspects non associĂ©s ou blessĂ©s de sa nature masculine. L’hĂ©roĂŻne reconsidĂšre ses projections nĂ©gatives sur les hommes et change sa vie en consĂ©quence.

Il s’agit d’identifier les parties d’elle-mĂȘme qui ont ignorĂ© sa santĂ© tant physique que mentale et ses sentiments, refusĂ© d’accepter ses limites, lui ont dit de tenir bon et ne l’ont jamais laissĂ©e en paix.
Il s’agit aussi de prendre conscience des aspects positifs de sa nature masculine qui soutiennent son dĂ©sir de concrĂ©tiser son image, l’aident Ă  dire sa vĂ©ritĂ© et Ă  s’approprier sa propre identitĂ© et son propre pouvoir.

L’Ă©tape finale du Heroine’s Journey est le mariage sacrĂ© du masculin et du fĂ©minin, le hieros gamos (Integration of Masculine & Feminne).

La femme se souvient de sa vraie nature et s’accepte telle qu’elle est, en intĂ©grant les deux aspects de ce qu’elle est. C’est un moment de reconnaissance, une sorte de rĂ©miniscence de ce que, quelque part au fond d’elle-mĂȘme, elle a toujours su.

Les problĂšmes actuels ne sont pas rĂ©solus, les conflits demeurent, mais sa souffrance, pour autant qu’elle ne s’y dĂ©robe pas, conduira Ă  une nouvelle vie. En dĂ©veloppant une nouvelle conscience fĂ©minine, elle doit avoir une conscience masculine tout aussi forte pour faire entendre sa voix dans le monde.

L’union du masculin et du fĂ©minin implique de reconnaĂźtre les blessures, de les bĂ©nir et de s’en libĂ©rer. L’hĂ©roĂŻne doit devenir une combattante spirituelle. Pour cela, elle doit apprendre l’art dĂ©licat de l’Ă©quilibre et avoir la patience d’intĂ©grer lentement et subtilement les aspects fĂ©minins et masculins de sa nature.

Elle a d’abord envie de perdre son moi fĂ©minin et de fusionner avec le masculin, et une fois qu’elle l’a fait, elle commence Ă  rĂ©aliser que ce n’est ni la rĂ©ponse ni l’objectif. Elle ne doit ni rejeter ni abandonner ce qu’elle a appris tout au long de sa quĂȘte hĂ©roĂŻque, mais considĂ©rer ses compĂ©tences et ses succĂšs durement acquis non pas tant comme le but Ă  atteindre que comme une partie de l’ensemble du voyage.

Cet accent mis sur l’intĂ©gration et la conscience de l’interdĂ©pendance qui en rĂ©sulte sont nĂ©cessaires pour chacun d’entre nous de nos jours, alors que nous travaillons ensemble pour prĂ©server la stabilitĂ© et l’Ă©quilibre de la vie sur terre (Murdock, 1990).

structures

  1. Separation from the Feminine

  2. Identification with the Masculine & Gathering of Allies

  3. Road of trials, Meeting Ogres & Dragons

  4. Finding the Boon of Success

  5. Awakening to Feelings of Spiritual Aridity : Death

  6. Initiation & Descent to the Goddess

  7. Urgent Yearning to Reconnect with the Feminine

  8. Healing the Mother/Daughter Split

  9. Healing the Wounded Masculine

  10. Integration of Masculine & Feminine

Robert McKee

Robert McKee est parvenu à combiner les trois actes aristotéliciens avec une structure narrative classique en cinq articulations.

  • Inciting Incident
    C’est un Ă©vĂ©nement unique qui, soit arrive directement au protagoniste, soit est causĂ© par le protagoniste. Par consĂ©quent, le protagoniste est immĂ©diatement conscient que sa vie (son monde, ses croyances, ses habitudes…) est dĂ©sĂ©quilibrĂ©e pour le meilleur ou pour le pire. Cela signifie par exemple que notre personnage principal rencontre ou consomme son amant pour la premiĂšre fois, ce qui peut ĂȘtre une chose positive ou nĂ©gative.
    C’est Ă  ce moment que notre personnage principal rĂ©alise qu’il doit quitter la ville Ă  la recherche de quelque chose de plus grand… L’incident dĂ©clencheur (Inciting Incident) peut ĂȘtre une personne qui montre Ă  notre personnage principal que la vie est plus importante que ce qu’il pense. Cela le motive Ă  agir et Ă  changer d’une maniĂšre ou d’une autre l’Ă©quilibre du monde actuel au cours de la phase d’exposition.

    Le protagoniste doit rĂ©agir Ă  l’incident dĂ©clencheur.
    Il rĂ©agit et agit en fonction de son dĂ©sir, conscient ou inconscient. L’action qu’il entreprend peut donc ĂȘtre l’expression consciente ou inconsciente de son dĂ©sir, c’est-Ă -dire l’expression superficielle de son besoin plus personnel et plus intĂ©rieur. Ce besoin du personnage principal est le cƓur de l’histoire, il est la justification de toute l’histoire.

    L’incident dĂ©clencheur est un Ă©vĂ©nement qui dĂ©sĂ©quilibre la vie d’un personnage, suscitant en lui le dĂ©sir conscient ou inconscient de ce qui, selon lui, rĂ©tablira l’Ă©quilibre, le lançant dans une quĂȘte de l’objet de son dĂ©sir contre des forces antagonistes (intĂ©rieures, personnelles, extra-personnelles). Il peut y parvenir ou non. C’est ainsi que s’Ă©crit une histoire en quelques mots.

  • Progressive Complications
    À premiĂšre vue, les termes « complication » et « complexité » semblent avoir une signification similaire. Mais dans le contexte de l’Ă©criture, ce sont deux termes techniques diffĂ©rents, ainsi dĂ©finis :

    Complication : Ce terme fait rĂ©fĂ©rence Ă  l’un des trois niveaux de conflit (intĂ©rieur, personnel ou extra-personnel) prĂ©sents dans le rĂ©cit. Une Ɠuvre qui prĂ©sente une complication et une seule ne comporte qu’un seul des trois niveaux de conflit. Une histoire qui ne comporte qu’un conflit intĂ©rieur serait plutĂŽt psychologique, de forme libre. Une histoire ne comportant que des conflits personnels serait un soap opera (Friends par exemple). Et une Ɠuvre avec uniquement un conflit extra-personnel serait un rĂ©cit d’action/aventure, comme James Bond.

    ComplexitĂ© : On parle de complexitĂ© lorsque les trois niveaux de conflit sont prĂ©sents dans une Ɠuvre, souvent simultanĂ©ment.
    La plupart des histoires que nous avons lues et des films que nous avons vus étaient complexes. De plus en plus, nous exigeons la complexité de nos personnages. Nous voulons que chaque personnage soit tridimensionnel, avec ses propres conflits intérieurs et personnels, en plus des conflits extra-personnels le cas échéant.

  • Crisis
    Crisis
    signifie dĂ©cision ou dilemme (selon la terminologie de Robert McKee). Dans un rĂ©cit, c’est un moment dĂ©cisif, la derniĂšre chance oĂč le protagoniste doit rassembler toutes ses forces, son ingĂ©niositĂ© et son courage dans un ultime effort pour vaincre les forces antagonistes qui gardent le prix.
    Au cours des deux premiĂšres parties de la structure en cinq parties – l’incident dĂ©clencheur et les complications progressives – la tension est montĂ©e. À la troisiĂšme partie, la crise (le moment de tension maximale), nous faisons une pause. Nous laissons le lecteur/spectateur retenir son souffle en se demandant ce qu’il va se passer.

  • Climax
    Le climax est gĂ©nĂ©ralement prĂ©cĂ©dĂ© d’une crise (Crisis) rĂ©sultant d’un dilemme dans lequel le protagoniste est confrontĂ© Ă  une dĂ©cision finale qui change sa vie. Dans Thelma & Louise, la crise survient quelques instants avant la fin du film, juste aprĂšs une course-poursuite haletante qui les amĂšne au bord du Grand Canyon.
    Le choix est simple : la prison ou la mort. Elles choisissent la mort.

    Dans certaines histoires, la crise peut ĂȘtre spatialement et temporairement sĂ©parĂ©e du climax, bien que ces deux articulations soient intimement liĂ©es dans le temps et l’espace du rĂ©cit (le rĂ©cit ordonne chronologiquement les Ă©vĂ©nements, mais l’histoire peut les agencer diffĂ©remment selon ses propres exigences).
    Dans son livre Story, Robert McKee donne l’exemple de Casablanca oĂč Rick poursuit Ilsa jusqu’Ă  ce qu’elle lui cĂšde finalement dans le climax de l’acte II. Dans la scĂšne suivante, cependant, Lazlo presse Rick de rejoindre la cause antifasciste, prĂ©cipitant un dilemme qui prend fin lorsque Rick met Ilsa et son mari dans un avion pour l’AmĂ©rique, sacrifiant son dĂ©sir d’ĂȘtre avec elle.

    La derniĂšre partie du troisiĂšme acte met en scĂšne l’ultime action rĂ©sultant de la dĂ©cision de Rick (Crisis) d’aider le couple Ă  s’Ă©chapper Ă  son dĂ©triment.

  • Resolution

Nous continuerons ce tour d’horizon des structures dans le prochain article. En attendant, si vous estimez que notre travail mĂ©rite rĂ©compense & soutien (d’ailleurs, vous nous dites que vous apprĂ©ciez Scenar Mag, Merci pour cela), pensez de temps en temps Ă  faire un don afin de nous aider Ă  financer nos recherches et ĂȘtre Ă  vos cĂŽtĂ©s encore longtemps afin de vous aider dans tous vos projets d’Ă©criture. Soutenez Scenar Mag. Faites un don. Merci

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