Nous avons tous un ego, un moi ou un je comme chacun d’entre nous le comprend ou l’entend. Et nos personnages de fiction aussi. Chaque personnage pense, ressent (tout comme nous, il passe par tous les états), possède une intuition (car effectivement on peut connaître son monde sans y réfléchir) et il a des sensations dont la vue et l’ouïe seront très utiles à l’autrice et à l’auteur pour décrire les scènes mais les autres sens seront aussi sollicités indirectement chez le lecteur/spectateur qui, peut-être grâce à son imagination (qui est un lieu dans son esprit ou psyché au même titre que la conscience, la mémoire, l’inconscient et d’autres facultés) se saisira de la scène d’un baiser par exemple.
Carl Gustav Jung
Le moi et l’ego sont souvent employés indifféremment et renvoient à je, c’est-à-dire à nous-mêmes. Jung distingue le moi et le soi (le soi serait à la fois notre conscient et notre inconscient). Donnons quelques définitions : l’être humain (et donc nos personnages de fiction) est un être conscient, c’est-à-dire qu’il a conscience de ce qu’il fait ou éprouve ; en ce sens, il s’oppose à l’inconscient et posons alors que l’inconscient serait comme un lieu de stockage de nos sensations, de nos émotions, de nos perceptions, en un mot de notre mémoire, de nos souvenirs mais si enfouis que nous n’en avons plus conscience).
Pour Jung, le soi inclut l’ego. Admettons que les termes soi et ego servent en psychologie et en philosophie (ou intellectuellement) pour décrire les différents aspects de l’identité et de la conscience d’un individu. J’ai osé le mot identité, posons-le comme unité, c’est-à-dire ce qui demeure identique à soi-même, ainsi chez un être vivant (et nos personnages de fiction sont tels), malgré toutes les modifications qu’il endurera au cours de sa vie, une part de lui-même ne change pas, ce qui permet de le distinguer.
Le soi désigne le sentiment général d’identité et d’individualité qu’éprouve une personne (le fait de pouvoir dire je de soi-même nous désigne comme une personne). Le soi englobe divers aspects de la personne, c’est-à-dire sa personnalité, ses pensées, ses émotions et ses comportements.
Le soi n’est pas une entité (que je nomme aussi lieu) fixe ; il s’agit plutôt d’une construction dynamique et évolutive qui peut changer au fil du temps en fonction des expériences, des interactions et de la croissance personnelle.
L’ego est une composante spécifique du moi, comme l’a proposé Sigmund Freud dans sa théorie psychanalytique. L’ego représente la partie consciente de l’esprit (il se confond alors avec le moi) qui sert de médiateur entre les désirs inconscients et les exigences de la réalité.
Il fonctionne selon le principe de réalité, cherchant à satisfaire les désirs en tenant compte des contraintes du monde extérieur. Dans ce contexte, lorsque nous disons que le soi inclut l’ego, nous voulons dire que le soi est composé de divers éléments, et que l’un de ces éléments est l’ego.
L’ego contribue au sentiment global de soi en gérant les conflits entre les désirs de l’individu, les normes sociétales et les contraintes pratiques. Il joue un rôle dans la formation de l’image de soi, des perceptions et des comportements.
Jung décrit l’ego comme la limite de la conscience et, selon lui, l’ego est subordonné au soi. Qu’est-ce que cela signifie pour le développement du personnage ? L’ego est notre point de référence pour la conscience et donc le comportement, et il est totalement impuissant face au soi inconscient. Par conséquent, l’ego de votre personnage est impuissant face à son soi inconscient. Un personnage doit se comporter en conséquence.
Persona
Persona désigne la personne (et pour les autrices et les auteurs, un personnage comme une personne). Jung est arrivé à la conclusion qu’il devait y avoir un lien entre une personne en tant qu’individu et en tant que membre de l’humanité.
Jung a divisé le soi en trois aspects : l’ego ou l’esprit conscient, l’inconscient personnel qui est ce qui peut être conscient à tout moment (une réminiscence par exemple) et l’esprit inconscient. Le lien entre cette théorie et l’écriture est que l’accumulation de ces trois parties de l’esprit personnel (le soi) conduit à la conscience collective.
La conscience collective, un concept introduit par le sociologue français Emile Durkheim, fait référence aux croyances, valeurs, normes, attitudes et connaissances partagées au sein d’une société ou d’un groupe particulier. Elle représente la compréhension et la conscience communes que les individus d’une société ou d’une communauté ont collectivement.
La conscience collective englobe les idées, les croyances et les connaissances qui sont largement acceptées et comprises par les membres d’une société. Elle comprend à la fois des connaissances explicites (telles que les mythes culturels et les récits historiques plus ou moins fidèles à la réalité de ce qu’il s’est réellement passé) et des connaissances implicites (règles et normes non exprimées).
Durkheim pense que la conscience collective joue un rôle crucial dans le maintien de l’intégration et de la cohésion sociales. Lorsque les individus partagent des valeurs et des normes communes, cela contribue à les lier en tant que société unifiée (ici, nous rejoignons l’idée d’identité et d’appartenance).
La présence d’une conscience collective forte contribue à l’ordre social en fournissant un cadre permettant aux individus de comprendre leurs rôles, leurs responsabilités et leurs interactions au sein de la société. Elle aide à réguler les comportements et à réduire les conflits.
Par le biais de rituels, de symboles et d’institutions, les sociétés extériorisent leur conscience collective. Ces manifestations extérieures contribuent à renforcer et à perpétuer les croyances et les valeurs partagées par le groupe. Joseph Campbell a énormément travaillé sur cet aspect du monde.
En aparté, il me revient à l’esprit cette pensée de Saint Thomas : la conscience est la relation du savoir avec quelque chose d’autre. Ici, ce savoir, c’est la conscience en tant que connaissance, intuition ou sentiment (et tout cela plus ou moins confusément).
Mais ce rapport que Saint Thomas décrit avec la conscience, c’est avec quelque chose d’autre ! Cette altérité avec nous-mêmes présuppose que ce que nous offrons au regard des autres (donc notre ego) et ce que nous sommes vraiment nous rend étrangers à nous-mêmes. C’est ce mensonge que l’on se fait à soi-même qui justifie l’existence d’un personnage principal dont le parcours héroïque consiste précisément en cette quête de sa véritable nature.
Élaboration du personnage
En ce qui concerne le développement des personnages, l’hypothèse est que vous devez écrire une persona crédible de votre personnage de peur de perdre votre lectrice et votre lecteur si vous ne le faites pas. Ils sont capables d’entrer dans la peau d’un personnage (ou dit autrement dans son soi) et, lorsqu’ils y parviennent, ils en deviennent l’inconscient.
Lorsque l’ego n’agit pas conformément, le personnage n’est pas crédible. Par exemple, si votre personnage principal a un besoin inconscient de sécurité, il doit agir de manière instable par exemple ; si votre personnage a un besoin inconscient d’être accepté, son comportement doit illustrer les actions extérieures de quelqu’un qui essaie d’être accepté.
Le besoin n’est pas le désir : le désir concerne l’objectif extérieur, c’est-à-dire d’accomplir quelque chose si le personnage y parvient (car rien n’est moins sûr). En revanche, le besoin est intime comme posséder enfin la confiance en soi. C’est un effort personnel tourné vers soi et non vers l’extérieur comme le désir.
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