EMOTION & PERSONNAGE

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Bien que les personnages se battent contre des événements extérieurs et rencontrent des obstacles tout au long de leur aventure, les conflits les plus intenses sont toujours enfouis à l’intérieur d’eux-mêmes.
Le profil d’un personnage vous aidera à tracer les tensions émotionnelles les plus personnelles et intimes au cœur de votre personnage et comment ces tensions mènent à sa transformation.
Il est nécessaire pour emporter l’empathie du lecteur de créer de puissants conflits internes chez le personnage.

Le changement qui s’opère dans la personnalité d’un personnage prend sa source dans ses conflits personnels. Quelqu’un ou quelque chose va initier ce changement. Cette transformation est totalement accomplie à la fin de son arc dramatique.

Il est possible de distinguer l’événement déclencheur de l’événement qui permettra au personnage principal de découvrir quelque chose de nouveau sur lui-même.
Le personnage commencera alors à penser, à ressentir, à agir ou à tenir un discours nouveau ou différent. Il est possible aussi de fondre les deux événements en un seul.

La question à se poser est pourquoi maintenant ?
Que se produit-il dans votre scénario qui initiera cette transformation fondamentale de votre personnage ? Qu’est-ce qui progressivement lui fera comprendre que son statut quo au début de cette histoire ne correspond pas à sa véritable nature ?

Une transfiguration difficile

Cette transformation annoncée ne se fera pas facilement. Il y aura toujours une opposition car un bouleversement comme celui qui attend votre personnage principal ne peut pas passer inaperçu.

Quelque chose ou quelqu’un sera forcément entre le personnage principal et son objectif. Cette opposition prend appui sur le conflit interne du personnage.
Pour réussir sa mission (externe et visible de tous), le héros devra d’abord surmonter ses conflits internes. C’est sa seule chance de vaincre son adversaire.

Les obstacles, contre apparemment l’objectif du héros, sont en fait autant de moyens mis à la disposition des opposants (dont le personnage principal peut lui-même faire partie) qui tenteront d’empêcher, de contrecarrer ou de paralyser le mouvement vers la rencontre du personnage principal avec sa vraie nature.

Un changement dans le personnalité du protagoniste est toujours un moment douloureux. Comme dans le monde réel, lorsque nous-mêmes sommes soumis à un profond changement, nous opposons d’emblée une résistance. C’est dans la nature humaine.
Dans une histoire, il faut incarner cette opposition.

Le personnage principal va devoir résoudre un problème. Les émotions sollicitées seront fortes. Les personnages et les situations seront jetés dans des tourments inattendus. Quelqu’un ou quelque chose résistera de toute sa force.

Les questions à se poser avant le processus d’écriture :

  • Qui ou Quoi se tient sur le chemin de votre personnage principal ? Est-ce que l’opposition provient de votre personnage principal lui-même ou bien quelqu’un ou quelque chose incarne cette résistance à la transformation que votre héros  est en train de vivre ou sur le point d’accomplir ?
  • Lorsque vous aurez une idée des réponses à apporter à ces premières questions, voici ce que vous devriez vous demander :
  • Quelles seront les actions spécifiques qui provoqueront chez votre personnage principal cette prise de conscience nécessaire à un changement dans sa personnalité ?
  • Sachant qu’un tel changement, majeur dans la vie du personnage, impose un sacrifice, Qu’est-ce que votre personnage perdra pour assurer ce changement ?
    Mais que gagnera-t-il en retour ?
  • Qu’est-ce que votre personnage désire-t-il le plus ? Quel est son besoin (irrépressible, s’entend) ?
  • Quel sera le prix à payer pour ce qu’il désire le plus ou pour assouvir son besoin ?
  • Quelle est la peur qui caractérise le plus votre personnage ? On possède tous des frayeurs ancrées plus ou moins dans notre enfance. Vous n’êtes pas obligé de faire de cette frayeur personnelle le défaut majeur de la personnalité de votre héros mais vous pouvez vous en servir pour rendre plus prégnante la faille de celle-ci.
  • Pour en revenir à la notion de sacrifice, en quoi consiste cette volonté du renoncement chez votre personnage ? Quels sont les enjeux qui nourrissent ce renoncement ? Jusqu’où votre personnage est-il  prêt à aller pour s’accomplir pleinement ?

Les réponses à ces questions devraient vous permettre de cerner le profil de votre personnage. Elles donnent de la profondeur et de la signification à votre histoire. Vous devez vraiment comprendre les émotions et les conflits internes de votre personnage et tout le cheminement qui mènera à sa transformation.

Peut-être que l’on écrit mieux sur ce que l’on connaît, mais il existe une chose que vous partagez avec votre personnage, comme avec tous vos lecteurs, et il s’agit d’une vérité émotionnelle (et ce n’est certainement pas quelque chose qui effleure à la surface).

Un seul principe est à retenir en fin de compte : quel que soit votre technique pour construire vos personnages, partez du personnel pour finir à l’universel. Les émotions sont un partage.

Vous êtes vous-mêmes un être humain à trois dimensions, complexe, intéressant, entièrement formé. Vous vous débattez continuellement avec des émotions fortes et variées et êtes constamment en prise avec des conflits internes.

Vos personnages ne sont pas différents de vous sur ce plan-là. Donc s’il y a quelque chose sur lequel vous pouvez écrire le mieux, c’est bien vous-mêmes mais il ne s’agit pas de créer des personnages à votre image mais de comprendre chez vos personnages ce qui fait qu’ils semblent réels en trouvant en vous les réponses.

Vivre est un perpétuel changement

Nous vivons dans un monde troublant et déstabilisant et changeant constamment. Le monde que nous nous sommes construit est plein d’incertitudes, de relations en constante évolution, de hauts et de bas personnels et professionnels, d’intérêts conflictuels, de dépendances ou d’allégeances et de désirs contradictoires (on veut tout et son contraire), d’engagements variés.

Nous avons connu des retournements de situation inattendus, des dilemmes complexes et des expériences de vie difficiles voire douloureuses.
Encore une fois, il doit en être de même avec vos personnages.

Vous allez devoir créer des personnages à partir de ce chaos. En travaillant sur le profil de vos personnages en ayant au préalable compris comment le changement opère dans votre propre vie, vous allez pouvoir construire des personnages qui seront émotionnellement vrais et qui auront une vie et une intégrité leur appartenant en propre.

Ce processus de création commence par votre propre vérité émotionnelle. Ce qui rendra vos personnages et votre histoire uniques, c’est votre point de vue sur le monde. Il n’y a pas de nouvelles histoires, ce qui les distingue est votre façon de voir et de vivre le monde.

Qui êtes-vous ? En quoi croyez-vous ? Quelles sont les perceptions que vous aimeriez partager ? Quelle est votre vérité ?
Allez à la rencontre de votre vérité émotionnelle et votre histoire sortira du lot.

Quelques conseils de lecture ;
VERITES FACTUELLE & EMOTIONNELLE
UNE VERITE EMOTIONNELLE

Le masque social de votre personnage

Il s’agit de la perception par les autres personnages du personnage que vous êtes en train de créer.
Imaginez ce que les autres peuvent dire de vous, ceux qui ne vous connaissent pas tant que cela, ceux qui se font une idée fausse de qui vous êtres vraiment. Et en particulier, si ceux-là cherchaient à vous dénigrer ?

Ainsi vous allez pouvoir comparer ce que les autres pensent de vous et le masque que vous supposez arborer et que vous leur présentez.
Si vous demandez à quelqu’un quel masque social il offre aux regards d’autrui, il sera certainement incapable de vous répondre. Demandez-lui quelle idée fausse les autres se font de lui, il y a alors de fortes chances que cette personne puisse vous répondre.

Considérez ce masque social comme une façade et que ce masque n’est en aucun cas ce que vous êtes vraiment à l’intérieur de vous-mêmes.
Pour nos personnages, le masque social (ou personæ) est :

  • Une fausse image de soi que le personnage projette et qui forme la première impression que l’on a de lui. Cela fonctionne aussi avec le lecteur.
  • Le personnage porte un masque comme une enveloppe protectrice de son soi, de qui il est vraiment et qu’il ne souhaite pas montrer en public.
  • Ce masque cache, dénie, masque sa plus grande peur. Celle-ci peut être la faille dans la carapace de votre personnage ou bien un vecteur qui renforcera ce défaut majeur dans sa personnalité.

Il s’agit donc d’une première impression. C’est sous ce masque social que le personnage est introduit dans l’histoire. D’un point de vue dramatique, il sera intéressant alors de graduellement estomper cette image qu’il donne de lui-même afin de lui permettre d’atteindre sa vraie nature.

La peur primale de votre personnage

Pour aller à la recherche de votre personnage, vous devez maintenant considérer sa peur fondamentale.

Par exemple :
LES PEURS FONDAMENTALES

Inutile de le nier, nous avons tous des inquiétudes ou des sources d’anxiété. Il ne s’agit de reconnaître des peurs communes mais de mettre le doigt sur ce qui vous effraie et dont l’origine remonte à votre enfance.
Qu’est-ce qui vous tenait éveillé la nuit ? Quel est le rêve récurrent dont vous ne pouviez vous débarrasser et qui vous effrayait tant ?

Pour votre personnage, cette frayeur est ce qui se trouve derrière le masque. Elle alimente une force qui interfère avec ses comportements et ses attitudes. Le personnage essaie vraiment de la cacher, de la dénier, de l’enfouir ou tout simplement de l’ignorer. Tentez en définissant le personnage d’aller à l’essence même de cette peur. Remontez dans son enfance et creusez les pistes possibles.

Par exemple, la peur de la mort pourrait remonter à une peur de l’abandon, d’être séparé de ceux que l’on aime. Cela pourrait être aussi le sentiment d’être envahi, violé par une puissante force surnaturelle. On ne sait jamais jusqu’où peut aller l’imaginaire selon les individus.
Que pourrait signifier la mort pour votre personnage ? Comment la perçoit-il ?

Comment pourrait se résumer la peur ?

  • Par le sentiment de ne pas être ou de ne plus être digne d’être aimé.
  • Par l’effroi ou le doute que ressent le personnage intérieurement lorsqu’il doit faire face à sa véritable nature.
  • Par l’anxiété ou l’inquiétude profondément enfouies qui empêchent le personnage de faire véritablement un acte de foi envers la reconnaissance de sa véritable nature (autrement écrit, croire en lui, en ce qu’il est vraiment)

Connaître ainsi son personnage vous permettra toutes les fois où vous serez bloqué sur une scène, une séquence ou carrément un acte, de résoudre votre problème en vous demandant comment la peur primale qui caractérise votre personnage se manifesterait dans une telle situation.

Au cours de la construction de votre personnage, posez-vous les questions suivantes :

  • Comment le personnage dénie, évite ou cache sa peur ?
  • Comment votre personnage fait-il face à sa peur ou comment la gère-t-il ?
  • Comment cette peur attire-t-elle votre personnage dans les problèmes ? Prenez exemple sur Scottie dans Sueurs Froides.
  • Le cas échéant, comment votre personnage capitule-t-il devant sa peur ou comment manifeste-t-il sa peur ?

La peur n’est pas l’apanage du protagoniste. Lorsqu’un antagoniste fait des actions terribles ou extrêmement malfaisantes, il est généralement motivé par la peur.
En travaillant sur la peur du méchant de votre histoire, vous allez l’humaniser, lui donner une consistance plus complexe et l’individualiser.

Les traits de personnalité les plus marquants de votre personnage

Les traits de personnalité les plus marquants chez votre personnage sont ceux qui lui permettent de sortir des situations les plus dures, les plus compliquées, celles où le tourment est si intense que votre personnage pensera tout d’abord (et le lecteur dans le même mouvement) que tout est perdu pour lui.

Mais en vérité, ces traits offrent une fausse sécurité. Ils ne sont pas destinés à apaiser la peur fondamentale qui mine le personnage de l’intérieur. Ils ne servent qu’à contrôler sa peur. Ils agissent comme un mécanisme de compensation.

Par contre, ils sont aussi utilisés au début de l’histoire pour montrer que les mécanismes de défense du personnage sont submergés par sa peur primale.
Le personnage semble dépasser par les événements. Il perd sa faculté à contrôler ou à gérer sa peur. Quelque chose se produit (initié par un personnage ou un événement) qui met en déficit les défenses du personnage et son aventure peut alors commencer.

Comment déterminer les traits de caractère majeurs ?

  • Le personnage est persuadé que certains traits qui le caractérisent sont un moyen de salut sur lesquels il peut alors se reposer pour dénouer une situation tendue.
  • Le personnage se sert de ses traits de caractère les plus forts pour s’extraire de situations dans lesquelles ses traits de caractère les plus faibles l’ont mis.
    Nous sommes loin d’être parfaits. Certains aspects de notre personnalité nous mènent droit dans les ennuis. Il faut donc faire appel à ce qu’il y a de plus fort en nous pour rattraper des situations délicates dans lesquelles nous nous sommes mis nous-mêmes à cause de certaines de nos faiblesses. Votre personnage en fait autant.
  • Certains traits dans la personnalité du personnage sont plus prégnants que d’autres parce qu’il s’en sert comme d’une béquille pour détourner le moment de vérité avec lui-même.
    Dans les étapes du développement d’un personnage au cours de l’histoire (principalement au cours de l’intrigue et avant le climax), le personnage devra connaître une révélation sur lui-même. Il devra faire face à sa vérité profonde, se regarder dans les yeux. C’est très souvent un moment douloureux (même pour nous dans la vraie vie).Le personnage essaie toujours de surseoir à ce moment crucial (structurellement dramatique en soi) en s’appuyant sur ses traits de caractère les plus puissants pour compenser cette nécessité, cette prise de conscience difficile.
    Conseils de lecture :
    JOHN TRUBY : LES 7 ETAPES CLES D’UNE HISTOIRE (1)
    JOHN TRUBY : LES 7 ETAPES CLES D’UNE HISTOIRE (2)
    JOHN TRUBY : LES 7 ETAPES CLES D’UNE HISTOIRE (3)
  • Parmi les traits de caractère majeurs du personnage, il y a ceux que l’on peut qualifier de défauts. En déterminant quels sont ces défauts dans la personnalité du personnage, il sera plus simple par comparaison d’identifier ceux qui lui seront vraiment utiles le moment voulu (dans votre script, s’entend).
  • Lorsque le personnage nous est introduit, il se présente avec un ensemble de traits de personnalité. Le personnage devra renoncer à certains d’entre eux afin de parfaire son accomplissement.

Considérez que les plus grandes forces de votre personnage sont aussi ses plus grandes faiblesses. Tout ce qu’il tente pour apaiser sa peur renforce celle-ci. Mais lorsqu’il réfute les traits dans sa personnalité qui lui permettaient de parer à cette peur, ceux-ci ne disparaissent pas.

Au contraire, ils agissent toujours en profondeur et d’une manière différente. En effet, le personnage (après sa prise de conscience) ne se servira plus des traits de caractère fondamentaux de sa personnalité pour éluder le moment de faire face mais il utilisera ceux-ci pour trouver le courage et en finir avec cette frayeur qui l’empêchait de trouver son véritable soi, sa véritable nature.

Déterminez ce qui manque à votre personnage

Ici, il ne s’agit pas de talents particuliers qui feraient défaut à votre personnage pour accomplir certaines actions. En fait, il s’agit des traits de personnalité que votre personnage envient chez les autres.
Cette observation chez les autres n’est que le désir bien humain de posséder quelque chose que notre âme ressent  comme un manque pour l’accomplissement de notre vraie nature.

Lorsque le personnage est témoin, par exemple, de bonté chez d’autres et qu’il en soit dépourvu, cela met en branle en lui un sentiment de compassion et de bienveillance.
Cette qualité que le personnage découvre chez les autres est la manifestation de son soi le plus véritable et le plus élevé. Nous sommes ainsi au-delà du mimétisme.

Cependant, il est nécessaire que les qualités dont se languit le personnage soit déjà au moins à l’état embryonnaire chez lui. Elles sont présentes mais il est encore incapable de les extraire et de les identifier.

Les traits ou qualités les plus observés et donc admirés chez les autres sont :

  • La bonté est en effet une qualité qui revient souvent dans les scénarios. Au début de l’histoire, le personnage n’est pas capable de générosité parce qu’elle est tellement refoulée qu’il ne peut l’exprimer.
    Un exemple parlant est celui d’Ebenezer Scrooge dans Un chant de Noël de Charles Dickens.
  • Ils représentent une qualité certes refoulée mais elle est pourtant l’expression de son soi le plus authentique. C’est en observant une qualité identique chez d’autres personnages que votre personnage peut faire germer cette qualité dont il a déjà la présence en lui.
  • Tant que le personnage n’aura pas pris conscience (d’une manière ou d’une autre) de cette qualité, il ne pourra être l’être entier, complet, meilleur qu’il aspire à être.
    Notez que c’est un travail personnel qu’accomplit le personnage. Il n’est pas guidé par un mentor et ce ne sont pas non plus les leçons qu’il apprend au cours de son aventure qui l’ouvre à cette révélation. C’est par l’exemple en fin de compte qu’il découvrira ses vraies voie et voix.
  • Votre personnage principal est un être en devenir (un parcours décrit par son arc dramatique). La qualité observée chez autrui devient ainsi un indice de son futur.
  • Reconnaître en soi le trait de caractère observé permet au personnage de faire un acte de foi envers sa véritable nature (c’est-à-dire que dorénavant, le nouvel équilibre de sa vie inclura ce trait trop longtemps refoulé et dénié de sa personnalité).

Votre personnage principal devrait finir son aventure en étant devenu un individu véritable et intègre. La conclusion de son arc dramatique devrait être cet acte de foi au cours duquel il a le courage de se rendre vulnérable en abandonnant ses défenses pour affronter sa plus terrible peur. C’est ainsi que ce personnage accomplit son voyage émotionnel.

damienKarrasCe voyage de découverte d’émotions, cette ouverture vers de nouvelles émotions ne signifie pas pour autant que le héros de votre histoire vivra un Happy Ending. La transformation ou transfiguration du personnage est la véritable histoire. Ensuite, qu’il meurt en réussissant sa mission ou bien s’il échoue celle-ci, c’est un choix de l’auteur. La chose qui compte est le changement qui s’opère chez le personnage.
Dans L’exorciste, par exemple, le Père Damien perd la vie mais il a retrouvé la foi.

Pour ne pas frustrer votre lecteur, donnez-lui une fin qui soit émotionnellement satisfaisante et totale.
Si vous versez dans le drame, effectivement, votre personnage principal ne pourrait pas réussir son acte de foi, mais cette fois, c’est le genre qui décide.

Les traits de caractère qui affaiblissent votre personnage

Dans notre personnalité, nous possédons tous certains traits qui immanquablement nous attirent des ennuis. On est ainsi faits. Ils sont sources de conflit avec nos proches, nos collègues (pour décrire l’aspect social de la chose), les figures de l’autorité ou nos amis.

Faites une liste des traits susceptibles de saboter les relations de votre personnage. C’est ainsi que le personnage se trouve pris dans des pièges émotionnels (heureusement limités, ponctuels).
Il peut aussi dans certaines situations agir d’une manière inattendue, ses émotions prenant le dessus. Il peut même commettre des actes immoraux surtout lorsque l’antagoniste appuie sur cette peur qui assaille le protagoniste dans ses tréfonds.

Vous pourriez trouver quelques éléments de réponse dans ces articles :

  1. WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 1
  2. WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 2
  3. WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 3
  4. WILLIAM INDICK : DU CONFLIT – PART 4

Pour résumer, on peut dire que les traits particuliers qui l’affaiblissent  sont la cause de ses problèmes avec les autres et avec lui-même.

Comment les définir ?

  • C’est une combinaison de traits de caractère qui constitue le talon d’Achille de votre personnage.
  • Ce sont précisément ces traits particuliers que l’antagoniste utilisera pour pousser le protagoniste hors de ses limites, pour l’aiguillonner à commettre des actes immoraux, pour le détourner du droit chemin ou le tenter vers des options contre son propre intérêt.
  • Des traits qui mettent le personnage émotionnellement en péril dans certaines situations.

Gardez à l’esprit qu’un personnage est toujours son pire ennemi. Un antagoniste intelligent ne fait qu’aiguillonner le héros vers des comportements, des attitudes, des décisions en insistant là où çà fait mal, c’est-à-dire ses peurs.
En conséquence, le personnage se retrouve dans les problèmes, suscite l’hostilité des autres personnages, complique des problèmes déjà problématiques ou rend une situation encore plus pire qu’elle ne l’était.

En fin de compte, ce que vous décrivez en mettant le doigt sur des traits de personnalité qui affaiblissent le personnage, ce sont ses propres démons intérieurs.
Et ceux-ci représentent une force bien plus destructive que ne ferait une force extérieure exercée par un autre personnage, antagoniste ou non.

Vous rendrez aussi votre personnage plus vulnérable, plus complexe, plus intéressant à suivre. Comptez aussi sur l’empathie du lecteur qui s’installe plus facilement en identifiant des troubles personnels qu’en observant les problèmes causés par une force étrangère extérieure au personnage.

La face obscure de votre personnage

Indéniablement, nous possédons tous un côté obscur, une ombre. Vous pourriez tenter un petit exercice pour vous donner une idée pour décrire une telle ombre.

Il vous est certainement déjà arrivé de croiser quelqu’un et vous n’avez pu vous empêcher d’éprouver viscéralement une profonde antipathie. Décrivez ce qui a pu provoquer en vous une telle aversion.

Généralement, un personnage n’aimera pas chez les autres ce qu’il n’aime pas chez lui. Lorsqu’il observe un comportement critiquable chez d’autres, c’est comme si quelque chose de mauvais résonnait en lui. Il y a une répulsion, une aversion intense et même de la colère et de l’inimitié.

Mais c’est une réponse négative et viscérale suscitée des profondeurs de la psyché du personnage. Comme pour les qualités que l’on envie chez les autres parce que ces traits sont déjà embryonnaires en nous, nous possédons déjà ce qui constitue notre ombre.

Lorsque le personnage observe un comportement immoral, il éprouve une forme de rejet colérique parce qu’il comprend cet acte. Il ne le justifie pas mais cet acte reflète étroitement une face cachée du personnage.

reneEmileBellockL’antagoniste tentera d’entraîner le personnage du côté obscur de sa psyché. Considérez l’exemple de Rene Emile Belloq. N’est-il pas l’ombre de Indiana Jones ?
L’antagoniste et le protagoniste peuvent partager la même peur. D’ailleurs, la face obscure du héros est souvent le masque social du méchant de l’histoire.

Quelques clefs pour définir la face obscure d’un personnage :

  • Le personnage porte en lui le mal ou un désastre annoncé. Dans un scénario, l’ombre d’un personnage est souvent incarné (parfois, elle peut être seulement symbolique).
  • Une collection de traits de caractère que le personnage déteste chez les autres mais qu’il méprise encore plus en lui-même.
  • L’ombre est ce qu’il y a de plus égoïste ou de pire chez le personnage.
  • Lorsque le personnage se noie dans ses certitudes et ne parvient pas à rencontrer son vrai soi. C’est le cas, par exemple, de Darth Vador dont la personnalité ne changera pas tant qu’il ne sera pas délivré par la mort.
  • L’ombre est le type de personnage que l’antagoniste aimerait voir dans le héros. Cela peut expliquer la relation particulière et peut-être la forme de respect qui existe entre le méchant de l’histoire et le héros.

Si le personnage s’accroche à ses traits de caractère les plus forts qui lui servent de défense contre ses peurs et qu’il tombe constamment dans les pièges que lui tendent ses faiblesses, on peut dire qu’il tourne en rond. D’où la nécessité de le faire évoluer pour ne pas frustrer le lecteur.

Devrions-nous dire que lorsque nous vivons sous notre masque et sommes guidés par nos peurs, nous devenons  la chose que nous haïssons ?
Lorsqu’un personnage devient l’otage de ses propres peurs, il tombera inévitablement vers le côté obscur. C’est la définition de la tragédie.

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