LA TRANSGRESSION

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Le troisième moment des différentes étapes d’un conte comme l’a constaté Vladimir Propp est la transgression de l’interdit prononcé lors de la seconde étape. Cette désobéissance provoque habituellement l’apparition du méchant de l’histoire.
Il ne s’en prend pas directement à l’intégrité du héros ou de l’héroïne mais il est certainement une présence menaçante.

Le refus

Lors de la seconde étape qui consiste en une interdiction de faire quelque chose ou bien une obligation de faire quelque chose comme l’est un ordre, le héros ou l’héroïne décident de ne pas s’y conformer. A l’interdit s’oppose le refus.

L’interdiction ou l’obligation sont le moyen de dire la soumission. L’héroïne et le héros expriment alors leur désir de liberté. Comme le bien ne se comprend que par rapport au mal, la cause de la transgression se situe dans l’interdit. C’est une nécessaire contradiction.
Selon Propp, les fonctions des différents personnages (Dramatis Personæ) sont des éléments fondamentaux du récit. Mais la fonction ne définit pas ce qu’est un personnage. Ce n’est pas parce qu’une mère interdit à ses enfants d’ouvrir la porte à l’étranger qu’elle est toute déterminée par cette interdiction. Elle est seulement une mère aimante qui protège ses enfants.

Pour définir la fonction, on utilise plus communément le nom plutôt que le verbe (interdiction pour interdire ou fuite pour fuir). Les formes que prend la transgression correspondent aux formes de l’interdiction : Eve ne doit pas s’approcher de l’Arbre de la connaissance, elle en croque néanmoins la pomme.

L’interdiction pourrait ne pas être énoncée : les filles du roi s’attardent dans le jardin. Ici, le danger qui rôde est en rapport avec la nuit tombante. Bien que l’interdiction de visiter le jardin de nuit n’est pas clairement dite, la transgression a lieu et est lourde de conséquences.
L’une de ces conséquences est l’entrée en scène du méchant de l’histoire.

La transgression ne peut être dissociée de l’interdiction ou de l’exigence. Maintenant l’héroïne et le héros doivent assumer leur décision. C’est une trinité classique des contes : chaque fois que l’on dit à quelqu’un de ne pas faire quelque chose, cela se produit presque invariablement. Et des conséquences s’ensuivent.
Ou dit autrement, toutes les fois qu’une interdiction est prononcée, elle est vouée à être violée. Pour les mythes et légendes, Joseph Campbell, quant à lui, a constaté un Refusal of the call, un refus de l’appel à l’aventure qui est proposée au héros (ou à l’héroïne). L’archétype du héraut (Herald : le messager) devient dans les contes celui ou celle qui articule l’interdiction.

Transgression ou Refusal of the call : tous deux s’insèrent dans le même mouvement évolutif du récit. La transgression prépare le terrain aux situations conflictuelles qui constitueront le drame à venir.

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