Une structure aide à comprendre le monde. Elle signifie des connexions entre éléments divers. Ces relations font sens et permettent de comprendre ce qu’un récit tente de nous dire.
Sans vouloir la rendre nécessaire, la structure est néanmoins très utile car elle permet (c’est un outil) d’identifier des choses que le récit porte déjà en lui mais qui ne se sont pas encore révélées à l’autrice et à l’auteur.
Quelle que soit l’idée de départ qui nous donne l’envie d’écrire, lorsqu’elle se présente à nous, même après réflexion, elle demeure parcellaire. L’idée de départ est le commencement d’un processus (qui peut être long). Vous pouvez être inspiré par un personnage intéressant, une accroche captivante ou une idée thématique que vous souhaitez explorer. Quel que soit votre point de départ, le processus de développement de la narration consiste ensuite à trouver les autres éléments dont vous avez besoin pour continuer à construire le récit.
Ainsi ce récit ne se construit pas sur des choix arbitraires mais est l’occasion d’un moment de création comme ce bloc d’argile qui prend forme entre les mains de l’artisan potier. Quel que soit le moment à partir duquel vous commencez le processus de développement du récit, la tâche consiste dorénavant à déterminer les autres éléments dont vous avez besoin pour continuer à le bâtir.
L’objectif
Quel que soit l’objectif que met en scène le récit [vaincre une opposition ou un ennemi lors d’une compétition pour quelque chose à gagner ou à perdre – comprendre une vérité pour que justice soit faite – apprendre quelque chose comme au sortir de l’enfance afin que cet enseignement serve soit à soi-même, soit à autrui.. la liste n’est pas exhaustive], l’objectif assure une stabilité au récit.
Un récit est comme un pouvoir qui, s’il n’est pas stabilisé par des lois ou des principes, emporte conscience & volonté dans son sillage. Si le récit n’est pas stabilisé par un objectif (ou Story goal par ailleurs), vous serez irrésistiblement entraîné dans des digressions létales.
L’embarras le plus commun avec un objectif est qu’il soit trop abstrait. Voyez les verbes dans les quelques exemples donnés antérieurement : vaincre => gagner, perdre ; comprendre => faire ; apprendre => servir..
Ces verbes sont comme cette argile de l’artisan potier : ils sont matières desquelles vous tisserez un récit. Un récit repose sur une volonté : un protagoniste veut quelque chose. Par exemple, il veut retrouver la relique volée dans la crypte d’une église : c’est une action concrète gravée dans la réalité du monde extérieur. Cet objectif est souvent la source dans laquelle le protagoniste puisera sa propre révélation. Ce qui constitue cette révélation est souvent ce qui nourrit l’idée de départ.
L’objectif sera un désir : obtenir ou se débarrasser de quelque chose – devenir la cause de quelque chose – échapper ou se libérer de quelque chose (qui peut être abstraite comme la solitude ou un deuil qui ne se fait pas) – résoudre quelque chose (il suffit parfois de se demander comment certaines choses ont pu être possibles pour tenter de faire du monde un support plus viable pour nos existences) – ou encore survivre à quelque chose.
Pour s’assurer de son objectif, il suffit de se demander si cet objectif est ce qui sera résolu au moment du climax, c’est-à-dire lors de l’ultime confrontation du protagoniste avec son antagonisme. Vous établissez ainsi une connexion entre deux éléments majeurs du récit.
L’objectif appelle un accomplissement. Ce peut être un triomphe ou un échec. Il se peut même que le personnage principal change d’objectif s’il s’aperçoit qu’il est dans l’erreur et le lecteur/spectateur le comprendra au même moment car s’il y a quelque chose qui doit être clair dans un récit, c’est la mission que se sont donnés l’héroïne et le héros.
Ensuite le questionnement est de savoir si l’objectif est suffisamment difficile et s’il y a suffisamment de conflit pour soutenir toute l’intrigue. Est-ce qu’il y a assez de potentiel pour arrêter le personnage pour qu’il doive lutter et prendre des risques afin d’accomplir cette chose ?
Un personnage
Un personnage ou les relations qu’il entretient avec les autres peuvent servir d’accroche au récit. Une relation singulière peut constituer une idée de départ : par exemple, la relation conflictuelle entre un père veuf et sa fille à peine majeure qui mène à une séparation pendant de trop longues années jusqu’à ce que tous deux, par le jeu de la mémoire des souvenirs heureux de l’enfance, ressentent le manque et tentent de le combler : réussite ou échec, l’auteur et l’autrice en décideront selon leur propre point de vue (expériences comprises) sur le monde.
Pour travailler les idées que peut générer une relation, il suffit de réfléchir au problème spécifique de la relation que le personnage principal veut aborder ou résoudre. Quel est le personnage principal ? Le père veuf ou la jeune fille ? Selon son point de vue, son argument sera de convaincre l’autre en lui démontrant ses torts ou bien de s’apercevoir qu’il est lui-même dans l’erreur et espérer le pardon de l’autre.
Encore une fois, réussite ou échec sera de la responsabilité de l’auteur et de l’autrice. L’idée d’une relation est qu’elle évolue dans le même temps que les deux personnages connaissent leur propre évolution. Il y a donc trois arcs dramatiques en jeu dans une relation : celui de la relation elle-même et le changement qui s’opère dans chacun des personnages de la relation.
Trois arcs dramatiques donnent beaucoup de matière à travailler dans un récit. La poursuite de l’objectif fournit les oppositions et l’opportunité de les dépasser. En dialectisant ainsi le mouvement de chacun des arcs dramatiques, on se donne le moyen d’accrocher lecteur & lectrice au récit.
Trouver les liens entre les éléments vous permet de créer un récit cohérent et qui fonctionne sur le lecteur/spectateur, pour créer l’expérience que vous voulez qu’il ait.
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