PROMESSE DU RÉCIT

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Un fait indéniable : les trois premières pages de votre récit emporteront l’adhésion ou non. Ce phénomène peut être un avantage parce que puisque vous savez que vous allez y être confronté, autant consacré un temps plus que nécessaire à l’écriture et à la réécriture de la séquence d’ouverture de votre récit.

Une promesse

En effet, la séquence d’ouverture est une promesse implicite que vous faites à votre lecteur et à votre lectrice. Précisément, ajoute Nancy Kress, ce sont deux promesses : l’une sera émotionnelle (la plus passionnante et délicate à écrire) et l’autre sera de nature intellectuelle parce qu’une histoire est censée à la fois nous émouvoir et nous faire réfléchir sur notre condition humaine.

L’émotion est un moyen d’accès immédiat à l’histoire. Par l’émotion, lecteurs et lectrices s’absorbent dans l’histoire. Sur le plan intellectuel, ce peut être une révélation, la découverte d’une nouvelle perspective sur le monde. Un récit peut nous aider à abattre l’illusion que nous tenions pour vraie sur le monde, sur notre place dans le monde.
Un récit peut nous aider aussi à lever les doutes que nous pouvions avoir sur notre existence, sur nos croyances. Un récit peut soulager nos incertitudes ou en créer d’autres afin que nous ouvrions notre esprit vers la critique. On ne peut pas sans danger accepter ce qui est sans parfois le remettre en cause.

Un récit peut nous inciter à changer le monde ou du moins à le vouloir autrement. On pourrait objecter qu’une romance jette sur le monde un regard plutôt sucré. Comment pourrions-nous voir le monde sous un jour nouveau et réel alors qu’on nous propose par identification ou reconnaissance des émotions et des sentiments qui nous orientent vers l’idée magique que l’amour peut vaincre de tout ?

Chacun son interprétation, mais en nous décrivant un fragment de la vie de deux êtres qui s’aiment, peut-être voudrions-nous recréer ce sentiment dans nos propres relations et agir alors sur notre monde, sur notre façon de vivre ce monde afin de le rendre plus conforme à nos aspirations. Cela nécessite un travail intellectuel.

Une énigme, un mystère à résoudre appelle aussi une satisfaction intellectuelle non seulement dans le défi de résoudre un rébus qui fait appel à notre intelligence mais évoque aussi des thèmes comme la justice, la barbarie… En fait tout un ensemble de vices et de vertus mis en avant par le mystère.

Quel que soit le genre, vous pouvez toujours bousculer votre lecteur dans ses convictions. Le genre lui-même est une promesse par ses conventions : romance, science-fiction, horreur… emportent avec eux des attentes qui frustreront le lecteur/spectateur si elles sont déçues.

Les personnages eux-mêmes peuvent constituer un a priori sur ce qu’on espère d’un récit.

La séquence d’ouverture porte la promesse

Tout se passe dans la situation initiale. Si votre personnage principal est quelqu’un de sympathique mais intellectuellement retardé et la risée de la plupart des autres, vous créez une situation initiale dont l’injustice est le noyau. La question dramatique soulevée est alors liée à la promesse. Comment le monde pourrait-il être meilleur pour votre personnage ?

Vous vous donnez ainsi matière pour votre intrigue. Comment la société peut-elle accepter un être dont elle se défie ? En tant qu’auteur et autrice, vous êtes engagés. Vous n’apporterez pas de réponse à cette problématique mais vous aurez eu le courage d’exposer des arguments contradictoires pour que vos lecteurs et vos lectrices puissent juger par eux-mêmes de la position de ce personnage dans ce monde et peut-être leur donner l’envie que les choses changent.

Il vous faut atteindre émotionnellement et intellectuellement vos lecteurs et vos lectrices. Dans cet exemple d’une innocence victime de circonstances qui ne s’originent pas en elle, certainement qu’il y a matière à écrire.

Donc, le processus d’écriture ne devrait pas commencer avant que nous n’ayez élaboré cette promesse que vous souhaitez faire à vos lecteurs. Vous posez une question au début, vous la développez au cours de l’intrigue et vous apportez une réponse (censée faire réfléchir vos lecteurs) au dénouement.

Nancy Kress nuance cependant son propos. Cette promesse est comme un thème et souvent un thème n’apparaît qu’au cours de l’écriture. Et probablement même au cours de la réécriture. Un scénario appelle toujours une réécriture.
Donc on fait une promesse au lecteur même si on ne sait pas encore ce qu’elle sera.

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