SCÉNARIOS : REBECCA – UN HOMME EST PASSÉ

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scénariosRebecca d’Alfred Hitchcock (en 1940) est un scénario de Joan Harrison et Robert E. Sherwood depuis une adaptation de Philip MacDonald et Michael Hogan d’après le roman de Daphné du Maurier.
Rebecca est un exemple très intéressant du paradigme des trois actes tel qu’élaboré par Syd Field.

Considérons d’abord la prémisse : Une jeune mariée timide est tourmentée par le souvenir de la première femme de son mari, décédée.

L’accroche

La future « seconde » Mme de Winter trouve Maxime de Winter au bord d’une falaise, apparemment prêt à sauter, et le retient.
Notez comment l’accroche, ici une rencontre, sert comme incident déclencheur. C’est en effet cette rencontre qui vient bouleverser la vie du personnage principal.

Complication

La future Mme de Winter (le personnage principal) apprend que Maxime n’arrive pas à se remettre de la mort de sa femme. Elle s’appelait Rebecca.

Call to Action

La future épouse, dame de compagnie d’une riche veuve, apprend qu’elle doit partir immédiatement pour New York – et, étant tombée amoureuse de Maxime, éprouve une vraie déchirure à lui faire ses adieux.
Le Call to Action est l’acte véritable de naissance du récit en devenir qui prépare alors le premier nœud dramatique.

Le premier nœud dramatique

Maxime propose, plutôt que de la laisser partir, de se marier discrètement et de s’installer dans son domaine Mandelay.

La seconde épouse rencontre la gouvernante, Madame Danvers, qui méprise immédiatement cette seconde Madame de Winter non pas en tant que femme, mais en tant que remplaçante de Rebecca, la première femme de Maxime, à laquelle elle vouait un attachement fusionnel.

Le point médian

De manière traditionnelle, le point médian est un moment de crise majeure pour le personnage principal. Notons immédiatement que point médian ne signifie pas un point physique central dans la durée du récit. Le point médian structure l’espace du récit. Il arrive un moment, sorte de conséquence des tribulations et pérégrinations diverses du personnage principal, qui est comme une catastrophe, une prise de conscience, une anagnorisis, c’est-à-dire la découverte ou la révélation intime d’une vérité.

Cette reconnaissance marque aussi souvent le moment où le personnage principal qui subissait plutôt les événements (soumis qu’il était aux choses du monde extérieur, sorte d’objet que ces choses manipulaient à leur gré) devient maintenant proactif.
Sa descente aux enfers est un catalyseur qui lui donne enfin une puissance d’agir véritable et de manière à orienter l’histoire dans une toute nouvelle direction. Le personnage principal trouvera en lui la force nécessaire pour préparer le climax, c’est-à-dire l’ultime affrontement avec son opposant principal mais il n’est jamais certain de triompher.

Le point médian de Rebecca est leur premier conflit conjugal : La seconde Madame de Winter : Nous sommes heureux, n’est-ce pas ? ; Maxime : Le bonheur est quelque chose dont je ne sais rien.

Le second nœud dramatique

Maxime raconte à la seconde Mme de Winter les véritables circonstances de la mort de Rebecca. Il a appris qu’elle attendait un enfant d’un autre homme, l’a frappée, elle s’est cognée la tête et est morte.
Il l’a mise sur un bateau et a simulé une noyade accidentelle. Mais maintenant que le bateau a été retrouvé, la vérité sera révélée.

Climax & Résolution

Une nouvelle enquête apprend que Rebecca avait un cancer et n’avait plus que quelques mois à vivre – le verdict officiel est un suicide. La gouvernante Madame Danvers ne supporte pas que la nouvelle Mme de Winter et Maxime soient heureux, elle met le feu à Mandelay.

De nombreuses références et allusions à Rebecca, la première Mme de Winter – à sa beauté et à sa capacité à diriger Mandelay, ainsi qu’à sa noyade et à la façon dont Maxime est bouleversé par toute référence à sa mort : tous ces signes ont cependant un objet différent de celui que nous soupçonnons. Comme dans Chinatown, nous recevons les bonnes informations, mais le contexte nous amène à leur donner un sens erroné.

On nous fait croire que Maxime était heureux avec Rebecca, et on apprend le contraire. Tous les signes prennent une nouvelle dimension. Cela n’est pas fait de manière « illogique » – il n’y a aucune supercherie ici. En effet, Maxime nous a dit la vérité lorsqu’il a déclaré : « Le bonheur est une chose dont je ne sais rien« , mais nous ne le prenons pas au pied de la lettre, car il veut dire qu’il n’a jamais été heureux avec Rebecca.
La lentille à travers laquelle nous avons reçu l’information nous conduit à une fausse conclusion, qui sera renversée plus tard.

scénariosUn homme est passé (Bad Day at Black Rock – 1955, scénario de Millard Kaufman et Don McGuire d’après une histoire de Howard Breslin, mis en scène par John Sturges) est une œuvre dramatique classique entremêlée de suspense sur une petite ville dans le désert avec un sombre secret et un étranger manchot qui arrive en ville et découvre ce secret.

Située juste au lendemain de la seconde guerre mondiale, cette histoire sur les préjugés raciaux contre les Japonais et la culpabilité d’une ville est serrée et concise.

L’accroche

Pour la première fois en quatre ans, le train s’arrête à Black Rock et un manchot en descend.

Complication

L’étranger, John Macreedy, veut aller à Adobe Flats. Les habitants de la ville sont troublés par cette situation.

Call to Action

Macreedy loue un véhicule pour se rendre à Adobe Flats.

Premier nœud dramatique

Macreedy est prévenu que le fait de fouiner en ville comme il le fait peut être dangereux pour sa propre vie. Il annonce qu’il en a fini et qu’il va partir.

Le point médian

Macreedy rédige un télégramme à l’intention de la police d’État qui ne sera jamais envoyé. Avec un seul bras, il se défend contre ses agresseurs et fait savoir à son seul allié en ville qu’il a compris que Smith, qui dirige la ville, a tué le fermier japonais, Komoko, auquel Macreedy était venu rendre visite.

Second nœud dramatique

Essayant de quitter la ville avant d’être tué, Macreedy est acculé par Smith. Il semble que c’est le couperet pour lui. Notez ici comment ce second nœud dramatique émane du point médian.

Climax & Résolution

Macreedy parvient à fabriquer une bombe avec de l’essence et une bouteille, et avec celle-ci, il met le feu à Smith et s’enfuit. Avant de quitter Black Rock, il donne à Doc, son seul allié, la médaille de guerre qu’il était venu remettre à Komoko pour son fils qui lui avait sauvé la vie pendant la guerre.

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