LA DYNAMIQUE DE L’ÉMOTION

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personnagesNos cœurs sont emportés par une vague de sentiments inexplicables et captivants. L’émotion… l’âme de tout art.
Un engagement passionné est la raison pour laquelle les auteurs écrivent – et les lecteurs tournent les pages, remarque fort justement DiAnn Mills. Intégrer des sentiments puissants dans votre œuvre peut faire la différence entre le rejet et l’acceptation de celle-ci.

Les auteurs recherchent les ingrédients magiques qui leur permettront de créer un récit imprégné d’une énergie qui fait tourner les pages et qui apporte plus au lecteur. Notre objectif est de transporter le lecteur dans le monde de l’histoire.

Suspense à travers l’émotion

Il faut comprendre comment ressentir les actions et les réactions de ses personnages – et pourquoi le lecteur apprécie la passion, c’est-à-dire l’émotion.

Le lecteur est passionné parce qu’il éprouve l’histoire (c’est une expérience) à travers les yeux d’un personnage (essentiellement, il s’agit du personnage principal). Il veut vivre chaque instant : les bons, les mauvais et les plus terrifiants.

Communiquer les sentiments des personnages ajoute une charge émotionnelle à tout récit. Pour cela, il ne suffit pas de remplir les pages avec les émotions du personnage, mais de communiquer les sentiments des personnages lorsqu’ils sont en situation conflictuelle, prévient cependant DiAnn Mills.

Le conflit peut être extérieur : Je t’aime, mais je te déteste. Te voir avec une autre femme prouve à quel point tu t’en fiches.
Ou bien interne lorsque le personnage est en lutte avec lui-même, lorsqu’il se replie sur lui-même et se dédouble : Je veux m’installer à la campagne, mais je ne veux pas quitter mes amis. Ou encore : Je suis déprimé parce que j’ai été viré. Mais je suis content de ne plus travailler pour cet imbécile.

Les personnages aux prises avec des émotions contradictoires éveillent l’attention de nos lecteurs. Écrire des émotions effectives commence par connaître les personnages. Cela implique un effort pour établir les spécificités de la personnalité de chacun d’entre eux : ce qui les distingue les uns des autres (afin d’éviter que le lecteur ne comprenne plus qui est qui), les désirs et les besoins (c’est-à-dire ce qui les anime, ce qui les motive à agir selon une orientation particulière), leurs objectifs [il n’y a pas que le personnage principal qui ait un but. Dans la vraie vie, tout le monde possède des buts, mais en fiction, l’antagoniste s’est souvent fixé un objectif et le personnage principal vient confronter cet objectif parce qu’il est dangereux pour la communauté ce qui détermine ainsi son but personnel ou bien parce que l’objectif du méchant de l’histoire met en péril soit le personnage principal, soit un autre personnage qui compte pour le héros)] et les forces mais surtout les faiblesses qui caractérisent le personnage.

DiAnn Mills ajoute d’ailleurs qu’il est impossible d’écrire les sentiments d’un personnage sans connaître qui il est.
Quelle que soit votre méthode de caractérisation, il est très important de connaître la composition psychologique de votre personnage. Utilisez la méthode qui vous convient le mieux pour comprendre ce qui pousse votre personnage à l’action.

Un dialogue extradiégétique

Le lecteur et les personnages établissent un lien lorsque le personnage éprouve des sentiments honnêtes et que le lecteur réagit avec les siens en retour.

C’est une hypothèse et je vous la livre. Pour parvenir à ce que suggère DiAnn Mills, c’est par l’emploi d’expressions déictiques dans les dialogues de vos personnages. Les mots déictiques sont les pronoms personnels, les pronoms et adjectifs possessifs et démonstratifs, les adverbes de lieu et de temps ainsi que le temps du verbe (mais non le verbe lui-même).

Ces mots déictiques servent à désigner le locuteur ou l’interlocuteur ou encore des choses (une possession ou un parent ou un être aimé, par exemple) qui les désignent clairement et distinctement.
Les expressions déictiques servent aussi à fixer les conditions de l’énonciation d’où l’importance du temps du verbe qui situe l’action dans le présent, dans le passé ou bien dans le futur. Le temps du verbe est alors souvent accompagné d’un adverbe de lieu pour désigner l’endroit de l’action.

Quelques exemples : Je t’aime… Qu’il t’a brisé le cœur me touche beaucoup… A ta place, je serais en colère… Tu peux le faire !

L’émotion accroche le lecteur

DiAnne Mills conseille d’insérer une accroche émotionnelle à la fin d’une scène car cela crée chez le lecteur un besoin, une nécessité pour continuer sa lecture.

L’accroche peut prendre la forme d’une question sans réponse ou d’une action non résolue. Les accroches effectives créent un conflit émotionnel selon le point de vue du personnage. Un point de vue qui se projette sur le lecteur, plus précisément sur la sensibilité du lecteur qui réagira intuitivement.

Par exemple, à la fin d’une scène, les deux personnages qui cherchent leur chemin dans ce qui ressemble à un labyrinthe abandonné peuvent soudain ressentir qu’ils ne sont pas seuls.

Votre héroïne s’endort auprès de son mari dans le lit conjugal. La scène continue par un effet quelconque qui indique que nous sommes le matin (c’est tout l’art de la fiction de jouer avec les durées). L’héroïne se réveille et s’aperçoit soudain qu’elle est seule dans le lit et la scène se clôt par cette découverte.

Aucun d’entre nous n’a besoin d’écrire une histoire sur laquelle il ne ressent pas de passion. Si nous ne sommes pas enthousiasmés, exaltés par les personnages et leurs problèmes (même si cela s’avère être très subjectif et certainement source d’illusions), comment pouvons-nous espérer qu’un lecteur reste avec eux pendant les 120 pages d’un scénario ? nous demande DiAnn Mills.

L’émotion d’une scène doit correspondre à la tension dramatique et à une situation conflictuelle (certaines scènes n’apporte pas avec elle du conflit).
S’il y en a trop, la scène est exagérée et sombre dans un pathos de mauvais aloi. S’il y en a trop peu, la scène s’effondre. Plus l’action qui a provoqué la réaction est grande, plus la réaction est intense. DiAnn Mills semble vouloir dire que l’intensité d’un sentiment non seulement trompe sur les circonstances réelles qui l’ont provoqué mais est aussi le moyen par lequel l’auteur peut atteindre émotionnellement son lecteur (qui resterait indifférent, trop objectif, trop distant autrement).

Les auteurs (scénaristes et autres) utilisent la technique du Et si…. ?, c’est une technique de brainstorming pour réfléchir à la pire chose qui pourrait arriver à leur personnage. Cela signifie que le personnage doit endurer des émotions déchirantes.

L’émotion de l’auteur

Pour écrire une histoire, nous devons nous confronter à nos propres sentiments. Notre mission est de transférer nos réactions instinctives dans la vie des personnages. Pour cela, il faut reconnaître et éprouver nos sentiments, passés et présents.

Les auteurs qui renoncent à identifier leurs propres réactions face à la vie ne peuvent pas écrire efficacement un conflit émotionnel. Si nous nions notre propre douleur, comment pouvons-nous transmettre la souffrance de nos personnages ? Les lecteurs peuvent repérer les contrefaçons, prévient DiAnn Mills.

L’hypothèse est que la mémoire et l’émotion (c’est-à-dire notre sensibilité, notre intuition qui nous renvoie immédiatement des sensations que l’intellection (la faculté de notre esprit à raisonner et à juger) ne travaille pas) sous-tend nos comportements.

DiAnn Mills suggère de nous demander quelle a été notre expérience la plus douloureuse. Notez quelques détails : le lieu, la date, la perception sensorielle et les personnes présentes. Placez votre personnage dans la même situation, en utilisant toutes les émotions que vous avez identifiées dans votre propre moment empreint de douleur.

Soyez prêt à être honnête dans vos émotions. Imaginez votre personnage devant un peloton d’exécution. Mais les soldats tirent un à la fois et le personnage est autorisé à se dérober. Parfois il est blessé et parfois il réussit à esquiver la balle, mais à chaque fois il apprend une autre stratégie jusqu’à ce qu’il échappe au dernier tireur. Cela illustre non seulement la façon dont les conflits émotionnels doivent danser dans votre récit, mais cela donne aussi un aperçu de votre thème et de votre prémisse.

Lorsque vous écrivez avec émotion, ajoute DiAnn Mills, vous invitez votre lecteur dans votre histoire. James Scott Bell dit que pour montrer l’émotion du personnage dans de tels cas, il faut se tourner vers l’action, les métaphores et les dialogues.
Cela signifie que l’histoire s’éloigne de la zone de narration pour se solidifier et se montrer.

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