L’ATTRAIT DE VOTRE IDÉE

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D’emblée, il ne faut pas croire que votre idée qui semble si extraordinaire verra cette impression partagée par d’autres. Des personnages bien conçus sont naturellement attirants. Mais le concept doit aussi les soutenir.

idéePour Karl Iglesias, peu importe sur quoi vous voulez écrire, tant que vous développez une grande histoire autour. Les personnages seuls ne peuvent justifier un intérêt. Pour susciter cet intérêt, il y a quelques mécanismes à connaître.

Trouvez l’accroche

Demandez-vous ce qui rend votre histoire unique et fascinante. Qu’y a t-il de novateur dans votre approche ? Même si pour le moment, vous avez seulement le plan de votre récit, ses grands événements, ses articulations comme les passages entre les actes, vous devriez percevoir un moment fascinant, inhabituel.

Voyez alors comment vous pourriez inscrire la réponse à cette interrogation dans votre prémisse.

La prémisse

idéePour Eric Ian Steele, la capacité d’écrire une prémisse est l’une des compétences les plus importantes que vous pouvez acquérir en tant qu’auteur.

La prémisse est votre entrée en matière face à un éventuel décideur.
C’est par elle que vous serez jugé sur le projet que vous proposez. C’est vous en tant que porteur d’un projet qui serez jugé.

Et le regard qu’on portera sur vous sera ces deux ou trois phrases généralement qui vous représenteront tout entier ou toute entière.

C’est donc une ou deux phrases qui décideront de l’avenir de votre projet. Parce que ce qui compte, ce n’est le projet en soi, la chose finie.
C’est à la fois cette chose qui vous paraît finie et le devenir de celle-ci. Votre projet ne peut que se comprendre totalement que vers l’horizon.

Un résumé de l’idée

C’est la prémisse qui donne au lecteur l’envie d’aller plus loin avec votre projet. Eric Ian Steele est affirmatif : la prémisse peut vous guider dans la création et la réécriture de votre scénario ou roman, du concept initial au scénario ou manuscrit fini.

Une prémisse na pas être particulièrement aguichante. Vous devez révéler toute l’histoire. Par là, Eric Ian Steele entend l’essence du concept et de l’intrigue. Voici un exemple de prémisse qui ne fonctionne pas selon Eric Ian Steele :

Un homme qui a la phobie des gens doit chercher sa petite amie disparue dans une ville infestée de crimes, pour ensuite entrer en conflit avec une mystérieuse entité qui contrôle la population des sans-abris.

Il n’y a pas assez d’informations. Quelle est cette mystérieuse entité ? Quelle est son rapport à la petite amie disparue de celui qui semble être le héros de cette histoire ? Il y a une idée de mystère, certes, mais de quoi parle vraiment cette histoire ?

Cette prémisse ne nous dit rien sur ce à quoi nous devons nous attendre. Nous n’y voyons pas le genre non plus. Est-ce une comédie, de l’horreur ? Le genre est le point d’accès à un récit. Si l’on déteste la comédie, on n’y consacrera pas notre temps bien trop rare.

Cette prémisse fonctionnerait si elle était un peu plus complétée. Dans la prémisse, l’auteur dévoile son projet.

Un gain de temps pour le lecteur

Une prémisse est un outil de vente fondamental pour votre scénario ou votre roman. Il s’agit d’un pitch d’une ou deux phrases qui vise à raconter votre histoire au lecteur de manière succincte afin de lui faire gagner du temps.

Selon Eric Ian Steele, une bonne prémisse peut ouvrir des portes, créer des relations de travail et faire vendre ou réaliser votre projet.

Quelle est la pire chose qui puisse arriver à votre personnage ?

C’est presque une motivation pour l’auteur d’écrire sur un personnage qu’il jette dans la pire des situations en rapport avec la personnalité de ce personnage.
Dans Menteur, menteur, une référence souvent citée comme exemple, la pire des choses qui puisse arriver à Fletcher, c’est de ne pouvoir dire que la vérité et toute la vérité.

Pour un pompier, la pire des choses (entre autres) est la contre-explosion (comme dans le film Backdraft). Dans Liaison Fatale, Alex n’entend pas être l’aventure d’un seul soir. Si votre personnage traverse l’enfer et en revient, mentionnez-le dans votre idée.

Des couples contrastés

Dans une histoire, tout est relation. La relation entre personnages est un mécanisme narratif puissant. Pour Karl Iglesias, il s’agit simplement de créer deux personnages opposés qui sont obligés de travailler, de vivre, de voyager ensemble, ou même de tomber amoureux l’un de l’autre.
Les exemples ne manquent pas : Quand Harry rencontre Sally, Thelma et Louise…

Ce contraste est source de conflits. Il serait bon que l’idée présuppose ce contraste.

Comme un poisson hors de l’eau

La diégèse, c’est le monde de l’histoire. Cette diégèse est peuplé de personnages. Les uns sont soumis ou se sont volontairement soumis aux règles du monde. D’autres (comme souvent le héros) sont en butte avec ces règles.

Cette idée d’opposition entre le personnage principal et son monde est une source de conflits privilégiée. Le magicien d’Oz, Jurassic Parc, Matrix, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Le flic de Beverly Hills… toutes ces histoires mettent en avant le personnage principal qui, tout en luttant contre son environnement, cherche à y trouver sa place. Le résultat peut parfois être tragique.

Non pas une idée mais des idées

L’histoire se focalise sur une idée. Ajoutez d’autres idées et il sera plus facile tout en enrichissant le texte d’énoncer votre idée de départ.
Karl Iglesias donne l’exemple du Silence des agneaux. L’idée de départ, c’est un agent qui démarre dans le métier et qui est sur la piste d’un serial killer. Cette idée fonctionne bien qu’elle soit près du cliché. Ajoutez à cela qu’un autre psychopathe déjà enfermé devienne son mentor, et toute l’histoire se découvre une dimension originale.

Ce n’est pas une idée en soi qui est novatrice. C’est davantage la combinaison de plusieurs idées, parfaitement autonomes par ailleurs, qui individualise une histoire.

A titre de brainstorming, vous pourriez parcourir les prémisses de plusieurs histoires (ce qui les résume en deux ou trois phrases) et combinez ces prémisses en une seule. Par exemple, Madame Doubtfire pourrait se réduire à Tootsie rencontre Kramer contre Kramer.

Jouez avec les éléments dramatiques

Changez le genre d’une histoire que vous connaissez et vous pourriez la réécrire complètement. Par exemple, West Side Story est la version musicale de Roméo et Juliette. Outland est la version sci-fi du Train sifflera trois fois.

Vous pourriez aussi changer le sexe du personnage principal ou les lieux de l’action ou l’époque. En jouant sur l’espace-temps, vous pourriez donner un tour tout nouveau à une histoire déjà maintes fois adaptée.
Posons toutefois une petite réserve. En modifiant ainsi des éléments dramatiques qui sont tout de même constitutif de l’œuvre à laquelle ils appartiennent, vous changez aussi le concept original. Ce n’est donc pas un simple jeu de différences.

Par exemple, si vous changez le point de vue de Hamlet dans l’œuvre originale, que vous adoptiez celui d’un personnage autre, voire mineur de l’histoire originale, vous apportez d’autres idées. En quelque sorte, vous personnalisez une histoire pour en faire la vôtre.

Prendre à contre-pied

Certaines idées sont prévisibles. Par exemple, une femme est kidnappée. On présuppose que le mari éploré est très enclin à payer la rançon ou à prévenir les autorités. Contrez cette hypothèse par son inverse : le mari est au contraire tout à fait heureux de cette aubaine pour enfin se débarrasser de sa femme.

Karl Iglesias propose de prendre une idée et de rejeter immédiatement la première pensée qui vous vient à l’esprit. Voyez si l’inverse fonctionne.

L’incident déclencheur

Souvent, vous trouverez l’accroche dans l’incident déclencheur, le point clé de l’histoire qui crée le conflit principal, change le monde du protagoniste pour toujours et l’oblige à résoudre un problème.

Souvent, l’incident déclencheur est la réponse à la question que la plupart des auteurs se posent pour commencer : Et si ?
Et si quelque chose de bizarre arrivait à un personnage ?
Et si un homme rencontrait la femme de ses rêves, et qu’elle se révélait être une sirène ? (Splash) ; et si le président était kidnappé sur Air Force One ? (Air Force One) ; ou Que se passerait-il si un avocat au franc-parler devait dire la vérité pendant 24 heures ? (Menteur, menteur).

Selon Karl Iglesias, l’événement déclencheur est la cause du problème. C’est la raison pour laquelle il faut agir immédiatement (le personnage principal prendra néanmoins un moment de réflexion avant de prendre son problème en charge), et c’est essentiel dans toutes les histoires.
Non seulement le fait de réfléchir à l’incident déclencheur est un moyen de résoudre le problème de votre histoire, mais s’il est suffisamment intéressant, il rendra votre concept ou votre idée encore plus attrayant.

Une question d’enjeu

Une bonne façon de rendre quelque chose intéressant est d’en faire le meilleur, le plus grand, le pire, la quintessence, l’ultime de quoi que ce soit.

En amplifiant une situation, en la portant à l’extrême, vous pouvez créer une idée intéressante. Ne vous sentez pas coupable de jeter votre héros dans la pire des situations, là où l’enjeu est primordial pour lui.

Une question de suspense aussi

Une technique souvent utilisée pour injecter du suspense dans une intrigue est d’ajouter une limite de temps ou une échéance quelconque. Vous créez un compte-à-rebours à l’intérieur de l’intrigue.

Il est évident qu’une limite de temps ne doit pas nécessairement être le temps.
Les auteurs développent toujours de nouvelles et intéressantes contraintes de temps, comme les avions en panne de carburant (Die Hard 2) ; une bombe prête à exploser si un bus passe en dessous de 50 miles par heure (Speed) ; un flic doit arrêter un tueur en série avant qu’il ne tue sa prochaine victime (Se7en) ; ou un homme innocent doit prouver son innocence avant d’être repris (Le Fugitif).

Un compte-à-rebours intensifie le conflit. Et comme le remarque Karl Iglesias, il y a une vraie différence entre cet homme sera exécuté à moins qu’il ne prouve son innocence et cet homme sera exécuté ce soir à 10 heures à moins qu’il ne prouve son innocence.

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