DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE (102)

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L’ ART DE LA NARRATION

ÉTAPE 1 : STORYFORMING
Introduction au Storyforming
Inspiration

Lorsqu’un auteur commence à travailler sur un projet, il a rarement toute la chose en tête. En fait, il lui arrive de ne commencer qu’avec un peu d’action, un fragment de dialogue ou peut-être même avec seulement un titre.

Le besoin d’écrire surgit de quelque intérêt personnel à vouloir partager. Ce partage peut être une émotion, une expérience ou un point de vue sur un sujet spécifique.
Lorsque l’inspiration s’empare de nous, il y a alors ce désir impérieux de trouver un moyen de communiquer ce qui occupe notre esprit.

Une autre chose se produit aussi au cours du processus. Une pensée créative mène à une autre et l’étendue de ce que l’on souhaite communiquer s’allonge d’un simple objet à toute une collection d’objets.

L’action suggère des dialogues qui évoquent un personnage qui agit et ainsi de suite. A un moment donné, l’auteur se retrouve avec tout un tas d’éléments dramatiques intéressants, intrigants mais qui ne sont pas tous connectés.

C’est à ce moment donné que l’esprit de l’auteur cesse d’être un créateur pour devenir un analyste de son propre projet.

Structure

Devenu analyste, l’auteur examine ce qu’il a obtenu jusqu’à présent. Intuitivement, il peut percevoir qu’une structure même embryonnaire est en train de se développer.

Il lui faut maintenant se saisir de la vue d’ensemble de son projet.

Quatre aspects de l’histoire en gestation sont immédiatement apparents.
[Immédiatement parce qu’ils apparaissent tels quels sans moyen intermédiaire comme le ferait un symbole par exemple (ou une image aussi)]

Ces quatre aspects sont : le personnage, le thème, l’intrigue et le genre.

Un auteur peut être amené à considérer que les points de vue exprimés par certains personnages sont sans opposition dans l’histoire rendant le propre point de vue de l’auteur coercitif, partial, autoritaire.

Dans d’autres endroits, des problèmes logiques apparaissent et l’explication donnée de comment on se rend d’un point A à un point C est incomplète.
Le thème général peut être partiellement développé et tout le projet pourrait être amélioré en estompant plus d’éléments dramatiques qui portent en fait le même problème.

Pour le moment, notre intrépide auteur n’a pas encore créé d’histoires. Certes, il en existe une là quelque part mais il reste encore beaucoup à faire avant de la révéler. D’abord, certains objets dramatiques qui ont été développés pourraient ne pas sembler être à leur place. Ils ne correspondent pas au projet. Ils semblent hors du projet.

Aussi, il est apparu des lacunes, des manques qui ne demandent qu’à être comblés. De plus, les matériaux dramatiques sont eux-mêmes un assemblage de plusieurs choses. Un personnage par exemple n’est pas un objet monolithique. Il se compose de différentes facettes.
Parmi tous ces aspects qui définissent la forme d’un objet dramatique, certains peuvent fonctionner et d’autres non. Un personnage, par exemple, peut être en parfaite harmonie avec une situation donnée et être tout à fait incompréhensible dans d’autres moments.

Après avoir analysé son travail, l’auteur se met alors à remédier aux soucis afin de tenter de le construire en une histoire complète et unifiée.

Intuitivement, l’auteur examinera tous les aspects logiques (s’il n’y a pas d’effet sans cause par exemple tel qu’un deus ex machina) et émotionnels de son histoire.
Il se débarrassera de ce qui lui paraît être des irrégularités (c’est-à-dire des choses qui ne sont décidément pas à leur place dans son histoire. Elles pourront toujours être utilisées dans d’autres de ses histoires, d’ailleurs). Et il tentera de combler les manques jusqu’à ce que tout semble à sa place selon ses propres considérations.

Communication

Lorsqu’on observe une histoire finie, nous pouvons immédiatement dire deux choses à son propos. D’abord, il existe une structure dramatique qui permet à l’histoire de fonctionner. Ensuite, cette structure est exprimée d’une certaine manière.
Dramatica nomme cette structure dramatique profonde le Storyform (profonde parce qu’ignorée du lecteur et il doit en rester ainsi sinon l’histoire devient déterminée, prévisible).

La manière dont cette structure s’exprime est la narration (ou Storytelling).
Comparons par exemple Roméo et Juliette et West Side Story. Il est facile d’apercevoir que les forces dramatiques à l’œuvre dans chacune de ces œuvres sont essentiellement les mêmes.

Pourtant, ces forces dramatiques s’expriment de manière totalement différentes. La narration (ou Storytelling) les vêt de teintes totalement différentes, formule le message dans des contextes singuliers et ajoute des matériaux dramatiques qui n’appartiennent pas à la structure.
La structure d’une histoire est comme un appartement vide. Tout est fonctionnel mais il ne possède aucune personnalité tant que quelqu’un ne l’occupe pas. Au fil du temps, plusieurs locataires se sont succédé utilisant les mêmes fonctionnalités mais rendant l’environnement personnel.

De manière similaire, les structures dramatiques existent depuis très longtemps. Et à chaque fois, nous nous en emparons d’une façon qui n’avait jamais été vue auparavant. Nous innovons.

Ce que nous trouvons dans une histoire réputée complète tient à la fois du Grand Argument Story et de la narration (Storytelling).

Les problèmes que rencontrent les auteurs viennent du fait que le Storyform et le Storytelling se produisent au cours du même processus créatif. Ils sont indissociablement liés.
Alors tenter de comprendre ce qui doit être corrigé est comme de tenter de déterminer la recette de la quiche à partir de la tarte elle-même.

Ce n’est pas impossible mais bien compliqué.  Ce qui est plus gênant encore, c’est que les goûts personnels de l’auteur ainsi que ses présuppositions, ses préjugés, son point de vue sur le monde et de nombreux autres facteurs risquent de le rendre aveugle devant des défauts pourtant évidents tout en l’autorisant à en favoriser d’autres.

Au bout du compte, l’auteur tourne en rond. Et cela ne le mène nulle part. Heureusement, il y a une autre façon de faire. Comme le Storyform, dans sa forme finale, souligne la raison et les passions essentielles à l’histoire, l’auteur peut commencer par créer ce Storyform.

Tout ce qui suit devrait alors fonctionner de concert car cela se construira sur une fondation solide et cohérente.

Pour créer ce Storyform, l’auteur doit prendre un certain nombre de décisions concernant les sujets qu’il souhaite explorer et l’impact que ceux-ci doivent avoir sur son lecteur. Ce peut être parfois intimidant. De nombreux auteurs préfèrent buter sur ces questions au cours du processus d’écriture plutôt que de prendre le temps de délibérer au préalable.

Pourtant, cela leur éviterait quelques souffrances plus tard.

Sommaire : DRAMATICA : LA THÉORIE EXPLIQUÉE

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