UN PERSONNAGE DONT ON SE SOUVIENT

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Réussir à ce que le lecteur se souvienne de votre personnage après qu’il ait lu votre histoire n’est pas une mince affaire. R2D2 et Sherlock Holmes, par exemple, sont des exceptions. Ils sont entrés dans la culture populaire. Ils sont devenus légendaires.
Il semble impossible de pouvoir créer un personnage qui deviendra un héritage culturel. Cela semble hors de la portée de nombreux auteurs mais rien ne l’interdit.

Ne pensez surtout pas que l’un de vos héros ne pourrait jamais connaître la postérité. Ce n’est que fuir le problème.

Considérez d’abord que n’importe quel personnage, même le plus spontané, est d’abord une idée.

Spontané car l’auteur n’a pas encore fourni les efforts nécessaires pour en faire un être de fiction à plusieurs dimensions. C’est une idée et c’est déjà beaucoup.

Et ce que l’on peut prendre comme une bonne nouvelle est qu’il n’y a  ni rime ni raison à ce que les lecteurs trouvent inoubliables.

Maintenant, si vous ne développez pas votre idée en un personnage en au moins trois dimensions ou si vous ressassez les mêmes fondamentaux que l’on trouve dans des milliers de personnages de fiction, vous ne vous donnerez aucune chance à ce qu’on se souvienne de lui.
Pour info : 
PERSONNAGE A TROIS DIMENSIONS

Donc, quelle que soit l’ambition que vous réservez à votre héros, vous devriez aller plus profondément à sa découverte. Certains facteurs peuvent nous aider dans cette intention. Cela suppose des règles et les règles pourraient nuire à la spontanéité et à la créativité si l’on n’y prend garde.
Mais si l’on comprend pourquoi les règles existent, alors on peut les transcender.

Il existe plusieurs façons de faire perdurer un personnage dans l’esprit d’un lecteur. Par exemple, si le lecteur reste concentré sur une situation vécue par le protagoniste et qu’il se dit que lui l’aurait gérée autrement. Un peu orgueilleux, tout de même…
Ce peut être encore une façon de parler comme Yoda ou une expression (le OK ! de Jacquouille des Visiteurs).

Et puis peut-être plus important encore, nous nous souvenons des personnages pour leurs secrets, pour leurs forces, pour leurs mensonges et pour leurs erreurs.
Nous nous rappelons des moments et des impressions. Nous nous souvenons de leurs contradictions qui ont éveillé notre curiosité. Et nous nous souvenons aussi de ce qu’ils ont perdu, de ce qu’ils ont sacrifié et de ce qu’ils leur manquent terriblement.

Et les impressions qu’ils nous ont faites ne s’évanouissent pas non plus à la fin de l’histoire.

Donc quelques règles (d’après M.J. Bush, coach, éditrice et écrivain de fantasy) :

L’idée d’un personnage doit être simple.

Cela ne signifie pas qu’il doit manquer de personnalité ou de complexité. Par exemple, R2D2 est un droïde très expressif mais qui ne parle pas. Ou encore, une jeune femme fait un mariage d’amour alors que son conjoint pense faire un mariage de raison.
Une idée de base, toute simple, qui promet cependant de belles possibilités.

Le personnage a un secret.

Ce qui permet de surprendre le lecteur car il est de grande importance de préserver un élément de surprise pour le lecteur. Le problème que l’auteur doit résoudre est comment garder le secret puisqu’une partie de l’histoire est vue selon le point de vue du personnage principal.

Si le personnage se ment à lui-même sur une certaine vérité qu’il ne peut dévoiler, nous le comprendrons par ces attitudes et ses réactions. Mais le secret doit être conservé jusqu’au moment opportun.
Par contre, il est possible d’expliquer pourquoi le héros échoue sur certaines épreuves où il apparaît qu’il n’a pas encore la capacité de l’emporter parce qu’il est retenu par un secret qui ne sera dévoilé que plus tard dans l’histoire.

Pour que cela soit crédible, c’est alors l’un des alliés du héros qui lui sauve la mise. Ainsi, le point de vue du personnage principal est respecté parce que ce qu’il observe est son allié.
Et son secret est conservé (d’abord pour le lecteur parce que ce n’est pas encore le moment de tout lui dévoiler et ensuite, si les besoins de l’histoire l’imposent, envers les autres personnages).

Le secret quelle que soit sa forme (par exemple à travers les contradictions du personnage) est un élément dramatique qui appartient à l’intrigue.
Il est aussi très utile pour éveiller la curiosité du lecteur, un facteur important pour maintenir son intérêt.

Le personnage doit être authentique.

Il lui faut être crédible donc complexe. La complexité du personnage vous aidera aussi à masquer son secret en rendant ce personnage moins prévisible.
Pour être crédible, le personnage devrait agir de manière cohérente avec les situations dans lesquelles il se trouve mais aussi en regard de sa personnalité et de ses valeurs.

Même si votre personnage est un introverti, qu’il réagisse passionnément plutôt que raisonnablement, vous devez recherchez la rationalité de ses actes par rapport à la logique de l’histoire.
Par exemple, votre personnage est obligé de mentir bien qu’il abhorre le mensonge. Il va donc commettre un acte contre ses valeurs morales ce qui a toutes les apparences d’une contradiction.

Pourtant, dans les circonstances particulières où vous l’avez placé, il est forcé de mentir pour ne pas blesser la personne qu’il aime.
Cet amour sincère, véritable, qu’il cache peut-être parce que dans son passé, il a connu une souffrance qui lui interdit depuis d’aimer au grand jour, est ce qui rend le personnage authentique. L’acte immoral qu’il s’autorise est donc nécessaire dans cette scène particulière du mensonge.

Le personnage est tangible.

Après l’idée de personnage, il est nécessaire que celui-ci devienne réel (ou du moins possède les apparences d’une réalité). Dans l’état actuel de la technique, un personnage de fiction s’adresse à la vue et à l’ouïe du lecteur/spectateur.
C’est par ses actions c’est-à-dire aussi le langage du corps, les mots qu’il prononce, ses sensations traduites au travers de ses attitudes, postures et comportements que le personnage prendra vie.

Vous noterez aussi que lorsque le lecteur ressent par personnage interposé une émotion communiquée par ce personnage, cela donne à ce dernier une matérialité, une forme certes intelligible mais qui renforcent cependant la réalité de cet être de fiction.
Votre personnage est bien plus qu’une image. Il est une chose concrète que le lecteur d’une manière probablement indicible ou ineffable, autrement dit inconsciemment, acceptera sans questionner sa légitimité.

C’est ainsi que des personnages ou des entités immatériels tels que des spectres trouvent leur chemin dans l’esprit du lecteur qui peut peut-être s’interroger si le personnage principal n’hallucine pas ces entités mais qui ne remet pas en question l’existence même du spectre (ou de n’importe quelle entité décrite par l’auteur même lorsque celui-ci montre un séisme qui s’apparente à la fin des temps).

Pour rendre tangible un personnage, jouez aussi avec les nuances. Rien n’est tout blanc, ni tout noir. Chaque chose devrait être élaborée selon une nuance de gris.
Par exemple :
PROTAGONISTE SYMPATHIQUE vs ANTIPATHIQUE

Des moments d’émotion pure.

Afin que le personnage ait une chance de rester dans les esprits, il est nécessaire de lui réserver des moments de pure émotion. Bien sûr, il est capable d’un grand nombre d’émotions parmi lesquelles vous piocherez selon les besoins de votre histoire.
Cependant, il faudra des situations où il pourra exprimer véritablement ce qu’il a sur le cœur. C’est ainsi que des éléments émotionnels tels que le désir (vaste sujet), la peur, l’enthousiasme ou le regret pourront s’exprimer.

Notez que rendre concret des émotions est un exercice difficile qui s’acquiert par l’exercice mais aussi par l’émulation. Comprendre comment un auteur a pu transcrire un moment de pure émotion vous permettra de saisir le principe du fonctionnement sans plagier cet auteur mais en transcendant plutôt les règles qui régissent l’écriture d’une émotion.

L’indispensable arc dramatique.

Presque naturellement, un lecteur s’attend à voir changer le personnage principal. Il sait que celui-ci doit avoir une faille que le lecteur ne connait pas encore (et probablement, le personnage n’en a pas conscience non plus) et le lecteur sait aussi que le héros devra surmonter cette faille.
Il serait même bon que chaque personnage apprenne quelque chose sur lui-même de par ses erreurs, qu’il sorte grandit de ses expériences bonnes ou mauvaises.

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