L’ÉMOTION : FACTEUR DÉTERMINANT

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Concept, Personnages, Structure, Dialogues ne suffisent pas à faire un bon scénario.

Si vous ne parvenez pas à créer chez vos lecteurs un puissant impact émotionnel, vous n’atteindrez jamais leur cœur et votre histoire sera vite engloutie dans les abysses de l’oubli.

Il existe un concept fort d’où l’émotion surgit que nous nommons Mort & Renaissance. La mort ici est à prendre soit dans son sens littéral soit dans le sens d’une perte, d’un sentiment de manque. Quant à la renaissance, elle peut être une résurrection, un retour à la vie comme cela fut le cas pour E.T. mais elle peut aussi signifier la continuité, l’espoir ou bien l’acceptation du deuil en dissipant le malaise de l’absence.

LA MORT AU SENS PROPRE

Pour que la mort d’un personnage vous prenne les tripes, une condition rédhibitoire est nécessaire. Vous devez apprécier ce personnage.

Pour que vos lecteurs s’intéressent à un personnage, votre histoire se doit de prendre le temps de le faire aimer et évidemment, il faut qu’en tant qu’auteur, vous ayez la volonté de rendre ce personnage aimable par vos lecteurs.

Prenons l’exemple du personnage de Lori dans la série The Walking Dead.  Lori était un personnage récurrent depuis le pilote de la série. Nous avons vécu dans son intimité. Nous avons partagé ses doutes, ses souffrances, sa solitude et elle était une des briques essentielles du héros de la série, son mari Rick.

Ses adieux à son fils lors de son accouchement sont particulièrement poignant.

You’re gonna be fine. You are going to beat this world, I know you will. You are smart, and you are strong, and you are so brave, and I love you. You gotta do what’s right, baby. You promise me you will always do what’s right. It’s so easy to do the wrong thing in this world. So… so if it feels wrong don’t do it, alright? If it feels easy don’t do it, don’t let the world spoil you. You’re so good. My sweet boy. Best thing I ever did… I love you! I love you. My sweet, sweet boy, I love you! Goodnight, love.

Mais l’émotion ressentie par nous autres spectateurs impuissants de cette scène ne tient pas tant dans le jeu d’acteur mais parce que nous avons appris à apprécier cette femme qu’elle que soit le jugement qu’on ait pu porter sur ses actes.

La mort de Lori
The Walking Dead. La mort de Lori

Ce qui est intéressant pour un auteur est lorsque la sympathie des lecteurs  pour l’un de ses personnages est établie. Le lien ainsi créé permet de manipuler à volonté d’auteur les émotions des lecteurs.

Cependant, pour que l’alchimie se réalise, pour que l’émotion soit au rendez-vous, la mort devra être accompagnée d’un autre personnage pour qui le personnage mourant sera un être cher ou du moins quelqu’un qui compte beaucoup pour lui. Cette relation devra être aussi soigneusement décrite par l’auteur.

LA MORT AU SENS FIGURE

C’est dans ce sens que le concept de Mort & Renaissance prend toute sa signification. Au sens figuré, la mort se décrit comme la fin d’un amour, d’une amitié, d’un rêve ou d’une croyance. Elle est en fait un terme à quelque chose de fort.

Mais s’il ne s’agissait que de montrer que ce qui se finit, notre réponse émotionnelle serait beaucoup trop faible. Prenons quelques exemples:

L’amour

Harry et Sally sont faits l’un pour l’autre mais leur amour est contrarié par une série d’événements qu’ils ne maîtrisent pas (les obstacles qui empêchent nos héros d’atteindre leurs objectifs). Puis, lorsque, après avoir enfin passé une nuit ensemble, Harry rejette Sally, et c’est la première phase du concept Mort & Renaissance, leur relation semble définitivement morte. C’est à ce moment que nous commençons à ressentir un malaise, que nous participons émotionnellement à ce que ressentent les personnages.

La mort immente d'une amitié
La mort imminente d’une amitié

Mais le processus est incomplet. Il faut une renaissance à cet amour et lorsque, après avoir vaincu ses démons, Harry déclarera son amour à Sally, le transport de joie que nous éprouverons (c’est la seconde phase du concept : la renaissance) complétera notre réponse émotionnelle à ce qui nous est montré.

La démarche pour l’auteur est identique à celle qui mène à la mort d’un personnage. Il faut rendre le ou les personnages sympathiques aux lecteurs, qu’il se crée une empathie envers eux pour que nous éprouvions ce que nous éprouverions s’ils étaient des connaissances proches de nous. Il faut que la fiction rejoigne la réalité dans les sentiments qui nous agitent face à des personnages fictifs.

Ensuite, l’intrigue doit mettre fin à une relation (qu’elle soit d’amitié ou d’amour). Une fin de non-recevoir mettant un terme apparemment définitif à cette relation. L’amitié est tuée.

Enfin, l’histoire continue, mais cette fois, elle décrira la reconquête d’un amour, la renaissance d’un amour.

Les faiblesses de caractère

Vous pouvez créer un personnage qui gagnera les faveurs de vos lecteurs malgré ses défauts. Prenons le cas de Rocky : cet homme sympathique a un gros défaut : il n’a aucune confiance en lui. Ce manque d’assurance est pourtant au cœur de l’intrigue. En fait, il est tout à la fois l’intrigue et le climax.

L’idée fut d’imaginer un défi fort qui devra mettre à mal cette faiblesse chez Rocky. Au moment où Rocky est sur le point de monter sur le ring pour affronter le champion Apollo et c’est un moment majeur de la vie de Rocky, celui qui décidera de son avenir, les doutes sur sa capacité à vaincre le brûlent de l’intérieur. Jamais il ne pourra vaincre le champion. Tout espoir est tué.

Mais une fois sur le ring, Rocky au fil des rounds vaincra non pas le champion mais ses peurs. Le combat entre les deux boxeurs est une parabole du combat intérieur que se livre Rocky.  Les coups qu’il porte à Apollo sont autant de victoires qu’il remporte sur lui-même à vaincre ses peurs.

C’est au cours de ce combat que nous assistons à la renaissance de l’espoir. Et cette victoire sur lui-même agit sur nous comme une catharsis et l’émotion nous submerge.

Rocky a vaincu ses peurs
La véritable victoire de Rocky est d’avoir vaincu ses peurs.

Pour conclure, nous insisterons sur le fait que la phase de mort soit bien nette dans l’esprit de vos lecteurs. Même s’il ne vous reste que le deus ex machina (comme dans la tragédie) pour vous en sortir, il faut que vos lecteurs soient persuadés qu’il n’y a aucune issue, aucun moyen de retour sur cette mort.

Les quelques exemples que nous vous avons donnés ne sont que des exemples. L’émotion peut sourdre à partir de tout. Les frayeurs et le rire sont tout autant des émotions qu’il est fascinant de travailler.

Et si vos lecteurs apportent malgré eux une réponse émotionnelle forte à votre scénario, vous aurez certainement abattu de nombreuses raisons à toutes sortes de fins de non-recevoir.

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