LES RELATIONS DU RÉCIT LINÉAIRE

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La plupart du temps, les relations entre les personnages évoluent en fonction des événements et de leurs enjeux respectifs. La progression s’inscrit au fil du temps. Tout s’enchaîne logiquement, c’est-à-dire qu’une cause entraîne une conséquence et il y a autant de causes possibles que d’effets. L’originalité et la créativité demeurent.

Ici, les analepses et les récits parallèles n’ont point leur place, car ils ont tendance à rompre la continuité logique. L’évolution des personnages est assurée par la dynamique de leurs relations. Donc des conflits, des alliances, des révélations… enfin tout ce qui participe à la tension qui sous-tend souvent une relation.

Et comme cela a lieu aussi dans la vie réelle, nous ressentons une authenticité à l’œuvre tout au long du récit. Quelques règles sont néanmoins à respecter. D’abord, la situation initiale de la relation : les personnages sont-ils des alliés ? Y a-t-il entre eux une amitié, une complicité ou bien peut-être un mentor et son élève ?
Ou alors sont-ils des rivaux ? Existe-t-il entre eux une concurrence quelconque, de la jalousie ? S’opposent-ils sur une question idéologique ?

Nous n’avons cependant nulle raison d’en faire des alliés ou des rivaux. Il est possible que deux personnages se croisent sans qu’il y ait entre eux aucune animosité ou aucune affinité particulière.

Des alliés, des rivaux

Lorsque des personnages sont alliés, ils se rassemblent généralement autour d’un objectif commun. Et la confiance s’installe. Ainsi dans Le Cercle des Poètes Disparus (1989) de Peter Weir, il y a une véritable complicité intellectuelle et émotionnelle entre John et ses élèves. Et pour continuer avec des films si emblématiques qu’ils semblent tomber dans le domaine public, que penser du lien irréductible qui se forge entre Thelma et Louise (Ridley Scott, 1991) ?

Quand des rivalités ou bien son propre ego ou ses valeurs entrent en conflit, nous trouvons des nuances telles que celles de Salieri envers Mozart (Amadeus (1984) de Miloš Forman) dont la rivalité se constitue de jalousie et d’admiration. Et dans Heat (1995) de Michael Mann, le duel entre Hanna et McCauley est tout autant violent que respectueux.

Notez comment l’alliance est pure alors que la rivalité n’est jamais absolue : la concurrence se concilie souvent avec un regard admiratif sur précisément ce qui cause cette rivalité.

Et parfois, c’est la neutralité et celle-ci est belle à regarder. Entre Vincent et Butch (Pulp Fiction (1994) de Quentin Tarantino, la relation n’est nullement structurée ; ils finissent par se croiser sans qu’ils n’aient jamais rien fait pour que cela arrive. Un principe similaire est à l’œuvre dans La Bataille de l’Escaut (2020) de Matthijs van Heijningen Jr. dans lequel les rencontres entre Will, Marinus et Teuntje sont non pas fortuites, mais le résultat d’événements extérieurs. Cela me rappelle un des principes majeurs du stoïcisme qui consiste à distinguer ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas : il suffit alors d’accepter ce que le monde nous propose.

Un autre exemple d’une belle relation est celle entre Bob et Charlotte (Lost in translation (2003) de Sofia Coppola). Bob et Charlotte partagent un moment de vie sans que leur relation éphémère devienne ni amour, ni amitié, ni rivalité.

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