Être familier avec ses personnages exige d’y consacrer quelques pensées. Tout comme pour le récit, un personnage bénéficie d’une prémisse, c’est-à-dire une proposition (parfois deux) qui capture l’essence de sa personnalité ; ce qu’il est lui-même, vu de l’intérieur, alors que pour autrui, tout comme nous dans la vie réelle, il est vu de l’extérieur : la prémisse d’un personnage ne décrit pas ce qu’il paraît, elle plonge dans sa profondeur.
Une appropriation
Un personnage ne vient pas du néant. On s’approprie une ou plusieurs personnalités existantes (fictives ou réelles ou même soi-même), c’est-à-dire qu’on s’appuie sur des caractéristiques qu’on y perçoit plus ou moins justement pour élaborer alors le personnage qui convient pour le récit en cours de construction.
Comprendre ses personnages de manière à ce que leurs actions et leurs décisions s’enchaînent naturellement sans se sentir forcées est en effet un aspect crucial d’une narration efficace. Lorsque vous avez une connaissance approfondie de vos personnages, de leurs motivations et de leurs personnalités, leur comportement devient authentique et crédible pour le lecteur/spectateur. Connaître intimement vos personnages vous permet de maintenir la cohérence de leurs actions et de leurs comportements tout au long de la narration. Les lectrices et les lecteurs apprécient les personnages qui restent fidèles à leurs traits de caractère et réagissent d’une manière qui correspond à leur personnalité.
Comprendre les forces motrices qui sous-tendent les actions de vos personnages vous aide à créer des motivations crédibles et compréhensibles. Lorsque les lecteurs et les lectrices ressentent de l’empathie pour les désirs, les peurs ou les objectifs des personnages, ils s’investissent davantage dans le récit.
La connaissance approfondie de vos personnages vous permet de développer des conflits et des arcs dramatiques significatifs. En comprenant leurs forces, leurs faiblesses et leurs parcours personnels (ce qu’on nomme arc dramatique), vous pouvez créer des conflits qui les mettent à l’épreuve et des opportunités de croissance qui semblent organiques (c’est-à-dire que le personnage s’inscrit dans la vie) et dont la lectrice et le lecteur ne peuvent être indifférents.
Imaginer un profil
En créant des profils détaillés pour chaque personnage, y compris son passé, son apparence, ses traits de personnalité, ses motivations et ses objectifs, vous étofferez leur individualité. Explorez les expériences passées de vos personnages pour comprendre comment ces événements les ont façonnés et ont influencé leurs comportements actuels. Cette exploration peut révéler des motivations cachées et une profondeur émotionnelle.
Les faits deviennent alors le principe d’un personnage. Le développement des personnages est un processus continu. Au fur et à mesure que vous écrivez et révisez votre récit, vos personnages peuvent continuer à évoluer et à vous surprendre. Restez ouvert à leur évolution tout en veillant à ce que leurs actions restent cohérentes avec les traits de caractère et les motivations que vous avez établis.
L’hésitation dans une situation quelconque sera un signe que vous ne maîtrisez pas encore tout à fait votre personnage, que sa conscience de soi vous échappe encore. La conscience de soi désigne la conscience qu’a un individu de ses propres pensées, sentiments et actions, ainsi que de la manière dont il se perçoit par rapport aux autres (ce qu’on nomme le moi, différent du moi-même : le moi est extérieur ; moi-même est interne). Il s’agit d’un sentiment accru de conscience de soi, qui s’accompagne souvent d’inquiétudes quant à la façon dont on est perçu par les autres. La conscience de soi peut se manifester de différentes manières et à des degrés divers, et avoir un impact sur le comportement, la confiance en soi et les interactions sociales d’une personne.
L’importance de vos mots
On ne saurait trop insister sur l’importance des mots utilisés pour décrire un personnage. Le choix des mots peut avoir un impact significatif sur la façon dont le lecteur/spectateur perçoit et comprend un personnage, en façonnant l’image mentale et le lien émotionnel qu’il a ou elle a avec ce personnage.
Les mots sont très significatifs dans la description d’un personnage. Des adjectifs descriptifs par exemple aident à peindre une image vivante de l’apparence d’un personnage, permettant aux lecteurs et aux lectrices de visualiser ses attributs physiques, tels que son apparence, les traits de son visage, son langage corporel et son style vestimentaire. En choisissant soigneusement des termes qui évoquent des détails sensoriels spécifiques, les auteurs et autrices peuvent donner vie aux personnages dans l’esprit du lecteur/spectateur.
Les mots utilisés pour décrire un personnage peuvent traduire ses traits de personnalité, son comportement et ses qualités intérieures. Des adjectifs tels que gentil, têtu, charismatique ou intelligent donnent un aperçu de la nature du personnage et aident le lecteur et la lectrice à se faire une idée de lui, à se le représenter.
Des mots bien choisis peuvent susciter des réactions émotionnelles de la part des lectrices et des lecteurs, favorisant ainsi un lien plus profond avec le personnage. Par exemple, l’utilisation de mots qui expriment la vulnérabilité ou la résilience peut susciter l’empathie ou l’admiration du lecteur/spectateur, ce qui le rend plus investi dans le parcours du personnage.
Vos mots peuvent être porteurs d’une signification symbolique et d’un contexte sous-jacent, ajoutant des strates de profondeur à la description d’un personnage. Le langage métaphorique, les analogies ou les références à des objets spécifiques peuvent faire allusion à des thèmes sous-jacents, à des motivations ou à des conflits liés au personnage.
Il est important que les autrices et les auteurs choisissent soigneusement les mots qui correspondent à leurs intentions et à l’impact souhaité sur les lecteurs et les lectrices. En rédigeant les descriptions des personnages avec précision et en prêtant attention aux détails, les auteurs & autrices peuvent améliorer la compréhension, l’engagement et l’investissement émotionnel du lecteur/spectateur dans le récit.
Une histoire captivante
Un récit captivant nécessite en effet un équilibre entre l’intériorisation et l’extériorisation. L’intériorisation fait référence aux pensées, aux émotions et aux perspectives intérieures des personnages. Elle consiste à pénétrer dans leur esprit et à donner un aperçu de leurs motivations, de leurs désirs, de leurs peurs et de leurs conflits. En incluant l’intériorisation dans un récit, les lectrices et les lecteurs comprennent mieux le monde intérieur des personnages et peuvent se rapprocher d’eux sur le plan émotionnel. Cela permet au lecteur/spectateur d’éprouver de l’empathie pour les personnages, d’être témoins de leur évolution et d’expérimenter leurs luttes internes.
L’extériorisation se concentre sur les actions, les comportements et les interactions des personnages dans l’univers du récit. Elle implique la représentation de leurs actions, de leur dialogue, de leurs interactions avec les autres personnages et des événements qui se déroulent autour d’eux.
L’extériorisation donne vie au récit, en fournissant une représentation tangible et visible des expériences des personnages. Elle fait avancer l’intrigue, crée de la tension dramatique et permet au lecteur/spectateur d’observer comment les personnages font face aux défis et aux conflits extérieurs.
L’intériorisation apporte de la profondeur et une résonance émotionnelle, permettant au lecteur/spectateur d’établir des liens étroits avec les personnages. Elle les aide à comprendre les motivations, les peurs et les désirs des personnages, ajoutant ainsi de la complexité et de la vraisemblance à leur parcours. L’extériorisation ajoute de l’action, des images et une participation à ce qu’il se passe dans le récit. Elle met en évidence les interactions des personnages, les conflits et les conséquences de leurs choix. L’extériorisation maintient le dynamisme de la narration et permet aux lecteurs et aux lectrices de suivre la croissance et l’évolution des personnages à travers leurs actions.
En trouvant un équilibre entre intériorisation et extériorisation, les auteurs et autrices peuvent créer un récit multidimensionnel qui associe la vie intérieure des personnages à leurs expériences extérieures. Cet équilibre permet aux lecteurs et aux lectrices de s’engager dans le récit à plusieurs niveaux, ce qui favorise une expérience de lecture plus immersive et plus satisfaisante.
Savoir comment une personne pense n’est qu’une partie de l’énigme. La façon dont elle agit et les réactions qu’elle manifeste (par opposition à ce qu’elle ressent) donnent de la profondeur et du réalisme à sa personnalité.
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