Roland Barthes considérait 5 codes pour comprendre ou analyser un texte. Le Code Proaïrétique est l’un d’entre eux. Le terme Proaïrétique est une construction de Barthes issue du grec proairesis qui caractérise le principe des actions humaines.
Le code proaïrétique décrit des séquences d’action dans le récit. Il est ce qui permet au lecteur/spectateur d’éprouver de l’intérêt pour ce qu’il se passe dans le récit ou de ressentir une espèce de suspense quant à ce qu’il se passe.
Tout comme la causalité, le code proaïrétique implique que toute action a une conséquence, une contre-réaction. Par exemple, un individu pointe son arme sur un adversaire et le lecteur/spectateur se demande quelle sera la résolution de cette action (ce qui crée le suspense).
Alors que le code herméneutique consiste à provoquer un questionnement puisque quelque chose de surprenant est apparu dans le récit mais aucune explication nous est donnée (pour Barthes, le récit pose une énigme, un mystère), dans le code proaïrétique, c’est-à-dire dans la description de l’action, le récit nous positionne dans l’attente (comme le fait le cliffhanger des séries lorsque la dernière action d’un épisode est suspendue jusqu’à l’épisode suivant).
La dimension temporelle
Les codes herméneutique & proaïrétique ont cette particularité qu’ils se jouent dans le temps. Nous sommes dans l’attente d’une réponse qui est soit reportée à la fin du récit (ce que fait le code herméneutique), soit qui est immédiate le plus souvent mais peut être retardée alors que nous attendons l’issue d’une action (le code proaïrétique).
La révélation d’une vérité ou une action coordonnée avec sa propre contre-réaction sont forcément temporelles car séquentielles. Considérons l’analepse (la réminiscence d’un souvenir) pour expliquer un comportement actuel. Souvent, cette analepse nous est donnée après le comportement (si elle est donnée avant l’action, l’autrice et l’auteur sollicitent la mémoire du lecteur/spectateur). Cette analepse n’est pas du code proaïrétique puisque, malgré qu’elle sert de cause en donnant les conditions du fait, elle explique comment ce fait singulier a t-il seulement été possible.
Le code proaïrétique décrit deux faits successifs : une action et sa contre-réaction. La contre-réaction est une conséquence : elle n’explique rien. Les deux codes cependant se situent sur une ligne temporelle, l’un se produit nécessairement avant ou après l’autre : un trauma dans l’enfance explique le pourquoi d’une action et lorsque l’assassin s’approche de sa victime et que celle-ci ignore sa présence (ironie dramatique), nous attendons et l’angoisse ne nous permet pas de raisonner sur la situation à laquelle nous sommes invités à participer.
Un récit est l’enchaînement d’événements dans un ordre cohérent et significatif. Le code proaïrétique est l’ensemble des moments de l’intrigue qui sont causés par des événements précédents et conduisent à d’autres actions.
Le code proaïrétique crée de la tension dramatique parce qu’il est une anticipation. L’imaginaire du lecteur/spectateur est convoqué et ce procédé permet de jouer avec lui en l’égarant sur des constructions imaginaires afin de mieux le surprendre.
Le code proaïrétique est l’occasion de séquences narratives de faible durée. Même si l’action et sa conséquence ne sont pas immédiates mais découpées dans le cours du récit, elles n’en restent pas moins une illustration parmi d’autres afin de concrétiser par une espèce d’exemple l’idée véhiculée par le récit (c’est-à-dire un thème forcément abstrait).
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