FAIRE LA DIFFÉRENCE

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Raconter une histoire, c’est faire la preuve d’un mouvement. Il doit y avoir une nécessaire différence entre le début et la fin. Car cela donne l’impression que le récit a un but, c’est-à-dire un dénouement.

Quel est le dénouement ?

Trois éléments dramatiques sont possibles dans un récit : l’action, le personnage, le thème. L’action consiste essentiellement en l’intrigue. Dans ce cas, l’intrigue se clôt sur un accomplissement externe. Quelque chose est visé et l’action consiste en ce que cette intention singulière se réalise.
L’intrigue démontre comment une adversité quelle que soit la forme sous laquelle elle se présente est vaincue par l’héroïne ou le héros.

En revanche, lorsque le personnage est au cœur du dénouement, ce qui nous est montré est la transformation intime de la personnalité du personnage. Souvent, il devient un être meilleur qu’il ne l’était au départ.

Lorsque le thème est la principale préoccupation de l’autrice ou de l’auteur, ce qui est mis en avant est principalement destiné à la lectrice et au lecteur : il s’agit de leur apporter une nouvelle compréhension du monde dans lequel nous nous mouvons.

Lorsque l’action prédomine, il faut considérer la nature de l’exposition et celle du dénouement car les circonstances, la situation des personnages changent entre ces deux moments. Quelque chose s’est réalisé et la situation de départ n’existe plus.
L’action consiste le plus souvent à triompher d’une force antagoniste ; elle peut aussi vouloir résoudre un problème ou un mystère. Si, par exemple, une comète s’apprête à heurter la terre, le monde sera radicalement différent si cela se produit. Ce qu’il faut comprendre est la différence : elle sera au cœur de votre réflexion.

Peut-être plus passionnant est de voir évoluer comment un personnage change. C’est ce qu’il se passe à l’intérieur du personnage qui est important comme si la moindre de ses décisions l’amenait inexorablement à jeter sur lui-même un regard plus sincère.
La question est alors de savoir qui est votre personnage au début et ce qu’il devient ensuite. Car il y a un conflit entre son point de vue sur le monde qui définit ce qu’il est lors de l’exposition et sa propre vérité qu’il ne peut encore formuler à ce moment du récit. L’obstacle qu’il rencontre au cours de l’intrigue est lui-même. Il est utile de consacrer du temps à découvrir son personnage tel qu’il est lorsque nous faisons sa connaissance car l’impression sur le lecteur/spectateur est ce qui permet à cette lectrice ou à ce lecteur de percevoir le changement.

Et c’est ce que cherche à obtenir l’autrice et l’auteur de ce personnage. Le destinataire du message est la lectrice et le lecteur. Encore faut-il que la progression soit vraisemblable : les étapes par lesquelles s’accomplit le changement s’ancrent dans une réalité qui soit possible, un faux réel en quelque sorte.

Une menace peut-elle justifier tout un récit ? Une comète qui menace de s’écraser sur la terre ne peut se suffire à elle-même. L’évolution d’un personnage qui lutte contre un danger, qui, dans cet acte, se mesure non pas à la menace mais à lui-même, donne un but au tragique d’une situation.

Une thématique

Si pénétrer les profondeurs de l’âme humaine n’est pas votre prédilection, alors la question thématique sera étudiée. Peut-être avez-vous le projet de dénoncer la barbarie du monde ou de décrire comment le fait collectif annihile l’individualité.
Orienter un récit selon un thème consiste à définir d’abord une réalité et à démontrer au cours de l’intrigue comment une autre réalité est possible.

L’autrice et l’auteur peuvent se focaliser sur deux approches : l’action et le dilemme que connaît un personnage peuvent être liés : son action (attitudes, comportements, choix, réponse ou contre-réaction aux événements) règle alors le changement personnel qui s’opère en lui.

Et s’ils ont aussi un thème à communiquer, ils peuvent tenter les trois approches.
Le thème est une idée, c’est une abstraction. Pour qu’il soit intelligible, il faut le concrétiser dans l’action. Une foule d’actions est possible pour donner de la matière à une idée. C’est d’une manière sensorielle que l’autrice et l’auteur communiqueront ce qu’ils ont à dire.

Observer et même participer émotionnellement à l’évolution d’un personnage est certainement passionnant, la chaleur et l’intimité humaines ont toujours prévalu en matière dramatique. Cependant, cela ne pourrait suffire à révéler aux yeux de tous ce que la cécité ou les préjugés ne permettent pas de voir. C’est toute la matière dramatique de l’allégorie. La menace de la comète pourrait être une allégorie d’un danger bien réel : celui du changement climatique par exemple. Les éléments concrets que matérialisent l’intrigue ne sont pas donnés pour eux-mêmes. Au-delà de l’apparence se cache une vérité.

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