RÉVÉLATION & ACTION

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Réaliser, c’est-à-dire comprendre ce qu’est autrui & réaliser ce que l’on est soi-même est le cheminement habituel de l’héroïne ou du héros d’une fiction. Seulement, si l’on ne joint pas la pratique à la théorie, si l’on ne prend pas action après avoir réalisé dans son esprit la nature véritable d’autrui ou des faits, cela revient en tant qu’autrice et auteur a méprisé son propre personnage.

Dans la vraie vie, connaître une telle révélation, une telle illumination intérieure, est si étonnant que cette découverte sur soi ou sur autrui (ce qui revient au même) ne s’accompagne nullement d’action. En fiction, il est difficile d’atténuer une action ou une réaction sans mettre en péril la structure du projet. En effet, dans l’évolution psychologique du héros ou de l’héroïne, il y a un moment où ils connaissent une profonde crise qui est une condition a priori de la révélation.

Être disposé à agir

Un personnage aura la volonté, la confiance en soi et une aptitude au changement. Lever le voile sur ses illusions s’accompagne d’une action au risque d’invalider la nécessité de cette prise de conscience de l’héroïne et du héros.
Dans la vraie vie, cela suscite la méfiance de ceux qui porte encore le même regard sur ce qu’était l’être d’autrefois, celui d’avant la révélation car ils n’acceptent pas la transformation en cours.

La révélation est une réinvention du personnage. Cette novation inquiète son entourage car on ne peut plus se rapporter aux mêmes souvenirs ; nous n’avons pas la mémoire de ce personnage nouveau qui s’accomplit devant nous.
D’étranger à soi-même dans notre propre demeure avant la révélation intérieure, nous devenons étrangers aux regards des autres qui ne nous reconnaissent pas et on se méfie bien naturellement de l’étranger.

Un personnage ne peut pas comprendre que tout ce qui l’entoure n’est que mensonge et ne pas prendre de distance avec cet entourage, qu’il soit de famille ou d’autres relations, sans perdre en vraisemblance.
Le lecteur/spectateur attend de lui une réaction. Un personnage ne peut pas continuer à vivre dans le mensonge pour préserver ses habitudes qui ne sont qu’une fausse assurance.

Un dilemme

Il serait faux de dire que l’action est immédiate. Elle est certaine mais progressive parce que la fiction a besoin de tension dramatique. Le personnage sait quelle est l’action à entreprendre mais n’est pas sûr de pouvoir l’entreprendre. Il se bat contre lui-même. La tension, si elle se prolonge, peut devenir insupportable.

Maintenant, l’autrice et l’auteur peuvent explorer l’intériorité de leur personnage et traduire cette écoute en symptômes car dans un scénario, nous n’avons d’autres solutions que de montrer par substitution, par métonymie, par analogie, par métaphore ce qui n’est pas palpable afin de le rendre perceptible.

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