PERSONNAGE & POINT DE VUE

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Chaque personnage possède un point de vue et des valeurs différentes. Ces différences sont la source de nombreux conflits. Néanmoins, les situations conflictuelles n’existent pas parce que le drame est ainsi fait. Chaque conflit possède une signification et la plupart des scènes montrent un aspect du conflit.
Deux amants avides de pouvoir, par exemple, ne s’opposeront pas sur l’accaparement du pouvoir à leur seul profit, mais sur le partage du pouvoir ce qui donne à leur relation une signification singulière.

Le conflit véhicule une idée

Un récit est un tissu d’idées. Décrivons une minorité : le leader de cette minorité a une vision du monde toute empreinte de l’injustice qui frappe sa minorité. Ses lieutenants auront cependant des aspirations différentes : l’un voudra que les choses demeurent ce qu’elles sont, un autre sera persuadé que la violence est la seule réponse possible, un autre encore sera convaincu du pouvoir de la diplomatie et des concessions.
Les relations qui se nouent entre ces points de vue portent ces différentes idées et se formulent dans le conflit. Le conflit est un moyen d’expression qui explique les motifs et les mobiles de chaque personnage : ce qu’ils veulent et pourquoi ils le veulent. Quelle que soit la mémoire qui définit un personnage (comme la vengeance pour sa famille ou la nécessité par exemple de suivre les règles pour se préserver du chaos), c’est par les relations conflictuelles qu’on peut dire d’un personnage qui il est.

Les croyances et les valeurs de chaque personnage construisent le récit. Le récit lui-même est porteur d’une idée englobante. Celle-ci est la thématique du récit. Les situations dramatiques & problématiques renvoient à cette thématique.
Si vous perdez de vue cette thématique, vous digressez et ajoutez de la confusion à un récit dont le risque est de perdre l’attention de son lecteur et de sa lectrice.

Chaque personnage a une fonction dans un récit. L’un sera un faux allié, l’autre un antagoniste, un autre encore aura pour fonction de montrer la voie de la raison au personnage principal alors qu’un autre sera davantage dans la passion et l’irraisonnable.
Mais ces fonctions qui sont comme des archétypes aident à construire un personnage mais elles ne nous disent pas qui ils sont vraiment. Le protagoniste est aussi une fonction du récit qui s’incarne dans le personnage principal. Certes protagoniste & personnage principal sont souvent le même. La distinction alors est que le personnage principal peut être approché sous un aspect psychologique qui explique ses actions, c’est-à-dire pourquoi il agit comme il le fait, mais aussi sous un aspect moins matériel qui tente d’aller au-delà de l’existence, qui tente de trouver des réponses ailleurs que dans le monde forcément extérieur. Il les trouvera en lui.

Un accord

Pour qu’une lectrice ou un lecteur se passionne pour un personnage, il faut qu’ils comprennent son point de vue à défaut de le partager. Il n’est pas nécessaire que l’on partage ses valeurs ; on pourrait même les répugner. Dans un cas comme dans l’autre, la liaison entre le personnage et le lecteur/spectateur se fera parce que l’autrice et l’auteur auront pris le temps d’expliquer ce qui motive le personnage à agir ; les conditions dans lesquelles cette action est possible.

L’action rend accessible la pensée du personnage qui, autrement, demeurerait cachée. Le point de vue du personnage sur le monde et sur lui-même est mis en pratique dans l’action. Par l’action, nous saisissons cet arrière-plan, cette histoire personnelle du personnage qui ne fait pas nécessairement partie du récit lui-même ou de l’intrigue mais qui explique son existence : une existence faite d’une mémoire.

Sans cette compréhension du personnage, nous ne saurions concevoir une empathie envers lui. Nous ne connaîtrons probablement pas par quoi il passe (chacun de nous se constitue un vécu singulier et les personnages fictifs n’y échappent pas), néanmoins, si l’autrice et l’auteur nous expliquent pourquoi il est si violent ou encore si refermé sur lui-même, alors nous pouvons développer une empathie avec sa situation.
Nous nous identifions au ressenti du personnage. Ce que nous apercevons du dehors provoque en nous une espèce d’affection. Lorsque nous éprouvons ainsi de la tristesse en réaction à un événement extérieur, nos yeux s’embuent. Lorsque, dans le récit, un personnage (posons qu’il s’agit d’un enfant) pleure, ce ne sont pas les larmes du personnage qui nous font réagir mais l’affection que de telles larmes ont provoquée en nous.

Nous pourrions aussi apprécier un personnage parce qu’il possède une qualité que nous admirons et aimerions posséder. L’étonnement vient car ce que nous voyons d’un personnage peut être une réponse à un manque qui nous fait souffrir.
Par exemple, un personnage distant avec les autres semble d’emblée froid, voire antipathique, mais dès lors que nous avons appris à le connaître, alors cette distance s’éclaire sur notre propre insécurité à se sentir blesser du regard des autres. Nous pouvons nous reconnaître dans un méchant de l’histoire s’il possède un pouvoir et un contrôle sur autrui lorsque cette idée s’infiltre lentement en nous et instille le doute sur nous-mêmes.

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