LA LOGIQUE DE LA CAUSALITÉ

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La causalité produit des séquences. Nous dépassons la seule notion de scènes. Un récit est indubitablement une succession de scènes. Elles sont arrangées de manière à rendre le récit cohérent avec lui-même en particulier avec le concept du temps qui offre à l’histoire contée un commencement et une fin.
Entre ces deux moments du récit, il se produit des événements, des expériences (ou actions) qui paraissent autonomes mais qui n’ont de véritables significations que dans leur rapport avec le tout, c’est-à-dire le récit qui les englobe tous.

Posons qu’une scène possède une durée de 1 à 4 pages. Une page est le minimum pour qu’une scène soit vivante, qu’elle s’incarne suffisamment pour retenir l’attention de la lectrice et du lecteur. Lorsque la scène nécessite d’être détaillée (en particulier par les didascalies), elle peut en effet atteindre les quatre pages.

Une scène est-elle autonome ?

Nous sommes enclins à considérer qu’une scène se suffit à elle-même. Après tout, chaque scène est une information nouvelle. C’est peut-être où se situe le problème car chaque information ajoute de la complexité et si cette complication n’est pas maîtrisée, la confusion fait facilement son nid.
Les événements décrits n’ont pas intérêt à complexifier des situations. Ils servent à donner de la profondeur aux personnages car chaque événement signifie quelque chose pour les personnages. Si le primat est donnée à l’action, alors le récit paraîtra se précipiter vers son dénouement.

L’inéluctable mouvement vers le dénouement du récit possède une marche qui entraîne avec elle le lecteur/spectateur. Si parfois une analepse (un détail du passé) fige le mouvement, cela permet au lecteur et à la lectrice de connaître mieux le personnage, sujet de cette analepse, de comprendre comment & pourquoi il perçoit les choses maintenant, d’interpréter parfois son mode de vie actuel et les pensées qui l’animent sans entrer dans une démonstration de scènes qui expliquerait un comportement, une attitude.
Ainsi, un regard peut suggérer de l’inexprimé tout en mettant en place une énigme, une espèce de mystère qui rend le lecteur/spectateur impatient de découvrir.

Parfois, on veut tellement s’assurer de faire passer un message qu’on a recours à l’accumulation de scènes que l’on amoncelle sans créer de liens entre elles en espérant que, de cette énumération, se dégage l’idée que l’on tente de faire passer.
Mais malgré le résultat (car ce procédé d’amplification de sa propre pensée fonctionne indubitablement), cette façon de faire alourdit le récit. Or la compréhension est davantage facilitée par la fluidité. Créer un lien de cause à effet participe de cette fluidité qui rassure le lecteur/spectateur.

Ce ne sera pas systématique car ce serait privé l’autrice et l’auteur de leur liberté. Cela aide néanmoins le lecteur/spectateur à comprendre le texte, c’est-à-dire ce qu’il s’y passe et pourquoi les personnages agissent comme ils le font alors que cela pourrait être en contradiction avec ce qu’ils sont supposés penser au moment de l’action.

Penser les personnages

Chaque personnage qui s’introduit dans un récit est une existence qui s’incarne. En tant que lectrice et lecteur, il nous faut ressentir leur présence. Le souci avec l’action est qu’elle a tendance à dissoudre la personnalité des personnages. L’action est nécessaire mais elle ne peut se faire dans l’oubli des personnages.

Pour qu’un récit émeut son lecteur/spectateur, le personnage paraît naturel. La commère qui observe la rue et dépeint ses voisins en termes amères et méchants atteint le lecteur/spectateur au cœur si nous parvenons à faire comprendre à celui-ci que l’attitude de la commère n’est pas un stéréotype mais un être qui a vécu des expériences douloureuses (l’importance du passé ne sera pas négligée) qui expliquent son comportement actuel.
De nouveau, la causalité est le moyen de la compréhension ou de l’interprétation : l’effet recherché sur le lecteur/spectateur est obtenu par la découverte du passé d’un personnage qui devient ainsi la cause d’un comportement de celui-ci : même si nous ne l’avons jamais personnellement vécue, la souffrance rapproche les êtres.

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