QUELQUES NOTIONS – 2

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L’intrigue débute lorsque le personnage principal a décidé de s’engager dans son aventure. En somme, l’intrigue est possible parce qu’il y a à l’origine de celle-ci une intention. Le personnage principal vise un objectif (son intention pourrait être même de ne viser aucun objectif).
Une intention contraire se déploie parallèlement.

Pour l’autrice et l’auteur aussi, chaque scène porte une intention singulière ce qui fait que la scène appartient à un tout, c’est-à-dire le récit. Se fixer un objectif et s’y tenir n’est pas chose facile, en fiction comme dans la vie réelle.

Le premier jet

Lors de la première écriture du scénario, il est probable que des scènes s’intercaleront dans le tout alors qu’elles ne participent pas à sa construction. D’autres seront redondantes. La chose n’est pas rédhibitoire car lors des réécritures (et avec un peu de réflexion avec soi-même), l’intrigue s’affinera.
La préparation de l’intrigue, c’est-à-dire l’acte Un, n’a peut-être pas établi qui ou quoi est la force antagoniste. Néanmoins, les obstacles ou les difficultés rencontrées seront originaires de cette force et de sa propre intention.

La nature de l’intrigue est d’être conflictuelle. L’opposition, même si elle n’est pas encore déterminée dans l’esprit du personnage principal ET du lecteur/spectateur, n’en existe pas moins. La fonction de protagoniste implique un mouvement : concrètement, découvrir ce qui représente l’antagonisme ou bien, si celui-ci est connu, le défaire sinon être défait par cette entité.

Le lecteur/spectateur ne sait pas où les actions (c’est-à-dire comme autant d’expériences) mènent le héros ou l’héroïne vers telle ou telle destination, mais l’autrice et l’auteur connaissent déjà cette destinée. Prendre à rebours les étapes qui ont logiquement menées à l’ultime confrontation entre le protagoniste et l’antagoniste peut aider à résoudre le spectre de la page blanche et donner de la cohérence à l’ensemble.

Ce sera dans le plan que ce moyen sera utilisé. Vous pourriez être enthousiaste et écrire entre 12 et 20 pages d’affilée. Maintenant, il est temps de poser ces 12 ou 20 pages, de les analyser en scènes et de s’assurer de leur pertinence en regard du plan.
L’idée est soit de les incorporer logiquement dans le plan, soit d’adapter le plan selon ces nouvelles scènes. Logiquement, c’est-à-dire en tenant compte de l’effet ou des conséquences d’une scène sur ce qu’il se passe ensuite. Vous atteignez alors le point médian du récit.

Le point médian

Jusqu’au point médian au cours duquel le héros ou l’héroïne se retrouvent seuls face à eux-mêmes, il existe un être qui influence grandement le personnage principal. Ce peut être l’antagoniste mais souvent, il s’agit d’un personnage qui importe pour le personnage principal.

Cet autre personnage (qualifions-le d’Influence Character) connaît les points forts mais surtout les points faibles du personnage principal. Cet autre personnage a une perspective sur la situation qu’il croit juste et il essaie d’en convaincre le personnage principal.

Il sera utile de passer un peu de temps à décrire cette relation afin de saisir comment elle se joue dans l’intrigue et construit celle-ci jusqu’au point médian. Décrire cette relation aide à expliquer la faiblesse du héros ou de l’héroïne, cette faille dans la personnalité d’un personnage qui le mène à un inéluctable point médian au cours duquel une décision majeure doit être prise.
Maintenant, il n’existe plus aucune possibilité d’un retour vers la vie ordinaire, telle que la connaissaient l’héroïne ou le héros. Pour marquer cette étape, elle sera essentiellement mentale. Le personnage principal est désespéré, abandonné. Alors, une révélation, une illumination fera jour dans son esprit aiguillonnée par la désespérance même.

Certes, cette structure arbitraire et contraignante n’est pas la vie. Dans la vraie vie, les situations se diversifient en profondeur : la vraie vie emprunte des chemins de traverse, crée des frictions qui seraient vain de tenter d’assembler afin d’en faire un récit (c’est-à-dire une succession d’événements logiques).
La vraie vie est incertaine et aléatoire et un événement se répercute en mille manières. En fiction, il y a une intention : ici, la désespérance mène au salut (bien que le résultat heureux de celui-ci ne soit pas certain). Parfois la fiction est tout autant tragique que la vie.

Il suffit de trouver le moyen pour dire comment ce désespoir profond a t-il seulement été possible. Ce peut être par exemple par l’action de l’antagoniste qui a atteint personnellement le personnage principal. Posons que notre héros subit une amnésie partielle : tout un temps de sa vie est dans l’obscurité.
Jusqu’au point médian, il cherche à comprendre. Précédant immédiatement le point médian, les scènes du passé qui manquent lui apparaissent soudain. Posons que la fille de notre héros est possédée par une entité maléfique et que c’est l’action de cette entité qui a forcé le héros à commettre un crime.

La révélation elle-même est préparée. Disons qu’elle a été initiée par un rituel que le personnage principal refusait de suivre à cause de son esprit sceptique (conflits & contradictions rapprochent la fiction de la réalité : le personnage en est la clef).

Vers le climax et le dénouement

Ce serait trop facile et frustrant que cette réflexion sur soi-même soit la solution du problème de l’histoire. Le personnage principal est de nouveau motivé et son objectif a probablement changé. L’ennemi est maintenant évident ; ce sera souvent le personnage principal lui-même ou bien un être ou une entité qui se dévoilent enfin.

Jusqu’à maintenant, le protagoniste et l’antagoniste n’ont pas vraiment été face à face. Entre le point médian (qui est une articulation du récit et non un point qui sépare à parts égales une ligne déterminée) et le moment du climax, il y a toute une préparation à cette rencontre.

Malgré la volonté du personnage principal de mettre un terme à son tourment, ce n’est pas dans l’enthousiasme et la joie que cette confrontation ultime se prépare. Le malaise du personnage est palpable. Sa force est cette prise de conscience de sa faiblesse, une caractéristique que l’opposition utilise contre lui.

A titre d’exercice, vous pourriez passer un peu de temps en quelques paragraphes à vous expliquer le pourquoi de la force antagoniste et comment elle compte s’y prendre pour se débarrasser du protagoniste soit parce que celui-ci contrarie la volonté du méchant de l’histoire directement, soit parce que sa présence ou son existence entrave l’intention de l’antagoniste comme une espèce d’épine dans le plan de celui-ci.

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