Le développement est un lent processus de maturation. Il faut du temps à une idée pour prendre chair, c’est-à-dire en personnages, en lieux et en une atmosphère palpable. Cet autre que sont les personnages sont des êtres complexes. Certes, ils ne le sont pas autant que de véritables êtres humains.
La recherche et la découverte de cette complexité est à la fois psychologique, matérielle et concerne aussi l’histoire personnelle de ce personnage. Cet ensemble d’informations ne participera pas tout entier dans le récit comme l’enfance d’un personnage par exemple. Il est bon cependant de penser quelque peu cette enfance afin d’approcher au plus près du personnage, de rompre la distance entre l’autrice et l’auteur et le personnage qui s’élabore lentement.
Une présence
Le développement d’un personnage consiste à le côtoyer au quotidien, c’est-à-dire ce qu’il est dans son propre monde. Pour l’autrice et l’auteur, cet autre n’aura pas de secret.
Les thèmes abordés, les actions (c’est-à-dire les expériences vécues par les personnages), les événements seront étudiés, arrangés et réordonnés afin de tirer le maximum de potentiel de ce qu’ils peuvent donner. Alors que l’Histoire au grand H est une succession d’événements dont il serait vain de chercher une quelconque cohérence (bien que l’historien conte souvent passionnément les données de fait attestées par l’Histoire), la fiction offre l’opportunité de configurer les événements de telle sorte qu’à côté des données de fait, les données psychologiques qui assurent une proximité entre la lectrice, le lecteur et les personnages soient représentées de la manière la plus adéquate.
L’intrigue
Maintenant, il faut épaissir l’intrigue. L’intrigue, c’est-à-dire l’acte Deux, consiste à empiler littéralement des complications. Le héros et l’héroïne rencontreront des difficultés. En fait, chaque personnage peut éprouver et résister aux épreuves.
Ces épreuves néanmoins ne devraient pas être prévisibles. Elles sont probables mais les conséquences sont incertaines. Chaque épreuve doit être porteur d’une espèce d’étonnement. Le lecteur/spectateur ne s’attend pas à ce qu’il se passe maintenant. Le lecteur/spectateur ne peut prévoir la trahison d’un ami par exemple mais l’autrice et l’auteur connaissent déjà que cet ami (pourtant sincère) possède un trait de caractère singulier : il privilégie son intérêt particulier.
Lorsque, par son action, le personnage principal menace l’intégrité de son ami, celui-ci le trahit. C’est une surprise qui aura de multiples conséquences. La fiction se rapproche ainsi de la confusion de la vraie vie : une succession d’événements. Une femme mûrit l’idée de tuer son mari qui la brutalise. Pourtant, elle ne s’y résout pas. Mais alors que l’indécision fait lentement place à la certitude, quelqu’un arrive inopinément au moment où elle s’apprête à commettre l’acte ou bien encore, on peut admettre qu’il existe une dimension religieuse en tout être humain et alors par un incident mineur (telle la rencontre avec un prêtre), la femme nourrit alors un sentiment d’angoisse en regard de l’acte qu’elle s’est décidée à accomplir.
Cela fonctionne quel que soit le genre : comédie ou tragédie (pour faire court). Le personnage & ses actions sont au cœur de l’intrigue. Doit-on privilégier l’action ou le personnage ? Les deux à la fois semble être une bonne réponse. On décrit une action et la personnalité du personnage transparaît ou bien tel trait de caractère (la lâcheté par exemple) peut décider un personnage à fuir d’instinct ou de résister, si ce manque de courage, un besoin qu’il lui faut combler, lui pèse et l’empêche d’avancer dans sa vie.
Deux situations peuvent se succéder (l’intrigue est aussi une succession d’événements) sans que les personnages n’en soient les instigateurs. Un enquêteur par exemple est appelé sur les lieux d’un casse. Il n’a aucune responsabilité dans cet événement d’autant plus qu’il ne fait qu’obéir aux ordres ; c’est son activité professionnelle. L’événement suivant est un attentat terroriste. Un événement sans lien avec l’événement qui l’a précédé.
Ces deux faits, ces deux phénomènes, impliquent le personnage dans des situations dont il n’est pas la cause. L’intensité d’une situation fascine certainement mais son défaut est qu’elle rend le lecteur/spectateur comme un observateur de ce qu’il s’y passe.
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