QU’EST-CE QU’ÉCRIRE ?

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Écrire. Qu’est-ce qu’écrire ? Est-ce seulement possible d’écrire ? Je veux dire une fiction. Chacun a sa propre manière de penser son récit et ses personnages. Devant une telle diversité d’opinions, d’esprits créatifs mais aussi de cultures et d’éducations, il semble vain que de vouloir poser des règles ou des principes pour écrire.
Considérons alors des suggestions. Peut-être seront-elles utiles à quelques uns ou totalement hors de propos. D’abord, les personnages de fiction sont des représentations d’êtres humains. Certes, ils sont jetés dans des situations extraordinaires. En arrière-plan, cependant, ils connaissent aussi une banalité quotidienne. S’ils peuvent déjà exister ainsi, il y a matière à travailler avec eux.

Trois actes

Depuis Aristote, une narration se composerait en trois actes. Gardons un esprit critique et doutons. Ainsi, doit-on vraiment considérer la banalité quotidienne comme un moyen de s’assurer de l’existence d’un personnage de fiction ? Un des principes du drame est de nous plonger aussitôt dans l’action. Dit autrement, le premier acte est très proche du dénouement du récit.

Cela ne signifie pas que les analepses (comme de plonger dans l’enfance d’un personnage pour tenter de l’expliquer) sont inutiles. Cela signifie que l’analepse est utile à l’intrigue, qu’elle y participe.

ÉcrirePour Patricia Highsmith, prendre le temps de faire connaître ses personnages lors de l’acte Un sert le récit tout entier. Un roman ou une série permettent cette présentation. C’est moins évident dans un scénario de 120 pages.

Les personnages donnent son momentum à un récit. Ils le motivent. En dernier lieu, ils justifient pourquoi on écrit sur eux.

L’autrice et l’auteur remettent tout en question toutes les fois où ils écrivent des scènes car à chaque fois le personnage prend une ampleur ou une profondeur nouvelles. Et ce qu’on découvre maintenant sur un personnage éclaire différemment ce qu’on a précédemment écrit sur lui.

Écrire, c’est consacrer du temps donc au détriment de ses proches. C’est consommer une énergie qui pourrait servir par ailleurs. Et cela demande aussi un apprentissage, ne serait-ce que pour que l’écriture ne reste pas lettre morte.

Il faut être vraiment motivé pour écrire. Car les échecs seront douloureux mais instructifs. Comme dit l’adage, on apprend de ses erreurs. Alors d’autres idées viendront et avec elles, une énergie nouvelle. Il faut être optimiste envers soi-même. Cela s’apprend aussi. Parfois il faut s’en persuader. Car une œuvre sur laquelle vous avez tant donné et qui ne voit pas le jour pour diverses raisons mène à un sentiment de défaite qu’il faut accepter.
Il faut en faire le deuil pendant quelques jours. Cette œuvre ne sera cependant pas détruite. Plus tard, avec l’apprentissage incessant de l’écriture, vous la reprendrez et comprendrez alors pourquoi cela n’avait pas fonctionné à l’époque.

Cet élan que donnent les personnages à l’intrigue, vous le portez en vous. Il permet de reprendre un texte écrit il y a longtemps et de le retravailler à la lumière des connaissances nouvelles qu’à apporter cet apprentissage permanent de l’écriture.

Un processus émotionnel

Si l’on écrit trop vite, on aligne des événements. Il faut prendre le temps de réfléchir à un projet. La froideur des faits n’a jamais apporté de satisfactions à l’autrice et à l’auteur. Lorsqu’on planifie une intrigue (qui est une succession d’actions), le cœur se doit d’être bouleversé. L’écriture commence par la passion, non par la raison.

L’émotion est partout présente ; chez les personnages autant que chez l’autrice et l’auteur. Ceux-ci peuvent-ils ressentir la même émotion qui étreint un personnage dans une action quelconque ? Car cela devrait être le cas. Les thèmes traités dans l’action peuvent être très sérieux mais s’ils sont amputés de l’émotion qui accompagnent l’action et qui concerne à la fois le personnage, l’auteur et l’autrice, alors ils desservent le récit.
Il y aura des scènes, des descriptions d’événements comme de se sentir suivi dans une rue recouverte de pénombre au cours desquelles l’émotion éclate. Ce n’est pas l’action d’être ou non suivi dans une rue qui importe mais le sentiment qu’elle procure. Et une émotion très probablement ressentie par l’auteur et l’autrice eux-mêmes.

Ce qui implique que l’on prenne conscience de ses propres émotions en tant qu’auteur & autrice. Notez-les. Elles vous aideront lorsque vous écrirez vos scènes.

Merci à ceux qui nous soutiennent.

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