RÉCIT & PERSONNAGES

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Un récit est d’emblée celui de personnages. Mais avant d’écrire les scènes dans lesquelles ces personnages prennent vie, on a une idée de ce que sera ce récit qui les concerne. Cette idée se présente à l’esprit de l’autrice et de l’auteur en une sorte d’amalgame d’images et de questions qu’ils ressentent comme une nécessité d’en parler.

C’est souvent ainsi que les difficultés commencent. En effet, ces images et ces thèmes qui constitueront le récit prennent le dessus sur les scènes (c’est-à-dire les personnages). En conséquence, une scène ne paraît pas exploiter toutes ses potentialités ; elle semble limitée.

Et cependant, il est plus simple d’écrire ainsi : l’intrigue décide des scènes. Mais ainsi, les scènes sont artificielles comme obligées.
Comprendre une scène est comprendre ses besoins. Et quels sont ces besoins autrement que ceux des personnages ? C’est par ses personnages qu’un récit s’exprime. Une scène existe parce que ses personnages l’exigent. Ce sont les personnages qui informent la scène car il y a une différence entre ce que vous pensez qui doit être dit à un moment particulier et ce que les personnages eux-mêmes ont à dire lors de ce même moment.

La passion du détail

Au fur et à mesure que nous découvrons les personnages, le récit se construit. Lorsque nous posons le mot correct sur la page, que nous décrivons une attitude ou un comportement particulier, que nous situons une scène en un lieu précis, à un moment précis, dans des circonstances précises, ce n’est pas l’idée préexistante d’une intrigue que nous illustrons, ce sont les articulations du récit qui se mettent en place.
Par exemple, vous avez un personnage replié sur lui-même par manque de confiance envers autrui ; cette attitude sera montrée par la boulimie et les achats impulsifs, deux comportements qui n’ajoutent rien à l’intrigue mais règlent cependant les relations de ce personnage, relations qui interviennent dans le déroulement de l’intrigue.

Construire une scène tout en développant un personnage constitue le mouvement qui passe du récit à l’événement et de l’événement à l’intrigue. Construire le contexte d’une scène, c’est offrir un espace et un temps à l’action dramatique et surtout, ce travail établit une relation sincère, honnête, volontaire et intelligente entre l’auteur ou l’autrice et leurs personnages.
La clé est de toujours être prêt à s’adapter. De considérer que le personnage et l’intrigue sont flexibles. Pour éviter les digressions, il est nécessaire de poser des questions pertinentes et exigeantes sur soi-même, sur ses personnages, sur son intrigue, sur son histoire.

En composant ses scènes par un questionnement permanent sur leur pertinence assure la cohérence d’un univers fictionnel. S’investir totalement dans un personnage, c’est prendre le risque de se déconstruire soi-même mais c’est le seul moyen d’atteindre la vérité de vos personnages et de votre récit.
Vous serez étonné d’écrire des choses qui n’étaient pas évidentes et de cet étonnement sera tiré toute la fascination que peut exercer une scène sur son lecteur/spectateur. Dans l’écriture, on peut en effet s’étonner soi-même, douter qu’on ait pu écrire une scène quelconque, trouver de tels mots pour l’écrire, mais c’est aussi prendre le risque d’échouer.

Un récit n’est pas seulement votre voix, celle d’une narratrice et d’un narrateur, c’est aussi celles de vos personnages. Vous ne pouvez être dans leur ignorance. C’est ainsi que vous fascinerez votre lecteur/spectateur.

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