DES SCÈNES CONFLICTUELLES

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La grande majorité des scènes ont besoin d’être des situations conflictuelles. Ces situations sont la force motrice qui fait avancer l’intrigue, fait changer les personnages et permet au récit de s’étendre. Le conflit est synonyme de progrès.

Un conflit est un problème qui oblige à s’unir pour quelque chose ou à surmonter quelque chose, qu’il s’agisse d’une chose aussi petite qu’un désaccord entre amis ou aussi grande que des gouvernements se disputant un territoire, et plus encore.

Le conflit prend la forme d’une opposition à un désir ou à un besoin, c’est-à-dire que le conflit vient de l’extérieur si c’est un désir ou il est tout intérieur s’il s’agit d’un besoin. Le conflit sert à découvrir les personnages. De la manière qu’ils réagissent au conflit, on en déduit les principes clefs de leurs personnalités (qu’ils réussissent ou qu’ils échouent).

Pour les personnages, le conflit entraîne des choix. Un récit se comprend à l’aune des conflits qu’il soulève. Il possède aussi la capacité de river lectrice et lecteur sur le récit. Le lecteur/spectateur veut voir comment les personnages gèrent les conflits, comment ils luttent, comment ils échouent et comment ils vainquent. C’est dans ces luttes, ces échecs et ces réussites que lectrice & lecteur s’attachent aux personnages et à l’histoire.

Une formule

Le conflit peut se formuler ainsi : Un désir ou un besoin sur lesquels se greffent un obstacle ou une opposition engendre une situation conflictuelle.

Ce peut être aussi la traduction concrète du couple : désir & peur. Par exemple, nous ressentons pour la plupart d’entre nous le désir de donner un sens à notre vie, du moins que notre vie soit significative. Mais nous craignons de ne pas pouvoir y parvenir.

Un personnage s’élabore de lui-même au cours des situations conflictuelles qu’il rencontre. Le conflit explique ses motivations. C’est parce qu’il est en conflit avec quelque chose ou quelqu’un que le personnage agit. Sans cet aiguillon, il serait comme figé et dans l’espace et dans le temps.
C’est souvent par ce manque d’action qu’on est tenté par la digression et le lecteur/spectateur se désolidarise du récit.

La plupart des scènes (c’est-à-dire celles qui ne sont pas d’exposition ou un rappel des événements) doivent être conflictuelles. Dès qu’il y a interaction, c’est-à-dire intersubjectivité, alors le conflit est nécessaire. Il est ennuyeux de lire l’histoire de deux personnages qui sont toujours en harmonie et font les mêmes choses ensemble, ne surmontant absolument rien.

Et cet autre peut être le personnage lui-même. Si un chapitre, une scène ou un passage ne contient pas de conflit, cela signifie que cette section ne fait pas évoluer le personnage, l’intrigue ou l’histoire. Lorsque vous examinez ces sections pendant la révision de votre récit, assurez-vous qu’il y a un conflit et que ce conflit affecte les personnages d’une manière qui fait avancer la trame de l’histoire (ou la fait reculer dans certains cas).
S’il n’y a pas de conflit, cette section doit être réévaluée et révisée en conséquence.

Le conflit revêt de multiples formes et affecte les personnages différemment. Il peut être minime ou important, mais il doit affecter les personnages d’une manière ou d’une autre et les amener à faire quelque chose (bien que dans certains cas, choisir d’ignorer et de ne rien faire puisse être une réaction appropriée).

Les conflits interpersonnels opposent plusieurs personnages. Ils résultent souvent de divergences d’opinions, d’objectifs, de désirs ou de besoins, de personnalités. Lorsque les personnages s’affrontent, cela crée un conflit car ils débattent ou cherchent à s’entendre. Il s’agit du conflit le plus courant, car comme dans la vie réelle, on interagit les uns avec les autres, et cela inclut également le conflit entre les bons et les méchants.

Conflits internes et externes

Diverses forces externes ou internes peuvent être sources de conflits. Un conflit externe est souvent une confrontation avec son environnement. On est jeté dans un monde qui nous impose ses règles mais cela ne signifie pas qu’elles doivent être acceptées. Souvent, ces règles de la vie en commun gênent, mettent en danger, frustrent, détournent ou blessent les personnages.

On parle de conflit interne lorsqu’un personnage a un problème avec lui-même. Il est en conflit avec quelque chose, souvent une décision qu’il a prise, quelque chose qu’il veut mais ne peut pas avoir, ou quelque chose dont il ne peut pas se débarrasser.
Le conflit se situe dans son esprit, souvent représenté par des pensées et des doutes ou par des actions qui traduisent ces pensées et ces doutes, comme l’automutilation, la prière ou l’interaction avec l’environnement d’une manière négative..

Comment comprendre si une scène manque de cette essence vitale qu’est le conflit ? D’abord lorsqu’elle n’ajoute rien à un personnage ou à l’intrigue. Même une scène d’exposition pourrait être conflictuelle si elle permet de comprendre un trait de caractère particulier pour un personnage donné. Et cet aspect de sa personnalité est important car il pousse le personnage dans des directions qui influent sur le déroulement de l’intrigue.

De même, une scène doit être justifiée, c’est-à-dire qu’elle est conçue avec une intention. Si vous ne pouvez définir pourquoi cette scène existe, cela peut signifier qu’elle est inutile et qu’on peut en faire l’économie sans risquer de saper les bases de l’intrigue. Une ellipse est souvent la solution à cette interrogation.
Parfois on se surprend à réécrire ce qui a déjà été dit. Mais ce qui a été dit n’est plus à faire. L’ellipse peut être utile afin d’économiser sur des moments qui, décidément, n’apportent rien à l’intrigue & on est en droit d’espérer que l’intelligence du lecteur/spectateur saura combler le manque apparent. L’ellipse est aussi un moyen narratif qui en dit autant que les mots tout comme les silences.

Construire son monde laisse peu de place au conflit. Pourtant, à travers des scènes conflictuelles, peut se révéler des aspects du monde sans qu’une exposition trop lourde (mais néanmoins nécessaire) n’écrase lectrice & lecteur qui attendent l’action. Vous pouvez réviser ces instances de manière à ce que le conflit soit le moteur de la scène et à ce qu’il soit accompagné d’une construction du monde ou d’informations.

L’ajout du conflit

Quand on dit qu’une scène doit posséder une intention, c’est surtout du point de vue des personnages que l’on se place. Si l’on tente de se mettre à leur place, il est facile alors de trouver ce qui anime leur présence dans une scène.
Qu’ils aient un désir ou une aversion dans une scène, les personnages voudront l’obtenir ou l’éviter. Et cet état d’esprit devrait être mis en évidence dès le début de la scène car s’il s’installe tardivement, l’esprit de la lectrice et du lecteur divaguera hors du récit.

Mettre en place un conflit, c’est fournir aux personnages quelque chose qu’ils doivent surmonter. Ce qui ne signifie pas qu’ils triompheront ou échoueront mais ils essaieront. Il n’y a pas de conversation banale : même sans agressivité aucune, deux interlocuteurs fascineront tant qu’ils s’opposent par exemple en retenant une information dont l’autre a besoin.

Les conflits sont divers : il existe autant de conflits que de personnages. Et les conflits individuels sont tout aussi importants que les conflits impliquant toute une communauté (qui agit en tant que groupes d’individus).

Au bout du compte, dans un conflit, il y a une décision à prendre ou une action à entreprendre. C’est la conséquence du conflit. Lorsque vous écrivez la scène, envisagez cette décision ou cette action qui ne seront pas nécessairement une bonne décision ou une bonne action.
Tout comme dans la vie réelle, nos personnages peuvent se tromper. L’issue du conflit sera alors plus sérieuse pour un des personnages seulement car il nous faut comprendre l’impact du conflit sur le personnage ou sur l’intrigue en devenir.

Le conflit est ce qui nous anime dans le monde réel, et il doit donc être l’un des ressorts qui font agir les personnages. Sans lui, les personnages sont inexistants et la scène perdra l’intérêt du lecteur ou de la lectrice. L’identification du conflit vous aidera à savoir où améliorer une scène et à faire ressortir l’action des personnages dans la scène.

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