LE PASSAGE DANS L’ACTE DEUX

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Une articulation importante dans la structure en actes est le passage d’un acte à l’autre. Trois types d’incidents sont assez communs entre les actes Un & Deux et permettent peut-être à l’autrice et à l’auteur de ne pas s’interroger trop longtemps au risque d’assécher leur créativité.

Le premier acte installe votre personnage principal dans son monde. Maintenant, il s’agit de l’envoyer dans l’acte Deux.

Un incident est donc une situation singulière. Pour passer dans l’acte Deux, on peut donc faire appel à trois types de situation :

  • Une perte ou un manque,
  • Vice contre vertu : une ignominie, trahison, infamie, bassesse, scandale, désobéissance..
  • L’arrivée de quelque chose de nouveau.
La perte ou le manque

Une articulation telle que la perte peut être simplement le fait qu’un personnage a perdu quelque chose d’important pour lui ou pour quelqu’un à qui il tient. La quête commence avec l’intention de le récupérer. C’est à vous de décider s’ils y parviennent ou non.

Cette perte peut aussi être un manque de quelque chose que vous n’avez jamais eu. Le roi Arthur réalise qu’il a besoin du Graal et part à sa recherche. Il n’a jamais perdu le Graal. Mais il souffre d’un manque.
Le manque est particulièrement efficace. Par exemple, dans 1917, un message doit être délivré mais il faut traverser les lignes ennemies ce qui apparaît impossible. La décision est justement liée au manque d’opportunités : le dilemme est dramatiquement simple. Il s’agit de mourir ou de sauver la vie des soldats si la mission réussit. Mais celle-ci implique un sacrifice.

Le vice & la vertu

Deux exemples peuvent suffire à expliquer le dilemme à l’origine d’une telle ignominie : Dans Mesure pour mesure de Shakespeare, Angelo propose à Isabella d’échanger contre la libération de son frère son propre corps à Angelo dont la lubricité est masquée par sa chaste réputation.
Et dans Proposition Indécente, un million de dollars en échange d’une nuit..

Certes le problème peut être contourné si l’action du méchant de l’histoire justifie l’intervention du héros ou de l’héroïne. Mais le dilemme n’est-il pas plus dramatique entre accepter une opportunité qui offre des perspectives inespérées mais seulement au prix d’un sacrifice ou bien refuser et se condamner ? Faust se répète inlassablement toutes les fois où l’insatisfaction s’installe dans les esprits.

A propos d’intervention du méchant, le passage dans l’acte Deux, c’est-à-dire l’intrigue, peut consister à se protéger des intentions de ce méchant si l’héroïne ou le héros sont les témoins de son acte de transgression.
Comme dans Witness où le passage dans l’acte Deux consiste à protéger le petit Samuel dont la vie est maintenant en danger.

Et toute forme de désobéissance de la part de l’héroïne ou du héros peut suffire à rendre légitime le lancement de l’intrigue. Surtout n’ouvre à personne pendant mon absence.. Évidemment, la tentation est trop forte et la résistance est vite vaincue : la curiosité, ou encore l’insatiable avidité dont parlait Rousseau..

L’inattendu

L’intrigue ne se déploie pas après l’incident déclencheur. Cet incident déclencheur est individuel : il concerne le quotidien de l’héroïne ou du héros qui est alors bouleversé par quelque événement comme une rencontre qui remet en cause les habitudes du héros ou de l’héroïne.

L’intrigue commence lorsque quelque chose de nouveau intervient dans le monde du récit, c’est-à-dire le monde du personnage car le personnage possède, pour ainsi dire, son univers en lui. Cette novation peut avoir des conséquences négatives évidentes, comme la découverte d’un énorme météore dont la trajectoire vise la Terre.

Mais elle peut aussi être plus ambivalente. Au début du deuxième acte, les personnages peuvent se demander si cette chose nouvelle qui peut être une simple information est bonne ou mauvaise. Leurs investigations nous mènent vers une intrigue plus profonde et créent de la tension dramatique.

Si vous avez du mal à imaginer ce qu’il se passera dans votre récit, essayez de proposer trois alternatives : l’une causée par la perte ou le manque de quelque chose, l’une due à un acte délibéré et égoïste de la part d’un quelconque personnage et peut-être même du personnage principal qui devient alors la cause de ses mésaventures, et une autre parce que quelque chose change dans le monde qui entoure vos personnages comme l’arrivée d’un vaisseau spatial qui concerne l’ensemble de vos personnages et non seulement le personnage principal.

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