Agir, voilà ce qui compte et qui nous définit. Cela est valide dans la vraie vie et partant, en fiction. Mettre en place une histoire, jeter des personnages dans des circonstances et des situations diverses et bien sûr les faire agir constituent le gros du travail de l’autrice et de l’auteur.
Les actions des personnages et comment celles-ci devront être perçues (c’est-à-dire l’intention de l’autrice ou de l’auteur) doivent être mûrement réfléchies afin d’être efficaces.
Quelle différence entre action et activité ?
L’activité est le quotidien, l’habitude. Il n’y a pas de visée particulière dans une activité quotidienne. Lorsqu’on entreprend une action, c’est dans un but précis. En fiction, cette action singulière favorise la poursuite d’un objectif.
Soit l’objectif de l’histoire, soit celui particulier au cœur d’une scène. Selon la scène envisagée, d’ailleurs, ce qui ressemble à une activité habituelle peut soudain se transformer en action si cette habitude acquiert le statut privilégié d’être une intention.
Un personnage prend le métro chaque matin ; dans son sac à dos, son repas de la mi-journée ; un livre. Mais pour ce jour particulier, il ajoute à ce contenu habituel, une arme. L’activité quotidienne se transforme en intention, en une volonté qui sort de la léthargie de l’habitude.
L’activité prend du sens. Les mots qui décrivent cette activité prennent un sens qu’ils ne possèdent pas par eux-mêmes lorsqu’ils présupposent une intention. Les dialogues peuvent être banals mais seront pourtant efficaces si l’on perçoit ou ressent une intention cachée.
Il serait préférable de déterminer a priori l’action voulue avant d’écrire les dialogues. Il faut connaître les activités qui expriment l’émotion et le désir du personnage afin de créer des scènes efficaces et révélatrices. En d’autres termes, il faut d’abord déterminer les actions qui révèlent la personnalité du personnage et font avancer l’histoire, puis inventer les activités et les dialogues qui soutiennent ces actions. Il faut faire avec les mots ce que Gauguin faisait avec les couleurs : une réalité tout à fait subjective.
Ce qu’un lecteur/spectateur peut voir ou bien ce qu’une lectrice ou un lecteur peuvent imaginer à partir des mots est plus puissant que ce qu’on peut en entendre. Dans Ninotchka par exemple, le changement chez Ninotchka est clairement démontré lorsqu’elle s’achète ce chapeau ridicule.
L’action nous accompagne plus efficacement que si le personnage s’était contenté d’un dialogue exprimant sa haine, sa passion ou son changement. L’auteur ou l’autrice doivent savoir ce que veut un personnage, consciemment ou inconsciemment, et l’auteur ou l’autrice doivent savoir ce que le personnage recherche à tout moment, même si le personnage n’en est pas conscient.
Des activités efficaces
Les activités efficaces pour les personnages nécessitent l’ajout d’une action pour faire avancer le récit. La meilleure procédure consiste d’abord à trouver l’action ou les actions qui créent la scène ou qui font partie de la poursuite d’un objectif à plus long terme, puis à trouver des activités qui seraient naturelles dans la situation donnée, des activités qui aident à révéler la nature des personnages.
Une fois ces éléments trouvés, on peut ajouter les dialogues nécessaires et appropriés. Les scènes les plus faibles sont celles dans lesquelles on attend du dialogue qu’il porte tout le poids dramatique à lui seul. Les activités qui révèlent le caractère d’un personnage, mais qui ne font pas vraiment partie de la poursuite de son objectif, peuvent être des outils efficaces pour enrichir la perception de l’objectif d’un personnage par le lecteur/spectateur.
Par exemple, dans Chinatown, lorsqu’Evelyn nettoie le nez horriblement coupé de Jake, elle n’a d’autre objectif que de nettoyer la plaie, mais la tendresse dont elle fait preuve révèle une facette de son caractère que nous n’avions pas vu auparavant.
Ces activités ne font pas avancer l’histoire, mais elles élargissent notre implication et notre compréhension de la vie des personnages et, de cette façon, enrichissent la narration.
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