QUESTIONS D’ INTRIGUE – PART 5

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Lors des précédents articles, nous avons vu les motivations qui permettent à l’intrigue d’avancer et nous avons commencé à étudier quelques éléments dramatiques qui, sans être des motivations, permettent cependant de pimenter cette intrigue. Voici une présentation de quelques éléments nouveaux dont l’emploi conjointement aux motivations enrichissent indéniablement l’histoire.

La conspiration

Une conspiration est ce qu’elle est : deux ou plusieurs personnes se rencontrent et elles complotent dans un but précis. La clef pour utiliser correctement la conspiration dans votre histoire est qu’immanquablement, elle doit (ou devrait) aboutir à quelque chose de mauvais. Une conspiration doit œuvrer dans le champ de l’illégalité, c’est la condition sine qua non pour qu’elle fonctionne efficacement au sein d’une intrigue.
Conspirer contre l’ordre établi est généralement un bon outil dramatique pour épicer une intrigue. Un but criminel n’est pas à exclure, c’est d’ailleurs aussi un de ces outils qui étoffe agréablement une histoire.
L’objectif de cette conspiration peut concerner aussi un boycott, une dénigration mais ce qui fonctionne également bien est lorsqu’elle a une visée politique.
Shakespeare l’a très souvent employée :
Othello ou le Maure de Venise dont la conspiration est incarnée par Iago qui ne cesse de comploter contre Othello ; Jules César qui relate la conspiration contre Jules César, son assassinat et ses conséquences ; MacBeth où dans l’acte Trois, Macbeth complote avec deux assassins le meurtre de Banquo et de son fils Fleance pour que les soupçons ne soient pas tournés vers lui et décide de laisser Lady Macbeth en dehors du complot ; Richard III où Richard conspire pour faire conduire à la tour de Londres son frère Clarence, qui passe avant lui dans la ligne de succession.
A noter que dans chacun de ces complots se niche quelques visées politiques. L’essence même d’une conspiration est de modifier des forces politiques actuelles afin d’instaurer un nouvel ordre politique. Pour ce faire, le mensonge, la manipulation, voire le meurtre, tous les moyens sont bons. La tension et le conflit se nourrissent d’un bon complot. De plus, n’importe quelle motivation peut être appuyée par une conjuration ce qui peut aider à écrire l’acte Deux, comme toujours un moment délicat dans le processus d’écriture.

Le sauvetage

Le sauvetage est intimement lié à un péril. La question dramatique soulevée est de savoir si les personnages s’en sortiront, si le sauvetage réussira.
Ce dispositif dramatique s’accorde bien avec des motivations liées à un fléau, une persécution, une question  de survie car ces types de motivations impliquent un réel danger pour la vie des personnages (l’enjeu est donc de taille).
A lire :
BUTS, ENJEUX & URGENCE

A noter que la recherche est un élément dramatique important à inclure lorsque vous utiliserez le sauvetage. Même si celui-ci occupe la majeure partie de votre histoire, il doit y avoir une recherche.
Notez aussi que cette recherche peut être d’un tout autre ordre que la localisation d’un personnage, il peut s’agir aussi d’une quête et le péril et le sauvetage porteront sur des choses différentes. Considérez la quête du Graal, par exemple, pour illustrer notre propos.

L’imposture

L’imposture a commencé avec les mythes grecs. Zeus, Héra, Apollon, Athéna ou Aphrodite, tous ont assumé une imposture en se revêtant  de robes mortelles pour accomplir une tâche avant de retrouver leur véritable nature de dieux et déesses.
Parmi les Hymnes Homériques, celui consacré à Apollon, par exemple, où ce dernier se métamorphose en dauphin afin de guider les hommes vers le lieu où sera créé le sanctuaire de Delphes.

L’imposture se retrouve dans toutes sortes d’aventures. Les histoires de vengeance où l’un des personnages n’est pas celui que l’on croit ou bien encore ces histoires d’amour et de haine (l’un se définit toujours par rapport à l’autre) où le port d’un masque peut cacher des sentiments profonds qui sont portés à la connaissance du lecteur par le comportement induit par le masque.
Dans Le bouc émissaire de Daphné de Maurier, John se retrouve forcé de prendre la place de Jean (dont il est un parfait sosie) mais tous deux ont des caractères diamétralement opposés. John dans la peau de Jean est alors accueilli au château où il ne rencontre que de la haine, de la suspicion et de la rivalité.

L’imposture peut s’exprimer selon deux directions dans une histoire. Soit l’auteur adopte le point de vue de l’imposteur, soit celui de ceux qui assument l’identité de l’imposteur comme vraie. Les deux approches sont très efficaces. Des questions dramatiques sont soulevées qui maintiennent l’intérêt : Quelqu’un découvrira-t-il la véritable identité de l’imposteur ? Comment l’imposteur peut-il continuer à jouer un double rôle sans se faire démasquer ? Que se passera-t-il lorsque le masque tombera ?

Les amours interdits

Les mythes grecs en regorgent. Acrisios, le père de Danaé, l’ayant enfermée dans une tour d’airain, Zeus se métamorphose en pluie d’or qui tombe sur la princesse. De cette union originale naît Persée. Notez le motif largement réutilisé dans nombre de fictions de la demoiselle en détresse enfermée dans une tour.
Lorsque Acrisios apprit la chose, il ne voulut pas croire que Zeus fût le père et soupçonna son frère Proetos d’avoir eu des rapports secrets avec Danaé.
Minos, roi de Crète, n’ayant pas respecté sa promesse envers Poséïdon, celui-ci par vengeance inspira à Pasiphaé (femme de Minos) un amour fou pour un magnifique taureau blanc. Par un subterfuge mis au point par Dédale, le taureau blanc et Pasiphaé s’accouplèrent et donnèrent naissance au Minotaure.
Phèdre (femme de Thésée) tombe amoureuse de son beau-fils Hyppolite que Thésée a eu d’une précédente union avec Antiope.
Peut-être la relation incestueuse la plus célèbre est celle entre Œdipe et Jocasta.

L’idée est que toute relation amoureuse qui dévie de la norme soit un amour interdit amenant ainsi une histoire pour le moins intrigante. En fait, lorsqu’il s’agit de conter une histoire dans un esprit contestataire, les amours interdits ont souvent une place importante.

Bien sûr, les amours interdits dépendent des valeurs de l’auteur. Par exemple, l’homosexualité est-elle un amour interdit ? Chacun y apportera sa propre réponse.
Dans Mort à Venise de Luchino Visconti et Nicola Badalucco, d’après la nouvelle éponyme de Thomas Mann, Gustav von Aschenbach, vieux compositeur en villégiature est troublé par un jeune adolescent androgyne. Cet amour (interdit ?) le consumera jusqu’à remettre en question les certitudes de sa vie tout entière et ignorer la menace de l’épidémie de Choléra.

Les motivations de quête, de survie et d’amour et de haine se bonifient lorsque se greffent par-dessus des amours interdits. Si vous estimez votre intrigue un peu trop conventionnelle, un amour interdit pourrait vous permettre de sortir des sentiers battus.

A lire :
QUESTIONS D’INTRIGUE

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