Dans la théorie des contes de Vladimir Propp, le méchant de l’histoire est généralement vaincu à mi-chemin des 31 fonctions ; c’est ce que l’analyse de Propp a révélé sur la structure narrative et les éléments communs que l’on trouve dans les contes populaires russes traditionnels. Les 31 fonctions sont un ensemble de fonctions narratives ou d’événements qu’il a identifiés comme des éléments récurrents dans ces contes.
La structure des contes populaires russes, telle qu’elle est décrite par Propp, suit souvent un schéma dans lequel le héros ou l’héroïne entreprend un voyage qui est d’abord une quête, rencontre divers défis et adversaires et finit par triompher du méchant ou de l’antagoniste principal. Ce schéma est divisé en différentes étapes ou fonctions, et la défaite du méchant se produit généralement à mi-parcours.
Une progression narrative
La défaite du méchant au point médian sert à faire avancer le récit et à créer un sentiment de progression. Cela permet à l’autrice ou à l’auteur de renforcer la tension dramatique et de maintenir l’intérêt du lecteur ou de la lectrice. En effet, ce moment du point médian est une articulation dramatique majeur. La défaite du méchant marque souvent un tournant important dans le récit. Jusqu’à ce moment, le méchant peut avoir pris le dessus, provoquant des conflits et des défis pour le héros ou l’héroïne.
Lorsqu’ils finissent par le vaincre, cela représente un retournement de situation et un changement dans la dynamique du pouvoir. Ce renversement crée un sentiment de tension dramatique car la lectrice et le lecteur sont impatients de voir comment l’histoire se déroulera à la suite de ce changement de circonstances.
Avant la défaite du méchant, il y a un sentiment d’incertitude qui accompagne le péril des situations décrites. La lectrice et le lecteur ne savent pas si l’héroïne ou le héros réussiront dans leur quête ou s’ils seront confrontés à l’échec. Cette incertitude génère de la tension dramatique et du suspense, qui sont des éléments essentiels de l’art dramatique.
Ils s’investissent émotionnellement dans l’issue de l’histoire et attendent avec impatience la résolution du problème. La défaite du méchant au point médian permet de créer une dynamique narrative. Elle est souvent considérée comme le point culminant de la première partie de l’acte Deux afin de donner un nouvel élan à l’intrigue. Une fois l’antagoniste principal éliminé, le récit peut explorer de nouveaux défis, conflits ou obstacles, ce qui maintient l’intérêt du lecteur et de la lectrice, curieux de connaître la suite.
La défaite du méchant peut également permettre à l’héroïne et au héros de développer leur personnage. La victoire sur un adversaire important peut mettre en évidence leur croissance, leur force et leur ingéniosité. Ce développement du personnage ajoute de la profondeur à l’histoire et suscite l’émotion du lecteur et de lectrice qui observe la transformation de cette héroïne et de ce héros.
La résolution du conflit
Lorsque le méchant de l’histoire est vaincu, le lecteur et la lectrice éprouvent souvent un sentiment d’apaisement et de catharsis. Ils se sont investis dans la lutte de l’héroïne ou du héros et veulent que justice soit faite ou que le conflit soit résolu. Ce moment de victoire ou de châtiment peut être émotionnellement satisfaisant et contribuer à l’impact dramatique global de l’histoire.
Si la défaite du principal antagoniste est un accomplissement important, elle ouvre également la voie à de nouveaux défis et conflits. Le lecteur et la lectrice anticipent les obstacles auxquels l’héroïne et le héros seront confrontés, ce qui entretient leur intérêt et maintient la tension au fur et à mesure que l’intrigue se déroule. Dans l’ensemble, vaincre le méchant au milieu d’un récit est une technique de narration qui permet de structurer le récit, de faire monter la tension et de créer un arc dramatique satisfaisant qui retient l’attention du lecteur et de la lectrice et les engagent émotionnellement dans la progression du récit.
Selon Propp, les contes ont une nature séquentielle. La défaite du méchant représente souvent un tournant dans le récit. Une fois que le héros ou l’héroïne ont vaincu l’antagoniste principal, l’intrigue principale peut se concentrer sur la résolution d’autres intrigues secondaires, sur l’introduction de nouveaux personnages (c’est d’ailleurs la dernière limite pour introduire de nouveaux personnages) ou sur l’exploration de nouveaux défis.
Dans de nombreux contes populaires, l’objectif principal du héros et de l’héroïne est de vaincre le méchant ou les forces du mal. La réalisation de cet objectif au point médian permet au héros et à l’héroïne de passer à d’autres tâches ou d’autres objectifs. Les suites d’un affrontement avec le méchant peuvent être l’occasion pour le héros ou l’héroïne de se rétablir, de guérir et de se reconstruire. Il peut s’agir d’un rétablissement physique ou émotionnel, de la restauration de leur communauté ou de leur royaume, ou de la réparation des relations entre les personnages endommagées pendant le conflit.
Une fois la principale menace éliminée, l’héroïne et le héros peuvent s’épanouir et se développer. Ils peuvent être confrontés aux conséquences de leurs actes, à leurs nouvelles responsabilités ou à des conflits intérieurs qui avaient été mis de côté pendant la quête principale. Le héros et l’héroïne peuvent avoir à faire face aux conséquences de leurs actions, tant positives que négatives. Leur victoire sur le méchant peut avoir des répercussions inattendues, et ils doivent faire face à ces problèmes.
La direction que prend le récit après la victoire initiale du héros ou de l’héroïne dépend des objectifs et des thèmes de la narration, ainsi que des personnages impliqués. Elle permet à l’histoire de rester captivante et dynamique, en explorant les conséquences du triomphe du héros et de l’héroïne et les défis qu’ils ou elles doivent relever dans un monde qui a changé.
S’il vous plaît quelquers euros pour nous permettre de pérenniser Scenar Mag et de rester à vos côtés. Merci
