ADAPTATION : QUELQUES RÉFLEXIONS

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Depuis qu’il y a des films, il y a probablement des individus qui insistent, avec une certitude absolue, sur le fait que le film n’est jamais aussi bon que le livre. Il s’agit souvent d’une position sincère, fondée sur ce que seul un livre peut nous apporter : le niveau de détail, le développement minutieux des personnages, une prose dépouillée ou élégante.
Il serait plus simple et plus juste de dire que le film (ou la série) n’est pas le livre. Jamais. Et j’aimerais proposer que nous cessions de leur demander de l’être. Cessons de souhaiter que la même chose se produise sur la page et à l’écran car ce ne peut être la même chose. Parce qu’une adaptation est une relecture.

L’adaptation ne peut être fidèle

Un récit est une série de choix. Transposez cette histoire sur un nouveau support et c’est une toute nouvelle série de choix qui s’offre à vous. Ces choix ne sont plus le fait d’une seule personne – l’auteur ou l’autrice – mais de toute une équipe. Chacun d’entre eux a un rôle à jouer dans la relecture de ce récit.

Les adaptations, lorsqu’elles passent du livre à la série télévisée ou au film, introduisent une série de nouveaux choix qui doivent être faits afin de traduire efficacement le matériel original dans un média différent. Ces choix englobent divers aspects de la narration, de la représentation visuelle (l’imaginaire produit par les mots, le sensible produit par les images et les sons), du rythme et de l’engagement du lecteur/spectateur.
Les livres s’appuient largement sur des descriptions textuelles, c’est-à-dire les mots et chaque mot évoque un sens particulier, pour évoquer des images dans l’esprit du lecteur ou de la lectrice, ce qui permet une interprétation personnalisée. Dans une adaptation, les choix visuels sont essentiels pour transmettre l’univers de l’autrice et de l’auteur au lecteur/spectateur. Il s’agit notamment des décisions concernant les décors, les costumes, le maquillage et les effets visuels.

Les livres sont capables d’explorer longuement les pensées, les antécédents des personnages et de travailler longuement les intrigues secondaires. Dans les adaptations, le rythme devient une considération essentielle en raison des contraintes de temps. Les scénaristes et les réalisateurs doivent décider ce qu’il faut condenser, omettre ou réorganiser pour respecter la durée limitée d’une série ou d’un film.

Les personnages peints à l’écran ne seront jamais tout à fait les mêmes que ceux produits par les images mentales lors de la lecture d’une œuvre. Les personnages perçus et les images mentales des lecteurs et lectrices sont deux concepts liés mais distincts dans le contexte de la littérature. Les personnages perçus sont les personnages tels qu’ils sont décrits et présentés par l’autrice et l’auteur dans le texte du récit. Les auteurs et les autrices utilisent des mots pour créer une représentation visuelle et émotionnelle des personnages, y compris leur apparence physique, leurs traits de personnalité, leurs pensées, leurs sentiments et leurs actions.
Ces descriptions fournissent aux lectrices et aux lecteurs une fondation sur laquelle ils peuvent construire leurs images mentales des personnages. Ces images mentales se forment dans l’esprit des lecteurs et des lectrices au fur et à mesure qu’ils ou elles s’intéressent au texte. Elles sont propres à chaque individu et sont influencées par divers facteurs, notamment les expériences du lecteur et de la lectrice, leur imagination, leur milieu culturel, leurs préférences personnelles et les indices descriptifs fournis par l’autrice ou l’auteur.

Les lectrices et les lecteurs font appel à leur imagination pour donner vie aux personnages, aux décors et aux événements décrits dans l’histoire, créant ainsi un film mental qui correspond à leur interprétation personnelle du texte.

L’imagination

Les lecteurs et les lectrices apportent leur propre imagination et leurs expériences de vie au processus de lecture. Cela signifie que deux lecteurs ou lectrices différents peuvent interpréter les mêmes descriptions textuelles de manière légèrement, voire très différente, ce qui entraîne des variations dans la manière dont ils se représentent mentalement les personnages.

Les différences entre la façon dont les lecteurs et les lectrices se représentent mentalement les personnages dans les livres et la façon dont le lecteur/spectateur perçoit les personnages dans les films découlent des différences entre ces deux formes de médias. Lorsqu’ils lisent un livre, les lecteurs et les lectrices font appel à leur imagination pour créer des images mentales des personnages sur la base des descriptions textuelles. Ces images mentales peuvent varier considérablement d’une lectrice ou d’un lecteur à l’autre en raison de l’interprétation individuelle et des expériences personnelles.

Dans les films, les personnages sont représentés visuellement par des acteurs, des costumes, du maquillage et des décors. La représentation visuelle est fournie directement par les réalisateurs, ce qui laisse moins de place à l’interprétation individuelle. Les adaptations cinématographiques fournissent une interprétation visuelle unique des personnages, partagée par tous les lecteurs/spectateurs.
La vision du réalisateur et des autres corps de métier influence la manière dont les personnages sont représentés, et les perceptions des lecteurs/spectateurs sont influencées par ces choix visuels. En revanche, chaque lectrice et chaque lecteur apportent leur propre interprétation et leur propre imagination à l’expérience de la lecture. Il peut en résulter des images mentales diverses et personnalisées des personnages. Les lecteurs et les lectrices ont la possibilité d’ajuster leurs images mentales des personnages au fur et à mesure de la lecture, ce qui permet une visualisation dynamique et évolutive tout au long de la narration.

Une fois que les personnages sont représentés visuellement dans un film, leur apparence est figée pour toute la durée du film. Le lecteur/spectateur ne jouit pas de la même liberté pour modifier l’aspect visuel des personnages. Les écrivains ont la possibilité d’approfondir les pensées, les émotions et les expériences intimes de leurs personnages. Les lectrices et lecteurs peuvent ainsi mieux comprendre la personnalité et les motivations des personnages. Mais en raison des contraintes de temps, les films donnent souvent la priorité aux actions et aux dialogues extérieurs.

Les pensées et les émotions intérieures peuvent être transmises par des expressions faciales et des dialogues limités, ce qui peut donner une vision moins complète de la profondeur des personnages. Les livres peuvent explorer des perspectives multiples, des monologues intérieurs et une construction extensive du monde. Les adaptations doivent souvent rationaliser le récit, en choisissant les intrigues à mettre en avant et celles à simplifier ou à supprimer pour maintenir la cohérence dans le nouveau format.

Les livres peuvent plonger dans les pensées des personnages et fournir des explications par le biais de monologues internes. Les adaptations doivent trouver des moyens de transmettre ces informations par le biais de dialogues, d’actions ou d’indices visuels afin d’éviter un excès de narration qui ne serait pas naturel.

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