Les personnages existent dans un contexte. Et ce contexte se détermine essentiellement dans la relation qu’entretient un personnage avec ce qui l’entoure. Ainsi, sa relation aux autres et peut-être bien aussi sa relation à l’autre qu’il est lui-même sont des éléments de réponse qui servent à la construction de ce personnage.
Tenir compte de chaque aspect du personnage, c’est-à-dire non seulement ce qu’il offre aux regards d’autrui mais aussi son revers voire même ses côtés, est une nécessaire exploration en tant qu’autrice et auteur.
Le personnage principal sera celui qui bénéficie le plus de présence au cours du récit.
Le contexte définit le personnage
La signification d’un personnage, ce pour quoi il existe dans ce récit, s’élabore à partir de son contexte. Il est vain alors d’inventer des traits de caractère ou des activités qui ne soient pas déjà reliés à ce contexte singulier dans lequel il évolue.
On ne découvre vraiment un personnage qu’au cours du récit. Certes, on possède déjà quelques idées le concernant, on a pensé ce personnage mais c’est souvent avec soi-même comme arrière-plan. Savoir qui est un personnage est un processus non linéaire : on le découvre en revenant sur des scènes passées, en se demandant pourquoi à ce moment-là, il a agi ainsi ou fait tel choix. Peut-être même peut-on convenir avec soi-même que la décision prise antérieurement ne coïncide pas avec la maturité nouvellement acquise au cours des scènes qui ont suivi.
Explorer la mémoire d’un personnage est très utile pour, certes, lui donner une personnalité mais pour lui donner une réalité, le qualifier afin de le différencier, c’est par ses relations aux autres que l’autrice et l’auteur peuvent y parvenir.
Considérons Kurtz, le personnage inventé par Joseph Conrad dans Au cœur des ténèbres : il nous est décrit par le narrateur comme une légende mais si nous replaçons le récit dans le propre contexte de Joseph Conrad (1899), nous sommes aux temps du colonialisme et Kurtz se distingue parce qu’il a renoncé à toute contrainte et vit dorénavant parmi les indigènes.
Nous sommes prompts à juger. Lorsque nous découvrons un personnage, nous conservons longtemps une première impression. Seulement, un personnage suit un parcours. Que ce parcours soit héroïque ou non importe peu. Ce qui importe, c’est qu’à la fin du parcours, le personnage est un autre.
En conséquence, un personnage n’est pas un, mais deux. Donc, ne multipliez pas le nombre de vos personnages.
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