DE LA SCÈNE

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Construire une œuvre de fiction, c’est poser des scènes comme on pose des briques. Dans une scène, il se passe quelque chose, quelque chose de spécifique qui donne à la scène (pour l’autrice et l’auteur) une espèce d’urgence, de nécessité à s’intégrer au tout.
Une scène présente une unité d’action, elle est le moyen de conter l’histoire et le moyen des situations dramatiques.

Une scène se justifie à la suite d’un changement. L’action prend place ailleurs et à un autre moment. Il existe une relation entre les différentes scènes. Elles se lient d’une manière telle qu’elles donnent à la lectrice et au lecteur une compréhension du déroulement de l’action ou de l’intrigue.
La durée d’une scène est imposée par la scène elle-même. Néanmoins, lorsqu’une scène s’étend sur plus de trois pages (ce qui représente environ trois minutes), le lecteur/spectateur semble s’impatienter.

In media res

C’est une règle d’écriture : on entre dans la scène le plus tard possible alors que l’action a déjà débutée et on en sort le plus tôt possible. Dans une scène, on ne tergiverse pas.
Une autre règle d’écriture veut qu’une action provoque une réaction. Dans la vraie vie, une action peut rester lettre morte mais en fiction, on a besoin de connaître les conséquences des décisions ou des attitudes d’un personnage.

Il ressort d’une scène trois rapports essentiels : les relations entre les personnages, la relation entre la scène elle-même et le récit dans son ensemble (c’est-à-dire le tout) et la relation singulière qu’une scène entretient avec le lecteur/spectateur (l’effet recherché par l’autrice et l’auteur).
Ces relations sont amenées par le sentiment de causalité qui semble se dégager d’une scène. Quelle que soit la conséquence apparente, elle est le fruit de conditions a priori. La causalité n’est pas une contrainte, elle ne limite en rien la créativité. Elle participe seulement à l’intelligence du récit : en quelque sorte, elle le rend intelligible en orientant la fonction bien humaine qu’est l’imagination vers un imaginaire voulu par l’autrice et l’auteur.

Dans un scénario, ce qu’il se passe dans la tête d’un personnage ne se voit pas. C’est son comportement, ses attitudes, ce qu’il dit & fait qui nous renseignent de ce qu’il pense. La première impression qu’on tire d’un personnage lors de notre première rencontre avec lui est essentielle à la détermination de ce personnage.
Il est bon pour l’auteur et l’autrice de passer du temps à bien penser chaque personnage. C’est-à-dire à l’interroger : par exemple, quels souvenirs retient-il de son enfance ? Ou du moins quels sont les deux ou trois souvenirs qui ont décidé de sa personnalité actuelle ? Ces informations ne seront peut-être pas pertinentes pour le récit. Qu’importe puisqu’elles nous permettent une intimité avec nos personnages.

Il suffit d’un rien pour exciter notre imaginaire. L’image que renvoie un personnage de lui-même reste dans l’esprit du lecteur/spectateur et cet imaginaire s’emplit d’images, de figures, de représentations. C’est une possibilité puissante pour l’autrice et l’auteur.
Ainsi, l’introduction d’un personnage dans le récit peut décider de l’impression bonne ou mauvaise qu’il laissera immédiatement dans l’esprit du lecteur/spectateur. Une image qu’il lui sera difficile de se défaire par la suite (ce peut être aussi un outil pour prendre le lecteur/spectateur à contre-pied de son attente du comportement d’un personnage).

Être précis

Dans un scénario, on n’a pas vraiment le temps de développer très en profondeur un personnage. Il faut certes le montrer sous toutes ses faces (son avers, c’est-à-dire ce qu’il offre aux regards d’autrui ; son revers, c’est-à-dire le soi de sa conscience de soi car un personnage est d’abord un sujet). Il est utile alors de ne retenir pour le définir que les traits de personnalité les plus marquants : ceux qui permettent de le différentier parmi l’ensemble des personnages (Dramatis Personæ).

Utiliser les fonctions archétypales facilitent le travail de l’autrice et de l’auteur : l’archétype fournit un ensemble de traits qui lui appartiennent en propre et qui le définissent : protagoniste, mentor, Love Interest.. sont de telles fonctions archétypales.
L’archétype délimite un personnage mais l’autrice et l’auteur peuvent lui attribuer des traits complémentaires afin de le modeler pour le rendre compatible avec les situations dans lesquelles ils le jettent ou pour surprendre le lecteur/spectateur lors d’une action ou d’une contre-réaction de sa part.

La grande majorité des scènes sera dramatique. Lorsqu’une scène ne présente pas de conflit, c’est-à-dire lorsqu’elle est exposition ou analepse, il est important de bien penser sa pertinence car ce type de scènes sont comme des lignes verticales sur la ligne horizontale d’un mouvement vers l’avant du récit.
La verticalité bloque l’avancée de l’intrigue et c’est toujours un risque qu’il faut savoir assumer. Une scène dramatique se structure comme un récit : elle intensifie le conflit déjà en cours dans votre récit et atteint un seuil de crise se concluant sur un point d’orgue.

Une scène manifeste ce que font et disent les personnages. Sous cette apparence, il faut penser ce qu’il se passe sous la surface c’est-à-dire la signification véritable de ce qui se dit et fait.

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