MOUVEMENTS EN DEUX TEMPS

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Montrer une chose, c’est en préparer une autre. Considérons cette scène de African Queen :

la petite embarcation de Charlie et Rose s’est enlisée dans un banc de sable. Charlie tente de la dégager. N’y parvenant pas, il remonte dans la barque. Rose s’aperçoit alors qu’il est couvert de sangsues ce qui met Charlie en panique.
Bientôt, les personnages réalisent qu’il n’y a pas d’autres moyens de sortir de cette situation qu’en retournant dans la rivière. On peut presque sentir l’effroi de Charlie lorsqu’il prend conscience que c’est la seule solution. C’est ainsi que le courage de Charlie nous est démontré. Lorsqu’il commence à descendre dans la rivière, nous savons à quel point il est courageux. Nous savons qu’il est confronté à un obstacle particulièrement grand pour lui. Nous pouvons mesurer sa bravoure à l’aune de la peur qu’il a connue auparavant. L’effet est obtenu en deux temps.

Autre Exemple : Rencontres du troisième type

Roy est perdu. Il stoppe son véhicule pour essayer de se situer. Un autre véhicule se présente derrière lui et Roy lui fait signe de le contourner. Juste après, une scène similaire se répète. L’anaphore ici est destiné à créer la surprise. Cet effet de surprise renforce non seulement l’attention sur ce qu’il se passe dans cette séquence mais nous rapproche aussi de l’expérience de Roy : nous savons ce que c’est non seulement de se sentir perdu mais aussi la violence verbale souvent injustifiée qui s’ensuit.

À son insu, les phares situés derrière le camion de Roy s’élèvent verticalement. Cela fonctionne si bien parce que nous avons vu les phares précédents se comporter de manière normale, de sorte que nous avons maintenant une comparaison (encore de la rhétorique) entre ce qui est normal et ce qui est étrange.
Dans une telle construction en deux moments, il faut noter que le premier temps ne prévoit pas une issue favorable. Charlie est couvert de sangsues, Roy se fait insulter : cet espèce de mécanisme crée une tension dramatique dans laquelle le second temps peut alors s’exprimer.

Sans cet espace dramatique, le mouvement ne peut s’accomplir dans sa totalité et l’effet voulu par les auteurs n’est pas réalisé.

Une comparaison

Imaginons qu’une stratégie est mise en place par l’héroïne ou le héros pour affronter une situation à venir. Théoriquement, le plan semble vouloir fonctionner.
Lorsqu’il se concrétise, il échoue. Et le lecteur/spectateur peut prendre la mesure de cet échec parce qu’il lui est donné la possibilité de le comparer. L’effet dramatique est obtenu parce qu’il y a deux termes ou expressions de comparaison.

Si l’échec d’une tentative est la seule chose qui soit montrée, le lecteur/spectateur ne comprendra pas sa portée dans le récit. Il faut prendre le temps d’expliciter la tentative. Ce n’est rien autre qu’un dialogue entre l’autrice et l’auteur & sa lectrice ou son lecteur.

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