LE TRAITEMENT

5
(1)

Le traitement est un objet qui se suffit à lui-même et qui condense les éléments les plus importants du projet. C’est quelque chose qui peut être assez compliqué à concrétiser. Le traitement mentionne la prémisse comme point de départ, puis une liste des personnages et enfin le synopsis. C’est une forme habituelle qui a le mérite de communiquer trois informations qui, si elles atteignent l’attention de la lectrice et du lecteur, s’enchaînent sans effort.

Le traitement participe du processus de développement de l’idée (que l’on peut confondre avec la prémisse). Un traitement doit contenir tous les éléments essentiels du récit : le synopsis y donne la succession des scènes, fait apparaître les thèmes et établit le ton de l’œuvre, c’est-à-dire l’effet que l’on espère atteindre sur le lecteur/spectateur.

Convaincre

Le traitement est conçu de manière à convaincre celui ou celle qui le lit. A travers le traitement, c’est la personnalité de l’autrice et de l’auteur que l’on devine.

L’impression que l’on tire de la lecture du traitement est ce qui décide de la valeur que l’on est prêt à accorder au projet. Si, à travers les quelques pages du synopsis, un grand huit d’émotions nous fait osciller entre espoir & désespoir par exemple ou entre joie & tristesse, nul doute que notre attention demeurera rivée sur les mots.
Un texte qui ne parle que du bonheur ou bien de désespérance ne fonctionnera pas. Dans ce cas, il faut oublier la possible dualité que l’on perçoit dans les choses car le bonheur ne se comprend pas sans la désespérance ou la désespérance ne signifie rien si elle n’est pas comparée au bonheur.

L’émotion se produit lorsque ce que l’on voit immédiatement nous touche. Cette sensation est obtenue par la capacité des mots sur la page à créer des images dans l’esprit de la lectrice et du lecteur qui s’émeuvent alors de ce qui a surgi dans leur esprit sans que la raison ne soit intervenue.

Le traitement consiste à rendre votre scénario davantage visuel. Tout en étant concis, presque avare de ses mots, décrire une attitude révélera la pression que subit un personnage comme par exemple (la main tremblante) avant de dire un dialogue.
Mais le traitement ne mentionne pas les dialogues, m’objecterez-vous. En effet, le traitement dépeint une situation et le scénario, lors du processus d’écriture, tirera de cette vue d’en-haut le détail de cette main tremblante.

Le traitement expose l’événement alors que le scénario nous le fait vivre de l’intérieur. Il y a un rapport inexprimé entre ces deux textes. L’inventivité se situe dans leur juxtaposition.

Pourquoi un traitement ?

La première tâche d’un traitement est d’établir le contexte, c’est-à-dire le lieu et le temps du récit. De cette étendue et de ce temps, on peut tirer un contexte social, politique.. historique, religieux.. qui servira d’arrière-plan aux événements.

Souvent, après que le personnage principal ait pris la décision de s’engager dans son aventure, l’environnement dans lequel prendront place dorénavant les événements sera différent et surtout nouveau pour lui.

Le contexte est important parce qu’il permet à la lectrice et au lecteur de s’ancrer eux-mêmes par rapport au récit. La dernière chose que vous souhaitez est que votre lecteur et votre lectrice se sentent perdus. Le contexte est quelque chose de concret auquel ils peuvent se rattacher.

A travers le traitement se dessine aussi le genre dans lequel s’inscrit le récit. Autre élément important du traitement est l’introduction du personnage principal et concernant celui-ci tout ce qui est pertinent au récit, c’est-à-dire essentiellement ce qui a trait à son passé.
La pertinence n’est pas tant au niveau du récit mais par l’impression que ce passé imprime dans l’esprit du lecteur et de la lectrice. Par exemple, a t-il été élevé parmi une classe aisée, au sein d’une riche famille d’industriels, dans une classe d’ouvriers, dans une famille à la longue tradition militaire.. ces informations nous sont nécessaires pour nous donner une idée de qui est ce personnage et si son apparence et l’autre face de celle-ci, c’est-à-dire sa réalité intérieure, coïncident avec ses attitudes & paroles dans le moment présent du récit.

Et puisqu’un protagoniste n’a de sens que s’il est juxtaposé à une force antagoniste, le traitement se doit aussi d’introduire l’antagoniste. C’est ce qui fait l’unité du drame.

Même si une chose appartient à une succession, vous pouvez toujours prendre l’un des moments comme point de départ. Celui-ci sera la routine de vie qui constitue l’activité habituelle du personnage principal lorsque nous faisons sa connaissance.
Elle n’a d’intérêt que parce qu’elle sera rompue. Et cela a des conséquences.

Le thème

Le thème est universel. Une foule d’autrices et d’auteurs s’emparent des mêmes thèmes qu’ils discutent de manière créative, leur donnant un éclairage nouveau. Ce dont ils parlent n’est pas concret. Admettons que la barbarie nous soit naturelle. Il est facile de décrire des actes cruels mais la violence ne sera pas la question thématique. Elle est matérielle, sensible car nous la percevons ou la vivons.
Le thème portera sur notre aptitude à aimer notre prochain et que cet amour de l’autre nous est transcendant. Maintenant, il y a un thème : celui de l’origine de cette transcendance. D’aucuns parleront de religion, d’autres que cette religion est une espèce d’opium. Chaque auteur et chaque autrice ont leur propre conviction et ils l’exposent de leur façon très singulière.

Cette façon se fonde sur les émotions & les passions qui constitue un langage universel. Permettre de voir & de reconnaître est l’activité de l’autrice et de l’auteur. Par les attitudes & les paroles d’un personnage, nous reconnaissons ce qu’il éprouve.
Par le regard du personnage, nous vivons de l’intérieur la situation décrite dans une scène. Quelle que soit la classe sociale à laquelle nous appartenons, que nous soyons homme ou femme, quelle que soit la culture ou l’époque, il y a dans le thème une préoccupation commune. C’est un moyen de connecter le lecteur/spectateur avec ce qu’il se déroule dans le récit même si le monde décrit dans ce récit est un lieu peuplé de fées et de dragons.

Ce qu’il se passe dans un récit crée une résonance chez son lecteur/spectateur même si la réalité décrite est totalement imaginaire. On suspend son jugement lorsque la passion nous submerge. Dans un récit, les mots de l’autrice et de l’auteur possèdent cette puissance de l’émotion. Quelle que soit l’étendue du vocabulaire, le choix et l’ordonnancement des mots sur la page excite en nous, lecteur/spectateur, l’effet recherché.

C’est aller au-delà du physique. C’est penser ce qui n’est pas palpable.

Certes, il est difficile d’écrire un traitement lorsqu’on ne sait pas encore ce que sera la totalité du récit. Le traitement expose une idée et cette idée se développera et se transformera progressivement. Le traitement est un moment du processus d’écriture qui se construit et se déconstruit selon l’avancée du projet.
Ce n’est pas parce que vous avez envisagé la mort du héros dans un premier jet du traitement que vous devez vous tenir à cette idée. Impliquez-vous dans votre récit. Vous avez peut-être choisi la mort du héros par souci esthétique mais si cela déplaît à ce que vous ressentez vraiment, si cela est contraire aux expériences que vous avez vécues, revenez à votre vérité. Imprimez votre récit de vous-mêmes.

Merci de nous aider à financer nos recherches. Faites un don.

Comment avez-vous trouvé cet article ?

Cliquez sur une étoile

Average rating 5 / 5. Vote count: 1

No votes so far! Be the first to rate this post.

Cet article vous a déplu ?

Dites-nous pourquoi ou partagez votre point de vue sur le forum. Merci

Le forum vous est ouvert pour toutes discussions à propos de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.