La pensée occupe l’esprit d’un personnage. Pourquoi en serait-il autrement en fiction que dans la vie réelle ? Qu’on la nomme intention ou but, attente ou imagination, considération, qu’elle soit opinion (cette doxa qui se constitue paradoxalement de pensées qui ne nous appartiennent pas) ou croyance, elle est aussi la faculté de raisonner et c’est un critère qui nous distingue, nous les hommes, dans le monde animal.
La pensée imprègne non seulement les personnages mais aussi le récit tout entier (par les thèmes qu’il convoque par exemple) et les scènes qui le composent (qui doivent être pensées par l’autrice et l’auteur). Les pensées représentent les réflexions du personnage, le sentiment d’identité qu’il est censé projeter sur le lecteur/spectateur, ses réactions car ce qu’il se passe dans son esprit excite son corps à agir & réagir, ses croyances, les justifications qu’il se donne à lui-même qui sont souvent un mensonge qui le rassure mais qui sont autant des obstacles personnels qu’il doit dépasser, les traces qu’a laissé le passé et ses désirs.
La pensée se manifeste
Lorsqu’un personnage participe à une scène, c’est qu’il possède un objectif. Il doit donc posséder une raison sérieuse de demeurer dans la scène. L’autrice et l’auteur s’interrogent sur sa présence, c’est-à-dire sur son intention à ce moment du récit.
Les objectifs motivent toutes les actions du personnage, car ils sont les principales forces motrices derrière le comportement humain. L’autrice et l’auteur comprennent ces forces invisibles qui meuvent le personnage. Un héros par exemple qui a perdu sa femme et ses enfants dans un accident ou une catastrophe naturelle s’enveloppera d’une telle culpabilité que la majorité des scènes dans lesquelles il apparaît seront forgées autour de cette preuve de sa responsabilité (le manque d’attention parce que l’activité professionnelle a pris le dessus sur sa vie, l’habitude de l’autre qui érode la passion de l’autre..).
L’indétermination ou l’indécision d’un personnage dans une scène rend confus sa présence auprès du lecteur/spectateur, à moins que ce soit cet effet qui soit recherché par l’autrice et l’auteur. Mais généralement le personnage est en quête d’un résultat.
L’intention est la balise qui guide l’action dans une scène. Elle s’embue de passion et tend l’esprit vers l’obtention de quelque chose. Ainsi, le personnage n’est pas la victime passive des circonstances. Lorsque l’autrice et l’auteur jettent un personnage dans une situation, c’est qu’eux-mêmes sont déterminés à l’écriture d’une scène.
Le drame se constitue de conflit, c’est-à-dire d’actions opposées. Sans une action passionnée, il ne peut y avoir de conflit. Le conflit se traduit souvent dans le refus. Un personnage propose ou exige d’un autre qu’il s’engage dans une action, mais l’autre n’accepte pas immédiatement.
Cette négation participe du drame et non de l’intrigue qui réclame au contraire cette acceptation pour continuer sur son mouvement. Le conflit ne fera que sortir d’une situation où les personnages sont vraiment dévoués à leurs propres résultats, dressés contre d’autres qui ont des désirs opposés.
L’intention d’un personnage ne peut être secrète. La lectrice et le lecteur ont besoin de comprendre ce qu’il se passe dans l’esprit du personnage et qui se manifeste dans son intention. Le comportement et les dialogues (c’est-à-dire ce qui se voit et s’entend) sont alors de la matière dramatique.
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