THÈME & ARC DRAMATIQUE

5
(1)

Pour Lajos Egri, le thème et l’arc dramatique sont étroitement liés. Le thème d’une histoire fait référence au sens profond de ce récit. Toutes les œuvres littéraires traitent de certaines idées complexes, et le thème est la façon dont une histoire aborde ces idées.

Le thème d’un récit sera exploré à travers des éléments tels que les personnages, l’intrigue, les lieux et autres contextes (culturels, économiques, sociaux), les conflits, et même le choix des mots et les procédés littéraires comme la métaphore par exemple.

Tous les textes possèdent quelques idées : par exemple, le conflit entre génération illustré par les difficultés qu’un père rencontre à comprendre le point de vue de sa fille ou encore la jalousie qui détruit lentement un couple..
Ces idées au cœur du récit ne sont pas toujours évidentes à discerner mais elles existent néanmoins. Pour faire court, le thème serait donc le message porté par l’autrice ou l’auteur. Selon Lajos Egri, à travers l’évolution du personnage ou des personnages de l’histoire, ressort nécessairement le thème ou les quelques thèmes abordés. Se concentrer sur les personnages est alors la solution pour distinguer et comprendre ce qu’on cherche à dire.

Robert McKee & l’idée maîtresse

McKee n’emploie pas le mot thème. Il lui préfère l’expression de Idée maîtresse (Controlling idea). L’idée maîtresse identifie le passage d’une valeur positive à une valeur négative (ou vice versa) au moment du climax, c’est-à-dire du clou de l’histoire, suite à l’action finale du protagoniste, et explique le motif principal de ce changement.

Pour Robert McKee, cette valeur et cette cause sont les deux éléments intégrants du thème (ou idée maîtresse) et capturent la signification du récit, ce pour quoi un récit existe.

La valeur est la charge positive ou négative que l’on distingue au dénouement. Dans une fin positive, le bien triomphe, comme dans Un Jour sans fin, où le cynisme et l’égoïsme cèdent la place à l’amour et à l’altruisme ; dans une fin négative, les valeurs négatives l’emportent. Dans Les Liaisons dangereuses, la passion se transforme en dégoût de soi, entraînant une haine destructrice.

La cause, quant à elle, fournit la raison pour laquelle le monde du protagoniste a été transformé en une valeur positive ou négative. Dans l’écriture d’une histoire, nous remontons de la valeur finale jusqu’à la situation initiale (c’est-à-dire l’état psychologique dans lequel se trouve le protagoniste au début du récit si on se concentre sur le personnage ou bien sur l’état du monde si on adopte le point de vue plus englobant de Robert McKee), et nous recherchons les causes au sein du personnage, de la société ou de l’environnement qui ont provoqué ce changement.

Contrairement à Lajos Egri, Robert McKee ne considère donc pas que l’arc dramatique d’un personnage soit au cœur du récit et effectivement, comme l’a remarqué la théorie (et pratique) narrative Dramatica, la ligne dramatique du personnage principal est indépendante de l’intrigue qui consiste à atteindre un certain but. Ce qu’il se passe à l’intérieur du personnage est tout à fait subjectif alors que l’intrigue ordonne les événements du récit qu’elle nous invite à observer.

Mais c’est sur le plan intime, sur ce changement profond que connaît le protagoniste, que nous nous accrochons à l’histoire. Ce n’est pas tant de savoir si le personnage principal réussira ou non la mission qu’il s’est fixé qui nous passionne, plutôt de ressentir par quoi il passe intimement dans l’accomplissement de cette mission.
Considérez deux androïdes : l’un possède une intelligence artificielle qui raisonne logiquement ; l’autre est doté d’une intelligence artificielle capable d’émotions : c’est cet autre qui nous fascine même si les émotions qu’il ressent lui font accomplir des choses que la morale réprouverait mais que l’emprise des passions expliquent.

A toute idée, une idée contradictoire

Prenons que l’idée maîtresse (Controlling idea) est que le bien triomphe du mal lorsque les intentions d’un individu sont désintéressées. C’est donc la polarité Bien & Mal qui est convoqué dans cette idée. Alors que la Controlling idea définit le bien, elle est impuissante à raconter une histoire si elle n’est pas comparée au mal, c’est-à-dire à une idée contradictoire (ou Counter idea) qui réfute de manière tout à fait justifiée l’idée de bien.
Cette idée contradictoire serait par exemple que le mal triomphe lorsqu’un individu est prêt à recourir à tous moyens pour parvenir à ses fins.

Ce qui précède le dénouement est un climax, une acmé dans la tension consistant en une ultime confrontation entre le personnage principal et ce qui représente ce qui s’oppose à lui. McKee suggère que l’étude de ce climax permet de distinguer l’idée maîtresse qui anime votre œuvre.

Si vous maîtrisez cette Controlling idea, vous pouvez déduire l’idée contradictoire et commencer votre récit. L’idée maîtresse et l’idée contradictoire se retrouve dans la polarité (qui est un niveau supérieur d’abstraction du particulier au général : Justice & Injustice, Amour & Haine, Vertu & Vice..).

En participant avec vos dons à la pérennité de Scenar Mag, c’est à toute une communauté d’autrices et d’auteurs que vous participez. Aidez-nous. Faites un don. Merci

Comment avez-vous trouvé cet article ?

Cliquez sur une étoile

Average rating 5 / 5. Vote count: 1

No votes so far! Be the first to rate this post.

Cet article vous a déplu ?

Dites-nous pourquoi ou partagez votre point de vue sur le forum. Merci

Le forum vous est ouvert pour toutes discussions à propos de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.