Le conflit qui apparaît dans l’acte Un est bien souvent trop évident pour être fascinant. Hitchcock s’en servait même comme d’un McGuffin, c’est-à-dire un prétexte pour lancer l’intrigue.
Si votre personnage principal a juste à prendre la bonne décision pour se sortir d’affaires, alors vous passerez de l’acte Un à l’acte Trois négligeant tout à fait l’acte Deux, martèle William C. Martell.
Le dilemme est dramatique
Un conflit nécessite généralement un dilemme : les deux réponses possibles (une action, un choix, un projet) sont mauvaises. Soit il n’y a pas de bonne réponse, soit votre protagoniste est confronté à deux objectifs contradictoires.
Le personnage est à la croisée des chemins et il doit choisir le chemin à prendre. Il ne s’agit pas d’une décision facile entre ce qu’il veut et ce qu’il ne veut pas – soit il veut ce qui se trouve au bout des deux chemins mais ne peut choisir qu’un seul chemin (dans Jumeaux d’Ivan Reitman, lors du climax, julius doit choisir entre l’argent ou Vincent), soit les deux chemins mènent à des endroits où il ne préfère pas aller.
Cela crée un conflit qui ne peut pas être facilement résolu… ce qui alimente l’acte Deux en matière dramatique : une matière émotionnelle. C’est le genre de conflit qui déchire votre personnage… qui le forcera à creuser au plus profond de lui-même et à décider qui il est vraiment et ce qui compte vraiment pour lui.
Dans L’échange mis en mots par Tony Gilroy, Terry est un spécialiste des prises d’otages. Il est engagé par Alice pour négocier avec les ravisseurs qui ont pris son mari en otage. La problématique est que Terry tombe amoureux d’Alice.
Terry est face à un dilemme : s’il accomplit ce pour quoi il est payé, il renonce à la relation avec la femme qu’il aime ; s’il échoue, il demeurera peut-être auprès d’Alice mais il perdra son âme. De plus, Alice se demandera toujours si son échec n’est pas voulu… ce qui mènera à la fin éventuelle de leur relation.
Pour Terry, le choix de l’une ou l’autre option, de l’un ou l’autre chemin, ne peut être satisfaisant. Terry doit choisir entre le moins douloureux des choix : quelle voie sera la moins douloureuse émotionnellement ? S’il laisse David mourir, pourra-t-il vivre avec le sentiment qu’il a participé volontairement à la mort d’un homme ? Pourra-t-il regarder la femme qu’il aime sans se souvenir qu’il a aidé à tuer son mari ?
Ce conflit émotionnel ne laisse présager aucune issue possible pour Terry. Son partenaire veut qu’il fasse bien son travail et qu’il oublie cette femme. Leur réputation est en jeu. Qui les engagerait si l’on découvrait que Terry a causé la mort de son client ?
Mais le cœur de Terry le pousse dans la direction opposée. Il a enfin trouvé l’amour de sa vie… Peut-il le laisser s’échapper ?
Le devoir ou l’amour, tel est le dilemme de Terry. Il n’y a pas de juste réponse ; le choix est nécessairement difficile.
A la découverte de soi
Le protagoniste doit se débattre avec sa morale, revoir ses croyances et sonder les profondeurs de sa personnalité pour prendre une décision. Au fur et à mesure que le personnage teste chacun des deux chemins, en essayant de prendre une décision, il découvre des choses sur lui-même qu’il ne connaissait pas.
Il fait la lumière sur tous ces endroits sombres qu’il tente d’ignorer. Il est au bord de l’abîme et il est sur le point d’en sonder les profondeurs. La croisée des chemins est un moment émotionnel puissant dont les alternatives n’apportent aucune solution.
À la fin du deuxième acte, le personnage principal sera déchiré et ne peut échapper à l’urgence de la situation : il devra prendre une décision quant à la voie qu’il empruntera.
Cette décision n’entraînera pas seulement la résolution du conflit (dans l’acte trois), elle exposera également le thème de votre scénario – la morale de l’histoire. Assurez-vous de choisir la route qui illustre votre point de vue, rappelle William C. Martell.
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