LA QUESTION DU TEMPS

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Dans la vie réelle, le temps s’écoule. En fiction, il n’est peut-être pas nécessaire de se fier à cet ordre naturel des choses. Certaines histoires pourraient être très ennuyeuses si elles respectaient l’ordre chronologique.

Le temps morcelé et réarrangé peut créer de la tension dramatique (toujours la bienvenue dans un récit). En démêlant le passé, on en comprend ses ramifications dans le présent. Comprendre est dans notre nature humaine (une faculté que l’on oublie un peu trop souvent).

Le personnage ne dit pas tout

Quel qu’il soit, un personnage retient des informations. Si vous essayiez de raconter la même histoire de manière linéaire, vous sauriez tout depuis le début, le pourquoi et le comment de ce qu’il s’est passé autrefois pour créer la situation actuelle.

Quand on ignore ce qui cause tant de douleur ou d’angoisse à un personnage, on est accroché à lui plutôt qu’à l’action. Alterner le passé et le présent, désorganiser la chronologie peut être un moyen de connaître plus intimement un personnage que de longues explications psychologiques.

Jouer avec la chronologie des événements ne détruit pas l’intrigue. Lecteurs et lectrices pénètrent bien mieux une action lorsque celle-ci est In media res, c’est-à-dire que l’action a déjà commencé (au milieu des choses) lorsque l’auteur ou l’autrice nous l’exposent.

Néanmoins, on aimerait bien savoir ce qu’il s’est passé. Le lecteur/spectateur est aussi curieux que peuvent l’être un auteur ou une autrice.

Mais ce n’est pas évident à écrire. Il faut tenir compte de qui sait quoi dans les différents moments du récit. Maintenant et Autrefois possèdent chacun leurs propres lignes dramatiques qui les structurent.
Il semble plus facile de travailler des lignes dramatiques qui temporellement ne correspondent pas avec leurs propres personnages (que l’on retrouve maintenant) plutôt que de jouer avec des points de vue d’autrefois et de maintenant appartenant à des personnages différents. Ce sera le passé de l’un d’entre eux qui se dévoilera ainsi au fil de la lecture.

Repérez vos différentes scènes mais ne les figez pas. Gardez-vous la possibilité de les déplacer et assurez-vous que le nouvel arrangement qui ne sera pas forcément linéaire (des événements futurs par exemple sont décrits sans que nous en connaissions pour le moment les causes ; l’effet est posé avant la cause ou avant les conditions qui ont rendu possible cet événement) renforce vos thèmes.

Dans l’écriture, vous donnerez les causes d’un événement lorsque le récit l’exigera. Dans la vie réelle, un comportement s’explique souvent par le vécu, par les expériences. Mais alors que dans la vie réelle, le temps nous oblige, en fiction, nous sommes libres de son agencement.

Un récit non linéaire ne brise pas la structure en trois actes à laquelle le lecteur/spectateur est habitué. Mais créer un nouvel ordre des événements pique la curiosité. Cela pourrait intensifier le rapport entre l’écriture et la lecture, entre l’auteur et le lecteur.

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