SYNOPSIS : INDISPENSABLE A LA CREATION

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Il est important de développer des personnages au potentiel conflictuel, d’apprendre à les connaître, de leur trouver des motivations et faire en sorte que le lecteur éprouve de la compassion envers vos personnages choisis.
Ce travail de recherche préalable à l’écriture est bien plus efficace si vous prenez le temps de vous organiser avant de vous lancer tête baissée dans le processus d’écriture proprement dit. Cette organisation suppose un système.

Le synopsis en fait partie. Les biographies de vos personnages, les entretiens fictifs que vous auriez pu avoir avec eux, les grandes lignes de votre histoire en font aussi partie.

Le plan de votre histoire est nécessaire parce qu’il vous aidera à savoir où va votre histoire pendant que vous l’écrivez. Avec un plan, vous aurez l’assurance que le conflit supporte votre histoire (si vous n’êtes pas d’accord avec cette présupposition, les commentaires vous sont largement ouverts).

Ce plan ou synopsis est d’ailleurs beaucoup plus facile à écrire que l’histoire elle-même.
Parmi les éléments à faire ressortir, les objectifs, le conflit, les motivations sont des données si spécifiques qu’on peut les décrire en quelques mots. Cette concision assure clarté et évidence lors de l’écriture du scénario.

Par exemple, voici à quoi pourrait ressembler une fiche de personnage :

SON NOM :

SON OBJECTIF PERSONNEL, INTIME :
Généralement, il s’agit pour le personnage principal de surmonter un défaut dans sa personnalité, un problème personnel. Il y a quelque chose qui mine le personnage, qui l’a blessé il y a probablement longtemps et son comportement actuel s’en ressent.
Il lui faut surmonter cet obstacle intime.

SON OBJECTIF EXTERNE :
C’est sa mission dans l’histoire. Que doit-il faire dans cette histoire ? Que doit-il réussir à faire dans cette histoire ?

SON CONFLIT INTERNE :
C’est un combat psychologique que se livre le personnage en son for intérieur. C’est souvent la conséquence de pulsions ou de valeurs contradictoires.
Ce peut être un dilemme entre dire la vérité au risque de blesser ou de continuer à mentir pour préserver l’autre, par exemple.

Pour en connaître plus sur le conflit interne :

LE CONFLIT EXTERNE :
Ici, il faut déterminer comment les objectifs interne et externe interviennent sur le conflit extérieur au personnage.

SES MOTIVATIONS :
Les motivations rendent légitimes le conflit interne en lui donnant de la matière à modeler mais surtout, la motivation détermine la résolution inexorable du héros à poursuivre sa quête malgré toutes les obstructions et les volontés d’autrui de le détourner de sa mission.

Tentez aussi de fournir des explications sur ce qui cause cette motivation car définir une motivation, c’est à la fois la désigner mais aussi remonter jusqu’à sa genèse. Pourquoi une telle motivation ?

LE PREMIER TRAIT DE CARACTÈRE APPARENT :
Dans l’art scénaristique encore plus que dans tout autre domaine, la première impression est la bonne. Le premier trait de caractère qui suintera du personnage restera marqué dans l’esprit du lecteur tout au long de l’histoire (si vous êtes d’avis contraire, les commentaires sont là pour cela. N’hésitez surtout pas).

SON TRAIT DE CARACTÈRE LE PLUS FORT :
S’il est éventuellement différent du premier trait de caractère apparent.

SON TRAIT DE CARACTÈRE LE PLUS FAIBLE :
C’est le défaut dans la carapace. Étrangement, c’est sur cette faiblesse dans la personnalité du héros que le méchant de l’histoire appuiera pour atteindre votre protagoniste.

SES CROYANCES, SES VALEURS, SES CONVICTIONS :
Souvent modelés par son histoire personnelle. C’est là qu’entre en jeu les informations que vous avez glanées sur le passé du personnage en lui établissant une biographie (même si vous n’utilisez pas toutes les données recueillies pour écrire votre histoire).

SES PEURS :
Je vous renvoie à ces articles :

LE MOMENT DE SA PRISE DE CONSCIENCE :
Ne confondez pas ce moment avec l’incident déclencheur. Ce dernier est un appel à l’aventure, à l’action. C’est l’indice que quelque chose va changer dans le quotidien du héros.
Mais celui-ci ne prendra en charge son problème qu’à un moment bien précis (généralement à la fin de l’acte Un).

Le premier trait de caractère apparent est celui qui accompagnera votre lecteur tout au long de l’histoire. Concernant le personnage principal, il est évident qu’il doit être suffisamment sympathique pour permettre l’identification, c’est-à-dire soulever l’empathie du lecteur. Mais ce n’est pas tout.
Il est nécessaire aussi qu’un trait de caractère dominant imprègne le personnage. Cette caractéristique ou attribut particulier sera lié au thème de l’histoire ou à l’intrigue.

Dans Volte-face (1997) de Mike Werb et Michael Colleary, c’est lors de l’Opening Image que nous est présenté Sean Archer. Il joue avec son fils et il est évident qu’il aime cet enfant.
Puis Castor Troy tente d’abattre Archer mais ne fait que le blesser et l’enfant est touché et meurt.

L’impression que nous aurons de Sean Archer à partir de ce moment et pendant tout le reste de l’histoire est celle d’un père affectueux et ravagé par la mort de son enfant. C’est cette impression précise que les auteurs souhaitaient faire entrer dans la tête du lecteur (et ainsi sa véritable motivation est étayée par ce trait de caractère. Il n’est plus seulement un agent du FBI à la poursuite d’un tueur mais un père qui cherche à venger la mort de son enfant).

Vous pouvez noter que l’incident déclencheur s’inscrit dans l’Opening Image ce qui prouve bien qu’il n’y pas de moment particulier pour inscrire ce point majeur dans l’histoire.
Il pourrait même s’être produit avant le début de l’histoire. Par contre, il ne va pas au-delà de l’acte Un.

De son côté, Castor Troy (l’antagoniste) nous est montré en train de siroter tranquillement une boisson tout en observant Archer au travers de la lunette de visée de son arme.
Il est dépeint très cliniquement comme un personnage froid et calculateur. Il est parfaitement démontré qu’il aurait pu éviter ce dommage collatéral mais il a sciemment choisi le moment de tirer lorsque Archer enlaçait son fils. La cruauté et l’insensibilité de ce personnage sont alors bien marquées dans l’esprit du lecteur.

Pour déterminer les traits de caractère de vos personnages les plus importants, livrez-vous à un petit brainstorming :

De quoi a besoin votre personnage ?

Qu’est-ce qui va s’avérer nécessaire pour qu’il s’accomplisse pleinement ? Au début de l’histoire votre personnage est un être incomplet. Il vous faut formuler pourquoi il lui manque quelque chose.
Qu’est-ce qui ne va pas dans sa vie et qui doit changer ?

Habituellement, il s’agit d’un état émotionnel. Par exemple, physiquement, il pourrait être handicapé à la suite d’un accident et n’avoir jamais accepté d’être ainsi diminué et a développé une très mauvaise estime de lui-même qu’il doit corriger.

Votre personnage pourrait avoir de graves problèmes relationnels. Et comme l’on se définit mieux par ses relations aux autres, si celles-ci sont viciées, il manque quelque chose dans la vie du personnage. Considérez une jeune femme qui a connu une désastreuse relation amoureuse. Depuis, elle a développé une tendance à se méfier des hommes et fuit toute tentative de séduction alors qu’elle pourrait se reconstruire dans une nouvelle relation.

Son besoin est alors d’apprendre à faire confiance d’abord en elle-même puis partant, dans les autres.
Ne soyez pas effrayé non plus par la multiplicité des traits de personnalité qui s’offre à vous. Ils ne concourent qu’à élaborer UNE personnalité.

C’est la raison pour laquelle il existe une hiérarchie parmi les traits de caractères dont l’un sera dominant chez le personnage et dans le bas de l’échelle, un autre qui sera la faiblesse que le personnage devra corriger.

Les problèmes relationnels permettent aussi de démontrer la vulnérabilité du personnage (bien que celle-ci puisse être aussi explicitée par d’autres faiblesses).
Il existe aussi un besoin très prégnant chez les individus : celui de l’attention que les autres nous portent.

Même  un personnage introverti a besoin de temps à autre d’attirer l’attention sur lui. Le paraître et le faire sont les moyens qui aident à sortir de l’anonymat, de l’insignifiance.
Un personnage peut souffrir d’un manque de reconnaissance ce qui influe sur son comportement. C’est avec un tel problème que l’on peut justifier le personnage de Dan, le fan déséquilibré dans Bodyguard qui recherche une reconnaissance par la fascination qu’il porte à Rachel ou encore un type de personnage qui voue une passion sans borne à porter un uniforme, vecteur de reconnaissance sociale.

Et la liste pourrait continuer…

Pourquoi ne peut-il satisfaire son besoin ?

Qu’est-ce qui le retient ? Qu’est-ce qui l’enchaîne ? On pourrait se demander pourquoi ce personnage qui aime tant l’uniforme n’en porte-t-il pas un officiellement ? On peut imaginer alors que son père était un officier et qu’il était un être brutal et violent qui a souvent brimé son fils.

Malgré sa fascination pour l’uniforme qui traduit son besoin de reconnaissance, le souvenir de ce père procure à notre personnage une véritable aversion pour l’armée ou toute autre forme d’autorité à laquelle il devrait se soumettre.

C’est le paradoxe de l’horreur : nous sommes attirés par ce qui devrait nous faire fuir. Maintenant, imaginez une situation qui met notre personnage sous pression, dans un fort état de stress.
Les frustrations qu’il a endurées pendant son enfance mais aussi dans sa vie d’adulte (un être timoré, bousculé, effacé) risque de remonter puissamment et sous le masque d’un uniforme, ce personnage pourrait prendre sa revanche sur la vie d’une manière terrible.

Quel est son secret le plus sombre ?

Quel est cet événement que personne ne connaît ? Pas même le lecteur. Quel est ce terrible secret dans son passé que le héros devra affronter alors qu’il croyait qu’il était enterré à jamais ?

Qu’est-ce qui le passionne le plus ?

Un être de fiction doit être crédible. Il doit posséder les attributs qui désignent sa nature humaine. La proposition de Dramatica est d’incarner la passion qui anime le personnage principal par un autre personnage dénommé Emotion (c’est un archétype). Cela permet de renforcer cet aspect du personnage principal.

Une passion influe sur un comportement et sur les relations du personnage. Imaginez un personnage dont la carrière professionnelle compte plus que tout. Il est véritablement passionné par son métier mais cela influe grandement sur sa vie privée et personnelle qui peuvent s’avérer misérables.

Une passion peut même autoriser un personnage à commettre des actes immoraux puisque la raison n’est pas sollicitée.

Quel est son regret le plus douloureux ?

Cela peut vous aider à façonner votre personnage même si vous n’allez pas vous servir de ce remords pour l’intrigue. Inventer un regret peut vous permettre de dessiner la rondeur psychologique d’un personnage, expliquer pourquoi il a le regard tourné vers le passé ou pourquoi il ne croit pas en son avenir, par exemple.

Quel est son rêve ?

Ne confondez pas le rêve et la poursuite d’un objectif. Le sergent Roger Murtaugh a un rêve : la navigation de plaisance. Cela aide à caractériser le personnage mais n’entre absolument pas dans ses objectifs (personnel ou extérieur).

Quel est son désir ?

Besoin et désir sont différents. Votre personnage pourrait avoir un désir d’amour, de réussite, de liberté, de sécurité…  différents, certes, mais c’est assez subtil.
Toutes ces questions parfois intimes sur le personnage vous permettent d’aller à sa rencontre, de le découvrir. Vous vous poserez moins de questions au moment de l’écriture.

Quelle est sa croyance la plus forte ?

Sa conviction la plus marquée ?
Vous pourriez aussi considérer les éléments de l’histoire qui aident à créer et à maintenir le conflit et qui amènent cette histoire à une résolution satisfaisante (ce qui ne signifie pas nécessairement un happy ending) :

  • L’incident déclencheur qui lance l’histoire en venant déranger le quotidien du héros puis le moment où le héros prend en charge véritablement son problème (il existe toujours une certaine réticence à s’engager dans une aventure peut-être par principe de prudence ou manque de conviction).
  • La motivation du personnage et les événements qui ont influencé ou déterminé cette motivation, c’est-à-dire qui est ce personnage maintenant et pourquoi il réagit comme il le fait.
    Gardez en mémoire qu’une personnalité n’est pas non plus une somme d’expériences. Bien au contraire. Un personnage est d’abord une manière d’être et de penser. Sa personnalité unifie ce personnage par un assemblage de propriétés diverses qui combinées les unes aux autres font une personnalité. Vous avez toute la latitude du monde pour créer vos personnages.
  • Son objectif à long terme (que l’on peut nommer aussi le Story Goal, c’est-à-dire ce que le héros doit accomplir dans cette histoire).
  • Son objectif à court terme qui correspond dans les faits à son arc dramatique, c’est-à-dire à son évolution personnelle dans cette histoire (il devrait être meilleur d’une manière ou d’une autre à la fin de l’histoire).
    Cet objectif particulier consiste pour le héros à surmonter ses faiblesses.
  • Ses traits de caractère principaux dont celui qui correspond à sa faille, son défaut dans sa personnalité (défaut qui doit être corrigé et cela se voit au travers de son arc dramatique).
  • Le conflit interne (des valeurs, des inclinations contradictoires…). Le conflit interne décrit l’intériorité du personnage. Doit-il sauver son frère et perdre une véritable fortune ou bien se moque-t-il des liens familiaux qui n’ont pas autant de sens que l’argent (ce après quoi il a couru toute sa vie) ?
    Le conflit interne est l’élément dramatique le plus pertinent pour véhiculer votre message. Ce que vous avez à dire (votre envie d’écrire), vous le direz dans le conflit interne.
  • Le conflit externe est inhérent à l’objectif à long terme. Sans cet objectif, il n’y a pas de conflit externe et sans ce conflit, il n’y a pas d’histoire (analytique comme définition, mais c’est ainsi. Vos commentaires sont les bienvenus).
    Fixer un Story Goal puis en déterminer un conflit (qu’il contient en germes) sera comme un guide de coupe pour diriger votre muse vers un point d’arrivée précis. Dans  le cas contraire, elle va musarder et vous faire perdre du temps (voire vous décourager).
  • La crise
    Dénommée All is Lost pour la crise la plus importante. Dans la seconde partie de l’acte Deux (très proche de l’acte Trois), votre personnage principal doit connaître le moment le plus sombre de sa tranche de vie (une histoire est une tranche de vie, après tout).
    Arrivé là, il est désespéré et il ne semble n’avoir jamais été aussi loin de réussir son objectif.
  • L’arc dramatique
    Vous décrivez l’évolution, les prises de conscience progressives qui feront de votre héros un être meilleur (même s’il meurt). Vous devez vous-même prendre conscience de l’aboutissement de votre histoire pour votre personnage principal.
    Il n’est nécessairement plus le même mais cette transfiguration se fait par étapes.

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