SYD FIELD : CREATION DE PERSONNAGES. PART 1

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Tous les auteurs ont rencontré des difficultés lorsqu’il est venu le temps de créer leurs personnages. Amener à la vie des personnages dans des situations qui doivent paraître réelles, c’est un peu comme jouer avec des réalités alternatives où les personnages vous échappent sans cesse par la multiplicité des choix à faire.
Syd Field cite Henry James (The Art of Fiction) et l’importance de la notion d’incident mise en avant par James. Un incident ou un événement est un moment dans le script qui se produit en relation avec quelque chose d’autre. C’est cette relation qui lui donne son sens. Ainsi, dans une histoire, nous avons un incident clef et nous voyons un personnage agir et réagir à cet incident.
En fait, il semble même que l’histoire se concentre sur le déroulement d’un incident spécifique et que cet événement est le moteur qui propulse l’histoire jusqu’à sa fin. Par exemple, Frodon qui décide d’être le porteur de l’anneau ou Lester Burnham (American Beauty) lorsqu’il rencontre pour la première fois Angela ou encore Jack Gittes lorsqu’il est confronté à la vraie Madame Mulwray dans Chinatown sont tous des incidents déclencheurs qui orientent l’histoire dans une certaine direction et pas une autre.

Syd Field compare nos personnages avec nous-mêmes. Il nous arrive dans nos vies des événements de toutes sortes qui ont toujours un impact sur nous. La manière dont nous agissons et réagissons à ces événements, la façon dont nous gérons certaines situations révèlent notre vraie nature et nous apprend qui nous sommes vraiment. Il doit en être de même pour les personnages que nous créons.
La raison en est qu’en décrivant des événements qui mettent au jour certaines vérités sur nos personnages, le lecteur peut établir une connection ou un lien avec ceux-ci. Généralement par le phénomène de l’empathie, nous nous voyons dans ces personnages et partageons un moment de reconnaissance et de compréhension.
Dans The Art of Fiction, Henry James écrit que les incidents que vous créez pour vos personnages sont la meilleure façon d’illuminer qui ils sont, leur vraie nature, l’essence même des personnages. De la façon dont ils vont répondre à un événement particulier, comment ils vont agir et réagir face à cet événement, ce qu’ils vont faire et dire sont ce qui définit l’essence même des personnages.

Ce qu’il faut comprendre de l’assertion de James est que ce qui détermine vraiment l’événement, ce sont les éléments qui se trouvent à l’intérieur du personnage. C’est comme si la psyché des personnages nourrissait les événements qui leur adviennent.
Dans Thelma et Louise de Callie Khouri, cela est mis en place dès le premier acte. Thelma et Louise décident de partir un week-end à la montagne. Elles s’arrêtent dans un bar et rencontre un gars nommé Harlan qui se découvrent des vues sur Thelma (bien qu’elle n’en est pas conscience). Harlan amadoue Thelma en la faisant boire puis essaie de la violer sur le parking. Les choses tournent plutôt mal pour Thelma jusqu’à ce que Louise arrive et menace Harlan avec le révolver de Thelma. Puis Louise tue Harlan.
C’est l’incident déclencheur, celui qui prépare le premier point majeur de l’histoire,  à savoir la tentative pour les filles de s’échapper vers Mexico que décrit l’acte Deux. Thelma et Louise est un road-movie ou un Golden Fleece selon Blake Snyder (Save the Cat!) et comme c’est la règle dans ce genre, les filles seront forcées d’ouvrir les yeux sur elles-mêmes, de découvrir qui elles sont vraiment et finalement, d’assumer la responsabilité à la fois de leurs actions mais aussi de leurs vies.
Et tout commence par l’incident déclencheur qui les a jetées sur la route. Mais cet incident n’a de sens que par la nécessité de déclencher chez Thelma et Louise ce qu’il y avait de sous-jacent en elles, d’aider à révéler des blessures ou d’autres désirs refoulés.

Joseph Campbell écrit que du point de vue de la mythologie, chaque voyage initiatique commence par la mort symbolique de l’ancien être et la naissance d’un nouvel individu. Chaque héros ou figure héroïque ne se rend pas dans un monde extérieur mais plonge en lui-même et pénètre un espace intérieur.
Ainsi, pour Syd Field, la Louise qui tue Harlan n’est pas la véritable Louise qui a appuyé sur la gâchette. L’auteure, Callie Khouri, nous informe brièvement que Louise a subi il y a longtemps un viol dans le Texas. Elle n’obtint pas justice pour cet acte lamentable et fut même soupçonnée d’avoir provoqué ce viol. La Louise qui tue Harlan est cette Louise blessée qui n’a jamais assouvi sa vengeance. Un acte qui couvait sous le vernis du temps et des souvenirs et qui n’attendait qu’une occasion d’exploser à la surface.

A lire :
SYD FIELD : CREATION DE PERSONNAGES. PART 2
SYD FIELD : CREATION DE PERSONNAGES. PART 3
SYD FIELD : CREATION DE PERSONNAGES. PART 4

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