CAMPBELL : ESSAI D’EXEGESE – 23

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PART I: THE ADVENTURE OF THE HERO

CHAPTER II: INITIATION

THE ROAD OF TRIALS

There can be no question: the psychological dangers through which earlier generations were guided by the symbols and spiritual exercises of their mythological and religious inheritance, we today (in so far as we are unbelievers, or, if believers, in so far as our inherited beliefs fail to represent the real problems of contemporary life) must face alone, or, at best, with only tentative, impromptu, and not often very effective guidance.
This is our problem as modern, “enlightened” individuals, for whom all gods and devils have been rationalized out of existence. Nevertheless, in the multitude of myths and legends that have been preserved to us, or collected from the ends of the earth, we may yet see delineated something of our still human course. To hear and profit, however, one may have to submit somehow to purgation and surrender. And that is part of our problem: just how to do that. “Or do ye think that ye shall enter the Garden of Bliss without such trials as came to those who passed away before you?”

Il ne fait aucun doute : les dangers psychologiques à travers lesquels les générations précédentes étaient guidées par les symboles et les exercices spirituels de leur héritage mythologique et religieux, nous aujourd’hui (dans la mesure où nous sommes incroyants, ou, si croyants, dans la mesure où nos croyances héritées ne représentent pas les véritables problèmes de la vie contemporaine) devons y faire face seuls, ou, dans le meilleur des cas, avec seulement des tentatives de guidances, improvisées et souvent peu efficaces.
C’est notre problème en tant qu’individus modernes et éclairés, pour qui tous les dieux et démons ont été rationalisés hors de l’existence. Néanmoins, dans la multitude de mythes et de légendes qui nous ont été préservés, ou recueillis aux quatre coins de la terre, nous pouvons encore voir dessiné quelque chose de notre parcours encore humain. Pour entendre et profiter, cependant, il faudra peut-être se soumettre à une certaine purgation et capitulation. Et c’est là une partie de notre problème : comment y parvenir.
Ou pensez-vous que vous entrerez dans le Jardin des Délices sans subir de telles épreuves que celles qui sont survenues à ceux qui vous ont précédés ?

Dans l’esprit humain, complexe et subtil, se mêle des matières d’autrefois et d’aujourd’hui. The hero with a thousand faces de Joseph Campbell se démarque comme une lumière de limpidité. En pénétrant profondément dans les légendes de diverses cultures, Joseph Campbell a mis en lumière un schéma narratif commun : le parcours héroïque qui relate le récit d’un voyage et d’une transformation.
Nos conflits les plus personnels, nos victoires, nos vérités fondamentales, nos expériences communes comme le sentiment de perte sont des réalités essentielles. Ce sont des aspects fondamentaux partagés par tous les individus au-delà de nos différences culturelles et historiques. Ces besoins humains basiques, ces émotions et ambitions sont décrits dans les récits, mythes et légendes de toutes époques et toutes cultures.

Dans la foultitude de mythes de culture variées et diverses, Campbell a mis au jour une unité étonnante : le monomythe connu aussi comme le Hero’s Journey, un parcours héroïque. Nous pouvons rapprocher ce parcours du processus d’individuation tel que conceptualisé par Carl Gustav Jung.
Ce parcours décrit des étapes communes : un appel à l’aventure (ou Call to Adventure), notre rencontre avec les aspects inconscients de notre personnalité (que Jung qualifie d’ombre), le dépassement des épreuves et le retour au foyer muni d’une nouvelle sagesse. Comparable au processus d’individuation, le parcours héroïque est un symbole du moi qui vient accoster sur les rives de l’inconscient, s’y confronter à l’ombre et l’intégrer afin de parvenir à la complétude.

Le monomythe est non seulement un cadre narratif mais aussi un schéma psychologique. C’est une structure par laquelle nous pouvons nous saisir de ces moments qui charpentent nos vies, nos combats et la découverte de potentialités insoupçonnées.
L’universalité du parcours héroïque souligne notre inconscient collectif, un référentiel partagé d’expériences humaines et d’archétypes qui sublime nos différences individuelles et culturelles.

De nos jours, qui se distinguent par l’avancée rapide de la technologie et du changement tout aussi rapide des normes sociales, les structures traditionnelles et les mythes qui ont servi de guides à des générations se sont maintenant érodés. Un vide s’est formé, laissant un manque palpable. Les mythes nous instruisent sur le chemin de nos vies. Ils sont un moyen de comprendre le monde au-delà du concret. Ces vérités essentielles sur notre existence humaine doivent être intégrées parce que sans elle, nous ne saurions réussir nos parcours personnels et collectifs.

Dans une ère marquée par l’indifférence et le malaise, les idées de Campbell apparaissent comme un puissant remède. Les mythes et les archétypes associés sont présents en chacun de nous. Nos luttes personnelles appartiennent à une histoire plus grande que nous et plus significative aussi.
Le parcours héroïque est au cœur de l’enseignement de Campbell. C’est une allégorie de l’évolution personnelle que nous devrions entreprendre. Cette évolution est une découverte de soi, et pour ce faire, nous devons vaincre nos démons intérieurs. Cette victoire nous arme de connaissances et d’une nouvelle sagesse. Cette perspective ne satisfait pas seulement notre sens d’un but dans nos vies, mais nous réinsère dans une expérience humaine collective, hors du temps et de l’espace. Le travail de Campbell met l’accent sur le fait que les mythes ne sont pas seulement des récits légendaires, mais qu’ils ont également des retombées psychologiques sur les individus et la société dans son ensemble.

A travers le mythe héroïque, l’œuvre de Campbell nous éclaire sur la manière dont les mythes peuvent nous aider à nous comprendre nous-mêmes et notre place dans le monde. Le Hero’s Journey est une référence, un paradigme à suivre. Il nous aide à faire sens des obstacles psychologiques qu’engendre le jeu entre nos expériences individuelles et des attentes plus générales de la société. L’anxiété et l’angoisse, par exemple, représentent des obstacles psychologiques très sérieux, nécessitant souvent aux individus de développer des mécanismes d’adaptation.
Plus qu’une simple tristesse, la dépression est une impasse qui affecte la façon dont on se sent, pense et gère les activités quotidiennes. Elle peut rendre des tâches qui semblent simples pour autrui insurmontables. Une mésestime de soi, la peur de l’échec, des problèmes relationnelles ou d’identité, la perte et faire le deuil, traumas et addictions sont de ces obstacles qui, psychologiquement, nous entrave au quotidien. Les temps modernes n’ont pas hérité des traditions. Le Hero’s Journey devient alors un substitut pour pallier à ce manque. Pour Campbell, l’existence d’un inconscient collectif arborant des archétypes intrinsèques est une évidence. Ces archétypes sont distribués entre tous les individus quelle que soit leur origine.

Joseph Campbell est un adepte du processus d’individuation de Jung. Ce processus est indispensable à l’atteinte non seulement d’un épanouissement personnel mais aussi pour améliorer la société dans son ensemble.
Le parcours héroïque motive tout un chacun de découvrir le héros ou l’héroïne à l’intérieur d’elle-même ou de lui-même et de trouver le courage de faire face à ses peurs et à ses imperfections.

La fonction mythique
Le contexte historique

La fascination des auteurs et des autrices pour la mythologie n’est pas surprenante. En tant que source inépuisable d’inspiration, la mythologie offre un terrain de jeu passionnant pour l’imagination. Elle autorise l’autrice et l’auteur à emprunter des symboles, des thèmes universels et des archétypes intimement liés à l’inconscient collectif.
Par là, nous sommes capables de comprendre non seulement les anciennes sociétés qui les ont créés mais aussi de réfléchir aux questions existentielles qui restent pertinentes encore aujourd’hui.

Dans les sociétés antiques, les mythes étaient bien plus qu’une simple narration ou un divertissement. C’était des convictions qui réglait le quotidien. Ils expliquaient les mystères de la nature et donnait des guides moraux à la lecture des péripéties de ses divinités et héros. Les mythes grecs, avec leurs dieux souvent déraisonnables et leurs héros tragiques, offraient un aperçu de l’existence humaine. Elle signifiait que même ceux dotés de pouvoirs divins ne sont pas protégés contre l’infortune.

Les mythes font encore écho aujourd’hui, influençant la culture contemporaine à travers la littérature, le cinéma et la psychologie. Carl Jung et Joseph Campbell, par exemple, ont exploré comment les motifs et archétypes mythologiques se retrouvent dans les rêves et les mythes de toutes les cultures. Il y a une dimension universelle à ces récits.
Pour les auteurs contemporains, réinterpréter ou s’inspirer de la mythologie peut être un moyen de réviser des choses intemporelles tels que l’amour, la perte, la rédemption, et le conflit entre le bien et le mal. Ainsi, ils établissent un vrai lien avec la lectrice et le lecteur. Car les mythes sont riches en symbolisme, et les symboles permettent à l’autrice et à l’auteur de créer des œuvres qui parlent au lecteur/spectateur qui interprète que ce soit par l’imagination ou les émotions.

Les mythes sont hors du temps. Et ils attirent l’imagination comme un insecte par une incandescence. Les mythes révèlent des vérités universelles sur la condition humaine. Il suffit de comparer cette singulière vision d’antan aux défis modernes. L’inspiration est à portée de main. La mythologie nordique, avec ses récits épiques de dieux et de géants, de mondes mystérieux et de quêtes héroïques, offre une riche palette de thèmes et d’archétypes qui continuent d’inspirer et d’influencer la culture contemporaine. À la différence des divinités grecques, souvent dépeintes dans un cadre de drame personnel et de querelles familiales, les dieux nordiques sont fréquemment représentés comme des guerriers stoïques confrontés à des problèmes existentiels, illustrant ainsi des valeurs d’endurance et de persévérance face à l’inévitable.
Dans les brumes d’Asgard, Odin règne en roi. Le père des dieux cherche sagesse. Mais il apprend que tout savoir a un revers et il en porte les cicatrices. Thor, avec son marteau Mjölnir, représente non seulement la force physique mais aussi la protection contre les forces du chaos et de la destruction. Ces figures illustrent la difficulté des vertus nordiques, où la force et la sagesse doivent souvent être acquises et conservées par des épreuves et des sacrifices.

Les cycles naturels sont très bien rendus par les mythes nordiques. L’éphémère de l’existence est parfaitement acceptée et même les dieux subissent les aléas de leur destinée. Les mythes nordiques reflètent également une compréhension profonde de la nature et de ses cycles, une acceptation de la précarité de l’existence et l’idée que même les dieux sont soumis aux forces du destin. C’est le Wyrd qui conduit l’univers et tous les êtres des 9 mondes, y compris les dieux. Le Ragnarök ou le Crépuscule des dieux raconte la fin du monde et la renaissance qui s’ensuit. Mais ce que nous disent les mythes nordiques, c’est que nous n’avons pas à craindre cette fin inéluctable. Il faut l’accepter stoïquement et avoir le courage de continuer à vivre noblement. C’est un message qui porte encore aujourd’hui.

Les récits de la mythologie nordique, avec leurs thèmes de loyauté, d’honneur et de sacrifice, ne se contentent pas de divertir. Ils servaient également à transmettre des leçons morales et à fortifier les liens communautaires. Les sagas et les poèmes épiques nordiques, en racontant les exploits des dieux et des héros, fonctionnaient comme des manuels de vertus et enseignaient aux lecteurs comment naviguer dans les affres de la vie avec honneur et intégrité.
Dans la littérature, l’art, le cinéma et même les jeux vidéo, l’effet de la mythologie nordique est réel. Ces récits inspirent, enseignent et émeuvent. Une telle assiduité dans l’imagination collective souligne leur puissance à communiquer des valeurs universelles : le courage, la perte, l’espoir et la renaissance. La mythologie est un accès vers les lieux inexplorés de notre conscience. Elle nous autorise à affronter nos craintes et nos désirs alors que des forces qui dépassent notre existence nous escortent. Elle nous ouvre la porte vers l’inconscient collectif pour que nous rencontrions les figures archétypales de l’expérience humaine.

Dans l’histoire de l’humanité, les mythes se dressent comme d’immenses piliers, gravant dans la conscience collective la sagesse, le courage et la quête de sens. Le mythe va au-delà du simple récit ; il agit comme un fanion, illuminant la condition humaine dans toute sa diversité. Déroulons les parchemins du temps. Les mythes, par essence, sont plus que de simples récits de dieux et de monstres ; ils sont la chair et la substance mêmes de la sagesse antique, transmise de génération en génération. Ils servent de mémoire collective, un puits sans fond d’expériences, de croyances et de valeurs partagées qui rassemblent les communautés.
Chaque saga contée est une touche dans le grand tableau de l’humanité. Les dieux immortels et les héros valeureux sont les miroirs de la plèbe, les reflets de son âme. Ainsi se perpétue la mémoire des hommes. Les mythes nous enseignent les vertus que nous chérissons, les vices que nous abhorrons et nos modèles. Considérons comme exemple, la Bhagavad Gita, un écrit hindou de 700 vers qui fait partie de l’épopée du Mahabharata. Ce n’est pas simplement un texte religieux, la Gita est comme une boussole dans l’immensité tumultueuse de la vie, guidant les âmes errantes vers des rives de compréhension et de paix intérieure. La Gita, à travers son dialogue entre le prince Arjuna et son cocher, le Seigneur Krishna, dispense des sagesses sur le devoir, la droiture, et le chemin vers l’éveil spirituel. Elle aborde ces très vieux dilemmes humains de conflits, du devoir, de la quête de justice. La Gita est une véritable œuvre de philosophie morale.

La Bhagavad Gita se présente comme un témoignage du rôle des mythes dans la transmission de la sagesse morale et des perspectives philosophiques. Elle nous enseigne sur le dharma (le devoir et la droiture), le karma (l’action et ses conséquences), et le moksha (se libérer du cycle de la vie et de la mort). Comme une étoile polaire dans le ciel nocturne de l’humanité, la Bhagavad Gita éclaire le chemin vers la sagesse éternelle, guidant les âmes à travers l’agitation de l’existence vers les rives de la compréhension et de la libération. De surcroît, des mythes comme la Bhagavad Gita sont les fils de chaîne et de trame de nos identités culturelles. Tels des phares illuminant les rivages de l’incompréhension, ces mythes se meuvent à travers les âges et offre à l’humanité en quête de sens lumière et direction.

Dans les grands récits des civilisations, du panthéon grec aux sagas nordiques, de l’épopée de Gilgamesh aux contes natifs des Amériques, les mythes ont fixé les identités culturelles et les valeurs morales. Ils sont les récits que nous contons pour donner un sens à notre monde ; justifier l’inexplicable et transmettre un sentiment d’émerveillement et de révérence pour les mystères de la vie.

A travers les âges de la vie

La mythologie, c’est comme un guide juste à travers les méandres compliquées de la vie, nous donnant des directions, parfois un peu de réconfort et quelques ébauches à chaque détour ou croisée des chemins.
Du berceau à la tombe, ces récits anciens nous donnent les clefs pour interpréter la foultitude d’expériences et ces rites de passage qui ponctuent nos vies.

Depuis les premiers souffles de l’existence, bercés par les arcanes et les sortilèges de nos origines, les mythes déploient leurs horizons et nous content des récits où la pureté de l’enfance s’unit à la splendeur de la découverte. Ce sont des récits de curiosité et de bravoure, éduquant les jeunes esprits sur les épreuves et les triomphes qui les attendent.
Demi-dieux et héros, par leurs exploits, nous montrent le chemin de nos conduites. Les leçons de vertu, de courage, d’honnêteté et de bonté qu’ils enseignent sont la trame de ces récits hors du temps.

À l’aube de l’adolescence, alors que les jeunes âmes se tiennent au bord du monde adulte, les mythes se font l’écho de cette transition. L’image des épreuves de Hercule est une métaphore. Il ne s’agit de reproduire mais de construire ou plutôt de reconstruire cette image comme une structure modèle de notre conduite. On apprend beaucoup de l’adversité.
En entrant dans l’âge adulte, les récits mythologiques s’orientent vers les thèmes du devoir, de la responsabilité, et des passions chaotiques de l’amour et de la famille. Les péripéties du roi Arthur et de ses nobles Chevaliers de la Table Ronde content une épopée de cœur et d’honneur et sondent toute la complexité de commander des hommes dans la droiture. Elles nous enseignent comment harmoniser les ardeurs de l’âme avec les devoirs envers la collectivité. La vie adulte est un écheveau de complications. Alors les mythes nous poussent à réfléchir sur nos relations, sur la parentalité et nos devoirs communautaires.

Lorsque la vie s’achève, la mythologie devient un refuge. Elle propose des récits qui contemplent les réalisations et les regrets de toute une existence.
Ce sont les anciens qui ont la charge de ces contes. Ils symbolisent le transfert de connaissance à la nouvelle génération, célèbrent la nature cyclique de la vie et l’importance du legs et de la tradition à travers le pouvoir du récit.

La fonction psychologique des mythes

La puissance narrative des mythes, inscrite dans la profondeur des temps, fait écho encore aujourd’hui dans notre quête de sens et d’identité.

Carl Jung, en étudiant le concept d’inconscient collectif, a mis en lumière comment les mythes et les archétypes universels constituent le socle sur lequel s’élaborent nos imaginaires collectifs. Ces motifs mythologiques, partagés à travers différentes cultures, fournissent un cadre dans lequel chaque individu peut régler sa conduite, comprendre sa place dans le cosmos et tendre des liens d’appartenance.
Cette universalité des mythes, évoquant des voyages initiatiques, des quêtes héroïques, ou des luttes cosmiques, se retrouve dans la structure même de nos récits contemporains. Elle met en lumière l’importance énorme des mythes dans la construction des fondements moraux et sociaux. Le dharma dans la mythologie indienne, par exemple, personnifie la loi naturelle, l’ordre moral indiquant à l’être humain son devoir et son chemin de vie.

À travers les âges, ces récits mythologiques ont établi les fondements de ce qui est considéré comme juste ou non au sein des communautés, influençant nos systèmes de valeurs.
Au-delà de la morale, les mythes jouent un rôle capital dans le processus d’individuation, terme jungien désignant le chemin vers une pleine réalisation de soi. Le parcours du héros, motif récurrent dans les mythes, symbolise cette quête intérieure, où l’individu, à travers épreuves et révélations, aspire à une compréhension et une intégration de ses multiples aspects. Cette odyssée, reflétant notre propre voyage intérieur, illustre comment les épreuves, les confrontations et les transformations qui s’ensuivent fabriquent notre être, nous amenant à une plus grande intégrité personnelle.

L’analyse des mythes à travers le prisme jungien ouvre ainsi des horizons de compréhension sur la manière dont l’humain, dans sa quête de sens et d’appartenance, se construit et interagit avec le monde.
Les mythes, en nous offrant une image de nos propres existences, nous invitent à explorer les abysses de notre inconscient, à affronter nos ombres et à célébrer nos lumières. Ils sont les gardiens de notre humanité, révélant à travers leurs récits intemporels les éternelles quêtes de l’âme humaine.

La signification actuelle des mythes

L’homme continue d’entretenir des liens sincères avec les mythes, ces récits séculaires qui émanent des fondements mêmes de nos civilisations. Ces histoires, bien que nées à une époque révolue, continuent d’agir sur nos perceptions, nos valeurs et nos actions. La technologie moderne et la rationalité prépondérante pourraient sembler éloignées de ces racines mythiques, mais en réalité, elles coexistent.
Analyser les mythes nous permet de comprendre comment ils ont passé le temps pour que les médias, la littérature et la psychologie d’aujourd’hui les aient gardés en mémoire, servant non seulement de pont entre le passé et le présent mais aussi offrant un cadre pour explorer les dilemmes éthiques et existentiels de l’ère moderne.

Les mythes dans les médias modernes

Le cinéma et la télévision, se nourrissent abondamment du riche héritage mythologique pour créer des œuvres fascinantes. Les super-héros, par exemple, peuvent être vus comme des échos contemporains des demi-dieux et des héros. Ces personnages modernes, dotés de pouvoirs extraordinaires et chargés de missions héroïques, rappellent les figures mythologiques d’Hercule ou d’Achille, qui luttaient contre des forces surhumaines pour apporter la paix et l’ordre.
Cette intégration des mythes donne une profondeur épique aux récits modernes et permet à la lectrice et au lecteur de toutes cultures de trouver des valeurs communes et des inspirations dans ces récits héroïques qui réitèrent les thèmes de justice, de sacrifice et de la lutte entre le bien et le mal.

Influence sur la littérature

Dans le paysage littéraire actuel, les mythes, loin d’être des reliques poussiéreuses, se révèlent comme des vecteurs puissants pour disséquer les gageures actuelles de notre ère. La démarche de réinterprétation de ces narrations d’autrefois, adoptée par des écrivains tels que Neil Gaiman dans son œuvre American Gods, s’attaque avec acuité aux identités fluctuantes et aux clivages sociaux qui marquent notre temps.
Ces textes, en se réappropriant les architectures mythiques, ne se contentent pas de reproduire des formules éculées mais invitent à une pensée critique sur des phénomènes tels que l’érosion d’une identité, la montée du consumérisme ou encore l’emprise croissante des technologies. En insufflant une nouvelle vie aux mythes au sein de cadres contemporains, les auteurs ne proposent pas simplement une vision renouvelée mais engagent le lecteur et la lectrice dans une exploration où le pouvoir, le changement et la résilience sont scrutés à la lumière de notre histoire collective et de nos réalités actuelles.

La crise de la modernité et la perte des mythes

Qu’est-ce que la modernité ? Une époque où tout le monde prend ses distances avec le divin, où la science tient le haut du pavé, et où chacun pense être le centre de l’univers – et croyez-moi, c’est un univers sacrément encombré ! Cette fameuse époque moderne, où les gens ont tourné le dos aux bons vieux mythes qui tenaient autrefois la société aussi solidement qu’une ceinture trop serrée lors d’un repas copieux !
Autrefois, ces récits mythiques offraient un cadre cohérent et partagé, permettant aux individus de savoir où était leur place et les cycles de la nature. Mais voyez-vous, avec cette fameuse arrivée en fanfare de la modernité, où tout le monde se pique de critiquer et de remettre tout en question, nos chers vieux mythes se retrouvent balayés comme des vieilles dentelles, relégués au placard des accessoires désuets, à peine bons pour une mascarade ou une pièce de théâtre surannée.

L’impact de cette rupture est profond et se présente tous azimuts. D’un côté, nous voilà tous plongés dans une incertitude existentielle grandissante. On se retrouve comme des clowns sans chapiteau, jonglant avec un sens de la vie qui n’est plus servi sur un plateau d’argent par nos bons vieux mythes, mais qui doit être bricolé à la volée, comme un costume de dernière minute pour une fête costumée.
Qui a dit que l’existence devait être simple ? Par ailleurs, le relativisme éthique prend de l’ampleur, plongeant nos sociétés dans un vrai bazar de valeurs. C’est comme si nos vieux repères traditionnels avaient perdu leur mode d’emploi et ne savaient plus répondre droit quand on leur pose une question simple ! En résulte une quête de l’identité personnelle qui devient centrale, chacun cherchant à définir son propre récit dans un monde où les grands récits collectifs se sont effrités.

Face à cela, il devient nécessaire de repenser notre rapport aux mythes. Ce n’est pas tant un retour à un passé idéalisé qu’il s’agit de promouvoir, mais plutôt la création d’un nouvel espace narratif où les mythes peuvent à nouveau jouer un rôle structurant, non seulement en tant que réponses à nos interrogations existentielles mais aussi comme sources d’inspiration pour affronter les défis contemporains.
L’art, sous toutes ses formes, est appelé à contribuer à cette reconstruction narrative. Les écrivains, cinéastes et artistes sont donc en première ligne pour forger les mythes de demain, en réinterprétant les anciens ou en en créant de nouveaux qui soient en résonance avec les réalités de notre époque.

Défis psychologiques dans le monde moderne : Naviguer sans carte

Dans le monde d’aujourd’hui, où l’épopée la plus proche implique de parcourir le terrain périlleux des médias sociaux et la grotte la plus profonde que vous explorerez nécessite probablement un casque de réalité virtuelle, on doit se demander : que sont devenus les grands récits qui guidaient autrefois l’humanité ? Joseph Campbell a fait l’éloge du concept du monomythe, une structure narrative universelle qui résonne à travers les cultures, enrichissant nos vies de sens et de direction. Mais nous voici, armés de rien d’autre que notre esprit et du Wi-Fi, affrontant l’hydre de l’angoisse existentielle.

La quête commence dans un lieu improbable : un monde saturé d’informations mais affamé de sagesse. Campbell, notre sherpa des sagas, prétendait que les mythes sont les GPS sociaux de l’humanité. Vous savez, pour ceux qui ne peuvent même pas naviguer dans une conversation sans un bon vieux récit épique pour leur dire où tourner ! Sans ces histoires pour nous guider, nous sommes tous perdus dans un désert, cherchant un oasis qui s’avère être juste un mirage de plus sur notre fil d’actualités.
Les défis d’aujourd’hui concernent moins le fait de tuer des dragons que.. de combattre l’anxiété des emails non lus qui se font remarquer de manière sinistre dans nos boîtes de réception. Dans la mythologie grecque, nettoyer les écuries d’Augias, extrêmement sales et jamais nettoyées depuis des années, était l’un des douze travaux d’Hercule. C’est un exploit qui symbolise une tâche immense et presque insurmontable. De nos jours, vider un dossier de spams, est une des tâches quotidiennes et apparemment triviales qui peut parfois sembler aussi ardues et interminables que les travaux d’Hercule.

Ulysse, dans son voyage épique raconté dans l’Odyssée d’Homère, doit naviguer entre deux monstres marins, Scylla et Charybde, un défi périlleux où le choix est entre deux maux. Comparativement, se frayer un chemin à travers un paysage médiatique encombré et souvent toxique peut sembler être un choix entre des compromis difficiles ou des dangers. Sans le monomythe, nos psychés personnelles et collectives déambulent à travers un labyrinthe de crises existentielles sans Minotaure en vue pour justifier le voyage.
Le regard de Joseph Campbell met en lumière notre désordre actuel : il nous manque un récit cohérent. En l’absence de ces récits, que nous reste-t-il ? Un patchwork culturel fait de mèmes, qui, bien qu’agréable et amusant, satisfait à peine notre désir de but.

Ce paysage narratif morcelé laisse beaucoup se sentir plus comme Sisyphe que comme Superman, roulant perpétuellement un rocher en haut d’une colline pour le voir retomber sous la forme d’une désintoxication numérique échouée.
Tout n’est pas perdu. Dans ce grand vide de récits, nous tombons sur une opportunité si unique qu’elle pourrait vendre des billets juste pour la regarder passer ! Nous sommes libres de choisir nos aventures, de créer des mythes personnels pour nous. Le voyage du héros, le Hero’s Journey moderne, pourrait bien consister à trouver un signal dans le bruit, à forger une histoire digne d’être vécue même si elle ne correspond pas à l’arc traditionnel.

Alors que nous faisons face aux défis psychologiques du monde moderne, demandons-nous non ce que notre mythe peut faire pour nous mais quel type de mythe nous pouvons créer pour le monde.

Remèdes possibles et Mythes Modernes

Dans notre quête sans fin pour combler le vide laissé par les mythes traditionnels, nous nous tournons vers des substituts contemporains : la technologie, la consommation, et la culture populaire. Ces nouveaux mythes modèlent notre vision du monde, mais jusqu’à quel point offrent-ils un véritable guide et un sens à notre existence ?

La Technologie comme Mythe Moderne

La technologie, souvent célébrée comme une panacée, promet de transcender nos limitations humaines et de résoudre nos problèmes les plus pressants. Nous la vénérons, nous lui consacrons une grande partie de notre temps et de nos ressources. Toutefois, malgré ses progrès impressionnants, la technologie engendre également de nouveaux problèmes et ne fournit pas toujours les réponses fondamentales dont nous avons besoin dans notre recherche de sens. Elle nous relie instantanément à l’ensemble du globe, mais risque également de nous cloîtrer derrière nos écrans, nous détachant des véritables interactions humaines qui enrichissent notre âme.

La Consommation comme Récit

Le consumérisme, quant à lui, nous propose un récit simple : posséder plus, c’est vivre mieux. Cette promesse séduisante nous incite à chercher le bonheur dans l’acquisition de biens et services. Cependant, cette quête est insatiable, car le bonheur promis par la prochaine acquisition se dissipe toujours rapidement, nous laissant en quête du prochain achat. Ce cycle perpétuel crée une illusion de plénitude, sans jamais nous satisfaire pleinement.

La Culture Populaire comme Épopée

Les récits et les figures de la culture de masse, nos héros de cinéma et des séries télévisées, peuvent sembler similaires aux mythes en offrant des arcs narratifs captivants et des modèles de courage et de vertu. Les super-héros, en particulier, sont souvent considérés comme des icônes quasi-mythologiques. Néanmoins, malgré leur attrait universel, ces récits sont souvent produits en masse et manquent de la profondeur psychologique et spirituelle qui caractérise les mythes.
Bien qu’ils puissent divertir et captiver, ils ne parviennent pas à satisfaire notre quête de sens et de compréhension plus profonde.

Analyse Critique de Ces Tentatives

Les tentatives modernes de créer des récits qui guident à travers la vie soulèvent une question : peuvent-elles vraiment remplacer les histoires profondément enracinées qui ont aidé les civilisations à traverser les époques ? Peu probable. Tandis que les mythes fondateurs offraient des remèdes à des questions existentielles, ces modernes substituts tendent à offrir des solutions superficielles qui ne parviennent pas à satisfaire notre besoin de compréhension.
En somme, bien que ces mythes modernes aient un rôle à jouer dans notre société, ils sont insuffisants pour donner des solutions aux questions les plus profondes de l’existence humaine. Peut-être est-il temps de repenser notre dépendance à ces substituts et de rechercher, ou même de réinventer, des mythes qui offrent une éthique et une résonance émotionnelle et spirituelle plus vraie.

 

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