DIFFICILE D’ÉCRIRE

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L’écriture d’un scénario est difficile parce qu’il faut des personnages crédibles et du temps consacré à la construction du monde. Il doit également mêler harmonieusement le dialogue et l’action en seulement 90 pages et peut-être 120. Il est difficile de bien faire n’importe lequel de ces éléments, mais les faire tous en même temps est ridiculement délicat.
Les personnages sont la pierre angulaire d’une histoire, et chacun a besoin d’une identité, d’une personnalité, de manières d’être, de préférences & d’inclinations, de relations avec autrui et de traumatismes. Le lecteur/spectateur doit croire qu’ils peuvent être réels.

Se dévoiler lentement

Il est également important que les scénaristes ne révèlent pas immédiatement tous les contours d’un personnage. Ils révèleront la personnalité de leurs personnages à travers leurs actions, leur apparence et la façon dont les autres personnages parlent d’eux.
Un monologue intérieur est parfois très utile. Un personnage peut se caractériser par des monologues intérieurs en utilisant un dispositif narratif appelé voix off ou voice over. La voix off est une technique dans laquelle les pensées, les sentiments et les réflexions intérieures d’un personnage sont exprimés à haute voix pour que le lecteur/spectateur puisse les entendre. Cela permet à ce lecteur/spectateur de mieux comprendre le monde intérieur, les motivations et les émotions du personnage.

INT. CHAMBRE DE ROLAND – NUIT
Roland est assis seul, regardant une photo de famille.

ROLAND (V.O.)
Parfois, je me demande si je suis fait pour suivre les pas de mon père ou si je dois tracer ma propre voie.

Le monologue intérieur de Roland révèle son conflit intérieur et permet au lecteur/spectateur de mieux comprendre l’état psychologique dans lequel il se trouve à ce moment de sa vie. Voice Over est plus efficace lorsqu’il révèle des informations ou des émotions cruciales qui ne peuvent pas être transmises uniquement par le dialogue (bien que le monologue soit un dialogue avec soi-même) ou les actions.
Si les monologues intérieurs peuvent être un outil puissant dans l’écriture d’un scénario, ils doivent compléter les éléments visuels et auditifs du scénario plutôt que de les dominer. Il est essentiel de trouver un équilibre entre les pensées intérieures, le dialogue et l’action pour créer un récit convaincant et captivant.

La construction du monde

Un monde n’est pas seulement de la matière apparente. Un monde est d’abord son monde ; c’est le regard qu’on pose sur lui et deux regards différents renverront deux mondes différents. Il s’agit de construire l’arrière-plan du récit. La construction d’un monde dans l’écriture de scénarios est un aspect crucial de la création de l’arrière-plan du récit, car il fournit le contexte et le cadre dans lequel ce récit se déroule.
Le monde dans lequel se déroule l’histoire établit le contexte et le cadre de l’ensemble du récit. Il détermine l’époque, la situation géographique, les normes culturelles et les structures sociales qui façonnent les personnages et leurs actions. Le monde informe sur les origines, les croyances et les motivations des personnages. L’éducation d’un personnage, ses expériences et la société dans laquelle il vit contribuent à sa personnalité et à son comportement dans le récit. Comprendre le monde aide les autrices et les auteurs à développer des personnages bien équilibrés, c’est-à-dire assumant ou non leurs contradictions.

Le monde est souvent la source de conflits dans une intrigue. Qu’il s’agisse d’un futur dystopique, d’une période historique ou d’un royaume fantastique, les règles et les conflits du monde peuvent faire avancer l’intrigue. La construction de ce monde est essentielle pour créer les conflits et les défis que les personnages doivent surmonter. Le monde peut être utilisé pour explorer et communiquer des thèmes, des messages ou des allégories. Par exemple, un monde post-apocalyptique peut explorer les thèmes de la survie et de la résilience, tandis qu’une société futuriste peut examiner les conséquences d’une technologie avancée.

zone blancheConsidérons Zone Blanche par exemple. Cette série est un thriller surnaturel qui se situe dans la ville réelle de Villefranche. Cependant, le cœur de ce monde fictif est la gendarmerie. Bien que le lieu lui-même soit réel, cette histoire fictive doit construire une dynamique de relations entre la gendarmerie et la ville, c’est-à-dire mettre en relations des individus aux regards différents à la fois sur le lieu même qu’ils peuplent et un autre monde qui leur est extérieur, incorporer des événements historiques réels (la célèbre expression basée sur des faits réels), et utiliser ces éléments pour renforcer les aspects surnaturels de la série.

Dans un scénario, le monde fictif n’est pas simplement descriptif ; c’est un élément essentiel qui sert plusieurs objectifs au-delà de la description. Si la description du monde fait partie du travail du scénariste, la façon dont le monde est présenté et son impact sur l’histoire vont au-delà de la simple description.

Plus qu’une description

La présentation du monde fictif contribue à donner le ton et l’atmosphère de l’histoire. Elle transmet un sentiment général du monde, contribuant ainsi à l’engagement émotionnel du lecteur/spectateur qui se représente alors ce monde, c’est-à-dire qu’à partir d’une présentation voulue par une autrice ou un auteur, le lecteur/spectateur élaborera dans son esprit une représentation qui le touchera selon son propre vécu et ses propres expériences.
C’est dire que deux lecteurs ou lectrices ne percevront pas le monde fictif exactement de la même manière.

Le monde dans lequel vivent les personnages influence leur développement. Il façonne leurs valeurs, leurs croyances et leurs comportements. La description du monde permet de connaître le passé et les motivations des personnages, ce qui est crucial pour leur développement. Laurène Weiss, Franck Siriani et Bertrand Steiner, trois des personnages de Zone Blanche, sont ainsi trois regards différents sur un même monde.

Comprendre les règles et les lois qui régissent l’écriture d’un monde fictif peut s’avérer une entreprise complexe mais gratifiante. Il est essentiel de créer un environnement cohérent et crédible pour le déroulement de votre histoire. Déterminez le genre de celle-ci (science-fiction, fantastique, une fiction historique..), car il influencera les règles et les lois de votre monde. Établissez le cadre (par exemple, une ville futuriste, un royaume magique, une histoire alternative) et ses principales caractéristiques.
Commencez par les fondements, tels que la géographie, le climat et les lois physiques de votre monde. Réfléchissez à la structure de la société, à sa culture et à son niveau technologique. Et à l’Histoire au grand H et à la chronologie de votre monde, c’est-à-dire les événements importants qui l’ont façonné.

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One thought on “DIFFICILE D’ÉCRIRE

  1. Pas de dialogues trop longs ni trop explicites. Lisez Scenarmag, nom de Zeus ! Le sous-texte, l’implicite, l’indirect , l’allusif : Tout y est expliqué. Et prévenez-moi quand c’est prêt, j’achète les droits du scénario (en parlez pas à Williams : on lui filera 2 euros pour ses frais et basta, il en saura rien).

    INT. CHAMBRE DE ROLAND – NUIT
    Dans sa chambre, Roland assis seul au bord du lit, regardant une photo de famille.

    ROLAND (V.O.)
    Faudrait jamais avoir de père… Putain de piège…

    + en amont ou en aval, distiller info de contexte

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