QUELQUES TECHNIQUES NARRATIVES

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Dans le contexte de l’écriture de scénarios, les techniques narratives englobent les différentes méthodes et stratégies utilisées pour raconter une histoire visuellement et oralement y compris les bruits qui adviennent dans le monde fictionnel du scénario.
Ces techniques sont employées pour susciter l’intérêt du lecteur/spectateur, ce qui le rend comme captif de l’autrice et de l’auteur qui lui conte cette histoire ; transmettre des informations afin que le texte soit intelligible ; faire monter la tension dramatique et créer, en fin de compte, un récit captivant pour un film seulement en devenir lors de cette phase d’écriture.

Alors que la narration qui ne relève pas de la technique narrative s’applique principalement à l’acte de conter, écrit ou parlé, les techniques narratives de l’écriture scénaristique se concentrent sur la manière dont ces éléments narratifs sont présentés dans un format visuel et auditif.

D’emblée, une narration visuelle

Pour que la narration ait un effet narratif sur le lecteur/spectateur, elle sera d’abord visuelle. Il s’agit d’utiliser des éléments visuels, c’est-à-dire que la description du contexte tels qu’un aspect particulier du lieu et de ce que celui-ci contient, ou encore un motif visuel récurrent qui symbolise votre thématique comme une paire de gants blancs par exemple, des éléments visuels, donc, pour transmettre des informations et des émotions.
Lorsqu’elle est visuelle, la narration devient un aspect fondamental de la réalisation et peut communiquer beaucoup de choses sans qu’il soit nécessaire d’avoir recours à des dialogues. En effet, la narration visuelle dans l’écriture d’un scénario consiste à transmettre des informations, des émotions et l’essence d’une scène ou d’une séquence (ou dit autrement ce qui est essentiel dans une scène et qui justifie son existence) principalement par le biais d’éléments visuels plutôt qu’en s’appuyant fortement sur le dialogue ou l’exposition.

Commencez par décrire les éléments visuels de la scène, notamment le cadre, l’apparence physique des personnages et tout objet ou accessoire important. Dans les didascalies (les descriptions narratives ou indications de jeu qui accompagnent le dialogue), soyez concis mais précis, c’est-à-dire ancrez la scène dans la réalité, dans le vraisemblable et ce quel que soit le genre afin que la lectrice et le lecteur se fassent une idée claire de la situation.
Concentrez-vous sur les actions, les mouvements et les expressions des personnages. Montrez comment ils interagissent avec leur environnement et entre eux. En revanche, évitez de préciser les angles et les mouvements de caméra, à moins qu’ils ne soient essentiels à l’histoire ou au ton de la scène. Laissez la direction de la caméra au réalisateur et au directeur de la photographie.

Au lieu de dire explicitement à la lectrice et au lecteur du scénario ce que ressent un personnage, montrez-le à travers ses actions et ses expressions. Par exemple, si un personnage est nerveux, vous pouvez le décrire en train de s’agiter ou de transpirer.
Utilisez des symboles visuels, des métaphores et des motifs (un motif est ce qui donne un but à la scène et ne sera pas confondu avec le mobile qui explique les conditions préalables et souvent nécessaires qui permettent à la scène d’exister) pour transmettre des significations ou pour explorer plus en profondeur une thématique. Il peut s’agir d’éléments visuels récurrents qui ont une signification tout au long du scénario.

La narration lorsqu’elle est visuelle s’appuie souvent sur des contrastes. Il peut s’agir d’opposer les apparences, les décors ou les actions des personnages pour souligner les différences ou les conflits. Par exemple, dans l’acte Un, celui de l’exposition, le paysage semble particulièrement gris, dénué de végétation verdoyante et de vie, afin de signifier qu’il est sous la coupe d’un dictateur.
Lorsque l’héroïne ou le héros auront débarrassé le monde de cet état totalitaire, dans le dénouement, le paysage sera montré verdoyant, lumineux et promesse d’un nouveau printemps, d’un nouvel avenir.

Dans les scènes qui nécessitent un développement des personnages sur le plan émotionnel, c’est-à-dire qui décrivent une étape d’un arc dramatique (une évolution de la progression d’un personnage vers un autre qu’il n’est actuellement), utilisez des indices visuels pour signifier le changement. Il peut s’agir d’un changement de vêtements, de coiffure ou d’environnement.
Gardez à l’esprit que le scénario est un projet de film ou de série, et que le réalisateur, le directeur de la photographie et l’équipe de production toute entière collaboreront pour donner vie à votre récit visuel. Soyez clair et concis dans vos descriptions et faites confiance aux professionnels impliqués dans la production pour utiliser leur expertise afin d’exécuter les éléments visuels de manière efficace.

D’autres techniques narratives

Si le dialogue est une technique narrative en soi, il convient de mentionner qu’en écriture scénaristique, la façon dont les personnages s’expriment ET ce qu’ils disent sont déterminants pour le développement des personnages, la progression de l’intrigue et l’exploration des thèmes. En quelque sorte, les personnages sont contraints par leur personnalité.

Les scénaristes peuvent utiliser des analepses, un retour vers le passé d’un personnage qui peut appartenir au récit et c’est alors un événement auquel la lectrice et le lecteur ont déjà assisté ou bien cette analepse appartient à l’histoire, c’est-à-dire qu’elle rappelle un fait qui a eu lieu avant le début du récit qui se conjugue au présent (bien que l’analepse peut aussi se conjuguer au présent si elle est montrée plutôt que dite dans les dialogues).

La technique du voiceover (on entend le personnage mais on ne le voit pas) permet de faire part de ses pensées et réflexions intérieures. Cette voix off peut être un outil puissant pour transmettre le point de vue d’un personnage.
Contrôler le rythme et la cadence d’un scénario est indispensable pour faire monter la tension dramatique, maintenir l’engagement du lecteur/spectateur et guider son parcours émotionnel qui devrait être l’intention première de l’auteur ou de l’autrice du scénario.

Des symboles visuels ou auditifs récurrents pour transmettre des thèmes, des motifs ou des traits de caractère sont aussi un moyen narratif. Dans Gatsby le Magnifique, le réalisateur Baz Luhrmann utilise le symbolisme des couleurs pour représenter différents thèmes et traits de caractère. La couleur verte est souvent associée à la richesse et au matérialisme, tandis que la couleur blanche représente l’innocence et la pureté.
Grâce à l’utilisation de ces couleurs dans les costumes, les décors et la lumière, le film transmet les thèmes du récit sur l’influence corruptrice de la richesse et l’illusion du rêve américain.

Dans Forrest Gump, l’image récurrente d’une plume blanche symbolise l’idée du destin. Cette plume blanche apparaît à des moments importants de la vie de Forrest, soulignant l’idée que la vie est une série d’événements interconnectés. De même, raconter simultanément plusieurs histoires interconnectées peut créer de la profondeur et de la complexité dans la narration. Ou bien un récit-cadre ou récit enchâssant qui est un récit dans lequel sont emboîtés un ou plusieurs autres récits, dits récits enchâssés ou récits encadrés comme par exemple quand Homère explique l’origine de la cicatrice d’Ulysse lorsque sa vieille servante, lui lavant les pieds (une coutume d’hospitalité à l’époque), le reconnaît malgré toutes ses années d’absence.

Une structure non linéaire

L’autrice et l’auteur peuvent ne pas vouloir d’une chronologie linéaire pour créer leur intrigue ou révéler des informations. Une structure narrative non linéaire consiste à présenter les événements de l’histoire dans un ordre non chronologique. Cette approche peut créer une intrigue, remettre en question la perception du temps par le lecteur/spectateur et permettre l’exploration de perspectives et de thèmes différents.

Pulp Fiction est un exemple classique de structure narrative non linéaire. Le film se compose de multiples histoires et personnages interconnectés, et les événements sont présentés dans un ordre délibérément non chronologique. Ainsi, le film est divisé en plusieurs chapitres qui font des allers et retours dans le temps.

L’histoire commence par une scène où deux tueurs à gages, Jules et Vincent, discutent de leur travail. Elle passe ensuite à une autre intrigue impliquant un boxeur nommé Butch. Après l’histoire de Butch, le récit revient sur la scène d’ouverture avec Jules et Vincent. Il introduit ensuite une intrigue secondaire concernant la femme d’un parrain du crime, Mia Wallace, et sa sortie nocturne avec Vincent.
Le récit continue à tisser ces différentes intrigues et personnages, en se déplaçant dans le temps jusqu’à ce qu’ils s’entrecroisent de manière inattendue. La structure non linéaire en tant que technique narrative ajoute de la complexité à la narration, car le lecteur/spectateur doit reconstituer la chronologie des événements et les relations entre les personnages. Cette approche permet à Quentin Tarantino d’explorer les thèmes du destin, de la rédemption et de l’ambiguïté morale tout en gardant le lecteur/spectateur engagé et intrigué tout au long du film. Pulp Fiction est d’ailleurs célébré pour sa structure narrative unique, ses personnages mémorables et ses dialogues emblématiques.

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